Le pain distribué aux troupes en campagne est, autant que possible, fabriqué par les manutentions ordinaires, fonctionnant dans les places de guerre ; à leur défaut dans celle que l’administration fait établir à l’arrière des armées;
Ce système est applicable, lorsque la base des opérations militaires n’est pas éloignée des centres de ravitaillement ; il devient au contraire peu praticable, lorsque cette base s’éloigne beaucoup, que les transports sont difficiles et nécessitent un temps assez long.
Depuis longtemps on a songé à créer un matériel de boulangerie mobile ; dans l’armée française, il a été représenté d’abord par le four portatif Lespinasse introduit en 1844 dans notre matériel militaire. Ce four était en tole et en fer, et pouvait se démonter. Dans les expériences sur le terrain d’exercice, avec des hommes habitués à sa manoeuvre, on parvient à l’installer en trois quarts d’heure et à commencer le chauffage, ce temps est nécessaire, au minimum, pour la préparation du levain.
Le four Lespinasse a fonctionné en Algérie, au Mexique et pendant la guerre 1870-1871.
L’administration de la guerre la remplacé par un four démontable construit par MM. Geneste, Herscher, et Somasco.
Four démontable de campagne, adopte par l’armée française
(système Geneste, Herscher et Somasco).
Appareil monté sur un sol quelconque et prêt à fonctionner.
Ce four se compose de travées juxtaposées, permettant d’établir des fours de grandeur variable, il peut-être monté de façon à produire des quantités de pain variant de 25 à 80 kilogrammes par fournées, suivant que l’on emploie deux, trois ou quatre ou cinq travées pour sa construction.
Le point particulier du système est que le four est toujours prèt a fonctionner et ne nécessite aucun préparatif pour être mis en oeuvre ; il n’est pas nécessaire de le couvrir de terre ; il suffit de le poser sur le sol, de l’assujettir par ses chaines de serrage et il peut en quelques minutes être prêt à recevoir le combustible.
Le seul travail nécessaire pour la mise en service, consiste à établir une fosse dite trou du brigadier, en avant de la bouche d’enfournement.
Le four démontable peut-être transporté dans des voitures spéciales, disposées de façon à transporter un four, les boulangers, le matériel, et permettant la fabrication du levain pendant la marche, ou sur des voitures légères portant deux fours et le matériel de fabrication. On dispose également son chargement pour le voyage à dos de mulet, en vue de certaines expéditions. Enfin, il peut-être transporté à dos d’homme, si l’on admet sa division en un nombre de travées suffisant pour que le poids de chacune d’elles n’excède pas 20 à 25 kilogrammes.
Four locomobile de campagne, en usage dans l’armée française, coupe longitudinale.
(système Geneste, Herscher et Somasco).
L’administration de la guerre a adopté, en 1882, un autre modèle de fours de campagne, le four locomobile également construit par MM. Geneste, Herscher et Somasco. D’après la décision rendue à cet effet, chaque corps d’armée doit être muni de 18 appareils de ce genre.
Le four locomobile (fig 28 et 29) se compose de deux fours superposées enveloppés dans un coffre métallique formant le corps d’une voiture. Ce coffre suspendu en ressorts, est monté sur deux essieux et quatre roues appartenant au modèle adopté par l’armée.
Les deux fours ont leurs bouches d’enfournement à l’arrière de la voiture ; l’intérieur de chaque four se compose d’une sole en carrelage faite de briques spéciales et d’une voute métallique en sole. Le dessus de chaque voute est garnie de matières isolantes incombustibles. Les deux fours sont chauffés à la façon ordinaire, au moyen du bois introduit sur la sole même, et chauffant directement la voute. La braise est retirée et le pain prend la place qu’occupait le combustible.
Les voutes et la sole restituent au pain la chaleur qu’elles avaient emmagasinée, et la cuisson s’accomplit.
Deux cheminées indépendantes enlèvent la fumée de chaque four. Le service du four est fait par quatre hommes, un brigadier pour le chauffage, l’enfournement et le défournement, deux pétrisseurs et un servant. Les résultats obtenus avec le four locomobile sont très satisfaisants.
Extrait de Le pain et la viande par J. de Brévans, ingenieur agronome, chimiste principal au laboratoire municipal de Paris; Librairie Bailliere et Fils, Paris. 1892.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité C.P.R.F.A.D.
Bonjour,
Je viens de tomber sur votre publication qui m’intéresse , car je ne connaissais pas la forme des fours lors de la campagne militaire de 1870.
Il est dit dans les récits que pour Wissembourg les fours avaient été oubliés, je vois maintenant à quoi ils ressemblaient.
Existe t’il d’autres informations à ce sujet ou peut-on voir ce type de four s’il existe encore ?