Les croissants de Fernand Raynaud

Fernand Raynaud est un humoriste et acteur né en 1926 et mort en 1973.
Il est connu pour ses nombreux sketches
humoristiques et ironiques.

Le client : Garçon ! Garçon, s’il vous plaît, je voudrais un café-crème, avec deux croissants.
Le garçon : Je m’excuse, monsieur, nous n’avons plus du tout de croissants.
Le client : Ah ! Ah ben, ça ne fait rien alors… Je vais prendre autre chose, ça ne fait rien, on a tellement d’ennui, entre nous, hein, chacun dans sa vie privée, on n’a que des soucis, alors on ne va pas s’en faire entre nous…
Vous n’avez qu’à me donner un café nature, alors, un café nature… Avec deux croissants.
Le garçon : Monsieur, je m’excuse, je me suis peut-être mal exprimé…… Je vous dis que les croissants, nous n’en avons plus, on n’a plus du tout de croissants.
Le client : Ah ben là, ça change tout ! S’il n’y en a plus, je ne peux pas en avoir, forcément… Ben ça ne fait rien, je vais prendre autre chose alors… Euh… je ne sais pas moi, n’importe quoi… Euh… du lait… vous avez du lait ? Eh ben, donnez-moi donc une tasse de lait… avec deux croissants.
Le garçon : ça ne va pas ? Vous êtes un peu fatigué, vous, non ? Je vous dis que les croissants, nous n’en avons plus. Vous savez ce que c’est que les croissants ? Les croissants, vous savez, les croissants ? Les croissants, c’est fini ! Les bretzels, Les brioches, oui ! Les croissants, non !
Le client : Faut pas vous énerver pour ça ! Mais ça ne fait rien. Écoutez, je ne suis pas le client embêtant, je vais vous dire : donnez-moi ce que vous voulez ! Je ne peux pas mieux vous dire… du thé, du chocolat… vous avez du chocolat au lait ? Donnez-moi une petite tasse de chocolat au lait alors… avec deux croissants.
Un autre client : Dites donc, vous, vous en avez encore pour longtemps à embêter ce garçon ?
Le client : Mais je ne vous connais pas, vous !
L’autre client : Moi, je suis client, Monsieur, je suis comme vous. J’étais derrière la colonne ; vous ne m’avez peut-être pas vu, mais moi je vous ai entendu. Vous n’êtes pas malade, non ? Qu’est-ce qui vous prend d’embêter ce garçon ? Et gnagnagna et gnagnagna…
Le client : Mais…
L’autre client : Taisez-vous ! Laissez-moi vous dire, Monsieur, que vous avez de la chance d’avoir à faire à un garçon qui a de la patience. Parce que moi, Garçon, si j’avais été à votre place, il y a longtemps que j’aurais pris les deux croissants, et que je les lui aurais foutus sur la gueule.

Leynaud Eudes-Olivier, Île De France Le Bien Estimé. Compagnon Boulanger Resté Fidèle Au Devoir.

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