« Aujourd’hui 10 février » 1944, il y a 70 ans…

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« Aujourd’hui 10 février » 1944, il y a 70 ans…

Extrait du  Journal de prisonnier d’Agenais sans reproche, Elois Mallet, compagnon Boulanger du Devoir.

« Le 10 février, j’ai changé de place d’un seul coup, pourquoi, je n’ai jamais su au juste la raison. Parait il que des gens m’ont dit que mon singe aimerait mieux un civil, pouvoir le faire lever le matin à l’heure qu’il voudrait, enfin cela n’a pas d’importance. Le plus ennuyeux, c’est que j’ai changé de place pour plus mal tomber. J’aurai d’avantage de travail et beaucoup moins d’argent, avant mon patron me donnait 5 Kn ( ?) la semaine, en supplément de la paye, et comme j’avais deux chevaux, souvent, j’allais transporter chose ou autres, où les gens me filaient la pièce, tout ça me faisait de bonne semaine, au lieu de cela, maintenant, rien dans cette maison, je n’aurais jamais un Rifenic supplémentaire, il n’y a pas de chevaux, il faut tout faire avec des vaches, ce qui n’est pas intéressant.

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Les gens ne sont trop mauvais, la nourriture est assez bonne, mais le soir, ils n’en finissent pas de saigner les animaux, il faudra que je les mettes au pli car un prisonnier, ça aime bien de commencer tard , mais finir de bonne heure, je connaissais la maison avant car notre cher ami Roland, y a travaillé plus d’un an, et il n’en était pas du tout satisfait, enfin, nous verrons bien par la suite. Autrement dit c’est la taule. Je n’ai jamais eu la chance de tomber dans une bonne maison depuis que je suis prisonnier. Je vais en parler au poste, peut être réussira il a me faire changer de nouveau. Je le voudrais bien surtout qu’il y a encore de bonne place de libre au pays.

La semaine dernière, j’ai fais des démarches pour rentrer dans une boulangerie à Neustaldt, mais encore une fois, ça n’a pas réussi. Je suis dans la culture et il vas falloir que j’y reste jusqu’à la classe. Quelle vie quand même, et dire que nous en avons encore pour je ne sais combien de temps.

Ce matin, nous avons eu une messe à Ratzau et j’y ai assisté, un curé qui est venu du stalag pour la célébrer, il nous a fait un petit discours pour nous remonter un peu le moral et il nous a dit que la fin serait pour cette année, mais le pauvre malheureux, lui non plus, n’en sait pas plus long que nous, quoique les événements sont très bon pour nous en ce moment. Hier, j’ai vendu pour 7 Kn de Bague, cela me fait encore un peu d’argent, j’ai vendu aussi une plaque de chocolat 15 Kn, ça servira pour envoyer un mandat à ma petite Mado, la fin de ma…

 Depuis le 1 février, je ne peux plus écrire à ma petite femme. Je sais que les longues lettres que je lui écrivais lui faisait plaisir, mais les civils a qui je les donnait sont comme nous, ils n’ont plus droit qu’a deux lettres par mois, alors rien à faire, tant pis, il faudra se contenter avec ça. En attendant aujourd’hui, je suis de cuisine, les copains sont partis se promener et moi je suis resté là pour faire la popote. Aujourd’hui, ce n’est pas trop mauvais, saucisson, saumon, deux oeufs, boeuf aux carottes, haricots, fromage, confiture, bière et café. Voila le petit repas de tous les dimanches à peu près que nous faisons entre copains, ça nous change un peu des boulettes. Le poste vient de passé, je lui ai parlé de mon affaire , peut être arrivera t’il a me faire changer de place à nouveau.

Hier, j’ai reçu une lettre de ma petite Mado, et un colis du comité. En décembre, j’ai eu deux colis de perdu, un (…) et un de Germaine, c’est dommage, car ça devait être des bons cakes. Enfin, la semaine derniere, j’ai reçu une carte de mon petit Jacky, ainsi que sa photo d’école, je peux me rendre compte qu’il devient un grand jeune homme, parait il que le petit Max, lui, c’est le père la joie. Je serais bien heureux de les voir à bientôt ».

Agenais Sans Reproche

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