Découvrons le blé dit en latin turanicum,son nom actuel est le blé Khorasan, des provinces de l’Iran, mais la région est bien plus vaste que les provinces perse, puisqu’elle englobe des villes afghanes (Kaboul, Kandahar) et ouzbèkes (Samarkand) comme le montre la zone hachurée cette carte.
En Italie, on appelle ces blés « grano etrusco » puisqu’on a identifié des grains de khorasan minéralisés dans des fouilles de tombes de la civilisation étrusque (VIIIe au Ier siècle avant J.C.) à Voltera au sud de la Toscane . En Sicile, on considère le grano Persiasacchi, déjà bien décrit en 1942 et le Khorasan comme fort proche. Ivo Totti, un des pères de la bio en Italie, en avait retrouvé et fait cultiver dès 1981 . En effet, on le retrouve facilement comme blé « antico » dans les provinces des Abruzzes et Basilicate du sud de l’Italie et dans tous les pays du pourtour de la Méditerranée. Notamment en Turquie, où les fermiers appellent ce grain « dent du chameau », en raison de sa forme ou « blé du prophète », en faisant référence à une légende selon laquelle Noé avait emporté ce grain avec lui sur son arche .
Tout cela existe bien avant l’estampillage Kamut® venant du Montana aux États-Unis.
En comparant les deux sigles de la firme Kamut®, l’ancien et le nouveau, on remarque que la référence à l’Égypte n’existe plus et que le nom de Khorasan apparaît sur le nouveau. La pyramide est toutefois restée en toile de fond. Un peu comme le langage proverbial le dit, « quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende », c’est le cas ici. Une légende circulant sur le blé Red Fife au Canada, racontait qu’il ne subsistait que deux des cinq épis de cette variété dans la ferme et que l’épouse du fermier, Mme Fife, les sauva en chassant la vache qui voulait les brouter . J’ai entendu le même scénario colporté sur le blé surnommé alors « blé du roi Toutankhamon » qui allait devenir le Kamut.
Alors pour sortir des légendes, quelle est la véritable histoire ? On l’a trouvée sur le site de la firme Kamut®.
En 1949, un aviateur américain, Earl Dedman, reçu d’un ami qui revenait d’un voyage en Égypte un peu de graines soi-disant excavées d’une ancienne tombe.
Earl envoya trente-six grains à son père Rube E. Dedman, agriculteur à Fort Benton dans le Montana, le long du Missouri naissant.
C’est lui qui les multiplia et les baptisa « Blé du roi Toutankhamon ». Cela devint presque une spécialité locale, qui disparut de l’intérêt général dans la fin des années 1960, début des années 1970.
C’est à cette époque qu’un dénommé Bob Quinn reçut un bocal de quelques graines des mains de Clinton Stranahan lors d’une foire agricole. À la fin des années 1980, Bob Quinn, devenu ingénieur agricole, et son père Mack convertirent leur ferme à l’agriculture biologique et cherchèrent à exploiter ce gros grain égyptien. Ils iront jusqu’à le protéger sous un nom commercial (Kamut®) en 1990 .
Ni Dedman, ni Strahanan, ni les agriculteurs du pourtour méditerranéen n’avait eu l’idée de s’accaparer ce blé ; il fallut attendre Quinn.
Il dit avoir agi de la sorte dans le but de protéger et de préserver les qualités exceptionnelles de la variété de blé ancien khorasan et dans l’intérêt de tous ceux qui sont intéressés par une alimentation saine de qualité supérieure .
Résultat, si vous n’avez pas acheté chez eux, ne faites plus mention de la dénomination Kamut®, au risque bien réel et vécu d’être poursuivis par les avocats de la firme, quand la protection commerciale dépasse celle de la préservation de la qualité. Faites plutôt la promotion du nom khorasan et vous éviterez de payer les frais liés à la « marque », ainsi que les frais d’importation depuis les États-Unis.
Le blé de la firme Kamut®, a une meilleur teneur en sélénium, cela vient davantage du terroir du Montana et des états voisins, que de l’espèce Khorasan.
Maintenant je ne connais pas les teneurs en sélénium des bonnes terres des grandes prairies du Nord des États-Unis et du Canada voisin, ou s’il faut amender les terres en sel de sélénium, mais on peut lire que le blé estampillé Kamut® doit contenir entre 400 et 1 000 ppb de sélénium .