Sarah Bernhardt à la Boulangerie de Belle-Isle-en-Mer

Réception de Sarah Bernhardt à la Coopérative de Boulangerie de Belle-Isle-en-Mer (Morbihan-56)

Portraits 04 – Jean-Claude THIERRY

Source du texte & photos ci-après : Communauté de Communes de Belle-Île-en-Mer –

Dossier de Presse – Maisons de sites & Office du Tourisme Haute Boulogne – 56360 – Le Palais

La visite de Belle Ile en Mer et la découverte de la Pointe des Poulains fût une révélation pour Sarah Bernhardt. Elle avait découvert un paradis, un refuge, un endroit spécialement inaccessible, spécialement inhabitable, spécialement inconfortable…. et qui par conséquent l’enchanta.

Une Boulangerie Coopérative

Nous sommes l’hiver 1911, Belle-Île est assaillie par les tempêtes empêchant les pêcheurs de partir en mer. Sarah Bernhardt à Paris entends parler des difficultés pour les insulaires de se nourrir. Pour venir en aide aux gens de Belle-Île elle va demander la construction d’une coopérative de pain pour nourrir les personnes dans le besoin. Pour financer son projet elle organisera un gala de charité dans son théâtre jouant de sa notoriété et de ses connaissances. Ce geste marquera profondément l’esprit des bellilois.

Un Canot de sauvetage

On ne sait comment Sarah Bernhardt intervint auprès de la Société Centrale de Sauvetage, mais il n’en était pas moins que le 14 septembre 1913 eut lieu la cérémonie de lancement du canot de sauvetage de Sauzon en présence de Sarah.

Une Robe de mariée

Afin de récompenser les efforts de la postière qui lui amenait plusieurs fois par jour des télégrammes, Sarah lui offrit une robe de mariée. La jeune mariée était très fière de sa robe d’autant plus qu’elle était offerte par Sarah Bernhardt !

Maison de site de la Pointe des Poulains Espace Sarah Bernhardt

La villa Lysiane, construite en 1897, par Sarah Bernhardt devint donc l’Espace Nature. Cette villa est le lieu d’accueil du site, et d’échanges, avec un objectif : la découverte des richesses des espaces naturels de Belle Ile en Mer !

L’Espace Sarah Bernhardt

Nous sommes en 1894. Sarah Bernhardt, qui a 50 ans, est au sommet de sa gloire. Elle découvre Belle-Ile-en-Mer en compagnie de son ami, le peintre Georges Clairin. C’est le coup de foudre. Se promenant sur la pointe des Poulains, elle voit un fortin à vendre. L’affaire sera conclue dans les heures qui suivront. Plus tard elle écrira : « Belle-Ile est une perle précieuse, une émeraude délicate, un diamant rare irisé par les reflets bleus du ciel et de la mer mêlés. J’aime infiniment cette île ».

En 1896, elle y passe son premier été. La Divine ou la Scandaleuse, comme on la surnomme, est très entourée. Très vite, l’ouvrage défensif, qui a été entièrement restauré, s’avère bien trop exigu pour recevoir ses nombreux invités. Sarah Bernhart fait alors construire deux grandes maisons : la villa Lysiane (du nom de sa petite-fille) et les Cinq parties du monde, en souvenir des tournées internationales qui l’ont menée du continent américain aux îles du Pacifique telles qu’Hawaï ou les îles Sandwich.

Rejoindre Belle-Ile : une expédition !

À cette époque, débarquer à Belle-Ile est une véritable expédition. Il faut, au bas mot, douze heures de train entre Paris et Auray. Puis, direction Quiberon où l’on embarque à bord de chaloupes qui mettent parfois plusieurs heures à atteindre la côte belliloise. Cette distance n’effraie aucunement Sarah Bernhardt qui étendra son emprise sur la pointe des Poulains, achetant la ferme de Penhoët. Puis le manoir du même nom, détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle fera ériger un haut mur autour de sa propriété pour écarter les badauds. Et, pour ne jamais être à court de vivres, elle fera construire une basse-cour. Mais aussi des courts de tennis et un jardin irrigué.

Celle qui fut subjuguée par cette nature hostile, et qui pendant 30 ans l’a modelée à son image, se devait de faire découvrir son intimité aux visiteurs.

La villa des 5 parties du monde fût rénovée en muséographie. Le voyageur découvre « La Divine » grâce à des décors et à des audioguides dans lesquels Fanny Ardant raconte les étés de Sarah Bernhardt à Belle Ile.

L’ancien fort militaire acheté en 1894 par Sarah pour devenir sa demeure est, quant à lui, resté tel qu’il était en 1906.

En 1894, Sarah Bernhardt a 50 ans et revient fatiguée d’une tournée de près de 2 ans autour du monde. Par un beau jour du mois d’août, en vacances chez son ami le portraitiste mondain Georges Clairin, qui a une maison au Pouldu à côté de Pont-Aven, ils décident de prendre un bateau pour se rendre sur une île rendue célèbre par d’autres peintres tels que Monet : Belle-Ile.

Elle débarque avec ses amis sur les quais de Palais et loue une voiture avec chauffeur, et découvre la Pointe des Poulains dans l’après-midi.

Le Fort

Alors que chacun se dégourdit les jambes en bord de mer, Sarah découvre ce fort, tout gris, isolé et sans trop d’attrait. Sur la porte est noté « Fort à vendre, s’adresser au gardien du phare ».

C’est un véritable coup de cœur, la vente sera signée rapidement. Elle fera dessiner des plans pour ouvrir par de grandes baies vitrées ce fort si austère afin de réchauffer l’atmosphère, des cloisons diviseront des pièces à vivre, des boiseries habilleront les murs et un piano sera installé pour les soirées animées par ses amis. Elle y passera ses premières vacances en 1896, l’année de la naissance de sa deuxième petite-fille Lysiane.

Vite à l’étroit dans le fort, elle fait construire la villa des 5 parties du monde, pour son fils Maurice et sa famille (tout près du fort, au plus près de son cœur).

La Villa des 5 Parties du Monde

Elle donne ce nom à la villa, car elle décore chacune des 5 chambres sur le thème d’un continent qu’elle a visité. La villa accueillera Maurice son fils, sa belle-fille et ses deux petites filles adorées : Simone et Lysiane.

Aujourd’hui un intérieur chaleureux vous accueille dans lequel un audioguide vous plonge dans la vie de Sarah Bernhardt lors de ses étés à Belle Ile. L’audioguide vous permettra également d’entendre la « voix d’or ».

Un atelier est installé dans le jardin du fort, pour permettre à ses amis et à elle-même, de créer, réviser ou lire, avec une petite chambre pour que Clairin puisse peindre autant qu’il le souhaite, et prendre des bains d’algues qu’il ramène de la plage (début des bienfaits de la mer et de la thalasso). Il ne reste plus que les fondations du bâtiment aujourd’hui.

En presque 30 étés de vacances, Sarah a le temps de s’installer, d’aménager, de décorer et de mettre en scène comme le souhaite la véritable femme de théâtre qu’elle est. Vite à l’étroit dans le fort, elle fait construire la villa des 5 parties du monde, puis la Villa Lysiane, du nom de sa deuxième petite-fille, où logent les amis, dans un dortoir à l’étage.

La villa Lysiane est devenue l’Espace Nature vitrine des espaces naturels de la Pointe des Poulains, mais aussi de Belle Ile en Mer.

Animations

Sarah Bernhardt était une tragédienne qui adorait se mettre en scène aussi bien professionnellement que personnellement. La pointe des Poulains était emplie d’artistes quand Sarah y était, et c’est dans cet esprit que le site accueille de la musique avec les Plages Musicales de Bangor, des contes avec les Contes de l’Usage du Monde, et des balades commentées sur le site.

La grande star internationale de l’époque, n’aurait su se limiter à un fort et deux villas. La propriété de Madame Bernhardt était bien plus étendue. Imaginons la pointe au début du 20ème siècle….

Manoir de Penhoet

En 1898 le baron Meunier du Houssoy fait construire un manoir au-dessus de la crique de Penhoët, Sarah se retrouve avec un voisin en vis-à-vis, alors qu’elle fuit le monde !

En 1909 ce baron décède. Apprenant que le Syndicat d’Initiative de l’époque souhaite le racheter pour en faire un hôtel de voyageurs, ce qui serait pire pour elle, elle l’achète.

Âgée de 65 ans Sarah a une santé fragile, et ce manoir luxueux (14 chambres), possède le chauffage centralisé, l’eau et l’électricité courante à contrario du fort, avec des abords plus praticables.

A son habitude elle fera réaménager les jardins du manoir avec des plans d’eau, des serres, et ira même jusqu’à faire construire un terrain de tennis bleu dit-on à l’abri des tamaris.

Afin que son ami Georges Clairin ne soit pas trop loin la construction d’une villa suivra, plus confortable que l’atelier des jardins du fort.

Le manoir sera vendu au décès de Sarah Bernhardt et finalement sera détruit par les allemands à coups de canon et dynamites en 1944.

Les Fermes de Sarah

Amis des bêtes depuis toujours Sarah continuera d’étendre sa propriété de la Pointe des Poulains pour avoir sa ferme. Propriétaire depuis 1903 d’une ferme à Calastrène à Bangor, en achetant le manoir elle se trouve propriétaire d’une seconde ferme attenante au manoir. Aujourd’hui la ferme de Sarah à la pointe des Poulains est un golf.

Dans ces fermes on produisait des légumes, du lait et même du beurre ! Des moutons étaient élevés pour la viande.

Basse Hiot

Ce nom désigne un énorme rocher entre l’Espace Nature et la villa des 5 parties du monde qui a été acheté en 1913 par Sarah Bernhardt. L’intérêt pour elle d’acheter ce caillou ?

Avoir une sépulture quasi en pleine mer, dans ce lieu qu’elle a tant aimé. Malheureusement elle ne sera pas enterré sur Basse Hiot mais au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Née en 1844 rien ne laissait présager à Rosine Sarah Bernhardt un destin si incroyable.

Une mère cocotte qui la laisse en nourrice en Bretagne, un père qui ne l’a pas reconnu et un retour précipité à Paris après être tombée dans le feu, voici un début de vie chaotique !

Après la pension et le couvent, où elle souhaitait se marier à Dieu, se fût lors d’une réunion de famille que l’on décida de l’inscrire au concours d’entrée au Conservatoire. S’en suivra un passage à la Comédie Française avant d’en être renvoyée…puis l’Odéon où la jeune fille chétive va faire ses armes pour devenir le monstre sacré que l’on connait aujourd’hui.

Sarah sait gérer sa vie et saura innover dans beaucoup de choses :

Pionnière des Tournées

Elle fût l’une des premières à faire des tournées internationales : Australie, Iles Sandwich, Amérique du Sud et du Nord, Russie, Egypte et Europe… vont l’accueillir à bras ouvert et l’écouter déclamer en français. Rien ne lui fait peur, elle aménage des trains entiers pour elle et ramène des choses.

Politiquement impliquée

Que ce soit lors de la guerre de 1870, de l’affaire Dreyfus ou de la première guerre mondiale, Sarah prendra position et défendra ses convictions. Patriotique jusqu’au bout Sarah sera une ambassadrice de la France hors pair.

Reine de la Communication

Aujourd’hui elle serait la reine du buzz : cercueil pour dormir, ménagerie incroyable et collectionneuse d’hommes tout est fait pour que la Divine ne soit pas oubliée trop rapidement…

En 1894 en s’associant à Mucha, Sarah va devenir le symbole de la Belle Epoque et l’icône de l’art nouveau grâce à des affiches dédaignées par le théâtre et l’opéra jusque-là !

En novembre 1880, elle enregistrera quelques tirades de Phèdre chez Monsieur Edison pour promouvoir son spectacle.

Pionnière au cinéma en présentant le « Phono-Cinéma-Théâtre » : réflexion sur le cinéma parlant qui associait projection et phonographe lors de l’Exposition universelle de 1900.

Sarah jouera et tournera tout au long de sa vie. En plein tournage de « La voyante », elle s’évanouit et agonise pendant 10 jours avant de s’éteindre le 26 mars 1923 à 78 ans. Pas d’obsèques nationales mais une foule importante se presse sur le passage du convoi funéraire donnant un air d’hommage national « quand même ».

Pour ceux qui disent que Sarah Bernhardt est d’un autre temps, dites-vous que si elle était ici aujourd’hui elle serait de notre temps.

 

 

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