Boulangerie Coopérative Prémont (Aisne)

Collection privée

20mm. Laiton. Octogonal. Référence R. Elie 10.1 et 10.2

Avers : BOULANGERIE COOPERATIVE / 2 Kilos // PREMONT /AISNE

Revers : * BON POUR * / 2 KILOS / PAIN

L’annuaire de la Coopération étant muet sur la Coopérative de Prémont, j’ai sollicité Monsieur Antoine NAGY, historien local, qui nous informe aimablement :

« La Société Coopérative de Boulangerie de Prémont a déposé ses statuts aux tribunaux le 5 octobre 1907. Elle a ensuite fusionné avec les Coopérateurs d’Escaut et Sambre en 1924. On peut encore voir au 18 Rue de Bohain, la maison « Les Coopérateurs ». Il s’agit probablement de la section de Prémont après 1924 ».

Crédit photo Mr NAGY

Il complète par un lien vers Le Maitron : « Ouvrier à Prémont (Aisne), Octave Balasse y fonda une Boulangerie Coopérative qu’il administra de 1906 à 1924. À cette date la boulangerie fusionna avec les coopérateurs d’Escaut et Sambre. Balasse demeura membre du comité de section de Prémont. Il mourut dans cette ville au début de mai 1956 ».

Nous remercions Monsieur NAGY et son site « Prémont Autrefois » pour ces informations et documents.

Prémont est un beau village dans le nord de l’Aisne, à la limite du département du Nord, agréablement situé sur un plateau élevé, dominant toutes les collines qui l’entourent. Son territoire présente une étendue de 3,6 km du nord au sud et de 3,1 km de l’est à l’ouest pour une superficie de 12,21 km².

L’histoire de ce village est marquée, du fait de sa position géographique, proche de certaines frontières historiques, par les batailles incessantes et les invasions barbares qui dévastaient la région (guerre des Gaules, guerre de cent ans, guerres de religion, guerre franco-espagnole, guerre de la Première Coalition, guerre franco-prussienne, Première et Seconde Guerre mondiale).

L’ancienne église fut détruite lors de la Première Guerre mondiale en octobre 1918 à cause d’une mine allemande. Un bâtiment fut requestionné ou construit en attendant la construction de la nouvelle église qui fut érigée en 1929.

Ces événements rendaient aux habitants l’existence impossible, mais ils furent preuve d’un véritable courage en revenant, après chaque traité de paix, cultiver à nouveau les campagnes que les ennemis, et même les alliés avaient entièrement dévastées.

02 PREMONT GRANDE RUE - Non Classés

Industrialisation : Le commerce de mulquinerie (c’est l’activité du tissage et du commerce de toiles fines composées exclusivement de lin) existait déjà à Prémont en 1573. Les tisseurs allaient vendre leurs tissus à Cambrai et particulièrement à Saint-Quentin. En 1794, il y avait 150 métiers qui fabriquaient la batiste, la gaze et le linon. Les tisseurs changèrent d’industrie vers 1815 et se mirent le coton. Les tisseurs de Prémont étaient reconnus pour être habiles dans le tissage du calicot et des jaconas. Vers la même époque, vint se monter à Prémont une maison de fabrication pour les châles brochés, laine et soie, 50 métiers étaient occupés à ce genre de fabrication qui dura près de 15 ans et qui fut ensuite presque totalement abandonné.

Vers 1860, les tisseurs de Prémont étaient recherchés particulièrement par les fabricants de Bohain comme très adroits pour le tissage de la haute nouveauté. Les tissus qui occupaient le plus les ouvriers de Prémont, sont les reps, les orléans, les mérinos, les popelines, les valencias, les brillantines, les barèges, les florentines, les satins laine et soie, les châles nouveautés, le canevas, les grenadines, …

De nouveaux essais pour découvrir de la houille furent faits en 1804 et en 1836, sans plus de succès qu’en 1774. Cette fois, le foret descendit jusqu’à 200 mètres.

Un admirable réseau de chemin de fer desservait presque tous les gros villages du canton de Bohain. Seuls Prémont et Serain, situés sur de fortes ondulations au nord-ouest, n’avaient pas été possibles de faire passer le tortillard. Ils étaient desservis par le lourd omnibus jaune à deux chevaux. La gare la plus proche était à Bohain à 4 kilomètres.

Presque tous les lieux voisins de St-Quentin, étaient remarquables par l’accroissement de leur population grâce aux développements de leur industrie pour la fabrication des tissus de coton et façon cachemire. Cependant, après la guerre de 1870, la population de Prémont diminuera très drastiquement jusqu’aujourd’hui, perdant plus d’un millier d’habitants en un siècle.

(Source Prémont d’Autrefois). Prémont d’Autrefois – Histoire (premont-autrefois.fr)

 

Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, le 8 octobre 1907, p. 5/5, Retronews.fr

Formation de Société

SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE DE Boulangerie de Prémont

I

Suivant acte passé devant Me DEZOTEUX, notaire à Bohain, le 24 août 1907, enregistré : M. Julien COLLARD, homme d’affaires ; M. François COULON, tisseur ; M. Louis WATELLE, tisseur ; M. Théophile MOREAU, tisseur ; M. Henri BOURGEOIS, tisseur ; M. Ernest MACON-GROGNIET, cultivateur ; M. Arthur CRINON, tisseur ; M. Octave BALASSE-DELPLANQUE, menuisier ; M. Louis GIVRY-GRIÈRE, cultivateur ; Et M. Jules SERVAIS-GIVRY, rentier ; Demeurant tous à Prémont ;

Ont établi les Statuts d’une Société qu’ils se proposaient de fonder. De ces Statuts il a été extrait ce qui suit :

Il est formé entre les sus-nommés et les personnes sans distinction de sexe ni de nationalité qui seront ultérieurement admises, une Société Coopérative de consommation, anonyme, à capital et personnel variables, conformément aux dispositions de la loi du vingt-quatre Juillet 1867 et de celle du premier Août 1893. La Société prend la dénomination de Société Coopérative de Boulangerie de Prémont, Société anonyme à capital variable.

Elle a pour but d’améliorer le sort matériel de ses membres en leur fournissant le pain aux conditions les plus avantageuses, de qualité vraie et poids sincère, comme aussi de relever leur sort moral en leur procurant les bienfaits de la Solidarité. Elle est fondée sur la confiance réciproque, l’honnêteté et zèle pour la chose commune. La Société achète en gros en reçoit en consignation dans ses magasins tous produits dérivés du blé, qu’elle revend à ses associés suivant le cours du jour. La Société fournira à ses membres seulement et non aux personnes qui n’en feront pas partie. Elle vendra expressément au comptant ; sans aucun prétexte, elle n’accordera de crédit à qui que ce soit. Néanmoins, un crédit de vingt francs par actions sera permis aux associés qui en feront la demande au conseil d’administration ; la durée du crédit ne pourra excéder la durée d’un mois.

La durée de la Société est fixée à 99 ans, à compter du jour de sa constitution définitive, sauf le cas de prorogation ou de dissolution anticipée prévus aux statuts. Le nombre de ses membres est illimité ; elle ne pourra être dissoute par la mort, la retraite, l’interdiction ou l’exclusion de l’in ou plusieurs de ses membres ; elle continuera de plein droit entre les autres sociétaires. Le siège social est fixé à Prémont. Il ne pourra être changé que par un vote de l’Assemblée générale, sur la proposition du Conseil d’administration. Le capital social est fixé quant à présent à la somme de quatre mille cinq cents francs. Il est divisé en cent quatre-vingts actions de vingt cinq francs chacune, devant être versés en espèces et entièrement en souscrivant.

Le capital social pourra être augmenté, soit par l’admission de nouveaux membres, soit par délibération de l’Assemblée générale des Actionnaires, conformément aux articles 48 et 49 de la loi du 27 juillet 1867. Il pourra, par contre, être diminué par suite de reprise d’apports résultant de retraites, exclusions ou décès d’associés. Mais le capital ne pourra être réduit au-dessous des deux tiers du capital actuel et en aucun cas au-dessous du dixième du capital qui serait supérieur au capital actuel. La Société est administrée par un Conseil composé de dix membres nommés en Assemblée générale et choisis parmi les associés qui font partie de la Société depuis six mois au moins et jouissant de leurs droits civils.

Les administrateurs sont élus pour trois ans. Les fonctions d’administrateurs sont gratuites. Par exception au monde de nomination ci-dessus établi, les membres du premier Conseil d’administration seront : M. COLLARD ; M. COULON ; M. Louis WATELLE ; M. MOREAU ; M. BOURGEOIS ; M. MACON-GROGNIET ; M. CRINON ; M. BALASSE-DELPLANQUE ; M. GIVRY-GRIÈRE ; M. SERVAIS-GIVRY ;

Tous sus-nommés, lesquels ont déclaré accepter ces fonctions.

En conséquence et de convention expresse, leur élection ne sera pas soumise à l’Assemblée générale. Le Conseil se renouvelle par tiers chaque année ; les membres sortants sont toujours rééligibles. Le sort détermine les noms des administrateurs qui doivent sortir les deux premières années. En cas de vacances pour une cause quelconque, dans le courant de l’année, le Conseil pourvoit provisoirement au remplacement. Ce choix est soumis à la première Assemblée générale ; le membre ainsi nommé complète le mandat de son prédécesseur.

Le Conseil d’administration se réunit au lieu désigné par la convocation et au moins une fois par mois. La présence de six membres au moins est nécessaire pour la validité des délibérations. Après trois absences consécutives sans motifs valables d’un membre du Conseil, il sera pourvu à son remplacement par le Conseil d’administration. Les délibérations sont prises à la majorité des voix des membres présents. En cas de partage, la voix du président est prépondérante.

Les délibérations du Conseil d’administration sont transcrites sur un registre et signées au moins du Président et du Secrétaire. Les copies ou extraits sont certifiés par le Président. Le Conseil a les pouvoirs les plus étendus pour la gestion des biens et affaires de la Société. Il pourvoit à l’établissement de l’aménagement et l’approvisionnement des locaux et magasins de la Société, ainsi qu’à la préparation du pain, suivant les procédés qui lui paraissent les plus convenables. Il règle le mode, les conditions et le prix de la vente. Il prend à bail, pour le temps et aux pris et conditions qu’il juge, tout immeuble propre au commerce de Boulangerie.

Il peut traiter, transiger, compromettre, donner tous désistements et mainlevées avec ou sans paiement. Il arrête et révoque les ouvriers et employés, fixe leurs traitements et leurs attributions ; il règle leurs appointements. Il arrête chaque mois les dépenses générales. Il fait à chaque Assemblée générale un compte-rendu de la situation morale et financière de la Société. Il convoque l’Assemblée générale, arrête les comptes à lui soumettre et propose, s’il y a lieu, la répartition des bénéfices.

Il représente la Société, en justice, tant en demandant qu’en défendant. Le Conseil peut déléguer tout ou partie de ses pouvoirs à un ou plusieurs agents prix dans son sein ou parmi les autres associés. Il a notamment le droit de nommer un Directeur chargé de l’administration courante et journalière et de la gestion des établissements de la Société. Il détermine ses attributions et pouvoirs, le chiffre de sa rémunération, les conditions de sa nomination, de sa retraite et de sa révocation.

Chaque année, une Commission de contrôle, composée de cinq membres, est élue en Assemblée générale. Les commissaires sont élus pour un an. Sur les bénéfices nets et annuels, déduction faite des fais généraux, il es prélevé la somme nécessaire pour servir un intérêt de quatre pour cent aux actionnaires sur le montant de leur action. Le surplus des bénéfices est réparti comme il suit :

Vingt-cinq pour cent au fonds de réserve ; Vingt-cinq pour cent pour l’amortissement du matériel ; Trente pour cent aux Sociétaires ; Et vingt pour cent pour la caisse de secours. Le paiement des intérêts et dividendes aura lieu aux époques fixées par le Conseil d’administration. Il est créé un fonds de réserve composé de l’accumulation des sommes prélevées sur les bénéfices annuels, conformément à l’article précèdent. Il est destiné à faire face aux dépenses extraordinaires et imprévues. Le prélèvement cessera d’être obligatoire lorsque le fonds aura atteint le quart du capital social.

A l’expiration de la Société, ou en cas de dissolution anticipée, l’Assemblée générale règle le mode de liquidation et nomme un ou plusieurs liquidateurs. Pendant la liquidation, les pouvoirs de l’Assemblée générale se continuent comme pendant l’existence de la Société. Toutes les valeurs de la Société sont réalisées par les liquidateurs qui ont à cet effet les pouvoirs les plus étendus. Les liquidateurs peuvent même, avec l’autorisation de l’Assemblée générale, faire, soit à une autre Société, soit à un particulier, le transport de l’ensemble des droits, biens et obligations, tant actions que passifs, de la Société dissoute. Le produit de la liquidation, après l’acquit du passif et des frais de liquidation, sera réparti entre les actionnaires.

II

Aux termes d’un acte reçu par ledit Me DEZOTEUX, notaire à Bohain, le neuf Septembre 1907, enregistré ; Les fondateurs de la Société, tous sus-nommés. Ont déclaré que les cent quatre-vingt Actions de vingt-cinq francs chacune, représentant le capital de fondation de la Société Coopérative de Boulangerie de Prémont, à capital et personnel variables, ont été entièrement souscrites par cent quatre-vingt personnes et qu’il a été versé en espèces par chaque souscripteur le montant intégral de l’action par lui souscrite. Audit acte est annexé un état certifié contenant les noms, prénoms, qualités et domiciles des souscripteurs, le nombre d’actions souscrites et le montant des versement effectués par chacun d’eux.

III

Par délibération constatée suivant procès-verbal dressé par ledit Me DEZOTEUX, notaire, le quatorze Septembre 1907, enregistré, l’Assemblée générale des actionnaires de la Société Coopérative de Boulangerie de Prémont, à capital et personnel variables a :

1° Reconnu sincère et véritable, la déclaration de souscription et de versement faite par les fondateurs de la Société Coopérative de Boulangerie de Prémont, suivant acte reçu par ledit Me DEZOTEUX, le neuf Septembre 1907, enregistré ;

2° Nommé comme membres de la Commission de contrôle, avec faculté d’agir conjointement ou séparément : M. LEDUCQ Jules, brodeur ; M. RICHET-PIETTE Charles, cultivateur ; M. CARPENTIER-MAUROY, cultivateur ; M. IDÉE-CUVELIER Emile, cultivateur ; M. BLUTTE-BALASSE Oscar, brodeur ; Demeurant tous à Prémont ; Lesquels ont déclaré accepter lesdites fonctions ; 3° Approuvé les statuts de la Société et déclaré cette Société définitivement constituée.

IV

Une expédition de l’acte de Société, contenant les statuts et la nomination des administrateurs, de L’acte de déclaration de souscription et de versement, de l’état y annexé et de la délibération constitutive de la Société, a été déposée à chacun des Greffes du Tribunal de Commerce de Saint-Quentin et de la Justice de Paix de Bohain, le 5 Octobre 1907.

Pour extrait : (Signé) DEZOTEUX.

France 91 par Jean-Claude THIERRY

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