SOCIÉTÉ DES COMPAGNONS BOULANGERS, PÂTISSIERS RESTÉS FIDÈLES AU DEVOIR

Unesco: Objectif magazine.

Il existe plus de 300 compagnons du devoir en Languedoc-Roussillon. Le 16 novembre 2010, l’Unesco a reconnu le compagnonnage au patrimoine immatériel. Jean-Michel Mathonière, spécialiste de l’histoire des compagnonnages de métier, décrypte les enjeux de cette inscription.
 
Comment accueillez-vous cette inscription ?
Jean-Michel Mathonière : L’Unesco reconnaît ainsi la dimension rituelle et initiatique de la transmission compagnonnique. On pense toujours aux Compagnons au point de vue de l’excellence professionnelle. On oublie que ce qui est transmis au cours du tour de France, ce ne sont pas seulement des techniques, des secrets de métiers, mais des façons de se comporter dans le métier et entre personnes. Il s’agit avant tout d’un cheminement d’hommes.
 
Le compagnonnage français fait l’objet de scissions. Quelles en sont les causes ?
Jean-Michel Mathonière : Les grandes sociétés compagnonniques françaises vivent aujourd’hui indirectement des subsides de l’Europe et profitent des flux énormes alloués à la formation, ce qui pervertit l’esprit compagnonnique. Ces maisons, pour beaucoup de Compagnons, sont devenues des usines à formation. On craint une labellisation du compagnonnage et la dilution de l’identité compagnonnique derrière l’étiquette, d’où les scissions. Ces vingt dernières années, on a vu apparaître plusieurs sociétés dissidentes
 
Combien y a-t-il de Compagnons ?
Jean-Michel Mathonière : Le dossier Unesco comptabilise 45 000 personnes en France, concernées par le compagnonnage. Il faut ramener ces chiffres à 10 000 compagnons pour une centaine de métiers représentés, les données statistiques étant faussées par le nombre de jeunes en formation, qui passent parfois très brièvement par le compagnonnage et qui ne feront jamais leur tour de France.
 
Propos recueillis par Idelette Fritsch.
 
Magazine Objectif Languedoc-Roussillon.

Envoyer ci-dessous votre question :

Menu