Supplices pour les boulangers fraudeurs

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Comme nous l’avons évoqué dans notre article sur les marques de pains de la ville de Nancy, le métier de boulanger est sous très haute surveillance dès le XIIIème siècle. En effet l’autorité Royale perçoit très tôt que l’approvisionnement  de la capitale en blé, et donc la fourniture en pain de la cité, est un élément essentiel de la paix sociale.

Le peuple de Paris accusait fréquemment les boulangers d’être responsables de la hausse du prix du pain. Les plus anciens règlements concernant l’exercice du métier de boulanger datent des VIIème et VIIIème siècles.

Mais c’est le Livre des métiers d’Etienne Boyleau, rédigé vers 1268, qui marque le début d’une surveillance extrême des conditions de fabrication et de vente du pain en France. Certains articles précisent les modalités de fixation des prix des trois ou quatre qualités officielles de pain (du plus blanc au plus complet). D’autre articles mettent en place des procédures de contrôle et de répression des fraudes (par exemples: sous-poids ou cuisson insuffisante, essentiellement).

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Supplice d’un maître Boulanger fraudeur.

Une véritable police du pain s’instaure vers 1366. Elle surveille la corporation et dispose d’un arsenal de peines pouvant aller jusqu’aux punitions corporelles.

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, durant les émeutes de subsistance, « la fureur est au pain » et la police se range du côté des commerçants qui protègent leurs boutiques des pillages du peuple. Il arrive alors que les voleurs de pains soient pendus. Mais souvent, lors d’une révolte,  le premier pendu était le boulanger, accusé d’être la cause du manque de nourriture.

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Pour en savoir plus sur le boulanger François : L’histoire-du-boulanger-francois

Voici quelques exemples de condamnations qui eurent lieu au cours du XVIIIème siècle Document du département de police, commune de Paris. Rédigé en l’an II de la République, sous le régime de la Terreur, le 1er Nivôse (qui correspond au 21 Décembre 1793) : 

-Le boulanger Jean Claude Gaultilt a été envoyé à la maison d’arrêt de la conciergerie pour avoir laissé moisir du pain chez lui. Il aurait cependant put le donné aux pauvres ou encore le vendre.

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-Le 22 Juin 1709 à Paris (année avec des records de froid, et donc de mauvaises récoltes, dues à de mauvaises semences. Quelques jours avant la sentence, il y avait eu une émeute de la faim à Paris, les gens s’en sont donc pris aux boulangers. Cet arrêt est collectif contre des boulangers ayants vendu du pain trop cher et qui n’avaient pas fait de pain « pour les pauvres » qui se vend moins cher. Ils sont condamnés à des peines de mille livres, une somme énorme à l’époque.

-Le 31 Mai 1726 le maître boulanger Claude Roger a été condamné à 500 livres d’amende pour avoir vendu du pain au prix normal mais en l’ayant fait trop léger.

-Le 19 Avril 1723, le boulanger Nicolas Mégret, condamné à 300 livres d’amende et à la fermeture temporaire de sa boutique pendant 3 mois laquelle sera murée (c’est à dire qu’il ne pourra ni y entrer ni entretenir ses outils, lesquels il retrouvera alors dans un très mauvais état). Sa condamnation est due au fait qu’il a survendu son pain.

Extrait de : www.pain-tpe.sitew.com

Laurent Bourcier, Picard la fidélité, C.P.R.F.A.D.

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