Article publié dans le journal « l’Avenir » du 17 mai 1905 :

« La Saint-Honoré a été célébré, aujourd’hui, par les compagnons boulangers avec un éclat inaccoutumé. À cette occasion, ils avaient décidé de faire bénir leur nouveau drapeau.
À 11 heures et demies, Messieurs les compagnons et aspirants boulangers du Devoir de la ville de revêtues de leurs insignes compagnonniques, se forment en cortège, au siège de la société, place du Marché Neuf, chez Madame Gibeault, mère des boulangers, et se rendent solennellement à la cathédrale, précédés d’un groupe de musiciens qui joue des morceaux entrainants.
Un compagnon tient fièrement le drapeau, qui flotte au vent et sur lequel on lit en lettre d’or, la devise compagnonnique finement brodée.
Le cortège pénètre dans l’église au son de la musique. La messe est dite par Monsieur l’abbé Launay. Pendant l’office divin, les musiciens exécutent leurs plus brillants morceaux . La mère des boulangers offre le pain bénit.

La messe terminée, Monsieur l’abbé Roux prononce une éloquente et chaude allocution. Il prend la devise des compagnons “respect au Devoir, honneur et gloire au travail” comme thème de son discours : respect au Devoir, respect de l’ouvrier envers le patron, respect du patron envers l’ouvrier .

Puis s’adressant aux compagnons serrés autour de leur drapeau qu’ils regardent avec orgueil, Monsieur l’abbé Roux en une envolée superbe, les adjure d’y rester fidèles
Car il représente pour vous dit-il, l’honneur, le Devoir, le travail, ces trois choses si belles qui vous tiennent tant à Coeur .
Après la bénédiction du drapeau, le cortège se reforme et musique en tête, se dirige par les rues de la ville, puis se rend à la mairie. De là il regagne la rue Denis Papin et s’arrête chez la mère des boulangers ou a lieu la cérémonie symbolique du Devoir.

Un immense bouquet, fait de roses aux couleurs variées, est hissé sur la façade de la maison.
Les compagnons rompent en commun la brioche traditionnelle et se rendent au banquet excellent et très bien servi par monsieur Pigillet restaurateur en Vienne .
Le soir à 8 heures, grand bal dans les salons du café Denis Papin.
Tous nos compliments aux compagnons du Devoir, qui, grâce à leur entente parfaite ont réussi à célébrer leur fête de Saint-Honoré avec autant de solennité.
Félicitons les surtout de rester fidèles aux vieilles traditions, qui ont toujours fait l’honneur de leur corporation ». 

Le drapeau des compagnons boulangers du Devoir du Cayenne de Blois en question, fut détruit lors du bombardement de Blois en 1940. Un nouveau fut confectionné après guerre.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.