Reconnaissances 2ème partie

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Le règlement des compagnons boulangers, issu du congrès de Blois en 1895, nous dit qu’en 1840, les Compagnons boulangers tentèrent de se rapprocher des corps d’état du Devoir et de faire un pacte d’union et de concorde.

Lyon, 7e Cayenne des Compagnons boulangers, fut désignée à cet effet, la Cayenne de Rochefort possédait l’acte de naissance de la société, en bonne et due forme par l’intermédiaire du Compagnon boulanger Laprade, Angoumois Franc Coeur, employé aux bureaux de la marine du port militaire. Au nom de la société des Compagnons boulangers, la Cayenne de Rochefort envoya à Lyon comme délégué, Berry Bien Aimé, pour porter le dit acte de naissance, afin d’éclairer les corps d’état sur l’origine des Compagnons boulangers. Cette assemblée de tous les corps d’état du Devoir, enfants de Maître Jacques, n’eut pas lieu en règle, il n’y eut que des pourparlers, et le tout resta dans le statu-quo, malgré le zèle des Compagnons boulangers.

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Cachet de la cayenne de Lyon en 1840

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 Cachet de la cayenne de Rochefort en 1840

Six ans plus tard, en 1846, sont entrepris de nouvelles démarches, une assemblée générale de tous les corps d’état à lieu à Paris, dont voici le brouillon de la convocation :

« Les orphelins de Maitre Jacques aux enfants de Maitre Jacques

Les Pays,

Après tant d’années consécutives que nous vivons comme des enfants abandonnés de leur père, il est donc temps de se mettre à la recherche espérant que le ciel nous protégera dans notre entreprise, en nous adressant à un corps d’État plein d’expérience, et d’humanité pour tendre une main fraternelle à ceux qu’il implorent leur secours. Comme nous, vous êtes témoins que la discorde qui a règne et qui jusqu’à présent n’a servi qu’a nous faire mépriser, plutôt que de trouver un moyen à nous rendre plus heureux, jusqu’à présent nous avons au contraire augmenté cette haine qui de jour en jour n’a servi qu’à faire critiquer cette belle doctrine que nos premiers pères nous ont tracé dont nous avons toujours été fiers et glorieux de pouvoir la propager, mais malheureusement c’est ce manque d’ensemble qui n’existe pas entre nous, c’est cette raison qui ne vient pas s’offrir à nos yeux. C’est cette haine qui a toujours existé  que pour nous faire massacrer les uns les autres .C’est cette jalousie qui est cause de notre éloignement.

Enfin, c’est cette expérience que nous n’avons pas, voilèrent les causes qui jusqu à présent ont empêche de professer et de suivre les belles maximes de nos fondateurs, car les Pays jetons les yeux sur le passe, remontons à l’origine du monument qui nous sert encore d’édifice à tous, regardons l’histoire herbeuse de nos Memorins, là nous trouverons les noms de nos premiers pères, et en parcourant leur vie, nous leur trouverons une conduite sage dont nous sommes bien éloignés d’avoir suivi leur exemple.

Nos premiers pères nous recommandent la sagesse, et la prudence et nous nous faisons toujours la guerre, on nous prescrit l’union et la fraternité, et nous avons toujours cherché la discorde, et puis nous osons nous glorifier de marcher sous une vraie bannière tracée depuis des siècles quand nous devrions rougir de honte d’avoir exposé aux yeux de tout le monde le contraire de ce que nous prescrivent les lois du compagnonnage, est-ce mes chers Pays dans le siècle ou nous sommes que l’homme civilisé doit exercer une pareille fureur contre ses semblables et ce lorsque nous sommes accablés de fatigue et de misère que nous devrions nous regarder comme des ennemis, Est-ce quand nous sommes méprisés et exploités par des maitres qui nous traitent comme des esclaves, que nous devrions éviter de nous fréquenter, faut-il enfin tous ouvriers que nous sommes nous rendre comme des serfs au point de ne pas oser se regarder. 

Non les Pays, puisque nous sommes tous ouvriers, par conséquent nous sommes tous frères puisque nous sommes obligés de subir les mêmes fatigues, nous devons aussi nous partager nos peines, puisque enfin, nous sommes aujourd’hui assez éclairés pour reconnaître nos fautes commises par le temps qui c’est écoulé jusqu’à présent. C’est donc à nous les Pays a réparé l’inexpérience de nos frères en prenant une marche plus assurée et par ce moyen nous parviendrons à reconquérir les droits du compagnonnage, à professer sa doctrine dans sa pureté même et avons rétabli cette belle union qui jadis faisait l’estime de nos premiers pères, et qui par notre négligence a fini par se laisser emporter, et s’anéantir tout à fait.
Prenons donc courage mes chers Pays, et répétons tous ensemble a tout prêcheur miséricorde.

Si nous voulons nous pouvons trouver un remède pour guérir notre mal, et ce remède se trouve renfermer dans deux mots –UNION ET FRATERNITE-, l’union qui doit faire notre force et nous rendre tous plus heureux, cette fraternité qui doit faire notre ensemble, et nous inspirer des idées à nous rendre à jamais inséparables, et toujours unis comme des frères, quel honneur pour nous tous, quel grand service a l’humanité, quel bon exemple pour toute la classe ouvrière, voilà mes chers Pays les sentiments que nous désirerions pouvoir partager entre nous tous.
Brisez les fers qui depuis si longtemps nous tiennent enchaines, franchissons cette barrière qui nous sépare, ne formons qu’un ensemble d’union et vivons comme des frères

Nous espérons les Pays que vos âmes généreuses s’attendriront à la demande d’un corps d’État, qui réclame le secours de votre indulgence, pour lui tendre une main fraternelle, et leur donner une place parmi le nombre des vrais enfants de maitre Jacques, nous le réclamons avec constance pour être admis au rang des Devoirants.
Daignez mes chers Pays agréer le respect fraternel que des frères orphelins de maitre Jacques vous font l’amitié de vous présenter, espérant d’être accueilli avec l’humanité, en attendant votre réponse nous sommes toujours dévoués aux enfants de maitre Jacques et père commun de tous.

Pour notre adresse : Rue Mabille 3, pour remettre au rouleur des boulangers.

Paris ce 24 novembre 1846 ; D.Marfin dit Toulousain, Richard dit Manceau, Josserand dit Languedoc, Chasteau dit Bordelais, Chaussepart dit Angevin, Olivier dit Provençal, Caille dit Poitevin. »

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Cachet de la cayenne de Paris en 1846.

Suite à ces assemblées générales de 1846, des règlements compagnonniques furent donnés aux compagnons boulangers, afin de les faire parvenir à tous leurs Cayennes, mais cela n’est pas du gout de tous , en effet nous verrons le compagnon boulanger Borgne Charles , Languedoc le triomphant, exclu à six mois par la chambre de Nîmes pour avoir dérobé ces règlements à sa Cayenne.

A suivre…

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité.C.P.R.F.A.D.

 

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