MARIANNE TROUVE LA FÈVE

LES ROIS ONT PEUR (1849)

La Revue comique à l’usage des gens sérieux a publié en son numéro de décembre 1848 un dessin de Fabritzius intitulé « Le gâteau des rois de 1849 ». On y voit Marianne, l’incarnation de la République, debout, rayonnante, coiffée d’un bonnet phrygien, tenant la fève trouvée dans la galette des rois.
Derrière, ses partisans républicains exultent. Mais les cinq monarques assis autour de la table sont saisis d’effroi, car leur trône est menacé par celle que, plus tard, on appellera « la gueuse » dans les milieux conservateurs.

Rappelons qu’en 1848 il n’y avait de gouvernement républicain qu’en France (la République avait été proclamée le 25 février, mettant fin au règne de Louis-Philippe), auquel on peut ajouter le système fédéral suisse. Dans les autres Etats d’Europe, rois et empereurs gouvernaient (en Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, etc.).

La Revue comique à l’usage des gens sérieux fut éditée de novembre 1848 à avril 1849, durant l’éphémère Seconde République. Ses créateurs étaient des républicains hostiles aux partis conservateurs et réactionnaires et en particulier à la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République (ce qui ne l’empêcha pas d’être élu le 20 décembre 1848).

Elle intégra d’excellents dessinateurs (Nadar, Bertall, Fabritzius, entres autres). Les caricatures de Louis-Napoléon Bonaparte sont féroces ; l’imagination et l ’humour des dessinateurs sont débridés. De bons auteurs y participèrent. Mais la revue cessa de paraître en avril 1849, victime de la censure. Elle était allée trop loin dans l’insolence…

Un exemple de dessin satirique publié dans le 1er numéro de la Revue comique : « La grenouille et le bœuf ». Louis-Napoléon Bonaparte, à gauche, minuscule, en grenouille, se tient devant son oncle, le grand Napoléon Ier, dont il n’a ni l’envergure ni le prestige.

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