La CGT, Confédération générale du Travail,
créée le 23 septembre 1895 à Limoges, divise les compagnons.
En 1895 naquit la Confédération Générale du Travail, dont les adhérents devaient œuvrer ardemment à l’unité de la classe ouvrière.
La situation sur l’ensemble des cayennes était loin d’être uniforme.
Des compagnons étant tentés par l’aventure syndicaliste, les meneurs furent, dans certaines cayennes de province, sévèrement réprimés, bien que l’action syndicale ouvrière de cette époque puisse être considérée comme un retour aux origines, à la raison d’être de la Société des Compagnons boulangers du Devoir du début du XIXe siècle, qui, ne l’oublions pas, fut créée avant toutes choses pour lutter contre les abus patronaux. Voici un exemple de ces répressions (extrait du compte rendu d’assemblée des Compagnons boulangers du Devoir de Tours, du 19 avril 1894) :
« [Nous] avons décidé à notre assemblée générale l’exclusion de deux Compagnons faisant partie de la Chambre syndicale. À l’avenir nous appliquerons le règlement dans toute sa rigueur à tous ceux qui feront partie d’une société contre nous. […] À toute la majorité de l’assemblée générale, le F. Poitevin le Soutien de la Canne comme étant un des premiers qui a monté la Chambre syndicale pour lutter contre sa société et le F. Tardieu dit Angoumois le Soutien des Frères en faisant partie lui aussi, l’assemblée générale les a exclus à vie, dont une lettre en fera connaître à notre Chambre administrative et le tour de France. »
À l’assemblée générale de Tours du 15 octobre 1903, les compagnons Bettesta, Gascon le Fier Courageux et Sassier, Tourangeau le Triomphant, furent exclus à vie par 30 voix sur 30 pour avoir lutté contre la Société des Compagnons et s’être mis à la tête du bureau de la Bourse du Travail.
Article d’Amédée Bousquet, ouvrier boulanger, secrétaire de la Fédération C.G.T. de l’alimentation -plublié dans l’Humanité le 28 août 1910- dénonçant l’appel à l’embauche de la part de la société des compagnons boulangers de Tours publié dans le journal compagnonnique Le Ralliement alors que simultanément les « camarades » boulangers de cette même ville, membres de la Fédération syndicale, envisagent une grève.
La Cayenne de La Rochelle, en mai 1901, exclut deux compagnons, non pas pour avoir fondé ou adhéré à un syndicat ouvrier ou à la Bourse du travail, mais pour avoir fondé un syndicat patronal : ce sont les compagnons Antoine Véry, Quercy Va de Bon Cœur, et Boutineau, Niortais l’Estimable. Il semblerait qu’après une grève en 1903, une reprise en main de cette cayenne ait été effectuée par des compagnons refusant la lutte des classes, préférant l’union entre ouvriers et patrons compagnons.
À Montpellier, le jour de la Saint-Honoré en 1901 et 1902, le cortège des compagnons boulangers fut attaqué par des syndicalistes (Voir chapitre Les rixes.) avec à leur tête, probablement Louis Neil *, garçon de café, tout nouveau secrétaire de la Bourse du travail de Montpellier.
* Louis Niel, né le 25 octobre 1872 à Aubin (Aveyron) ; mort le 18 août 1952 à Bastia (Haute-Corse). Syndicaliste français, considéré au départ de sa vie syndicale comme anarchiste, marié, père de deux enfants. Il est tout d’abord proche des milieux syndicalistes révolutionnaires. En 1901, il est nommé secrétaire de la Bourse du travail de Montpellier. Il joue un rôle essentiel dans le processus de fusion de la Fédération nationale des Bourses du travail avec la CGT aux congrès d’Alger (FNBT) et de Montpellier (CGT) en 1902… Niel se rapproche du Parti socialiste dès sa fondation en 1905, auquel il adhère vers 1907. Secrétaire général de la CGT lors d’une courte période en 1909 après son retrait du mouvement syndical, il tente de se faire élire député de l’Hérault en 1910.
À noter que Montpellier, les 26 et 27 septembre 1902, accueillit le congrès syndicaliste, principalement organisé par Neil, qui peut être considéré comme le deuxième congrès constitutif de la CGT.
Mais à Paris, les compagnons boulangers qui étaient dans une énorme majorité des ouvriers, participèrent aux nombreuses réunions organisées par la CGT et prirent une part active dans la chasse aux « jaunes » lors des différentes grèves de la boulangerie de 1890 à 1925. Seule l’action de sabotage (Voir chapitre Coalitions et Grèves.) fut exclue par les compagnons boulangers de la ville de Paris.
La Saint-Honoré enfin chômée
En 1903, à La Rochelle, les compagnons boulangers du Devoir participèrent à une grève déclarée le 28 septembre.
Lisons un courrier du commissaire central adressé au préfet de La Rochelle :
[…] J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’hier à 1 heure et demie, s’est tenue à la Bourse du travail, une réunion d’ouvriers boulangers syndiqués et Compagnons. Cinquante-quatre de ces ouvriers y assistaient. Les décisions suivantes ont été prises :
— 1 : Suppression du traitement au mois, lequel est suivant les maisons et les spécialités de 90 à 110, et son remplacement par un traitement à la semaine, qui sera dans les boulangeries où se font deux fournées, de 28 pour les pétrisseurs et de 32 pour les brigadiers, dans les boulangeries à trois fournées, de 32 pour les pétrisseurs et de 38 pour les brigadiers. Les fournées supplémentaires actuellement payées 1 ont été portées à 1,5 et 2. Le salaire des ouvriers a été porté de 4 à 5,5.
— 2 : Repos complet le jour de la Saint-Honoré, fête de la corporation. Ces revendications doivent être soumises aujourd’hui à Monsieur le maire et présentées ensuite aux patrons. S’ils n’obtiennent pas quelques-unes de ces demandes, les ouvriers doivent se mettre en grève samedi prochain.
Ces revendications n’ayant pas été satisfaites, le 3 octobre soixante-cinq compagnons entamèrent une grève qui se déroula sans agitation particulière ni violence. Le maire demanda à l’armée de réquisitionner des boulangers sous les drapeaux pour assurer les besoins en pain de la population. Il reçut ainsi trente boulangers qui furent répartis dans différentes boulangeries.
Toutefois, les négociations se poursuivaient et le 5 octobre les premières revendications semblaient acceptées, mais pas la dernière, celle concernant la Saint-Honoré chômée. Finalement, l’ensemble des revendications ouvrières fut accepté par le patronat et la grève prit fin le 6 octobre. Cependant, cette grève fut néfaste à plusieurs ouvriers boulangers, comme nous l’indique ce courrier du commissaire spécial au préfet de la Charente-Inférieure daté du 24 décembre :
J’ai l’honneur de vous rendre compte que la fourniture de pain s’est effectuée aujourd’hui à La Rochelle d’une façon normale. Aucun indice ne permet de supposer une prochaine cessation de travail dans les boulangeries de la ville. La grève du mois d’octobre dernier n’a laissé que de tristes souvenirs parmi ces ouvriers dont certains d’entre eux n’ont pu encore trouver du travail. Jusqu’à ce jour, l’éventualité d’une grève n’a fait l’objet d’aucun pourparlers parmi les ouvriers boulangers.
Livret de membre de l’Union Syndicale des Compagnons boulangers du département de l’Aude, 1903.
Dans le cas où quelques-uns seraient disposés à suivre leurs camarades de Paris, ils trouveraient parmi les ouvriers boulangers opposition parmi bon nombre d’ouvriers à La Rochelle. La seule cause qui pourrait provoquer une cessation partielle du travail serait la pression que pourraient exercer les ouvriers des quais, s’ils s’unissent à eux. Rien ne fait prévoir actuellement une entente pareille…
Grève des boulangers à Paris, en 1913. Distribution de cartes de grève à la Chambre syndicale
des ouvriers boulangers de la Seine. © Roger-Viollet.
Un document rare, les statuts du Syndicat des Compagnons et aspirants boulangers du Devoir de la ville de Paris et du département de la Seine, 1900-1910
Voici un document rare, celui des statuts syndicaux des Compagnons boulangers du Devoir.
Il m’a paru nécessaire de le présenter dans son intégralité, car au fil des articles, nous découvrons le fonctionnement de la Société des compagnons boulangers parisiens, qui est loin d’être celui d’aujourd’hui.
Titre I
Constitution du syndicat
Article 1
Entre les soussignés et ceux qui adhéreront aux présents statuts, il est formé un syndicat professionnel mixte, qui sera régi par la loi du 28 mars 1884 et par les dispositions suivantes :
Article 2
Le syndicat portera la dénomination suivante : Syndicat des compagnons et aspirants boulangers de la ville de Paris et du département de la Seine. Tous ceux qui, soit en qualité de patron, soit en qualité d’ouvriers exercent la profession de boulanger peuvent en faire partie pourvu qu’ils satisfassent aux conditions énumérées ci-après, son siège est établi rue de La Réale, n° 4 à Paris et pourra être transféré ailleurs si les besoins l’exigent. Sa durée est illimitée ainsi que le nombre de ses adhérents. Son fonctionnement régulier commencera le jour du dépôt légal de ses statuts.
Titre II
Objet du syndicat
Article 3
Le syndicat a pour objet l’étude et la défense des intérêts professionnels de ses membres. Il se propose d’établir ou de resserrer entre eux des relations de sympathie et d’intérêt, de sauvegarder, sans cesser de s’inspirer des idées et des besoins de la société moderne, les traditions et les principes qui constituent le patrimoine moral du compagnonnage, d’assurer à ses membres aide et protection, notamment par la création d’une caisse de secours mutuel annexe au syndicat, ainsi que par l’organisation du crédit et du placement, de poursuivre par tous les moyens à sa disposition, et d’accord avec les pouvoirs publics et les chefs d’industrie, l’amélioration de la condition matérielle et morale des compagnons et aspirants boulangers. Le syndicat se propose également de développer l’instruction professionnelle de ses adhérents en fondant une bibliothèque et en ouvrant, s’il y a lieu, des cours où pourront venir se former ou se perfectionner ses adhérents. Le syndicat se réserve enfin de créer, dans l’avenir, toute institution économique ou sociale qui lui paraîtrait propre à servir les intérêts de ses adhérents.
Article 4
Le syndicat comprend des membres actifs, qui se subdivisent en compagnons et aspirants, et des membres honoraires.
Article 5
Peut être nommé, sur sa demande, membre honoraire, tout compagnon (ouvrier ou patron) qui compte cinq années d’activité. Les membres honoraires acquittent une cotisation de 0,50 centime par mois. Ils peuvent assister aux assemblées générales du syndicat, mais sans avoir, dans ces assemblées, voix délibératives. Ils n’ont pas droit aux avantages stipulés ci-après au titre V.
Article 6
Pour être reçu aspirant, il faut pouvoir montrer son livret d’apprentissage en règle, n’être atteint d’aucune maladie ni de surdité, avoir accompli un noviciat de trois mois, être âgé de dix-huit ans au moins et de cinquante ans au plus, et enfin être admis par le comité. Les étrangers peuvent être reçus, pourvu qu’ils comprennent et parlent le français.
Article 7
Pour être reçu compagnon boulanger, il faut avoir accompli un stage d’au moins trois mois, être âgé de dix-huit ans au moins et de cinquante ans au plus, enfin, avoir justifié, conformément aux règles en usage dans les sociétés de compagnons, de sa capacité professionnelle et de sa bonne conduite. Le comité syndical apprécie s’il y a lieu ou non d’accorder à un aspirant le titre et les droits de compagnon ; il peut prolonger la durée du stage de l’aspirant aussi longtemps qu’il le juge nécessaire, il peut être appelé de la décision du comité syndical devant l’assemblée générale qui statue souverainement.
Article 8
Tout membre actif ou honoraire qui a rempli tous ses engagements envers la société peut se retirer à tout instant du syndicat en adressant sa démission au Président, qui lui en accusera réception. Le membre démissionnaire perd ses droits sur tout ce qui concerne la société et ne pourra prétendre à quoi que ce soit par suite de cette démission.
Article 9
Le comité syndical pourra, à la majorité des voix, prononcer l’exclusion de tout membre qui se sera rendu coupable d’une faute contre l’honneur ou dont la conduite serait notoirement scandaleuse. Pourront également être exclus de la société : Tout membre en retard de plus d’un an de cotisation, et tout membre, qui, après avoir été deux fois condamné à une amende pour avoir commis des actes préjudiciables au bon renom ou aux intérêts de la société ou d’un de ses membres, se rendrait coupable d’actes de même nature.
Titre III
Administration du syndicat
Article 10
Le syndicat est administré par un comité syndical composé de neuf membres : un président, vice-président, trésorier, secrétaire, secrétaire adjoint et de quatre membres du conseil d’administration. (Le nombre de ses membres variera selon le nombre d’adhérents du syndicat). Les membres du comité sont nommés tous les ans (ou tous les six mois, ou tous les trois mois) en assemblée générale des compagnons. Le comité gère le patrimoine du syndicat, prononce s’il y a lieu les amendes encourues par les membres du syndicat pour infraction au règlement ; il statue sur les demandes d’admission au grade d’aspirant ou de compagnon, sur les démissions ou les demandes d’exclusion d’un membre. Il examine les affaires contentieuses qui lui sont soumises et peut exercer du consentement des parties des fonctions d’arbitre à l’effet de régler tout différend entre compagnons boulangers (patrons et ouvriers). Il élabore, pour les soumettre à l’assemblée générale, tous les projets de réponse aux enquêtes ou questionnaires émanant des autorités publiques… Il prépare pour les présenter à l’agrément de la même assemblée toutes les listes de candidats aux élections des conseils du travail et autres élections aux-quelles le syndicat serait appelé à participer.
Article 11
Le comité syndical nomme un bureau composé d’un Premier en ville, d’un Second en ville et du rouleur.
Article 12
Le Premier en ville préside les assemblées. Il a la charge de la correspondance. Il est chargé de tenir en règle tous les registres de la société et d’en surveiller la tenue. La durée de ses fonctions n’est pas limitée, mais il peut demander à en être déchargé après trois mois d’exercice. Il veille à l’instruction morale et professionnelle des compagnons et aspirants.
Article 13
Le Second en ville aide le Premier en ville à remplir ses fonctions et le supplée au besoin. Il est nommé pour trois mois. Chacun des compa- gnons est appelé à tour de rôle à ces fonctions.
Article 14
Le rouleur est nommé pour trois ou six mois. La durée de ses fonctions n’est pas limitée. Il s’occupe du placement des compagnons et aspirants sans travail.
Article 15
Lorsqu’un compagnon ou aspirant boulanger quitte son patron, le rouleur s’enquiert du motif de son départ et de la conduite qu’il a menée. Il adresse, s’il y a lieu, des remontrances au compagnon, et signale au comité syndical tout fait qui pourrait être de nature à entraîner une répression. Si, au contraire, le compagnon ou aspirant partant justifie d’un grief fondé contre son patron, le rouleur en avise le Premier en ville qui intervient auprès du patron et s’efforce de faire rendre justice au compagnon.
Article 16
Le Premier, le Second en ville, le rouleur s’efforcent de maintenir en toutes circonstances la bonne entente entre patrons et ouvriers. Ils s’emploieront à prévenir tout conflit, sans cependant sacrifier les droits de leurs mandats. Ils rendront compte au comité de toute dé- marche amiable tentée dans ce but auprès des patrons.
Article 17
Le comité syndical se réunit deux fois par mois aux heures fixées par lui. Les compagnons qui ne font pas partie du comité peuvent assister à ces séances, mais ils n’ont que voix consultative. Les trois compagnons en place convoquent le comité chaque fois qu’il y a urgence.
Article 18
Tous les premiers dimanches ou jeudis de chaque mois, se tiendra une assemblée générale composée de tous les compagnons et aspirants (en règle). Tous les membres actifs du syndicat verseront, au début de la séance, leurs cotisations mensuelles et les amendes dont ils peuvent être redevables. Les membres en retard de plus de trois mois de cotisations ne pourront assister à la séance. Après paiement des amendes et cotisations, le président de l’assemblée (Premier en ville ou, à défaut, le Second en ville ou le rouleur) donnera lecture du procès-verbal de la dernière assemblée, de la correspondance, et portera à la connaissance de ladite assemblée les affaires intéressant le syndicat sur lesquelles elle est appelée à délibérer.
Article 19
Tous les ans, le premier mai, se tiendra une assemblée spéciale à laquelle seront soumis les comptes financiers et qui devra régler le programme de la fête patronale le jour de la Saint Honoré.
Article 20
Tout compagnon qui troublerait l’ordre dans une assemblée sera puni d’une amende de 0,25 centime à un franc. Tout compagnon qui se présentera à l’assemblée en état d’ivresse et provoquera du scandale sera passible d’une amende de 0,50 centime à trois francs, de même que tout compagnon qui insultera un de ses confrères. La quotité de l’amende sera fixée sans appel par le président de l’assemblée.
Article 21
Toute absence non excusée à une assemblée est punie d’une amende de 0,25 centime. Le bureau de l’assemblée apprécie la validité de l’excuse présentée. Toutefois, tout compagnon travaillant à plus de quatre kilomètres de la ville de Paris (dans la banlieue) n’est pas tenu de se rendre à toutes les assemblées mensuelles.
Article 22
Toutes les délibérations de l’assemblée générale doivent être prises à la majorité absolue des membres présents. Le vote a lieu au scrutin secret.
Article 23
Toute discussion politique ou religieuse et, en général, toute motion étrangère à l’objet du syndicat est formellement interdite.
Titre IV
Cotisations, secours.
Article 24
Tout compagnon ou aspirant paye une cotisation annuelle de 24 francs, soit 2 francs par mois. Le produit des cotisations est destiné à faire face aux frais de gestion de la société et à subvenir aux dépenses ci-dessous indiquées.
Article 25
Tout compagnon ou aspirant affilié à l’une des sociétés professionnelles formant l’Union des syndicats des compagnons et aspirants boulangers du Devoir a droit, lorsqu’il arrive à Paris, à titre de secours de passage, à trois repas et à un coucher gratuits, plus deux francs. Ce même compagnon ou aspirant fait partie de droit du Syndicat de Paris pendant tout son séjour dans cette ville. Il participe aux avantages dont jouissent les syndiqués de Paris et il est soumis aux mêmes charges.
Article 26
La société garantit à la Mère le paiement des premières dépenses des compagnons jusqu’à concurrence d’une somme de quinze francs.
Article 27
Tous les membres du syndicat font de droit partie de la société de secours mutuel des Compagnons et aspirants boulangers du Devoir qui les garantit contre le risque de la maladie et assure à leur famille, en cas de décès, le paiement des frais funéraires.
Article 28
Les membres en retard pour le paiement de leurs cotisations ne peuvent se prévaloir des dispositions des articles 26 et 27.
Titre V
Article 29
Les aspirants participent à tous les avantages matériels ou moraux ci-dessous énumérés. Toutefois, ils n’ont pas voix délibérative dans l’assemblée générale à laquelle ils peuvent cependant assister. Ils ne peuvent être élus membre du conseil syndical et n’ont pas le droit de s’immiscer dans l’administration du syndicat, sauf en ce qui concerne leur droit de contrôle défini à l’article suivant.
Article 30
Les aspirants élisent chaque mois à l’assemblée un premier aspirant. Le premier aspirant peut vérifier les comptes, recettes, et dépense du syndicat. Il représente les aspirants dans leurs rapports avec les compagnons et il est chargé de présenter les réclamations de ses mandants. L’assemblée générale statue souverainement pour ces réclamations.
Titre VI
Patrimoine du syndicat
Article 31
Le patrimoine du syndicat se compose :
- De la cotisation annuelle et du droit d’entrée des associés.
- Des dons et legs faits aux syndicats et des subventions qui peuvent leur être allouées.
- Des intérêts des fonds placés.
- Du produit des amendes qui peuvent être prononcées pour infractions aux règlements.
Article 32
Il est constitué sur les ressources du syndicat un fonds de garantie ou de réserve dont le montant sera fixé annuellement par la Chambre Syndicale.
Titre VII
Dissolution du syndicat.
Article 33
La dissolution ne pourra être prononcée que par l’assemblée générale, sur la proposition du comité syndical, à l’unanimité de tous ses membres.
Le comité syndical sera chargé de procéder à la liquidation et l’actif net sera réparti entre les membres du syndicat, suivant une décision définitive et ultérieure à l’assemblée générale.
Titre VIII
Dispositions générales.
Article 34
Toutes les questions qui n’auraient pas été prévues par les présents statuts seront réglées conformément aux traditions et aux usages du compagnonnage des boulangers.
Article 35
Les statuts seront imprimés. Un exemplaire en sera remis à chacun sociétaire.
Article 36
Les membres du bureau du comité syndical seront chargés de faire les dépôts nécessaires des statuts et des noms des membres dudit bureau chargés de l’administration ou de la direction, et ce conformément à l’article 4 de la loi.
Ce dépôt sera renouvelé à chaque changement de la direction ou des statuts.
Le président : I. Touraud, 43 rue des Panoyaux.
Vice-président : M. Guérard, 28 rue de Paris, Vincennes.
Assesseur : Chenevrière Théodore, 35 rue des Panoyaux
Secrétaire : Dupuis, 28 Boulevard La Villette
Membres du conseil d’administration :
Courtrais Redon, 35 quai d’Anjou
Cavois, 5 rue des Partants
Gloire, 170 rue de Paris, Vincennes.
I. Perrin, 44 rue Fazillon, Levallois-Perret (Seine)
La rupture définitive
En 1965, à la suite du banquet de la Saint-Honoré de la cayenne de Paris, le Premier en ville, André Cochet, Parisien Cœur Loyal, envoya par lettre à toutes les organisations syndicales le texte du discours qu’il avait prononcé en ouverture du banquet.
L’objectif était de sensibiliser les dirigeants syndicaux et de les inviter à la Maison des compagnons pour discuter de l’avenir du métier de boulanger face à l’industrialisation. Cette proposition pouvait permettre aux compagnons boulangers de jouer un rôle de médiateur ou de catalyseur entre les syndicats patronaux et ouvriers.
Le syndicat patronal ne s’opposa pas à cette rencontre, mais les syndicats ouvriers n’acceptèrent pas, car ce dialogue allait à l’encontre de leur politique axée sur la participation de masse et l’opposition catégorique aux intérêts patronaux.
Toutefois, les compagnons boulangers obtinrent l’appui moral et matériel des vice-présidents du Syndicat patronal pour l’acheminement à des cours professionnels, ce qui est encore d’actualité de nos jours.
La Marseillaise des boulangers (Publiée dans le journal Gil Blas, 12 avril 1907.), auteur Francois Lapurée (chantée en 1907 aux réunions syndicales parisiennes présidées par Amédée Bousquet)
Enfants de la Boulangerie
Il est temps de nous révolter
Contre nos patrons en furie !
Tous unis pour nous opprimer ! (bis)
On les voit plongés dans leur rêve;
Tout en surveillant leurs tiroirs;
Ils tremblent devant leurs comptoirs;
En voyant arriver la grève.
Refrain
Ouvriers boulangers ! Formez tous vos sections !
Marchons ! Marchons !
Tous les patrons, nous les supprimerons…
Les Patrons et les Renégats
On les pendra, on les pendra …
Ah ! Ah ! Ah !
Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.