LE BOULANGER MARIÉ

Voici la chanson d’un boulanger qui vivait heureux quand il était célibataire et qui regretta de s’être « mis la corde au cou ». Comme le chantait Georges Brassens : « Il n’y a pas d’amour heureux… »…

Cette chanson quelque peu misogyne et pessimiste figure dans Le Journal du dimanche du 28 mars 1875.

LE BOULANGER MARIÉ

Paroles de Auguste Largent, musique de Victor Gry.

J’étais de tout le village,
Le plus heureux boulanger,
A contracter mariage
J’étais bien loin de songer.
Lorsqu’un dimanche, à la ville,
Le ciel maudisse ce jour !
Je me toquai d’une fille,
Et voulus cuire à son four,
Je me toquai d’une fille,
Et voulus cuire à son four,
Et voulus cuire à son four !

« Je me toquais d’une fille et voulus cuire à son four… »

Aussitôt, j’en fis ma femme,
Et crus mourir de bonheur ;
Mais, huit jours après, madame,
Me tira de mon erreur.
J’avais payé, chat en poche,
– Trop tard, hélas ! je le vis. –
J’avais fait une brioche,
Comme jamais je n’en fis !

Fière, coquette, colère,
Et jalouse sans raison ;
Madame, a fini par faire
Un enfer de ma maison.
Le cœur de cette hypocrite
Était gonflé de levain,
Et je reconnus de suite
Que j’étais dans le pétrin !

En entrant dans mon ménage,
J’ai mis la corde à mon cou ;
Contractant un esclavage
Qu’il faut subir jusqu’au bout.
A quoi servent les reproches ?
Je vais, pour me consoler,
Fabriquer d’autres brioches,
Qu’au moins on peut avaler !

Les paroles ne relèvent évidemment pas de la grande poésie, mais on sourit des expressions employées.

On remarquera l’ambiguïté de celle-ci : « Je voulus cuire à son four », que nous avons déjà signalée dans l’article Erotisme et boulangerie (1/3).

« Payer chat en poche » signifie « faire un achat sans avoir vu la marchandise ».

Le boulanger dit aussi : « J’avais fait une brioche », expression qui signifie « avoir commis une faute, une erreur ».

Il ajoute qu’il « est dans le pétrin », expression toujours employée pour dire qu’on est dans une situation pénible (on pourrait dire que « le boulanger est dans le tracas jusqu’au cou », laissant aux lecteurs le soin de décrypter cette contrepèterie).

Quant au « cœur gonflé de levain » de son épouse, c’est pour rester dans le vocabulaire de la boulangerie que le parolier a employé cette métaphore, car il ne s’agit pas d’une véritable expression.

Disons qu’il a fait un lapsus pour dire « gonflé de venin »…

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