C’est dans le Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le XIIIe siècle (1905-1906), qu’Alfred FRANKLIN consacre une entrée aux « Boulangers des petits chiens blancs ». La proximité des deux termes (« boulangers » et « chiens blancs ») est surprenante car c’est sous le second que les compagnons boulangers du Devoir se désignent, au moins depuis le milieu du XIXe siècle. Il est communément admis que cette dénomination est liée à l’emploi de la farine ; a contrario les « chiens noirs » ont été les forgerons et les maréchaux-ferrants, qui emploient du charbon.
Alors, de quels chiens blancs s’agissait-il ? Laissons FRANKLIN nous l’apprendre :
« Boulangers des petits chiens blancs. Ce titre, qui n’a sans doute pas survécu au règne de Henri II, était, en 1547, le privilège du boulanger Antoine Andrault, fournisseur de petits pains spéciaux pour les chiens favoris du roi. »
Une note renvoie à A. JAL et à son Dictionnaire critique de biographie et d’histoire (Paris, Plon, 1872), consultable sur le site Gallica de la BnF. Voici ce qui y figure à la page 264 :
« Boulanger des petits chiens blancs. Outre ses autres chiens, le roi Henri II avait des petits chiens blancs qu’il aimait apparemment très fort, et que, pour cette raison, leur gouverneur gâtait un peu. De quelle race étaient ces intéressants petits quadrupèdes au pelage blanc ? C’est ce que j’ignore ; ils appartenaient sans doute à une race étrangère, rare en France, et par là précieuse. Quoi qu’il en soit, ces animaux mignons avaient un boulanger qui leur fabriquait un pain particulier ; cet ouvrier avait nom Anthoine Andrault. Le Roi lui donna un jour une preuve singulière de sa bienveillance. Dans un registre de Guillaume Bochetel, trésorier de l’épargne (Bibl. Imp. Ms Baluze 9732-3), je lis, fol. 54, sous la date du 10 novembre 1547, cette mention curieuse : « A Anthoine Andrault, boulengier (sic) des petits chiens blancs, don de la somme de 30 escuz à quoy a esté taxé l’office de sergent au lieu de Comelles-le-Bar, au haut pays d’Auvergne, vaccant par le trépas de Claude Maison. »
Cela signifie que le boulanger s’est vu remettre le produit de l’achat de la charge de sergent (officier de justice) par le successeur du nommé Maison. Ses petits pains devaient être appréciés des petits chiens !
Ces « petits chiens blancs » étaient peut-être des bichons. De nombreux tableaux des XVIe au XVIIIe siècle représentent en effet des princes et gens de la bourgeoisie aisée entourés de ces charmants petits animaux.
Portrait de Frédéric II Gonzague, duc de Mantoue (1500-1540) par Le Titien (vers 1525). Musée du Prado, Madrid).
Le duc caresse affectueusement un petit chien blanc.
