« LA GALETTE DES ROIS » PAR HENRI BACHIMONT (1912)
La saveur des dernières galettes de janvier est encore en mémoire sur nos papilles, et il n’est donc pas trop tard pour en reprendre une part avec cette chanson d’Henri BACHIMONT publiée en 1912 dans le 78e recueil de chansons du Caveau.
LA GALETTE DES ROIS
Musique de l’auteur des paroles
A notre camarade H. Buguet
Accourez tous les bons amis,
Les vaillants camarades,
A l’entour de ce couvert mis
Pour les franches rasades ;
C’est un moment de royauté
Que l’un de nous se donne…
Tressons-lui de notre gaieté
Une belle couronne.
Gravure de presse du XIXe siècle illustrant un article d’Etienne Boussemart « Le Tournai d’avant : des Rois et des lapins », sur le site lavenir.net
REFRAIN
C’est le jour des Rois,
Rions !
Comme aux beaux jours d’autrefois,
Buvons !
Haut les verres !
Chers confrères !
A gorge pleine, chantons !
Chantons !
« Le roi boit ! » A ce cri joyeux
Tous les verres s’emplissent ;
L’allégresse est dans tous les yeux,
Les fronts s’épanouissent.
Ce souverain est, par ma foi !
Le seul qui puisse plaire.
Car on peut dire : « zut ! » au roi
Sans le mettre en colère !
« Le roi boit » par le dessinateur et caricaturiste Moloch, gravure parue dans le n° 157 du Sifflet de 1875, et représentant Gambetta (coll. Du Musée de Cahors Henri-Martin).
AU REFRAIN
Les bonnes fèves ne sont plus,
Comme tant d’autres choses…
On nous sert des bébés joufflus
Emaillés blancs ou roses ;
Et plus d’un convive imprudent
Croquant en confiance
A brisé sa dernière dent
Sur le gosse en faïence !
Détail d’une gravure du Monde illustré du 3 janvier 1881 titrée « La part à Dieu ».
AU REFRAIN
Lorsque la galette apparaît
Aux tables de famille
Plus d’un amoureux guilleret
Lorgne une belle fille ;
Si le bébé lui peut échoir
Il va, ça se devine,
Partageant son sceptre d’un soir,
Embrasser sa voisine.
AU REFRAIN
Dame ! au « Caveau » nous n’avons pas
Une voisine aimable ;
Le sexe, malgré ses appas
Est exclus de la table ;
Pourtant aussi nous proclamons
La belle souveraine
Et c’est celle que nous aimons :
La Chanson, notre Reine !
AU REFRAIN
HENRI BACHIMONT
***
Henri BACHIMONT, dit Henri BRESLES, fut un compositeur et chansonnier né en 1864 et mort en 1924. Il écrivit de nombreuses chansons, un opéra-comique (Le Soutien de Madelon – 1900) et plusieurs opérettes (Les Rois s’amusent – 1907, L’Armurier de Tolède – 1912, Les Trois Don Juan – 1923). Il était titulaire de plusieurs distinctions (Officier d’Académie en 1899, Officier de l’Instruction publique, chevalier puis officier du Mérite agricole (1905, 1908).
Henri BRESLES (pseudonyme d’Henri BACHIMONT). Source : site ECMF (Encyclopédie multimédia de la Comédie musicale théâtrale de France 1918-1944).
Henri BACHIMONT fut également le trésorier-archiviste du Caveau, célèbre société bachique et chantante dont la fondation remonte à 1737 (à 1729 selon d’autres sources) et qui connut des éclipses au cours du XIXe siècle avant de se reconstituer en 1834.
Cette société se voulait élitiste, apolitique (ce ne fut pas toujours respecté) et strictement masculine (d’où les vers du dernier couplet de La Galette : « Le sexe, malgré ses appas / Est exclus de la table » ; mais il y eut deux exceptions). Elle compta en son sein les plus célèbres chansonniers du XIXe siècle et rivalisa avec celle de la Lice chansonnière.
A chaque banquet sont exposés les deux objets emblématiques de la société, hérités de deux de ses illustres prédécesseurs : le grelot du chansonnier Collé (1709-1783) et le verre gravé de Panard (1689-1765), que l’on retrouve sur la page de titre de chaque recueil.
Le grelot de Collé et le verre de Panard.
Le Caveau entra en sommeil en 1939 et ne reprit pas ses activités après la mort en 1945 de son dernier président, Antonin Lugnier.
Une nouvelle fois un grand MERCI à Patrick Fonteneau qui a découvert cette chanson dans le recueil du Caveau et s’est empressé de nous la communiquer pour le CREBESC.
Il y a une grande confusion sur ce que l’on appelle « galette des rois » actuellement.
Les rois de Bordeaux étaient une couronne en pain brioché, parfois avec des fruits confits et du sucre.
Celle qui représentée dans cet article semble être une galette parisienne qui jusque dans les années 1960 fut une simple feuille de pâte feuilletée.
A cette époque sont apparues les galettes fourrées avec un fond et une lichette de crème d’amande.
Désormais elles ont pris l’apparence de « Pithiviers ».
Dommage c’était léger et bien bon.
Salut.