L’écrivain et poète régionaliste Louis MIRAULT (Cours-les-Barres (Cher) 1866 – La Charité-sur-Loire (Nièvre) 1938) publia à Tours en 1931 un recueil de cinquante fables et de cinquante poésies sous le titre : Pour les petits… et pour les grands aussi.
Parmi ses poèmes figure celui qui est intitulé « La croix sur le pain », qui a toute sa place sur le site du CREBESC.
Des usages que m’ont légués mes chers aïeux,
Il en est un, mes fils, à mon cœur précieux ;
C’est le signe de croix que tout bon chrétien trace
En entamant le pain qui fait forte sa race.
Il dit, ce geste saint : merci ! Dieu juste et bon
Qui fais pour mes petits mûrir ton froment blond ;
Pour que de ces bontés mon cher foyer soit digne,
Je veux, prenant ce pain, le marquer de ton signe.
Comme on te met souvent, ô croix, avec amour
Ici sur des berceaux, là dans un carrefour,
Je te veux voir régner, tendre et lumineux gage,
Sur l’aliment divin qu’en l’instant je partage.
Oui, ce geste entend dire au Créateur, merci,
Et puis au laboureur, à l’artisan aussi
Qui tous deux ont peiné pour que ce bon pain naisse,
Et pour que des petits l’ardente faim s’apaise.
Je trace sur ton flanc, ô mon bon pain doré,
De la divine croix le dessin vénéré,
Et sachant bien, hélas, les faibles que nous sommes
Au signe du pardon je t’unis, pain des hommes.
Mes enfants, gardez bien, lorsque vous serez grands,
Parmi tant d’autres soins ou pieux ou touchants,
Cette tradition qui toujours me fut chère,
Et signant votre pain, songez à votre père.
Gagnez-le, mes petits, par d’honnêtes travaux,
Par des moyens toujours et très droits et très hauts,
Et, du bon signe aidé de Celui qui pardonne,
Le pain sera léger que sa bonté vous donne.
(Le Christ à Emmaüs, tableau de Jacopa da Fortomo (1494-1557) conservé au Musée des Offices à Florence. Les apôtres reconnaissent le Christ à la fraction du pain (image extraite de E.M. Bürher et W. Ziehr : Le Pain à travers les âges, Ed. Hermé, 1985).
On remarquera la représentation de Dieu (la Sainte-Trinité) au-dessus du Christ, sous la forme d’un triangle en gloire avec un œil au centre, figure que l’on a trop souvent tendance à croire maçonnique…
Laurent Bastard
Il nous faut rectifier une erreur au début de cet article. L’auteur du recueil de poèmes n’est pas l’écrivain régionaliste Louis MIRAUL, né dans le Cher en 1866 et mort dans la Nièvre en 1938, mais son homonyme tourangeau : Louis Henri MIRAULT, né à Tours en 1866 et mort à Tours en 1950.
Epicier, négociant en gros, Louis MIRAULT exerça des responsabilités dans le monde économique de la Touraine puisqu’il fut, entre autres, président de la Chambre de Commerce à partir de 1919, fondateur de la Banque populaire en Touraine, etc. Avec son frère, il fonda une importante usine de fabrication de chocolat, confiture et huile dans le quartier du Sanitas à Tours.
Et il avait un réel talent de poète puisqu’il publia 10 recueils de poèmes.