Jetons de Pain La Mutualité à Tourcoing

Jean-Claude THIERRY – 13 d – Collection privée.

25mm. Aluminium. Avers : MUTUALITE / TOURCOING / 10. Revers : entre rameaux de blés noués sur le bas, un panier contenant des Pains. R. Elie : 40.1

La Mutualité est fondée en 1886, son siège social est basé au 46, rue du Vélodrome, en 1930 elle compte 2000 sociétaires et son chiffre d’affaires est de 2.000.000 francs. Sa nature de marchandise est uniquement le Pain.

16 x 16mm. Laiton. Carré. Avers : LA / MUTUALITE / TOURCOING. Revers : GRUAU.

Centre d’Histoire locale de Tourcoing (source) :

Jetons pour le pain du Bureau de bienfaisance de Tourcoing, 20ème siècle, Aluminium, Coll. CHL. Contre un jeton, les indigents recensés par la commune reçoivent une quantité de pain déterminée. Du linge, des vêtements et des combustibles peuvent également être distribués. Le bureau de bienfaisance est un élément de stabilisation et de redistribution des richesses dans une société profondément inégalitaire.

Ainsi, peut-on lire dans l’Indicateur de Tourcoing du 9 mai 1847, la réaction d’un notable suite aux émeutes de la faim qui ont mis à sac une partie de la ville : « Tenez-vous donc tranquilles, braves ouvriers, demandez des secours sans insulter personne et faites taire vos femmes quand elles ont la langue trop longue. Le conseil municipal s’occupe d’apporter quelques soulagements à vos misères ; il vient de voter une augmentation de 5000 francs par mois au crédit du bureau de bienfaisance, ce qui porte ce crédit à 240 000 francs par an, somme énorme pour Tourcoing.

Les particuliers aussi feront tout ce que leur position de fortune leur permettra. Ils ne voudront pas que dans une ville comme Tourcoing, si rémunérée par sa bienfaisance, on puisse dire que des malheureux sont morts de faim. Ainsi donc, que chacun fasse son devoir. Tranquillité et patience d’un côté, charité et fraternité de l’autre, c’est le seul moyen de sortir de l’abîme où une conduite ne ferait que nous enfoncer davantage. »

La distribution de plats chauds : les fourneaux économiques En parallèle, des associations privées et publiques multiplient différentes formes de charité dont l’organisation de « fourneaux économiques », l’équivalent des soupes populaires contemporaines. La municipalité de Tourcoing, grâce à des dons privés complétés par un financement public, ouvre en 1891 six fourneaux dans différents quartiers de la ville pour venir en aide aux indigents et aux ouvriers privés de travail. Près de 152 000 repas sont fournis durant l’hiver 1891.

La loi du 14 juillet 1905 instaure l’obligation pour les communes et les départements d’organiser l’assistance, jusque-là facultative, des « vieillards », des infirmes et des incurables privés de ressources. Les hospices communaux sont tenus de recevoir gratuitement les bénéficiaires domiciliés dans la commune. L’effet pervers de cette loi est l’exclusion des indigents belges à partir de 1907.

Les coopératives de consommation Les coopératives de consommation sont des groupements de consommateurs. Elles ont pour but d’acheter en gros des produits de la vie quotidienne. Ces produits de première nécessité sont vendus à des prix compétitifs et fixes. Vers 1900, une famille peut réaliser une économie annuelle d’environ 1/5ème du salaire moyen d’un ouvrier textile. Les adhérents peuvent également recevoir en fin d’année une partie des bénéfices. Appelée la « ristourne », elle est calculée au prorata des achats effectués.

Les plus fervents promoteurs de cette organisation sont les militants socialistes et syndicalistes. C’est pour eux un moyen concret de lutter contre le faible pouvoir d’achat et les crédits excessifs pratiqués par les commerçants. La coopérative « est la forteresse d’où la classe ouvrière bombardera la société capitaliste à coups de pommes de terre et de pains de 4 livres » Edouard Anseele (1856 – 1938), un homme politique socialiste.

La première coopérative tourquennoise, intitulée « L’Economie des ménages », est fondée en 1882. Elle s’inspire du modèle anglais, né en 1844 de l’association de 28 ouvriers tisserands de Rochdale, ville aujourd’hui jumelée à Tourcoing. « L’Economie des ménages » devient rapidement d’obédience socialiste. De son côté, le patronat de l’industrie textile fonde en 1886 « La Mutualité ». Cette rivalité entre « sociétés bourgeoises » et « sociétés collectivistes », propre aux villes du Nord, est un des facteurs qui explique la densité du réseau des coopératives dans la région : on en compte 190 en 1907.  Les coopératives ne sont pas uniquement des points de vente mais fabriquent aussi leurs propres produits. C’est généralement le cas des boulangeries et des brasseries. Par ailleurs, ces coopératives organisent différentes institutions de prévoyance et de solidarité.

Le Bureau de bienfaisance inauguré en 1892 est chargé de la distribution de secours matériels. Géré par les Hospices, il joue un rôle essentiel dans l’application des lois d’assistance obligatoire aux « vieillards » (personnes âgées de plus de 70 ans), infirmes et familles nombreuses. Les bureaux de bienfaisance deviennent, en 1953, des bureaux d’aide sociale, puis des centres communaux d’action sociale en 1986

Afin de fournir un pain « aux meilleures conditions de qualité et de prix », le Bureau de bienfaisance de Tourcoing décide d’en contrôler la production, de la confection de la farine à la cuisson. A partir de 1913, il se dote de sa propre meunerie abandonnée après la Seconde Guerre Mondiale, de pétrins mécaniques et d’un four. « C’est un pain fabriqué avec des farines de pur froment (…) similaires aux meilleures marques de la région et facturé aux prix de revient » (Archives municipales de Tourcoing, 1914). Le Bureau de bienfaisance est remplacé par le Bureau d’aide sociale qui continue à produire un millier de pains par jour dans les années cinquante.

En 1968, le Bureau d’aide sociale de Tourcoing distribue encore des pains de 700 gr deux fois par semaine. « Cette forme d’aide peut paraître périmée de nos jours car si le pain fut considéré durant de longues années comme l’aliment de base, il n’en est plus de même aujourd’hui ». Quant à la livraison à domicile, elle « crée un lien de sécurité entre les personnes âgées souvent isolées et le Bureau d’aide sociale ». Les personnes bénéficiaires ont témoigné « un ferme attachement » à ce type d’aide en nature

La première coopérative tourquennoise, intitulée « L’Economie des ménages », est fondée en 1882.

Elle s’inspire du modèle anglais, né en 1844 de l’association de 28 ouvriers tisserands de Rochdale, ville aujourd’hui jumelée à Tourcoing. « L’Economie des ménages » devient rapidement d’obédience socialiste.

Cette rivalité entre « sociétés bourgeoises » et « sociétés collectivistes », propre aux villes du Nord, est un des facteurs qui explique la densité du réseau des coopératives dans la région : on en compte 190 en 1907.

Les coopératives ne sont pas uniquement des points de vente mais fabriquent aussi leurs propres produits. C’est généralement le cas des boulangeries et des brasseries. Par ailleurs, ces coopératives organisent différentes institutions de prévoyance et de solidarité.

 

Gruau (alimentation)                                                                                                            (source wiki)

Le gruau (de l’allemand, grütze, « grain mondé ») est une préparation de grains de céréales, tels que l’avoine à gruau, le blé ou l’orge perlé, dépouillés de leur enveloppe corticale par une mouture incomplète.

Par extension, le terme désigne une tisane ou une bouillie faite avec du gruau. C’était, sous le nom de kacha, l’alimentation de base des paysans russes d’autrefois (généralement à base de sarrasin grillé, appelé aussi blé noir en France).

Au Canada, le gruau désigne essentiellement une céréale d’avoine bouillie et servie nature ou avec du lait, du sucre, du miel ou du sirop d’érable.

Farine

La farine de gruau tirée du blé, qui existe en types 45 et 55, est plus riche en gluten (13 % contre 10 %) et est plus élastique que la farine ordinaire. On l’emploie par exemple pour la viennoiserie, la pâte à choux et la pâte à brioche.

 

Bibliographie

BARBIEUX José (dir.), BECQUET Annie (dir.), L’imagerie alimentaire : un siècle d’industrie alimentaire à Tourcoing et ses environs, 1850-1950, Catalogue d’exposition (Centre d’Histoire Locale, Tourcoing, 1er octobre 1989-14 janvier 1990), Tourcoing, CHL, 1989.

BONNEAU Michel, « Chapitre XI, L’adaptabilité alimentaire des pauvres », La table des pauvres : cuisiner dans les villes et cités industrielles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, p. 299-316.

CHANUT A., « La crise économique à Tourcoing (1846-1850) », Revue du Nord, Janvier-mars 1956, p. 74-105.

DEVAUX Auguste, Les sociétés coopératives de consommation dans le Nord et principalement dans l’arrondissement de Lille, Lille, Bigot Frères, 1907.

KAMOUN (Patrick), Hygiène et morale, La naissance des habitations à bons marché, L’Union sociale pour l’habitat, 2011.

LAHOUSSE Jules, Histoire des hospices de Tourcoing, Tourcoing, Jean Duvivier, 1926.

  

Par Jean-Claude THIERRY

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