Bureau de Bienfaisance de Tourcoing

Jeton de Pain Bureau de Bienfaisance de Tourcoing (Nord-59)

Jean-Claude THIERRY – 13 F – Collection privée. (Source Histoire locale de Tourcoing)

Avers : MU / BB / TOURCOING / 10 – Revers : Corbeille de pain, rameaux de blé. Percé au bas.

Jetons pour le pain du Bureau de bienfaisance de Tourcoing, 20ᵉ siècle, Aluminium, Coll. CHL.

Le patronat de l’industrie textile fonde en 1886 « La Mutualité ». Ce jeton ci-dessus pour le pain du Bureau de bienfaisance de Tourcoing.

Contre un jeton, les indigents recensés par la commune reçoivent une quantité de pain déterminée. Du linge, des vêtements et des combustibles peuvent également être distribués. Le bureau de bienfaisance est un élément de stabilisation et de redistribution des richesses dans une société profondément inégalitaire.

Ainsi, peut-on lire dans l’Indicateur de Tourcoing du 9 mai 1847, la réaction d’un notable suite aux émeutes de la faim qui ont mis à sac une partie de la ville : « Tenez-vous donc tranquilles, braves ouvriers, demandez des secours sans insulter personne et faites taire vos femmes quand elles ont la langue trop longue. Le conseil municipal s’occupe d’apporter quelques soulagements à vos misères ; il vient de voter une augmentation de 5000 francs par mois au crédit du bureau de bienfaisance, ce qui porte ce crédit à 240 000 francs par an, somme énorme pour Tourcoing.

Les particuliers aussi feront tout ce que leur position de fortune leur permettra. Ils ne voudront pas que dans une ville comme Tourcoing, si rémunérée par sa bienfaisance, on puisse dire que des malheureux sont morts de faim. Ainsi donc, que chacun fasse son devoir. Tranquillité et patience d’un côté, charité et fraternité de l’autre, c’est le seul moyen de sortir de l’abîme où une conduite ne ferait que nous enfoncer davantage. »

CPA – Bureau de bienfaisance de Tourcoing, début 20ème siècle

Le Bureau de bienfaisance inauguré en 1892 est chargé de la distribution de secours matériels.

Géré par les Hospices, il joue un rôle essentiel dans l’application des lois d’assistance obligatoire aux « vieillards » (personnes âgées de plus de 70 ans), infirmes et familles nombreuses.

Boulanger enfournant le pain au Bureau d’aide sociale de Tourcoing, 2ᵉ moitié du 20ᵉ siècle,

Photographie, Coll. C.H.L.

Afin de fournir un pain « aux meilleures conditions de qualité et de prix », le Bureau de bienfaisance de Tourcoing décide d’en contrôler la production, de la confection de la farine à la cuisson.

À partir de 1913, il se dote de sa propre meunerie abandonnée après la Seconde Guerre Mondiale, de pétrins mécaniques et d’un four. « C’est un pain fabriqué avec des farines de pur froment (…) similaires aux meilleures marques de la région et facturé aux prix de revient » (Archives municipales de Tourcoing, 1914). Le Bureau de bienfaisance est remplacé par le Bureau d’aide sociale qui continue à produire un millier de pains par jour dans les années cinquante.

En 1968, le Bureau d’aide sociale de Tourcoing distribue encore des pains de 700 gr deux fois par semaine. « Cette forme d’aide peut paraître périmée de nos jours, car si le pain fut considéré durant de longues années comme l’aliment de base, il n’en est plus de même aujourd’hui ». Quant à la livraison à domicile, elle « crée un lien de sécurité entre les personnes âgées souvent isolées et le Bureau d’aide sociale ». Les personnes bénéficiaires ont témoigné « un ferme attachement » à ce type d’aide en nature.

Par Jean-Claude THIERRY

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