BANNIÈRES

Les compagnons boulangers formaient, bannière en tête, le jour de la Saint-Honoré, un cortège accompagnant une statue du saint, portée sur un brancard, héritage des cortèges des corporations d’avant 1789.

La corporation des boulangers et leur bannière dédiée à saint Honoré,
Beauvais, vers 1910, probablement lors de la fête Jeanne-Hachette.

Nous connaissons à ce jour cinq de ces bannières, deux de la Cayenne de Paris, une de la Cayenne de Rochefort, une de la Cayenne de Tours et une récente, celle des compagnons boulangers et pâtissiers restés fidèles au Devoir.

Partie centrale (70 x 58 cm), recto et verso, d’une bannière de compagnons boulangers, ultérieure à 1860.
La représentation de saint Honoré est signée E. Jourdan. Collection du musée Georges Borias, Uzès.

Il semblerait que la Cayenne de Toulouse ait possédé une bannière vers 1845. Il y est fait quelques fois allusion dans la presse régionale de l’époque :  « […] porteront les emblèmes du compagnonnage à son sommet », emblèmes qui, nous l’avons compris, sont l’équerre et le compas se croisant ou se chevauchant.

 

Paris

 

Une ancienne bannière de la Cayenne de Paris nous est connue grâce au Petit Journal daté du 18 mai 1873 relatant la Saint-Honoré parisienne, malheureusement cette bannière n’est pas arrivée jusqu’à nous, le temps destructeur ayant fait son œuvre.

Voici l’extrait qui nous concerne :

[…] à l’heure dite la Mère, une jeune femme encore, grande, belle, et d’un port vraiment royal, est montée en voiture où l’un des dignitaires est venu également prendre place. À leur gauche flottait la bannière portant les attributs de leur profession, avec cette belle devise :
« Respect au Devoir, Honneur et Gloire au Travail. »

Nous observons curieusement sur la bannière de Paris l’absence du blason traditionnel des compagnons boulangers composé des outils du métier, pelle à enfourner, rouable, coupe-pâte et balance.

Ce choix est probablement dû à un facteur économique, cette bannière était certainement proposée à la vente comme maçonnique;

(voir la reproduction d’une page du catalogue des décors maçonniques Teissier ci-après),

Puis, elle fut « compagnonnisée » à la demande des compagnons par l’ajout du nom de la société et de lettres symboliques par le vendeur, la broderie au fil d’or du blason de métier entraînant lui, un coût bien trop important ne pouvant être assumé par les compagnons.

Seconde bannière de la Cayenne de Paris :

Cayenne de Paris, 1906, à droite, Mme Bardon, Mère des compagnons boulangers
du Devoir de Paris, épouse de Pierre Bardon, Poitevin Plein d’Honneur.

Saint-Honoré, 1952, au centre Serge Gillard, Blois le Résolu, Premier en ville.

 

Catalogue des établissements Teissier à Paris.

Teissier, franc-maçon, dont les ateliers servant également de local maçonnique était, en 1839 au 47 rue de Grenelle-Saint-Honoré.

Nous observons la similitude entre la bannière présentée sur cette page en bas à droite et celle des compagnons boulangers de Paris.

La seconde bannière de la Cayenne de Paris a probablement été confectionnée à la fin du XIXe siècle.

Nous ne possédons à ce jour aucune information sur sa mise en service.

Après avoir fait partie des archives de la Cayenne de Paris, elle a été mise en dépôt en 2010 au Centre de la mémoire des Compagnons du Devoir à Angers.

< Le Globe : Archives générales des sociétés secrètes, non politiques…, volume 1, page 320.

 

Rochefort

 

Le seul indice dont nous disposons sur l’existence d’une bannière à la Cayenne de Rochefort est un extrait du procès-verbal de la réunion des Enfants de la Vérité en date du 3 avril 1921, à Paris, salle de l’Union Fraternelle, 10 rue du Petit Thouars :

« Le Pays Bâcle, bien connu dans cette ville, qui n’a jamais payé sa cotisation de compagnon, dans une cavalcade de sa commune, a promené la bannière de cette Cayenne le jour du Mardi Gras, montra la lettre de Paris dans tous les cafés et estaminets de la ville… »

 

Tours

 

La bannière de Tours est une bannière contemporaine réalisée en 1999, laissons Jean-François Hamel, Île-de-France le Soutien de la Canne, compagnon pâtissier resté fidèle au Devoir, nous conter lui-même la façon dont cette bannière a vu le jour :

« […] c’était à l’époque où j’étais Premier en ville, un jour il m’est venu l’idée qu’un Cayenne comme Tours se devait d’avoir une bannière, j’avais vu celle de Paris.

Nous avions déjà un drapeau tricolore avec nos symboles qui commençait d’ailleurs à s’abîmer, depuis, il a été mis en dépôt au musée du Compagnonnage de Tours, où il est bien protégé.

J’ai voulu cette bannière, car je trouve normal de laisser une trace de nos activités aux futures générations, nous sommes bien contents d’en trouver des générations précédentes.

De plus, je voulais que l’on s’en serve pour défiler. La Cayenne n’y a vu aucune objection, je l’ai fait faire en 1999.

Elle a coûté 17 000 francs. Au début, j’ai cherché une brodeuse, un tapissier, un atelier de tissage, et puis jusqu’à ce que j’en parle à monsieur Laurent Bastard, le conservateur du musée du Compagnonnage.

Il m’a dit qu’il y avait à Tours une entreprise fabriquant des drapeaux, non loin de chez l’Inviolable. (Pierre Belloc, (1927-2008), compagnon boulanger du Devoir, Bordelais l’inviolable, domicilié au 16 quai de la Loire à Saint-Pierre-des-Corps.)

Je me suis aidé de celle de Paris en photo. Une personne qui connaît le Pays Casala, Bordelais la Fermeté, compagnon boulanger, nous a dessiné grandeur réelle (et selon les proportions du nombre d’or) le dessin de la bannière.

C’est de cette façon que cette bannière est née. Cette nouvelle bannière est depuis utilisée à chaque Saint-Honoré et autres manifestations. »

Les compagnons boulangers et pâtissiers RFAD

 

Bannière des compagnons
boulangers et pâtissiers « R.F.A.D. ».

En 2012, les compagnons boulangers et pâtissiers restés fidèles au Devoir se font confectionner une bannière.

Ce travail est réalisé par les jeunes filles du lycée Gilles Jamain, de Rochefort-sur-Mer ;

1ᵉʳ CAP, Art de la broderie.

Sous la direction de Mme Gibalski et de Mme Thiélin, professeur de cette section (compagne de Nicolas Rollet, Lyonnais le Franc Courageux)

Et de Mme Chignaguet, chef des travaux.

 

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D. Extrait du livre  LE PAIN DES COMPAGNONS

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