Antoine Véry, Quercy Va de Bon Coeur.

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Antoine est ne à Salviac le 4 janvier 1860, fils de Jean VERY, fournier, agé de 46 ans, et de Jeanne née PONS. Alors qu’il n’est agé que de quatre ans, son père décède le 1 mai 1864.

Il épouse la profession de boulanger, et est reçu Compagnon boulanger du Devoir à Rochefort le jour de la Saint Honoré 1878 sous le noble nom de Quercy Va de Bon Coeur.

Sa vie professionnelle ne sera pas interrompue par l’appel sous les drapeaux, en effet, son père étant décédé et étant le fils ainé de la famille, il en est exempt.

A ce jour, nous ne possédons aucune information sur le parcours compagnonnique de Quercy Va de Bon Coeur.

Le 29 novembre 1880, a La Rochelle, il se mari avec Emile Françoise GATINIOL, mineure âgée de 16 ans.

A ce jour, nous leurs connaissons cinq enfants , cinq filles. L’ainée Jeanne Elviva, née le 8 janvier 1883, Charlotte Emilie Elvina née le 9 mars 1886, Renée Andrée née le 27 décembre 1887 (Marie le 17 novembre 1909 à La Rochelle avec Michel Osseil décédée à la Rochelle le 22 avril 1956), Claire Ernestine née le 13 avril 1889, Yvonne Emilie, née le 16 janvier 1891, décédée à La Rochelle le 16 décembre 1894 à l’âge de trois ans.

Tous ces enfants sont nées à La Rochelle au 7 rue de la Ferté, cette adresse est bien sur celle du domicile du couple Very, mais aussi très certainement là qu’ils étaient installés.

Nous retrouvons Quercy Va de Bon Coeur en 1886, membre de la loge maçonnique de la Rochelle «Union Parfaite », loge dont sont membres à cette époque certains compagnons boulangers, comme Fernand SOULIER, Rochefort le Génie du Devoir, reçu Compagnon boulanger du Devoir à Saumur le jour de l’Assomption 1873, initié en Franc-Maçonnerie le 8 mars 1886, ou encore Arthur TOUZEAU, Rochelais le Secret du Temple, reçu Compagnon boulanger du Devoir à La Rochelle le jour de la Saint-Honoré 1892.

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Jeton de pain distribué au nécessiteux pas la Loge rochelaise «Union Parfaite », qui dans les années 1860~1880 permet a des enfants de familles pauvres d’accéder à un apprentissage, avec sollicitation de l’aide des loges situées sur le passage de ceux qui décideraient de faire le tour de France.

Lors de la période 1891-1892, Quercy Va de Bon Coeur est Premier en ville de la Cayenne de La Rochelle, et de ce fait préside les banquets, « écoutons » son discours lors de la réception du 15 aout 1891 ( Le Ralliement des Compagnons du Devoir, numéro 192 )

« Chers Compagnons et vous tous mes Frères.

Permettez-moi de dire quelques paroles a nos nouveaux Frères, a ceux que vous avez bien voulu faire l’honneur de recevoir dans la grande famille des Compagnons boulangers du Devoir. Oui, c’est a vous jeunes Compagnons que je m’adresse, le baptême que vous avez reçu hier tachez d’en comprendre la portée, car il vous ouvre une nouvelle carrière qui est bien vaste si vous savez la comprendre et la mettre en pratique.

Oui, jeunes Frères, vous nous avez demande de vous admettre dans notre grande famille compagnonnique.

Mes Frères et moi nous n’avons pas hésite a vous recevoir Compagnons car nous sommes persuades que votre passe honnête nous est un sur garant de votre conduite pour l’avenir. Que cette soirée a jamais mémorable reste gravée éternellement dans vos coeurs, car elle sera le bonheur ou le malheur de votre vie. Comportez vous sur le tour de France en bons et loyaux compagnons, que vos Frères qui vous ont donne la lumière n’aient jamais a rougir de votre conduite et de vous avoir reçus Compagnons. Je me rappelle encore, quoiqu’il y a bientôt 15 ans, de ce beau jour ou du Devoir j’en vis briller l’étincelle.

J’espère que vous aussi vous n’oublierez jamais la cérémonie qui vient de faire de vous nos égaux et nos Frères ; allez, mes Frères partez sur le beau tour de France, allez gouter les bienfaits de la fraternité, suivez toujours le sentiez de nos pères et leurs nobles devises, qui sont : Vertu, Humanité, Fraternité. Dans toutes les Cayennes du tour de France vous trouverez des compagnons qui vous tendront une main fraternelle si vous ne vous écartez pas du droit chemin, et vous, jeunes reçus, secourez dans les mesures du possible les frères malheureux que vous trouverez sur votre route : c’est par l’amour, par la fraternité que les Compagnons ont appris a se connaitre et a s’aimer. Et c’est cette belle fraternité qui nous donnera le bonheur dans notre grande famille compagnonnique. On nous dit sur tous les tons que le Compagnonnage se meurt et qu’il n’y a plus de fraternité. Oh ! Que je voudrais bien que ceux qui parlent ainsi se trouveraient parmi nous en ce moment ! Ils verraient que l’accord et la fraternité existe toujours dans le Compagnonnage, et pourtant, mes amis, la 6 eme Cayenne a été l’une des plus éprouvées, mutilées, déchirées en lambeaux, ne possédant plus un sou en caisse, a pu, grâce a des Compagnons dévoues, redevenir forte et prospère et nous pouvons dire sans que personne nous contredise, qu’elle est l’une de celles qui marchent le mieux sur le tour de France. Aussi, je me permet de remercier en votre nom mes deux dévoues collaborateurs : Saintonge l’Egalité et Gascon le Fier Courageux, lesquels vous connaissez tous par leur attachement a notre chère association. Je vous remercie aussi vous tous Compagnons , du concours éclaire que vous ne cessez de nous apporter lorsque nous faisons appel a votre savoir. Grace a vous, nous avons pu célébrer cette année avec tout l’éclat que le comportent nos anciennes traditions, notre fête de la Saint-Honoré, nous avons fait voir a tous ces détracteurs du Compagnonnage, que les Compagnons boulangers du Devoir ne sont pas morts et qu’au contraire ils sont plus vivaces que jamais.

Est-ce à dire que nous devons nous endormir sur nos lauriers ?

Non mes Frères, travaillons, ne nous arrêtons pas en si bon chemin, serrons les rangs, Compagnons mes Frères, et nous attendrons de pied ferme les hommes qui cherchent a nous engloutir dans le tourbillon ou le Compagnonnage disparaitrait pour jamais ; restons fidèles au Devoir et Compagnons sincères et suivront toujours sans faiblesse ni défaillance le chemin qui nous a été trace par nos pères, vrai chemin de l’honneur et du Devoir et disons ensemble :

Tout pour le Devoir et par le Devoir».

A cette réception sont reçus : BARDOUX, Saumur la Chaine d’Alliance ; BOTTON, Angoumois l’Ami des Frères et TOUCHON, Rochelais l’Amour Fidèle.

A ce jour, nous ne possédons aucune information sur la date et le lieu d’entrée en Franc-Maçonnerie de Quercy Va de Bon Coeur, deux principales hypothèses se présentes a nous, initié à La Rochelle à l’ « Union parfaite », ou encore à Rochefort, sa ville de réception, à la loge « Accord Parfait », loge qui elle aussi a parmi ses membres des Compagnons boulanger du Devoir, comme par exemple Léon FRECHET, Poitevin le Fidèle Courageux, membre de cette loge en 1892 (reçu Compagnon boulanger du Devoir à Paris à la Saint-Honoré 1884, décède à Rochefort le 10 aout 1910).

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Quercy Va de Bon Coeur est cité dans un article écrit le 27 mars 1893 par le Compagnon boulanger du Devoir, Prosper DUMERGUE, Angoumois la Franchise de la Cayenne de Tours, publie dans le journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir » numéro 237, ou celui ci est présenter comme promoteur d’un congres des Compagnons boulangers du Devoir, afin que la société se positionne sur leur politique envers l’Union Compagnonnique et ses membres*.

Dans le numéro 233 du journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir » il mené une attaque contre l’Union Compagnonnique «..ne parlez plus de l’union T. :C. :F. :, car votre rêve ne se réalisera jamais. Beaucoup de C. : comme moi ne voteront jamais pour que les C. :B. : fassent adhésion a l’Union désorganisatrice, car c’est bien la le nom que Lucien Blanc aurait du donner a son C. : (C. : pour Compagnonnage)

Attaque contre l’Union Compagnonnique, mais aussi contre certaines Cayennes de sa propre corporation :

« …le mal cher Compagnons, consiste en la non application de nos règlements. Beaucoup de Cayennes emploient l’argent qu’elles reçoivent mensuellement des CC. : Et AA. : dans des dépenses folles et non justifies, ce qui fait que la plupart de nos Cayennes sont a l’heure actuelle en sommeil. Voila T. C. :F. : d’ou vient le mal et voici quel est le remède.

A mon point de vue, le remède est entre les mains de la Chambre directrice. Qu’elle applique le règlement dans toute sa rigueur, qu’elle demande aux cayennes. : De lui envoyer l’état de la caisse a partir de la réunion mensuelle du mois de janvier 1893, et qu’elle exige tous les mois l’envoi de ce bilan, recettes, dépenses des Cays. : pendant les mois écoulés et vous verrez, très cher FF. : dans les bilans du mois de juin, des Cayennes ayant le mois de mai une somme assez ronde et ne possédant presque plus un sou en caisse, ou du moins ayant dépense en grande partie notre avoir social pour faire la Saint-Honoré, foulant ainsi aux pieds l’article 268 de notre règlement général.

Pourtant T. :C. :F. : a qui appartint l’argent en caisse dans les Cays. : Du T. :D. :F. : ? Mais a nous tous, CC. : Et AA. : qui sommes en règle et qui payons régulièrement nos cotisations tous les mois. Les hommes en place nommés par la confiance de leurs FF. : N’ont pas le droit d’en soustraire un sou pour la fête, car cet argent n’est pas a eux, ils n’en ont qu’un droit de surveillance, et pourtant beaucoup de nos bureaux dépensent l’argent de la caisse comme si c’était leurs biens propres.

Qu’arrive-t-il alors quand l’heure sonne ou un malheureux C. : ou A. : sort d’une longue maladie vient demander son du, que trouve-t-il ? La caisse vide et les hommes en place lui répondent :

-Nous ne pouvons rien faire, nous n’avons pas d’argent-. Et c’est avec des réponses comme celles-là que l’on fera venir a nous de nouveaux adeptes ?non ! »

Ces quelques lignes nous font découvrir des problèmes de gestions de Cayennes, mais aussi la volonté de Quercy Va de Bon Coeur de consolider fortement la branche mutualiste de la société des Compagnons boulangers du Devoir…Nous allons découvrir plus tard que la mutualité est pour lui un véritable sacerdoce.

En 1901, une décision des plus extrême est prise par la Cayenne de la Rochelle a l’égard de Quercy Va de Bon Coeur et de Paul BOUTINEAU, Niortais l’Estimable, ils sont « exclus a vie » pour avoir fondé un syndicat patronal dans la ville. Nous ignorons si cette décision avait été entérinée par la Cayenne de Paris, qui est ville administrative du tour de France à cette époque.

Cette décision s’explique par la situation tendue qui existe entre ouvrier boulangers et patrons dans cette ville, d’ailleurs une greve est déclarée en 1903.

A une période située entre 1901 et 1907, Quercy Va de Bon Coeur sera vice président de ce syndicat patronal, (source -Annuaire général de la Charente-Inferieur- président : Favereau ; Secrétaire : Marrot ; Trésorier : Barreau)

En 1925, Quercy Va de Bon Coeur est membre du conseil municipal de La Rochelle et cela jusqu’en 1930. Lors de cette période, il est domicilie au 16 place de Verdun, membre et secrétaire du Comite de patronage des habitations a bon marche des arrondissement de La Rochelle et Marennes, et membre du conseil des prud’hommes (antérieurement à 1928)

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16 Place de Verdun.

D’une date inconnue de l’année 1928, Quercy va de bon coeur fonde la quantité incroyable de neufs sociétés de secours mutuels qui sont les suivantes :

Sans titre15– Prévoyantes de l’Avenir.

– Le Pain de la Mutualité qui a pour but d’accorder au chef de famille malade ou blessé le pain pour lui et les membres de sa famille.

– La Mutuelle Infantile

– Le Sou Mutuel

– La Pharmacie Mutualiste

– La Mutuelle chirurgicale

– Crédit immobilier des Prévoyants de l’Avenir

– La Mutualité Maternelle

– Progrès Mutualiste Rochelais

Il reçoit pour ces fondations la Médaille d’or de la Mutualité (avant 1928)

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Il reçoit également la médaille de Chevalier du mérite agricole et est élevé à une date antérieur à 1928 au grade d’Officier.

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Le 12 novembre 1928, Quercy Va de Bon Coeur reçoit à La Rochelle, des mains de Monsieur le Préfet André BOUFFARD, la Légion d’honneur (par décret du Ministre du travail, date du 30 janvier 1928).

Le 16 mars 1930, un évènement particulier à lieu, la remise d’archives et malle de réception de la Cayenne des Compagnons boulangers de la Rochelle à la section de l’Union Compagnonnique de Surgères. A la tète de la délégation, Antoine VERY, Quercy Va de Bon Coeur.

Voici le procès verbal de la réception :

Assemblée extraordinaire du 16 mars 1930

L’an mille neuf cent trente, le 16 mars a 11 H30, les C. :C. : de la section de Surgères se sont réunis au siège, 3 rue Paul Bert a l’effet de procéder a la réception du matériel appartenant aux C. :C. : boulangers du Devoir section de La Rochelle, confie par ces derniers a la section de Surgères.

Une délégation composée des PP. : Very, Bonneau, Boucard, Bompoint, et Touzeau, s’est rendu ce jour a Surgères et a remis aux C. :C. : de la section de l’U. : C. :, le matériel suivant :

(Afin de protéger l’intimité des Compagnons du Devoir boulangers et pâtissiers et des Compagnons boulangers et pâtissiers restes fidèles au Devoir, ce contenue ne peut être publié)

Après avoir procédé a l’inventaire du matériel confié à la section de Surgères par les C. :C. : boulangers de La Rochelle, il a été remis une reconnaissance de dépôt, la section de Surgères s’engageant a remettre le dit matériel à toute nouvelle section de C. :C. : boulangers qui se formerait à La Rochelle.

Ont signés les présents :

Pour les Compagnons boulangers du Devoir :

Antoine VERY, Quercy Va de Bon Coeur.

Jean-Louis BONNEAU, Rochelais le Laborieux.

Jules Louis BOMPOINT, Rochelais le Bien Décide.

Arthur TOUZEAU, Rochelais le Secret du Temple.

Edmond BOUCARD, Saintonge l’Enfant Chéri du Tour de France.

 

Pour les Compagnons des Devoirs Unis:

FICHELLE Julien, Lillois la Loyauté  C.Ajusteur

RENAUD Jules,  Aunisien Va Sans Crainte   C. Distilateur Liquoriste

PINSONNEAU, Saintonge l’Ami du Devoir de Liberté, C. Tonnelier-foudrier

Quatre signatures non identifiées :

Etrique ?, CMFDDU ; .. Juibot ?..CMSAL ;ray, CMDDU ; A B… SDD

 

Une réception de l’Union Compagnonnique de Surgères aurait eu lieu le 5 octobre 1930, a laquelle aurait assisté ces compagnons boulangers signataires.

C’est dans le journal « Le Compagnon du Tour de France » numéro 21 du 15 mai 1931, qu’apparait pour la première fois l’Amicale des Compagnons du Devoir et du Devoir de Liberté de la Rochelle.

Cette article invite les Compagnons à participer a une exposition du travail organisée par cet amicale et qui aurait lieu au mois d’aout 1932, Quercy Va de Bon Coeur en est le signataire en tant que président. Pour des raisons qui nous sont inconnue, cette exposition sera reporte de 1932 à 1933.

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Microfilm, presse locale.

Le 13 aout 1933, a enfin lieu la fête Compagnonnique, destine a inaugurée officiellement l’exposition du travail :

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« Le Compagnon du Tour de France » numéro 47, 15 juillet 1933.

« C’est par un temps superbe que s’est déroulée la fête organisée par les CC. : de La Rochelle, le 13 aout, et qui a été, en tout points réussie.

Des le matin arrivent chez la mère, au 17 de la rue Gambetta, pour déjeuner, les CC. : menuisiers Jabiol, et Gendry, de Bordeaux ; Nourisson et Defond de Paris ; Baudrit de Royan ; Grolleau de Perros-Guirec. C’est qu’ils sont nombreux les menuisiers a La Rochelle, et les « vieux copains » du T. : de F. : sont heureux de profiter de ces occasions-trop rares, hlas !- pour se rencontrer. Puis c’est notre rédacteur Delhomme C. : cordier de Nantes ; Croustan, C. : P. : charpentier de l’Ile de Ré ; Levrault, C. :P. : charpentier et Bizet, C. : charron de Sainte Hermine. Nous avons le plaisir a serrer la main au vétéran Trespeuch, C. : boulanger, qui nous dit habiter maintenant paris et, avec des larmes dans les yeux, nous parle de Coeur Content le Bordelais, C. : cordier, le fondateur du Ralliement, qui était venu a La Rochelle pour présenter les Compagnons au Président de la république Carnot, a l’occasion de l’inauguration du bassin de la Pallice.

A 13 heures, rassemblement des Compagnons a l’Hôtel-de-ville pour le cortège. Nous voyons la, le toujours actif Abel Boyer, de Paris, a qui nous donnons les trois B. : F. : (baisers fraternels). Voila le président Very, C. : boulanger, couleur en sautoir, qui descend de voiture accompagnant la Mère. Malgré ses 72 ans, il a l’oeil vif et le pas léger ; sa boutonnière est ornée du ruban rouge de la légion d’honneur. Nous faisons la connaissance de Oudet, C. : bourrelier, et Pelluchon, C. : P. : charpentier, membres du Ralliement de Paris ; Chardonnet, C. : P. : charpentier de Saintes ; Baudet, C. : tourneur sur bois D. :D. : de Saint Jean d’Angely. Et ce brave Larrey, charpentier D. :D. :D. :L. : qui, lui aussi, a quitte la capitale et que n’avions pas vu depuis le congres de Paris, voila déjà 9 ans. Il ne vieillit pas, non plus le président du Ralliement Raimbault, son dévoué secrétaire-trésorier Deyzieux, C. : maréchal F. :, le doyen Trouble et bien d’autres…

Comme l’on est heureux de se revoir ! Quelle belle famille que celle des Compagnons !

Mais l’heure du départ est sonnée. Apres tirage au sort, chaque corporation prend sa place pour défiler a travers la ville, au nombre environs de 80, rouleurs en tète, suivis de jeunes CC. : qui portent une magnifique couronne qui sera déposée au monument aux morts pour la France. Il n’y a pas de musique, c’est trop cher, mais la joie est dans tous les coeurs.

« Depuis 15 ans, nous dit le président Very, les couleurs Compagnonniques n’avaient pas flotte dans nos rues. »

Tout au bout de cette magnifique promenade, qui longe la mer, nous arrivons, enfin, devant le poilu de bronze. On s’essuie le visage -il fait si chaud !- et pendant la minute de recueillement, nous apercevons l’objectif d’un jeune Compagnon qui cherche a croquer le groupe, mais il ne parviendra a prendre qu’une petite partie. C’est Savoyaux de Bordeaux, charpentier D. :D. :D. :L. : qui destine cette photo a notre journal. Nous le remercions au nom de nos lecteurs, c’est une gentillesse qui nous est très sensible.

La photographie prise par le Compagnon Charpentier du Devoir de Liberté, Savoyaux, au monument au morts, nous devinons Quercy Va de Bon Coeur, derrière la gerbe, à droite.

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Le cortège s’achemine maintenant vers l’exposition du travail, ou doit avoir lieu la dislocation et, pendant que le pick-up joue la Marseillaise, les Compagnons font leur entrée dans la grande salle qui a été exclusivement réservée aux CC. : Du Devoir et Devoir de Liberté pour y présenter leurs chef-oeuvre.

Que de merveilles elle contient, cette salle et combien nous aurions voulus nous arrêter, regarder de près, longuement et admirer tout a notre aise, tant de superbe travaux qui attestent, sans contredit, une maitrise consommée dans le métier et des compétences éprouvées, mais cela nous est impossible par la foule qui s’y presse… »

En attendant l’heure du banquet, Abel BOYER, Périgord coeur loyal fit une causerie aux compagnons afin de leur faire découvrir l’évolution des Fédérations régionales et de la naissance prochaine d’une Confédération.

Le banquet eu lieu à l’Hôtel du Commerce, place de Verdun, voisin de Quercy Va de Bon Coeur.

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Avec au menu :

 

Crème de volaille

Saumon sauce tartare

Mignon de veau financière

Haricots verts au beurre

Poularde de Vendée brochée

Pommes noisette

Salade de laitue

Bombe glacée Tutti-Frutti

Gaufrettes et Gâteaux secs

Corbeille de fruits

 

Vins de Bordeaux blancs et rouges

Bourgogne

Champagne frappe 

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Salle des fêtes de l’Hôtel du Commerce.

Ecoutons le discours de Quercy Va de Bon Coeur, lors de ce banquet (Le Compagnon du tour de France numéro 51, 1 novembre 1933) :

« Mesdames, Messieurs, mes chers Compagnons

Mon premier devoir sera de me faire l’interprète de tous les compagnons de l’Amicale des Compagnons du Devoir et du Devoir de Liberté de la Ville de La Rochelle pour vous remercier d’avoir bien voulu honorer de votre présence notre fête de famille.

Votre présence parmi nous démontre que le Compagnonnage qui tend a l’amélioration des bons rapports entre les trois rites compagnonniques vous intéresse, car a l’heure ou tout dans la nature semble inviter au repos, a la rêverie, aux excursions, vous n’avez pas hésite a sacrifier un beau dimanche de liberté.

Cet empressement a rendre un tel service a la grande famille compagnonnique nous est un sur garant que vous avez la noble ambition de voir toujours plus grand et plus noble notre beau Devoir.

C’est pourquoi Compagnons que vous nous voyez, ce petit groupe de compagnons tout heureux de vous recevoir et de fêter avec vous l’inauguration de l’exposition compagnonnique du travail. C’est pourquoi vous nous entendez jeter dans un fervent élan de bonheur ce cri qui symbolise si bien nos joies de Compagnon et nos espérances de l’avenir du Compagnonnage : Vive le travail, la liberté, la paix et le Compagnonnage.

Tout a l’heure, je vous ai parle de fête de famille, c’est bien de véritables fêtes de famille que nos agapes Compagnonniques.

Si nous en croyons l’histoire et la tradition, l’origine du Compagnonnage remonterait a l’époque de la construction du temple de Salomon.

Les premières associations Compagnonniques furent fondées sous le patronage du roi lui-même et de deux chefs charges de l’exécution de ses volontés. De la, trois grandes catégories originaires des Compagnon du Devoir et du Devoir de Liberté.

1.Les enfants de Salomon.

2.Les enfants de Maitre Jacques, Gaulois, architecte du roi juif.

3.Les enfants du Père Soubise, autre Gaulois devenu également architecte de Salomon.

La tradition du Compagnonnage passe en Europe a l’époque des croisades. Les tailleurs furent les premiers a l’accepter et prirent le qualificatif de Compagnons Etrangers. Les menuisiers et les serruriers les suivirent, sous la dénomination de Compagnon de Liberté.

Vers 1265, les dissidents formèrent de nouvelles associations, sous la protection de Jacques de Molay, le dernier grand maitre du temple. Celle des tailleurs de pierre prit le nom de Compagnons passants, par opposition a ceux de Liberté.

Ces associations qui ne vécurent par la suite en très bonne intelligence, constituèrent des sortes de confréries ouvrières, dont la protection accompagnait leurs membres dans toutes leurs pérégrinations laborieuses, et même a défaut de travail, leur assuraient du pain et le gite.

On était Compagnon que cinq ans pares avoir été reçu aspirant sur la production d’un chef-d ‘oeuvre. Le Compagnonnage survécut a la Révolution pendant laquelle il s’était un peu efface, pour ne pas attire l’attention par ses allures mystérieuses.

Il se réorganisa sous le Consulat et se propagea sous l’Empire et sous les deux restaurations et jusqu’a nos jours, au milieu de dissidences et de rivalités entre les différents Devoirs, qui dégénèrent quelques fois en rixes sanglantes.

Un Compagnon menuisier, Agricol Perdiguier dit Avignonnais la vertu, essaya de réconcilier les Devoirs entre eux.

Il écrivit un livre du Compagnonnage en 1839, qui est en même temps qu’une histoire de Compagnons, un éloquent appel a la concorde.

On put croire qu’il avait réussi, lorsqu’en 1848, 10 000 Compagnons de tous les Devoirs, réunis a Paris et réconcilies par un serment solennel, accoururent avec leurs insignes a l’Hôtel de Ville pour assurer de leur dévouement le gouvernement provisoire.

Mais de nouvelles querelles surgirent encore et ne s’apaisèrent complètement qu’après la guerre de 1870.

La liberté d’association ayant été accordée dans une mesure très large aux ouvriers par la loi sur les associations agricoles de 1884, les sociétés compagnonniques sont devenues en France comme dans les autres pays, de véritables sociétés de secours mutuels ou encore des associations d’enseignement professionnel.

Le Compagnonnage, lui aussi, mes chers Compagnons, fut des son origine une véritable société de secours mutuels, sur laquelle les fondateurs des sociétés de secours mutuels calquèrent leurs statuts et leurs principes de fraternité et de solidarité.

Le Compagnonnage a toujours pratique la solidarité et la fraternité sous la forme la plus noble.

Il a pour objet en effet, de former une véritable famille dont chaque membre trouve en cas de besoin, auprès de ses Frères, l’appui, le réconfort et l’assistance maternelle dont il peut avoir besoin.

Tous pour un, un pour tous, telle est la devise du Compagnonnage.

Unis par un même sentiment de fraternelle solidarité, nous avons en nous groupant pris l’engagement de nous aider les uns les autres dans la lutte contre l’existence, de dégager l’avenir des incertitudes et des menaces que chacun, en restant isole, a redouter.

Cette noble tache, nous devons la remplir complètement envers tout nos frères malheureux.

Nous devons montrer que nous avons le vif désir de continuer l’oeuvre de nos pères en citoyens libres, car en travaillant au développement du Compagnonnage, de la mutualité et des oeuvre de prévoyance, c’est apporter sa coopération a la grande oeuvre de civilisation que la France, notre chère patrie, poursuit dans l’intérêt supérieur de l’humanité tout entière.

Je levé mon verre a la santé de tous les Compagnons heureux et malheureux, sur la surface du Globe, et a vous tous Mesdames et chers Compagnons.. »

Voici un second extrait de son discours :

« Lorsque je suis passe a La Rochelle, pour la première fois, oh ! Voila déjà bien longtemps ! J’étais jeune et pas riche. Eh bien, n’ayant pas trouve de travail, les CC. : boulangers payèrent ma pension chez la Mère et me donnèrent l’argent nécessaire pour aller plus loin : -Va, mon garçon, nous avons confiance en toi, tu nous rendra la somme quand tu le pourras. – N’est ce pas la de la fraternité qui ne se rencontre nul part et dont seuls, nous sommes fiers de nous réclamer ? »

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Article de presse locale.

En mars 1935, l’ Amicale des Compagnons du Devoir et du Devoir de Liberté de la Rochelle  change de nom et devient la Fédération Atlantique des Compagnons du Devoir et du Devoir de Liberté, adhérente a la Confédération Jacques Soubise et Salomon du Devoir et du Devoir de Liberté, dont le siège est au 161 rue Jean Jaurès a Paris. Cette Fédération reste sous la présidence de Quercy Va de Bon Coeur. (« Le  Compagnon du tour de France » N67, 15 mars 1935).

Le 6 décembre 1936, lors du troisième banquet et assemblée de la Fédération Atlantique de La Rochelle, Quercy Va de Bon Coeur démissionne de son poste de président «  pour cause de deuil et son grand Age », c’est le Compagnon boulanger du Devoir Jean Louis BONNEAU, Rochelais le Laborieux, qui est élu a l’unanimité a sa succésions (Diplôme d’honneur au Musée Rochelais).

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A une date indéterminé, mais postérieur a 1936, Quercy va de bon coeur est élevé au grade de Commandeur du Mérite Social . En 1943, le malheur vient le frapper, c’est le décès de son épouse Emilie.

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En 1951, a l’Age de 89 ans, Quercy va de bon coeur est élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur par décret date du 28 février 1951, du ministre du travail et de la sécurité sociale « ..permet sa promotion dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur et qu’a sa connaissance, son comportement au cours de l’occupation n’appelle aucune observation » et qui «malgré son grand Age continue a gérer ces sociétés mutualistes » . Il reçoit l’insigne d’Officier le 21 juillet 1951 des mains de Octave Logeais.

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Aujourd’hui, un résidence de la ville porte son nom, la “Résidence Antoine Very », rue Honore de Balzac.

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Quercy va de bon coeur décède a La Rochelle, le 1 juin 1953. il repose au cimetière Saint-Eloi, 40 rue Basse de Saint-Eloi.

*En 1895 a Blois aura lieu un Congres de la Société des Compagnons boulangers du Devoir, organise par le corps actif, qui décidera de la rupture avec l’Union Compagnonnique et la radiation du Devoir de ses membres.

Je tiens a remercier particulièrement le Compagnon boulanger reste fidèle au Devoir, Yannick MERLET, Saintonge coeur dévoue, pour s’être déplace a plusieurs reprises a la mairie de La Rochelle, aux archives départementales, et nous lui devons les articles de presses locales et également les photographies de la sépulture de Quercy va de bon coeur, ainsi que celle de son domicile, qu’il soit triplement remercier, a son nom de Compagnon il fait honneur !

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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