Jérémie TRESPEUCH est né le 30 juin 1861 à Courcoury (17), fils cadet (1*) de Jean TRESPEUCH (1835-1864) cultivateur et de Marie ROUSSEAU (1834-1908 ), son épouse (mariés le 31 mars 1856 à Courcoury), domiciliés chez Deschamps dans cette même commune.
Nous ignorons le parcours de Jérémie TRESPEUCH sur le tour de France, nous savons uniquement qu’il fut reçu Compagnon boulanger du Devoir par la cayenne de La Rochelle à l’Assomption 1880, sous le noble nom de Saintonge l’Ami du Tour de France.
Nous trouvons Jérémie TRESPEUCH dans le registre des matricules des armées de Saintes, année 1881, Volume 3, numéro 1165.
Jérémie TRESPEUCH Saintonge l’Ami du Tour de France, domicilié à Courcoury, se marie le 28 septembre 1885 à Saintes, avec Julia GUILLON (1866-….)
Julia TRESPEUCH donne naissance le 24 octobre 1887 à Courcoury à un fils nommé Raymond (2*) et le 14 juin 1889 à Saintes au domicile de ses parents à La Grève, à une fille nommée Marcelle Julia (3*).
Le 19 aout 1890, Jérémie TRESPEUCH Saintonge l’Ami du Tour de France est présent lors de la présentation des Compagnons du Devoir de La Rochelle par Jules Delhomme (4*), Coeur content le Bordelais, Compagnon cordier du Devoir, au Président de la République SADI CARNOT, lors de l’inauguration des bassins de la Pallice.
(1*) L’ainé, Clément TRESPEUCH, né le 24 juillet 1857 à Courcoury (17) cultivateur, décède le 27 janvier 1927 dans cette meme commune.
(2*) Marié le 16 juillet 1912 à Monneville (60), avec Henriette Madeleine WEITZ 1893, marié le 7 mai 1921 à Romainville (93) avec Louise Pauline FERRE. Décède le 14 juillet 1943 à Paris 13e, à l’âge de 55 ans.
(3*) Décède à Coudray Montceau (91) le 24 avril 1969.
(4*) Fondateur et premier président de la caisse de retraite du Ralliement des Compagnons du Devoir, en 1880, à Nantes, né le 5 juin 1842, reçu le 16 aout 1859 à Toulon, décède le 24 aout 1920.
Jules Delhomme, Coeur content le Bordelais, Sadi Carnot, Président de la République
Rare photographie de l’inauguration du port de la Pallice.
En 1897, le couple TRESPEUCH tient une auberge à La Rochelle au 20, rue des Cloutiers et devient le siège des compagnons menuisiers, maréchaux-ferrants et boulangers du Devoir. Julia TRESPEUCH devient Mère de ces trois Devoirs.
Jérémie TRESPEUCH , Saintonge l’Ami du Tour de France, et son épouse, sur le seuil de la porte de leur établissement, Père et Mère des Compagnons boulangers, menuisiers et maréchaux du Devoir, au 20 rue des Cloutiers de 1895 à 1920.
Lors de la rédaction du compte rendu de la Saint-Honoré 1904, le compagnon boulanger HOMMENEAU, Rochelais Cœur Loyal, Second en ville, écrivit à son sujet : « Notre Mère, Mme Trespeuch, est pleine d’une profonde sollicitude pour tous ses enfants, compagnons ou aspirants. Elle remplit avantageusement son rôle, femme d’un grand mérite, consacrant sa vie pour les compagnons et tient une des premières places parmi les personnes qui travaillent au perfectionnement moral des ouvriers. Travailleuse infatigable, toujours jeune, l’âge paraît avoir sur elle peu de prise, nul plus qu’elle dans le Compagnonnage ne travaille à la bonne entente de tous les cœurs et à la conciliation de tous les esprits. Personne plus qu’elle n’a prêché la vertu compagnonnique, également ardente à répudier la violence et à revendiquer la paix et la justice. » (journal Le Ralliement du 26 juin 1904)
La Rochelle, Saint-Anne 1903, Jérémie TRESPEUCH , Saintonge l’ami du tour de France second rang au centre, à droite revêtu d’une couleur de capitaine, le compagnon menuisier, Jean GERMAIN, Jean le Rochelais (reçu lors de la Sainte Anne 1892 à Lyon, domicilié a La Rochelle, rue Bujaud), à son coté en costume clair, le compagnon menuisier du Devoir, Antoine Bourdy, Antoine l’Angoumois (reçu lors de la Sainte Anne 1901 à Lyon)
Dans le journal Compagnonnage de février 1969, le compagnon maréchal-ferrant Tourangeau Coeur Sincère a rapporté ses souvenirs du tour de France au début du XXe siècle et il évoque la Mère TRESPEUCH, chez qui il descendit fin 1904 ou début 1905 :
« Bien sûr qu’on a l’air crâne à cet âge, mais c’est tout de même bon de se sentir accueillir chaleureusement, surtout dans une ville inconnue, et c’était bien le cas où je suis descendu, au 20 de la rue des Cloutiers chez Notre Mère dont le nom, malheureusement, m’échappe. Le Père, Compagnon Boulanger, avec lequel nous faisions siège, avec cela une gentille petite soeur de quinze à seize ans, les copains chiens blancs, de bons camarades, que voulez-vous de mieux, une vraie famille ! Seulement – pour ceux qui l’ignorent -, le règlement concernant la Mère, le Père, le Frère ou Soeur, était sévère ; malheur à celui qui par un geste malheureux manquait de respect à l’un ou l’autre. C’était selon la gravité, bien entendu, mais si bénigne fût-elle, c’était l’amende d’un litre qu’il fallait encore verser afin que tous en aient un peu, et surtout ne pas oublier de dire avant de verser de demander: « En présence de notre Mère, du Père, de notre Soeur, et Compagnons, permettez-vous que je verse ce litre d’amende » – mais si tu en oubliais un seul, pas d’histoire… un autre litre ! Vous penserez sans doute que c’était enfantin, mais c’était le règlement, et en même temps tout familial. Lors du départ, un gros baiser de notre bonne Mère et de la petite soeur, poignée de main du Père, avec encouragement pour d’autres cieux. »
Règlement des compagnons menuisiers du Devoir, maréchaux du Devoir et boulangers du Devoir de la Rochelle
Règlement de la salle D. :C. :D. :D. :
Honneur . : Respect. : Justice. : G. : A. : D. :
Compagnons et aspirants menuisiers du Devoir
art 1 Tout aspirant qui lira le règlement sans se découvrir 0,25
art 2 Tout aspirant qui dira Monsieur a un pays ou Madame a la Mère 0,25
art 3 Tout aspirant qui parlera patois dans la salle ou s’assoira sur les tables 0,25
art 4 Tout aspirant qui ne se découvrira pas pendant le repas ou qui fumerait a table pendant les repas 0,25
art 5 Tout aspirant qui montrera un pays du doigt ou jettera quelque chose a travers la salle 0,35
pas d’article 6
art 7 Tout aspirant partant en campagne ne laissera pas son adresse 0,25
art 8 Tout aspirant qui entrera dans la salle sans cravate ou en tenue indécente et tiendrais des propos indécents 0,25
art 9 Tout aspirant qui prendra le sel ou le poivre avec ses doigts ou quelque chose dans l’assiette son voisin 0,25
art 10 Tout aspirant qui rentrera dans la cuisine sans permission 0,25
art 11 Tout aspirant qui tiendra des propos injurieux envers un pays ou le père ou la mère et cherchera querelle et qui en viendrait aux mains 3,00
art 12 Tout aspirant qui fera des malpropretés dans la maison ou qui fera du bruit dans la chambre après 10 heures 0,50
art 13 tout aspirant qui jouera avec la sœur ou manquera de respect 0,50
art 14 tout aspirant qui parlera de politique ou de religion ou du métier des trois corporations 0,50
art 15 Tout aspirant qui engagera des paris dans la salle 0,25
art 16 Tout compagnon ou aspirant s’apercevra de la faute d’un pays et qui le ne mettrait pas à l’amende après 5 minutes d’intervalle celui qui aura faute aura le droit de le mettre a l’amende 0,25
art 17 les compagnons et les aspirants payeront les amendes double et le premier aspirant sera tenu d’inscrire sur la livre d’amendes toutes les amendes. celles dépassant 0,25 seront au bénéfice de la caisse, les autres se boieront le samedi soir après diné
Compagnons et aspirants maréchaux du Devoir
art 1 Tout aspirant ou C. : qui lira le règlement sans se découvrir 0,25
art 2 Tout aspirant ou C. : qui dira Monsieur a un pays ou Madame a la Mère 0,25
art 3 Tout aspirant ou C. : qui ne se découvrira pas ou qui fumera pendant les repas 0,25
art 4 Tout aspirant ou C. : qui entrera dans la salle sans cravate ou qui parlera patois 0,25
art 5 Tout aspirant ou C. : qui entrera dans la salle en bras de chemise ou tenue indécente 0,25
art 6 Tout aspirant ou C. : qui prendra le sel ou le poivre avec ses doigts ou quelque chose dans l’assiette son voisin 0,25
art 7 Tout aspirant ou C. : qui rentrera dans la cuisine sans permission 0,25
art 8 Tout aspirant ou C . : qui tiendra des propos injurieux envers un pays ou le père ou la mère et cherchera querelle et qui en viendrait aux mains 3,00 -au bénéfice de la caisse-
art 9 tout aspirant ou C. : qui jouera avec la soeur ou qui lui manquera de respect 0,50
art 10 Tout aspirant ou C. Qui montrera un pays du doigt ou qui enverra quelques chose a travers la salle 0,25
art 11 Tout aspirant ou C. : qui fera des malpropretés dans la maison ou qui fera du bruit dans la chambre après 10 heures 0,50
art 12 tout aspirant ou C. : qui parlera de politique ou de religion ou du métier des trois corporations 0,50
art 13 Tout aspirant ou C. : qui parlera patois dans la salle 0,25
art 14 Tout aspirant ou C. : qui engagera des paris dans la salle ou s’assoira sur les tables 0,25
Compagnons et aspirants boulangers du Devoir
Art 1 Tout aspirant ou C. : qui lira le règlement sans se découvrir 0,25
Art 2 Tout aspirant ou C. : qui manquera de respect au père, a la mère ou a la soeur ou qui joueraient avec la soeur sera passible d’une amende de 1 francs qui sera versée a la caisse
Art 3 Tout aspirant ou C. : qui fumera ou ne se découvrira pas pendant le repas 0,25
Art 4 Tout aspirant ou C. : qui prendra le sel ou le poivre avec ses doigts ou qui enverra quelques chose a travers la salle 0,25
Art 5 Tout aspirant ou C. : qui rentrera dans la cuisine sans permission 0,25
Art 6 Tout aspirant ou C. ; qui fera des malpropretés chez la mère devra 1 franc a la mère et du tapage après 10 heures dans les chambres 0,50
Art 7 Tout aspirant ou C. ; qui entrera chez la mère sans cravate ou tenue indécente ou s’assoira sur les tables 0,25
Art 8 Tout aspirant ou C. ; pour lequel la société a répondu de sa nourriture sera obligé a son retour de faire une journée et de remettre 3 francs a la mère sous peine de se voir retirer le crédit
Art 9 les flâneurs doivent s’entendre entre eux chacun leur tour pour qu’ a 9 heures ils restent quelqu’un chez la mère , a 10 heures pour la fermeture, tous doivent rentrer ou qu’ils préviennent la mère
Art 10 Tout aspirant ou C. : qui parlera de politique ou de religion ou du métier des trois corporations 0,50
Art 11 Tout aspirant ou C . : qui tiendra des propos injurieux ou qui chercherait querelle et qui en viendrait aux mains donnera a la caisse 3,00
Art 12 tout ouvrier boulangers sans exception doit se conformer a ce règlement sans quoi il sera chassé de chez la mère, le père et la mère sont invités à veiller l’exécution du présent et de signaler ceux qui ne voudront pas s’y conformer
Nul ne pourra faire entrer quelqu’un chez la mère si il appartient a une société adverse au Devoir pour éviter toute dispute. Les compagnons menuisiers, maréchaux et boulangers approuvent le présent règlement et chaque corporation fera respecter son règlement particulièrement.
Lu et approuvé, les C . : menuisiers
Germain le Rochelais ; Paul le Dauphiné ; Yves le Brestois
Les aspirants, Cortes dit Périgord ; Gaudin dit Angevin
Lu et approuvé, les C . : maréchaux
Languedoc la résistance
Lu et approuvé, les C . : boulangers :
PEV Rochelais le soutien du Devoir (Germain Vedère)
SEV Vendéen l’aimable conduite (Baptiste Martin)
Rouleur Maconnais le soutien de la canne (Louis Balvet)
Diplôme de fidélité offert à Jérémie TRESPEUCH, Saintonge l’Ami du Tour de France, le 1 aout 1900, par les Compagnons boulangers de la cayenne de La Rochelle. Signé par le P.E.V. Baptiste MARTIN, Vendéen l’aimable conduite ; le S.E.V. Adrien CHEVRIEUX, Saintonge la clef des coeurs et le rouleur, Louis BALVET, Maconnais le soutien de la canne.
Vers la fin de l’année 1904/debut 1905, Saintonge l’Ami du Tour de France devient président de la caisse de retraite du Ralliement des Compagnons du Devoir, section de La Rochelle et en devient membre honoraire en 1920, lors de sa retraite. Cette même année 1905, son fils Raymond, menuisier, qui a parcouru les route du tour de France est reçu compagnon menuisier du Devoir à Lyon, le jour de la Toussaint . Le 1 octobre 1908, Saintonge l’Ami du Tour de France et son épouse célèbre le mariage à La Rochelle de leur fille Marcelle Julia avec Achille Alexandre Mathias LOURY.
Raymond le Saintonge, compagnon menuisier du Devoir, drapeau des compagnons boulangers de La Rochelle en main.
Fête du Ralliement, rue de l’Hotel de Ville a La Rochelle, date indéterminée (entre 1905 et 1909)
Premier rang au centre, Jérémie TRESPEUCH, Saintonge l’ami du tour de France. Derrière lui, debout, Francois MAGNAN, Angoumois l’exemple de la justice, à la gauche de celui-ci Louis BALVET, Maconnais le soutien de la canne.
La Rochelle, le 9 mai 1910, Jérémie TRESPEUCH, Saintonge l’ami du tour de France debout à l’extreme gauche, son fils Raymond, Raymond le Saintonge, portant le drapeau des compagnons boulangers de La Rochelle.
Groupe des Compagnons fondateurs du bureau des Compagnons charpentiers du Devoir à La Rochelle, en 1913. Jérémie TRESPEUCH, Saintonge l’Ami du Tour de France, dernier rang à gauche (numéro 12).
Le couple Jérémie et Julia TRESPEUCH, Saintonge l’Ami du Tour de France, semble quitter leur établissement en 1920. En 1933, nous savons Saintonge l’Ami du Tour de France domicilié dans la capitale, peut-être hébergé chez son fils.
Saintonge l’Ami du Tour de France décède à Paris en 1941, nous ignorons a ce jour les causes de son décès et nous ignorons également la date et le lieu de décès de son épouse Julia. Son fils Raymond, Compagnon menuisier du Devoir décède 2 ans plus tard, le 14 juillet 1943 à Paris 13e, à l’âge de 55 ans.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.