Certains d’entre vous présents au bicentenaire de la 4ᵉ Cayenne des Compagnons boulangers et pâtissiers du Devoir, Bordeaux, se souviennent peut-être de cette petite fille de cinq ans, portant la tenue de notre métier ornée de cinq petits rubans de couleurs différentes…

Cette petite fille, Anais, dévorant un morceau de bon pain et tenue par la main par notre regretté Pays Romian, Tourangeau l’Ami du Tour de France lui disant avec son sourire et sa gentillesse que nous lui connaissions « Anais, tu es notre mascotte aujourd’hui ».

Depuis le temps a passé, dix ans se sont écoulé, et la petite fille a grandi. Elle n’est plus à l’école maternelle, mais dans une école des biologies/mathématiques de Moscou et suit deux fois par semaine des cours du soir au sein de la Faculté d’économie de l’Université d’État de Moscou.

C’est au sein de cette dernière qu’elle participa à un concours de miniconférence.

En 2023, elle s’était déjà illustrée et primée dans ce concours en présentant une étude intitulée : Enregistrement des sons par vibration, histoire et perspective archéologique.

Cette année, le choix fut plus particulier, très peu connu, voire inconnu en Russie, celui des Compagnonnages en France.

Les premières fondations de l’œuvre furent posées par Anais, mais elle dut rapidement se rendre à l’évidence, internet ne sait pas tout, elle rentra donc en contact, par l’intermédiaire de son père, avec M. Laurent Bastard, ancien directeur du Musée du Compagnonnage de Tours, et les Compagnons Christophe Cheutin, Christophe le Champagne et Jean Philippon, Bordelais la Constance, afin de rédiger le premier travail de sélection, une présentation écrite de vingt et une pages.

Présentation destinée à être analysée par trois universitaires, l’analyse leur permettant de préparer en amont des questions les plus pertinentes les unes que les autres…

La seconde épreuve eut lieu le 10 février au sein de la Faculté d’économie de l’Université de Moscou. Épreuve consistant à présenter les travaux sur grand écran et répondre aux questions de dix universitaires et quinze étudiants présents dans la salle. À noter que la présentation PowerPoint, mise en page, choix des illustrations, couleurs, etc. font partie des critères de notation.

La présentation du Compagnonnage commença par un retour sur le corporatisme au Moyen Âge, suivit du Compagnonnage par lui-même, le voyage, la Mère, les attributs, la solidarité, l’ère industrielle, l’évolution des métiers et l’intégration de nouvelles professions, le Compagnonnage au XXI siècle pour terminer par l’inscription à l’UNESCO et le chantier de Notre-Dame de Paris.

Pour captiver les auditeurs Anais, en joignant à l’écoute et à la vue le toucher, prit le soin de préparer sous plastique différentes Couleurs compagnonniques qui passeront de main en main avec de nombreuses interrogations, par exemple sur la présence de Marie-Madeleine ou bien encore l’éternelle et internationale question, les rapports ou similitudes avec la Franc-Maçonnerie…

Un flot de questions fut posé, dépassant de vingt minutes le temps imparti. Trente-cinq participants, trois sur le podium. Une semaine plus tard, Anais a la joie de recevoir un SMS du Comité d’organisation, podium !

Son aventure avec le Compagnonnage pourrait s’arrêter avec les cadeaux reçus… Mais non…

En effet, ce concours est organisé dans dix secteurs différents de l’Université de Moscou, et les trois vainqueurs de chaque secteur sont invités à se retrouver huit jours, dans « La clairière ensoleillée », un des camps de vacances de Zvenigorod, ville touristique située à 90 kilomètres de Moscou baptisée « La Petite Suisse ».

Camps de vacances, mais pas de tout repos ! Réunis donc du 20 au 29 février, les trente-trois étudiants vainqueurs se relayèrent pour présenter une seconde fois leurs travaux, mais cette fois plus devant dix mais vingt professeurs de mathématiques, d’histoire et d’économie de l’Université.

Sur la scène, « Notre-Dame et l’inscription à l’UNESCO »

Le thème « Les Compagnonnage en France » fut apprécié, car hors du commun pour le pays, les félicitations suivirent.

Pour conclure ce petit article, à l’heure où j’écris ces lignes, un étudiant de l’Université présent à « La Clairière ensoleillée » a informé dernièrement Anais qu’il aimerait partir sur le Tour de France comme charpentier !

Chantier rompu !

Son père. Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, Compagnon Pâtissier RFAD.