SOCIÉTÉ DES COMPAGNONS BOULANGERS, PÂTISSIERS RESTÉS FIDÈLES AU DEVOIR

Andrée Caillaux, Blésoise La Bien Aimée

Notre Mère Cailllaux en compagnie du Compagnon Boulanger,
pays Péaron Blois Plein d’Honneur, le jour de la Saint Anne à Tours en 1950.

Née à Blois le 1 octobre 1890, fille d’un aspirant boulanger du Devoir, le Pays Desneux. Elle marie le 27 janvier 1912 avec Charles Caillaux.
Ensemble, début 1920, ils prennent à leur compte un petit café situé 3, rue Saint Martin. Les compagnons boulangers, cette même année, lui demandent de faire siéger leur société dans son établissement, ce qu’elle accepte.
Très vite, elle comprends le rôle qu’elle a à jouer au sein de cette société qui, après la guerre, avait besoin de tant de dévouement pour remonter la pente et combler les vides faits dans son effectif.
Devant ses qualités que découvrent chaque jour davantage les compagnons boulangers de la Fondation, ils la reconnaissent pour “mère” le 1 janvier 1921.
Chacun aimait votre accueil, toujours souriant, qui fut pour son compte l’artisan de la renaissance de la première Cayenne. elle s’attache aux jeunes aspirants et compagnons comme une véritable mère attachée à ses enfants, à des jeunes ouvriers ayant reçu une éducation parfois bien différente les unes des autres qui, une fois partis, ne reviendront peut être plus et dont elle n’entendrait peut-être plus jamais parler.
Le bon grain qu’elle a semé dans ces jeunes cerveaux, elle savait qu’elle ne le récoltera pas… Chaque jour, elle s’efforce de montrer un visage agréable malgré ses soucis personnels. Si elle sermonne les indifférents, si elle gronde les volages, elle le fait parce que c’est votre Devoir. En reconnaissance de son dévouement, elle recevra de la part des compagnons boulangers, le 17 mai 1925, l’écharpe d’Honneur.
Au premier congrès d’après-guerre à Nîmes en 1946, il est voté sa réception de mère générale des compagnons boulangers du devoir du tour de france
Cette réception a lieu il y a 65 ans, pour la fête de la Toussaint de 1946, dans les ateliers de Tonnelleries du Pays Gonnord, compagnon tonnelier du Devoir “Blois La Resistance», gendre du Pays Leclerc, compagnon boulanger du devoir “Blois La Sagesse”.
Les compagnons de tous les corps d’état du Devoir sont présents, armés de leurs cannes et de leurs bannières, venus dès le dimanche soir, ils arrivèrent de Bordeaux et de La Rochelle ; et le lundi matin c’était Tours, Paris, Vierzon et autres lieux..
Au banquet d’honneur, après le discours de Blois plein d’honneur, le Pays Bouteloup Manceau La Belle Conduite», premier en ville de la Cayenne de Tours, qui prit la parole et ne manqua pas de souligner ses qualités affectives, à l’égard des Compagnons de passage, et à ceux qui composaient notre belle Cayenne de Blois, tout l’amour et le respect qu’elle avait pour notre beau Devoir.
Six ans plus tard, le mercredi 13 octobre 1952 à 22 heures, une maladie implacable l’enlève à l’affection de ses enfants. Elle quitte ce monde où une grande partie de son existence fut un dévouement constant au compagnonnage. Autour de cette fosse où vous reposez, plus de 80 compagnons de tous corps, nos mères Servant de Paris, Ondet de Tours, sont présents pour vous dire trois fois adieux…
Un an plus tard, les compagnons boulangers déposeront une plaque de marbre sur votre tombe. Avec cette inscription : «Les Compagnons du Devoir à leur Mère Vénérée Blésoise La Bien Aimée».
Blésoise la Bien Aimée, vous nous avez aimés, nous vous aimons…Nous ne vous oublierons jamais !

 
Une plaque en son honneur le 1 novembre 2011
C’est en mai 1920, quelques mois à peine après leur installation dans le café Louis 12 que les époux Caillaux ont la visite des compagnons boulangers de la ville de Blois, en quête d’un siège, suite à l’expropriation du précédent, rue de la vieille poste, chez Monsieur Hallier.
Les époux Caillaux acceptèrent leur venue. Le sous seing officialisant la prise des locaux par les compagnons boulangers sera signé le 17 juin 1920 à leur domicile. Le Pays Pearron, Blois plein d’honneur qui signera ce document comme président des compagnons boulangers de Blois. Mais quel intérêt guide Madame Caillaux à accepter dans son établissement les compagnons boulangers ? L’espoir d’un commerce florissant comme cela l’a bien souvent été par des pères et mères peu scrupuleux ? Non, son commerce pourrait être aussi florissant, parfois même davantage, si elle ne s’occupait pas de certaines mauvaises têtes parmi les compagnons. Elle fait simplement partie de ces nombreuses femmes et véritables mères qui, malgré les impératifs de leur commerce, faisaient passer leur rôle avant leurs propres intérêts.
Six mois plus tard, les compagnons boulangers découvrant en Madame Caillaux toutes ces qualités, la reconnaissent officiellement comme mère des compagnons boulangers du Devoir de la Cayenne de Blois.
Suivirent les jours sombres de 1940, Blois est bombardée par la tristement célèbre “Lutwaffe” de Herman Goering du 16 au 18 juin. L’incendie provoqué par les bombardements détruit entièrement en quelques instants, ce qui représentait vingt années de travail et d’économie honnêtement réalisée par les époux Caillaux.
Seul ceux qui ont connu ces catastrophes peuvent en comprendre la portée. Un commerce prospère, un intérieur formé petit à petit de toutes ces petites choses avec ou sans valeurs, qui en constituent l’intimité, qui font si bien partie de votre existence, que l’on n’y attache pas d’importance quand elles sont là, mais aussi qui vous manquent tant quand elles disparaissent.
Dans les rues, c’est la panique ; chacun fuit emportant tout juste le nécessaire. Les époux Caillaux s’en vont sur la route avec, chacun, deux valises dans lesquelles ils ont entassé rapidement le plus utile dans l’immédiat.
Quelques jours plus tard, ils reviennent et découvrent leur maison entièrement détruite.
Dans l’incendie, partirent en fumée une trentaine de cannes de compagnons boulangers, vingt six tableaux, lithographies et autres documents encadrés, une quantité importante de couleurs, une quantité très importante d’archives, et le drapeau de la Cayenne.
Un compagnon couvreur leur loue un appartement où, sur leur demande, les compagnons tiendront leurs réunions pendant plusieurs années.
A la première assemblée générale qui s’y tint, pour marquer cet évènement, la mère Caillaux fut invitée à se présenter “en chambre”
Elle rentra revêtue de son “écharpe” de mère. Quelle émotion ! Parmi tant d’objets si chers qu’elle avait dû abandonner, elle avait gardé ce qui, pour elle, était le plus précieux, son écharpe de mère.
Si la Cayenne des compagnons boulangers était ruinée matériellement, elle avait encore “sa mère” et que celle-ci avait pensé à ce que certains compagnons, dans la même situation hélas, avaient certainement oublié.
En 1946, Madame Caillaux est honorée une fois de plus, elle est reçue mère générale des compagnons boulangers et pâtissiers du Devoir, elle est initiée au secret du Devoir.
Le Louis 12 reconstruit, les époux Caillaux réintègrent leur établissement, mais peu de temps après, en 1952, une terrible maladie enlève, à l’affection de ses enfants, leur mère générale, Blaisoise la bien aimée…
Son époux remplira le rôle de “père” des compagnons boulangers Pâtissiers du Devoir, fidèle à l’engagement de son épouse, jusqu’au 1er mai 1955, date de la vente de son établissement.
Au bicentenaire des compagnons boulangers et pâtissiers, les compagnons boulangers et les compagnons pâtissiers restés fidèles au Devoir honorent sa mémoire par le dépôt d’une plaque sur la façade de l’établissement où elle exerça.

Texte écris par le Compagnon Bourcier Picard la Fidélité C.P.R.F.A.D.

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