SOCIÉTÉ DES COMPAGNONS BOULANGERS, PÂTISSIERS RESTÉS FIDÈLES AU DEVOIR

À la boulangerie Le Pistore

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À la boulangerie Le Pistore, les apprentis comme des coqs en pâte

Les Durif, patrons de la boulangerie Le Pistore, à Clermont, seront présents aujourd’hui au forum de l’alternance, à Polydôme. Ils possèdent une bonne expérience de l’apprentissage.
Jonathan pénètre dans la chambre froide avec une grande plaque, sur laquelle repose sa pâte à croissant. Il vient d’ajouter le beurre, il faut désormais que la préparation refroidisse. Aujourd’hui, c’est lui qui s’occupe de la production de viennoiseries de la boulangerie-pâtisserie Le Pistore, rue Blatin, à Clermont-Ferrand. « L’apprentissage permet d’avoir de l’expérience dans le métier », explique le futur boulanger de 23 ans, en 2 e année de CAP à l’Institut des métiers. « Je préfère l’apprentissage à un bac pro, qui est trop théorique ».
Expliquer le métierAu bout d’un couloir où l’on glisse sur la farine au sol, on arrive dans le bureau du patron. Hervé Durif, entouré des dossiers de ses apprentis passés et présents (il en a six en permanence), passe une commande de matières premières auprès d’un moulin de la région. Ensuite, il retournera mettre la main à la pâte, auprès des jeunes. « Au début de leurs deux ans d’apprentissage, on passe beaucoup de temps à leur expliquer le métier. On leur montre les gestes, ils ont des cahiers sur lesquels ils prennent des notes. Ensuite, tu les laisses faire, en étant à côté. Et au bout d’un moment, ils peuvent faire seul. Évidemment, parfois, ils se ratent. Ça se voit tout de suite dans une baguette, s’il manque du sel ! Mais ça fait partie du jeu. Si on ne les lâche pas, ils ne prendront jamais de responsabilités. Et vu que financièrement, un apprenti ne coûte pas grand-chose, on peut s’autoriser des pertes ! »
Les coûts d’un apprenti pour l’employeur dépendent de nombreux facteurs, comme la taille de l’entreprise, la présence de plusieurs apprentis dans la boîte et leur âge. Mais, selon les cas, un apprenti de moins de 18 ans peut, avec les aides, rapporter plus qu’il ne coûte à son patron.
« Mais il ne faut pas raisonner en coût », insiste Hervé Durif. « En fin de contrat, s’ils sont bien formés, ils bossent seuls. Ils ne coûtent plus, ils apportent à l’entreprise ». Et le boulanger de fustiger certains patrons qui ne jouent pas le jeu : « On a eu des apprentis qui venaient après avoir quitté des entreprises où ils avaient passé le balai en permanence, où ils étaient livrés à eux-mêmes. Certains patrons profitent du fait que ce n’est pas cher. Il ne faut pas dégoûter les jeunes du métier ! » D’autant que, comme le remarque Christelle Durif, chef du magasin, « il y a déjà peu de jeunes qui deviennent apprenti, on a du mal à en trouver. La société, les parents voudraient que les enfants fassent tous de grandes études. Les apprentis se sentent dénigrés. »
Pour qu’un apprentissage se passe bien, il faut donc un cadre, que les jeunes n’ont pas toujours avant d’entrer dans le monde du travail. Vouvoiement, respect de la personne et des horaires, les règles s’appliquent dans les deux sens. Pour que chacun tire le meilleur de l’apprentissage.
Grégoire Nartz

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