Règlement de 1854

À son arrivée chez la Mère, le compagnon, après les reconnaissances et les bienvenues d’usage, doit lire et accepter le règlement en vigueur, accroché sur l’un des murs du bistrot ou de la salle à manger.

Ces règlements sont de belles pièces d’art populaire, généralement réalisées par un compagnon et ont l’avantage, pour les historiens, de représenter, par leurs contenus, l’état d’esprit du moment.

Nous ne possédons pas d’éléments qui nous permettent de définir la période d’apparition de ces règlements, mais nous pouvons supposer qu’ils étaient utilisés, avant la naissance des compagnons boulangers, par les sociétaires qui les avaient précédés.

Sur les sept règlements de compagnons boulangers du Devoir que nous connaissons aujourd’hui, six sont en très bon état, ce sont ceux des Cayennes de Saumur, Tours, Troyes, La Rochelle et des villes de 2ᵉ ordre, Fontenay-le-Comte et Cognac, un septième règlement, celui de la Cayenne de Nîmes, est en très mauvais état, bien qu’il soit conservé sous-verre.

RÈGLEMENT DE FONTENAY-LE-COMTE, VILLE DE DEUXIÈME ORDRE, 1854
(Musée Vendéen, Fontenay-le-Comte)
v GAD p
Chapeaux bas
JFSL
CBDD
Sur les colonnes : à gauche J et V à droite M et B

Règlement de la société des compagnons boulangers Respect au Père et à la Mère.

Art. 1 – Tout ouvrier qui fréquente la société des compagnons boulangers doit se conformer au présent règlement sous peine d’amende.

Art. 2 – Tout ouvrier qui rentre chez la Mère sans la saluer sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 3 – Tout aspirant ou compagnon qui tutoiera les autres compagnons sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 4 – Tout aspirant ou compagnon qui se disputera chez la Mère sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 5 – Tout compagnon ou aspirant qui s’assiéra sur les tables sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 6 – Tout aspirant ou compagnon qui se battra chez la Mère sera à l’amende d’un franc au profit de la caisse.

Art. 7 – Tout ouvrier qui se mettra à table sans se laver sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 8 – Tout compagnon ou aspirant qui ne se rendra pas chez la Mère lorsque les compagnons ou le premier aspirant l’en auront invité sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 9 – Tout ouvrier chez la Mère qui parlera patois sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 10 – Tout ouvrier qui dira des paroles grossières ou malhonnêtes chez la Mère sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 11 – Tout ouvrier chez la Mère qui jouera de l’argent sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 12 – Tout compagnon ou aspirant qui fera ou dira des sottises à la Mère sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 13 – Tout compagnon ou aspirant qui, chez la Mère, appellera Monsieur ou Madame sera à l’amende d’une bouteille.

Art. 14 – Toutes les amendes ci-dessus doivent se payer comptant ; celui qui sera à l’amende et qui refusera de la payer sera à l’amende d’un franc supplémentaire, et s’il refuse de les payer, il sera chassé de la société.

Raud Victor, Vendéen l’Ami du Devoir, reçu à Tours le 15 août 1853. Fontenay le 1ᵉʳ février 1854

 

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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