Mort de Letellier « Un arrêté sur le prix du Pain »

221 – Jean-Claude THIERRY – Collection privée. Agrandi 1.5 fois.

41.5 mm. Etain. Référence(s) : Hennin, 671 pl.67. – Trésor de Numismatique, 10 pl.XV

Avers : Buste de Letellier à gauche ; IL SE DONNA LA MORT POUR ÉPARGNER UN CRIME / A. C. LETELLIER.

Revers : Au-dessus de deux branches de chêne, sur douze lignes ; QUE CETTE / MÉDAILLE FORMÉE / DES BALLES DIRIGÉES / CONTRE LE SENAT FRANÇAIS / ÉTERNIS A LA FOIS SA VICTOIRE / SUR LES ROYALISTES ET CONSA / CRER LA MEMOIRE DU DÉPUTÉ / DONT LA MORT FUT LE PRÉLUDE/ DES JOURNÉES 12 13 14 / VANDEMIAIRE L’AN 4 ME DE LA / REPUBLIQUE / FRANCAISE ; signature PAR PALLOY – PATRIOTE.

Adrien Tellier était membre de la Convention. Face à une révolte à Chartres, il fut forcé par le peuple de signer un arrêté sur le prix du pain. Il laissa une lettre et se suicida. Cette médaille est l’œuvre de Palloy qui en a fabriqué 1200 exemplaires avec le plomb ramassé des balles tirées par la Garde Nationale de Paris contre les troupes qui défendirent la Convention le 13 vendémiaire an 4 (5 octobre 1795) (source innumis)

Pierre-François Palloy (1755-1835), dit le Patriote, entrepreneur de la démolition de la Bastille, 1789

(Source archives des Hauts-de-Seine, événements de la révolution française) 

La Convention nationale est un régime politique français qui gouverna la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795 lors de la Révolution française. (wiki)

Elle succéda à l’Assemblée législative et fonda la Première République. Elle fut élue, pour la première fois en France, au suffrage universel masculin afin de donner une nouvelle constitution à la France, rendue nécessaire par la déchéance de Louis XVI lors de la journée du 10 août 1792.

Dès sa première séance, la Convention, qui exerçait le pouvoir législatif, abolit la royauté après les interventions de Collot d’Herbois et de l’abbé Grégoire qui déclara : « Les rois sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique. Les cours sont l’atelier du crime, le foyer de la corruption et la tanière des tyrans. L’histoire des rois est le martyrologe des nations ».

Le lendemain matin, l’an I du calendrier républicain est proclamé. La Constitution de l’an I, constitution démocratique et décentralisatrice, élaborée par la Convention montagnarde qui la promulgua solennellement le 10 août 1793 après référendum, ne fut jamais appliquée en raison de l’état de guerre intérieure et extérieure. Le 10 octobre 1793, la Convention montagnarde consacrait l’établissement d’un régime d’exception, désigné plus tard sous le nom de Terreur, déclarant : « Le gouvernement provisoire de la France sera révolutionnaire jusqu’à la paix ».

La Convention girondine (21 septembre 1792 – 2 juin 1793) est la première période de l’histoire de la Convention nationale dominée par les Girondins.

La Convention montagnarde, du 2 juin 1793 au 10 thermidor an II (28 juillet 1794), est la deuxième période de l’histoire de la Convention nationale dominée par les Montagnards après l’éviction des Girondins.

La Convention thermidorienne est le nom donné à la troisième période de l’histoire de la Convention nationale allant du 28 juillet 1794 au 26 octobre 1795.

C’est lors de l’hiver 1794-95 particulièrement rude, que le prix du pain augmente, et le peuple de Paris connaît une grave disette, que la politique libérale de la Convention ne permet pas d’enrayer. Aussi, la colère gronde parmi les sections populaires. D’autant que la France subit à cette époque une crise économique et financière et que l’assignat, que le gouvernement révolutionnaire avait réussi plus ou moins à stabiliser en 1793, subit une chute vertigineuse.

La composition de la Convention – En 1792, la Convention était officiellement composée de 749 députés ; dans la pratique, il n’y eut que rarement plus de 350 siégeants au cours des séances. La plupart des députés sont des hommes de loi, dont une majorité d’avocats (plus du tiers). Le monde agricole et autre n’est représenté que par 2 ouvriers ; le reste de la Convention est composé de 55 nobles et ecclésiastiques.

Les comités – Selon la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793), la Convention est le « centre unique de l’impulsion du gouvernement ».

Les travaux de cette Assemblée se déroulent dans une ambiance dramatique caractérisée par une passion politique extrême, et sous la pression permanente de la rue, c’est-à-dire de « délégations » venant accuser tel ou tel député, ou telle ou telle faction. Pour faciliter le travail, des comités sont créés. Ils sont composés de députés élus pour un mois et renouvelables indéfiniment. Chacun de ces comités gère un secteur déterminé. Ils préparent les travaux de l’Assemblée en établissant les textes ensuite soumis à la Convention pour discussion et vote. Ces comités sont les centres de décision essentiels du Gouvernement. Parmi les différents comités (environ 16), deux ont concentré le pouvoir révolutionnaire : le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale. (ci-après)

Pierre-François Palloy, né à Paris, le 22 janvier 1755 et mort le 19 janvier 1835, dit « le Patriote », était un maître-maçon et entrepreneur de travaux publics, célèbre pour s’être auto instauré et avoir obtenu le statut de véritable entrepreneur chargé de coordonner les travaux de démolition qui suivirent la prise de la forteresse de la Bastille.

1789 : Le démolisseur de la Bastille

Bien qu’il n’eut reçu aucun mandat par l’assemblée des électeurs de Paris de démolir la Bastille après sa prise le 14 juillet 1789, il chercha à prendre le contrôle des opérations immédiates de démolition qui suivent la prise de la Bastille en coordonnant les opérations. En effet, il démarra le 14 juillet, de sa seule initiative, le chantier de démolition de la Bastille avec la venue de 400 ouvriers qui arrivent sur le site dans la nuit du 14 au 15 juillet.

Bénéficiant de son statut social et économique, Palloy, homme du métier possédait de plus un argument de poids : la solidité financière de son entreprise était en mesure de régler les salaires des ouvriers. En effet, les dépenses hebdomadaires sont de 10 000 livres pour une moyenne de 700 ouvriers.

Le 16 juillet, il est désigné démolisseur officiel de l’ouvrage par l’Assemblée constituante. Le chantier, sur lequel œuvrèrent 1 200 ouvriers, dont 400 permanents, fut à peu près achevé à la fin de novembre5 et totalement terminé en juillet 1790. Les pierres, des blocs de 1 m de long sur 60 cm de large furent stockées dans un de ses entrepôts parisiens.

Le chantier de démolition de la Bastille fut un véritable tremplin pour l’entrepreneur, soucieux d’ascension sociale.

1790 – 1792 : « Palloy Patriote »

Avide d’une stature et d’une reconnaissance nationale à la hauteur de son acte, il devient le promoteur avisé des souvenirs de la Bastille. Palloy décida à partir des pierres issues de la destruction même de la forteresse, de faire fabriquer des modèles réduits en pierre de la Bastille, puis par la suite, en plâtre mêlé de mortier de la Bastille. Il y fit également sculpter sur d’autres pièces la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et des harangues patriotiques.

Ces pièces furent envoyées auprès des instances représentatives de l’époque : les députés, les clubs politiques, la ville de Paris, la commune de New York et dans les chefs-lieux des nouveaux départements français à partir de février 1790. Ces envois étaient soutenus grâce aux « Apôtres de Palloy », un réseau d’hommes qui assurait la promotion de ses projets. Chaque création est munie de la mention : « Palloy Patriote ».

À titre d’exemple, on peut d’ailleurs voir à Saint-Julien-du-Sault (Yonne) une de ces pierres incrustée dans une des portes de la ville avec l’inscription « je certifie que cette pièce vient de la Bastille » signée « Palloy patriote ».

Il fit également forger des clefs à partir des chaînes en fer du pont-levis, des barreaux des verrous de la forteresse, et fabriquer de nombreux objets de pacotille (bijoux, tabatières, cartes à jouer) et frapper des médailles commémoratives des grands événements de la Révolution, à commencer par celle de la prise de la Bastille, nommée aussi « médaille Palloy ».

Ces médailles, d’un style fruste, sont couvertes d’inscriptions rédigées dans un français amphigourique et émaillées de fautes d’orthographes. Elles sont constituées le plus souvent de deux plaques de fer ou d’étain réunies et assemblées par un cerclage de laiton. Pour autant, il ne s’agit pas de « médailles populaires », car les tirages n’ont jamais dépassé 1 200 exemplaires.

Grâce aux matériaux de la Bastille, Palloy se fit également construire deux résidences à titre personnel, l’une en face de l’Assemblée Nationale et la seconde à Sceaux, au 37 de la rue des Imbergères, encore visible de nos jours. Le reste des pierres non employées furent vendues pour la construction de nombreuses maisons de Paris, dont la localisation est aujourd’hui perdue pour la plupart et également pour le pont de la Concorde, terminé en 1791.

En juin 1791, Il est promu « Héros de la Révolution » pour sa participation à la prise de la Bastille, honneur qu’il dut partager avec 953 citoyens.

Palloy fut chargé, le 11 août 1792, de travaux d’aménagement au donjon du Temple pour y emprisonner Louis XVI et sa famille.

1793 : La chute et l’oubli

En 1793, les autorités estimèrent après enquête qu’il avait détourné une partie des fonds remis pour la destruction de la forteresse. En effet, payé pendant 30 mois, le chantier avait été assuré en 12 mois. En outre, les autorités reprochaient à Palloy d’avoir encaissé les bénéfices directs et indirects de la démolition. Le coût total de la destruction de la forteresse fut évalué à 1 million de livres de l’époque, quand le salaire d’un journalier était de 3 francs. À titre d’exemple de prévarication, Palloy, qui bien que gravant les pièces gratuitement, demandait la participation des communes pour l’envoi des ouvrages.

Palloy fut emprisonné du 28 décembre 1793 au 17 mars 1794. À l’issue de son incarcération, il se retira dans sa résidence de Sceaux où il employait ses ressources à donner de grandes réceptions. Financièrement affaibli, il sollicita par la suite des autorités une rente pour services rendus à la Nation.

Alors qu’il fêtait avec d’autres l’exécution de Louis XVI, tous les 21 janvier, jusqu’à la Restauration, par un banquet avec au menu une tête de cochon farcie (qui fut plus tard remplacée par une tête de veau), il reçut en 1814 la décoration de l’Ordre du Lys fondée par le futur Charles X.

Il décède définitivement ruiné en 1835. Sur sa tombe, disparue de nos jours, figuraient les mots suivants :

« Ci-gît Palloy, qui jeune encore l’assiégea, la démolit et dispersa les membres de ce monstre infernal sur la surface du Globe »

Conservation des souvenirs édités par Palloy

Une importante collection de médailles et insignes réalisés à l’initiative du « patriote Palloy » est conservée au musée Carnavalet. Par ailleurs, une pierre de la Bastille provenant du patriote Palloy et supportant un plan de cette forteresse est exposée au musée de la Révolution française.

Bibliographie : Numismatique et documents du Patriote Palloy- Gilles Michaud, format 19×26,5 cm, 135 pages, plus de 200 photographies couleurs. Recensement des médailles faites par le patriote Palloy après la prise de la Bastille.

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