Mes chers amis, en quittant la Touraine ;
Vous le voyez, je suis triste et rêveur ;
Je ne dois pas dissimuler ma peine
En ce moment qui fait battre mon cœur.
C’est de quitter des amis et des frères ;
Peut-être pour ne jamais les revoir.
J’aurais voulu passer ma vie entière ;
Entre vos bras et notre beau Devoir.
Refrain
Adieu, Tours, pour longtemps.
Adieu Mère chérie (1)
Soyez toute la vie ;
Fidèle aux devoirants.
Mère Jacob (2) qui marchez en confiance
Sous l’Étendard des joyeux devoirants ;
Depuis vingt ans, sur le beau tour de France
Votre bonté ravive vos enfants.
Peut-être un jour au Divin Élysée ;
L’être suprême nous réunira ;
Nous reverrons notre Mère adorée ;
Et sur son sein, elle nous pressera.
Refrain
Quand je serai au sein de ma famille ;
N’espérant plus de notre société ;
Entretenir douce flamme qui brille
Et qui réchauffe la fraternité
À mes enfants du riant tour de France ;
Je dépeindrai l’admirable splendeur.
De leur vieux père ils suivront je le pense ;
Les bons conseils, prélude de bonheur.
Refrain
Conduite de Compagnons cordonniers-bottiers du Devoir quittant la ville de Tours.
Pour continuer le riant tour de France ;
Par vos adieux vos fils sont inspirés ;
Et chacun part toujours dans l’espérance
De vous revoir au temple du progrès.
En visitant notre belle patrie ;
Si le destin ne peut nous réunir ;
Nous conserverons au cœur toute la vie ;
De vos bontés l’éternel souvenir.
Refrain
Frères, l’auteur de cette chansonnette ;
Du peuple enfant, aussi de l’atelier ;
Ose espérer sollicite parfaite
Dans l’avenir un jour pour l’ouvrier
Adieu, je pars finir mon tour de France ;
Courage, espoir et sincère amitié.
De vous revoir c’est la douce espérance
Du troubadour Libourne le Décidé.
Refrain
(1) Nom que les ouvriers donnent aux hôtesses où siègent les diverses sociétés.
(2) La plus digne de ce nom que j’ai connu dans mes voyages.
Jean-Baptiste Arnaud, Libourne le Décidé, Compagnon boulanger du Devoir.