Méreau de Pain Mr le Curé

Méreau de Pain Mr le Curé de Saint Germain L’Auxerrois – Paris

33mm. Bronze.

Avers : Croix / M. LE CURE / DE ST GERMAIN / L’AUXERROIS / au-dessus d’un lys.

Revers : au-dessus d’une croix en trois lignes ; PAIN / DE / QUATRE LIURES.

Les MEREAUX sont au Moyen âge « une monnaie de convention » réservée aux ecclésiastiques, constatant leur présence aux offices, puis deviennent de véritables monnaies de bienfaisance, d’appoint. Monnaies, sinon officielles, du moins connues de tous et acceptées, elles furent imitées par certaines collectivités ou communes qui trouvaient ainsi plus commode de payer, par ce biais particulier, ouvriers, employés ou pauvres.

Le méreau est une sorte de « bon-pour », un signe de reconnaissance ou encore, un laissez-passer qui prend la forme la plus commune d’un jeton en métal, plus rarement d’une rondelle de cuir ou en parchemin.

Les méreaux sont désignés depuis le Moyen Âge sous les formes de merel, merelles, marelles et mereaulx. C’est la pénurie de monnaie divisionnaire qui explique leur apparition. Ils sont tout d’abord employés dans le domaine ecclésiastique à partir du XIIIe siècle comme jeton de présence des chanoines aux offices et donnaient droit à un repas ou à une portion de pain, ces derniers pouvaient ensuite en faire profiter les pauvres. Au XVe siècle, on créa même des méreaux qui valaient 5, 20, 30 ou 45 deniers que l’on pouvait échanger contre du numéraire. Le méreau est apparenté à la monnaie de nécessité.

Rapidement, de nombreuses corporations ou institutions publiques ou privées utilisèrent ce système qui connut une large diffusion jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’enseigne de pèlerinage, sorte de médaille ou broche munie d’une bélière ou d’un système d’attache au chapeau ou à la cape du pèlerin est qualifiée improprement de « méreau de pèlerinage ».

Les méreaux sont très instructifs par leurs thème et inscription pour les historiens, et sont recherchés par les mérellophiles, alias collectionneurs de méreaux.

Une Paroisse Royale

Saint-Germain-L’auxerrois est la plus récente des trois églises qui portent le nom de saint Germain à Paris et la seule dédiée à saint Germain évêque d’Auxerre. Selon la tradition, elle a été fondée par Saint Landry, évêque de Paris mort en 656.

Des origines mérovingiennes de l’édifice, il ne reste aucune trace. La partie la plus ancienne qui subsiste est la base romane du clocher. Au XIIIe siècle sont édifiés le portail, le chœur et la chapelle de la Vierge. L’église est en grande partie reconstruite au XVe siècle, avec en particulier l’élévation du porche.

Lorsque la cour des Valois s’installe au Louvre, l’église devient paroisse royale, étendue et puissante. C’est de son clocher qu’est donné, la nuit du 24 au 25 août 1572, le signal du massacre de la Saint Barthélémy.

Les chanoines procèdent à d’importants réaménagements en 1710, lesquels entraînent la destruction d’éléments remarquables dont le tympan sculpté du portail principal datant du XIIIe siècle et le jubé.

A la Révolution, l’église est convertie en magasin de fourrage puis en imprimerie. Elle échappe ensuite à plusieurs projets de destruction sous-tendus par des motifs urbanistiques ou politiques.

En 1831, elle est saccagée par une émeute anti-légitimiste. S’ensuivent d’importants travaux de restauration (1839) confiés à l’architecte Lassus.

Le chantier a valeur de manifeste dans un contexte où s’affrontent, sur la question du style convenant le mieux à l’architecture chrétienne, les classiques et les médiévistes. Lassus, qui a récemment œuvré à la Sainte-Chapelle, s’y illustre comme l’un des brillants et ardents défenseurs de l’architecture « ogivale ».

Architecture

Le plan comporte une nef et un chœur, chacun de quatre travées avec double collatéraux.

Treize chapelles ouvertes sur le chœur et le chevet sont enfermés dans un mur circulaire sur un modèle identique à celui de Notre-Dame de Paris. La chapelle de la Vierge occupe tout le second bas-côté sud de la nef et forme une petite église à part, fermée par une clôture en bois avec stalles et orgue. Elle était réservée aux paroissiens à partir de la fin du XVe.

La façade principale, ornée d’une rose, se termine par un fronton triangulaire.

Deux des statues qui ornent le porche datent du XVIe siècle : Saint François d’Assise et Sainte Marie l’Egyptienne (moulage dont l’original est présenté dans la chapelle de la Vierge).

Les autres statues ont été commandées à Desprez en 1841.

Le portail principal conserve une partie de son décor du XIIIe siècle.

En revanche, le Jugement dernier qui occupait le tympan a été mutilé en 1710. A son emplacement, Victor Mottez exécute en 1842 une grande fresque qui, très abîmée, a été recouverte d’un badigeon en 1967.

L’église vers 1550 (Plan de Truschet et Hoyau)

L’église en 1834, avant la destruction du tissu urbain ancien qui l’entourait

(Lithographie de Théodor Hoffbauer).

L’église Saint-Germain-l’Auxerrois avant la construction du beffroi et de la mairie du 1er arrondissement – Édouard Baldus (1858).

L’église Saint-Germain-l’Auxerrois vers 1863-1870, après la construction de la mairie du 1er arrondissement flanquée de son beffroi. Photographie d’Édouard Baldus.

Plaque rappelant le vœu de Willette.

Plan de l’église.

L’église est construite selon un plan longitudinal en forme de croix d’environ 80 m de long sur 40 m de large au transept. Elle possède un tour-clocher romane à l’angle du bras du transept sud et du chœur, un porche à cinq arcades et des arcs-boutants. Sa rosace est surmontée d’un pignon.

À l’intérieur sa nef, haute de presque 20 mètres et constituée de quatre travées en gothique flamboyant, est flanquée de deux bas-côtés abritant des chapelles peu profondes. Elle est organisée sur deux niveaux de grandes arcades et fenêtres hautes voûté d’ogives quadripartite. Le transept est peu saillant. Son chœur, à cinq travées, qui constitue la partie la plus ancienne bien que remanié au XVIIIe siècle se termine par un chevet semi-circulaire avec un déambulatoire parfois double ainsi que des chapelles rayonnantes. L’église se termine au premier niveau par un chevet plat.

Cet édifice possède des vitraux, datant du XVIe pour les plus anciens et du XIXe siècle pour les autres, ainsi que de nombreuses œuvres d’art, tableaux, statues et mobilier.

28mm. Cuivre. Méreau charité de la Paroisse de Saint-Germain-L’Auxerois, Braise.

Claude Monet, Saint-Germain-l’Auxerrois (1867), Berlin, Alte Nationale galerie.

138 – Par Jean-Claude THIERRY

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