Pierre Julien Michel CHERAMY, nait en 1793 , en 1828 il et cultivateur, et en 1834/1840 est boulanger, il a pour épouse Marie Madeleine née LEGUAY.
Nous leur connaissons quatre enfants à ce jour :
Victoire Desirée, née à Arville le 31 mars 1825.
Louis Pierre Adolphe, né à Arville le 26 juillet 1828
Jacques Eugene, né à Arville le 8 décembre 1834
Auguste Victor né à Arville, le 1er février 1840 .
Un fait assez rare de l’histoire compagnonnique des boulangers, les trois fils vont, non pas seulement devenir boulangers comme leur père, mais faire leur tour de France et devenir tous les trois compagnons boulangers du devoir.
Louis Pierre Adolphe, est reçu compagnon boulanger du Devoir à la Toussaint 1850 à Orléans sous le noble nom de Vendôme le Décidé.
Jacques Eugene, est reçu à Assomption 1856 à Tours sous le noble nom de Vendôme Sans Chagrin .
Auguste Victor est reçu à la Toussaint 1860 à Angoulême sous le noble nom de Vendôme le bien Estimé.
Nous n’avons pas d’information sur Jacques Eugene, Vendôme Sans Chagrin et Auguste Victor, Vendôme le Bien Estimé.
Louis Pierre Adolphe CHERAMY, Vendôme le Décidé est dans les rangs des Communards lors de la Commune de Paris (1871). Lors de l’entrée des Versaillais dans Paris il est mis derrière les barreaux. Nous ignorons à ce jour la date et la cause précise de son arrestation.
Les prisonniers dans les caves de l’Orangerie à Versailles. Ils sont entassés « dans une salle 300 condamnées vives au milieu de la vermine et des odeurs pestilentielles. Nombreux sont ceux qui s’abandonnent à leurs passions brutales »
Puis ils sont interrogés….
Conseil de guerre dans le manège des grandes écuries de Versailles.
Louis Pierre Adolphe CHERAMY, Vendôme le Décidé est condamné le 18 avril 1872 par le 10e conseil de guerre à la déportation simple sur l’Iles des Pins en Nouvelle Calédonie, pour avoir servi la Commune de Paris.
Après sa condamnation, Vendôme le Décidé est transféré de Paris jusqu’aux ports de Brest et incarcéré au fort de Quelern . Le transport s’effectue par le chemin de fer dans des wagons à bestiaux, entassés comme le seront plus tard les déportés, victimes du nazisme.
Vendôme le décidé fait partie du 3ème convoi de déportés (500) de la Commune pour la Nouvelle Calédonie, il embarque à bord du navire « La Garonne » et porte le numéro de matricule 633.
La Garonne
Le 31 juillet 1872, la Garonne quitte la rade de Brest avec à son bord entre 215 à 265 hommes d’équipage et 356 déportés en provenance du fort de Quélern. Dans les jours qui suivent, elle embarque 222 autres prisonniers internés à l’Île d’Oléron. On peut estimer le total des passagers aux alentours de 830 personnes.
Le 9 août 1872 la Garonne, quitte la rade des Trousse et prend le chemin de la Nouvelle-Calédonie. Après 18 jours de mer, elle est le 27 septembre à Dakar. Le ravitaillement en vivres et charbon effectué, la Garonne quitte Dakar dans la nuit du 2 au 3 septembre 1872. Elle passe par le large de Tristan Da Cunha, le cap de Bonne Espérance et les îles Mac Donald. Après 63 jours de mer sans nouvelles escales depuis Dakar, la Garonne arrive à Nouméa le 5 novembre 1872.
Au centre La Garonne au mouillage en Nouvelle-Calédonie.
Arrivée des premiers déportés de la Commune (Le Monde Illustre 1873)
« Il est certain que les premiers arrivés ont beaucoup souffert. On les a lâchés sur les petites plaines broussailleuses, sans chemin, le long du plateau, nantis de leur hamac et de leurs toiles de tentes. Ils durent se contenter de campement de fortune. Cela ne nous paraît pas terrible à nous qui, au 20e siècle, vivons sous la tente pour le plaisir […] surtout lorsque l’on connaît le climat de Kounie, mais pour les Parisiens du 19e siècle, déracinés contre leur gré, affaibli par un long voyage, l’épreuve due être terrible. Bien plus dures cependant furent les privations alimentaires. On connaît la ration du déporté, par le docteur Guyot (La déportation simple à l’Île-des-Pins –Archives de Médecine Navale, Paris, tomes 36, 1881) . Elle était maigre et peu reconstituante d’autant plus qu’au début, l’administration connut des difficultés et fut obligée de remplacer souvent la viande par du lard sale et le pain par le biscuit. Mais là encore, il faut faire la part des choses, l’ordinaire put être vite améliorer grace aux fruits, légumes et oeufs que les déporte achetèrent aux Kounie[…]
Déportés de la Commune à l’ile des Pins (Photographie d’Allan Hughan).
Le manque de soins fut certainement plus grave. L’ambulance de 100 lits qu’avait crée le gouverneur de la Richerie fut débordée par l’affluence des malades qui débarquaient des transports et dont beaucoup étaient scorbutiques. C’est pourquoi malgré le bon climat de l’ile, beaucoup de déportés furent atteints de maladies graves et que plus de quarante d’entre eux moururent pendant la seule année de 1873.[….] il faut ajouter à ses souffrances les services injustes, et au début sans appel, de certains surveillants hâtivement choisis, les méfaits souvent impunis de la « pègre » dont les conséquences retombaient sur les innocents, et l’ivrognerie généralisée qu’entretenait une bande de mercantis « agrée » en hate dans les Communes. Mais ce sont les souffrances morales nées du dépaysement brutal, de la séparation des familles, de la nostalgie de la capitale, de l’humiliation de la défaite, qui furent sans doute les plus sévères. Et c’est ce point que Jourde est le plus sincère quand il écrit : « bien souvent…la lassitude s’emparait de nous ; ces jours-là nous nous jetions sur nos hamacs humides, mal abrité par notre pauvre toiture de chaume nous contentant de notre pain sec et rêvant tristement à la patrie, aux chères affections que nous avions laissées à six mille lieux de nous ; les larmes étaient dans tous les yeux mais nous les empêchions de couler pour ne pas augmenter la douleur de nos amis par le spectacle de la nôtre. Que d’heures passées ainsi en proie à nos amères réflexions, sans échanger une parole, bloque dans nos insuffisants abris par l’eau qui nous environnait de toutes parts » (Extrait du journal de la société des Océaniste, étude de Georges Pisier, 1971, volume 27)
En 1874, la nourriture s’améliore grandement grâce non seulement aux fournitures des autochtones mais au ravitaillement à peu près régulier en viande et en pain par les soins du boucher et du boulanger agréé par le Commandant Territorial.
Nous ignorons également les travaux de Vendôme le Décidé, mais étant donne le liberté de travail des déportés simples, nous pouvons supposer qu’il a travailler chez le boulanger qui fournissait en pain les déportés ou encore à la boulangerie administrative de l’Ile des Pins qui produisait 2000 rations par jours, soit 1.500 kilos de pains en moyenne, ce qui nécessite un personnel important a l’époque. La farine destinée a la fabrication du pain était importée de France par l’armateur bordelais Armand Ballande.
Photographie d’époque, de nos jours la boulangerie n’existe plus. Service des archives de la Nouvelle Calédonie ; extrait d’un rapport « inventaire des bâtiment du bagne de l’île des Pins » rédigé par l’association In Memoriam.
Le 17 octobre 1875 à l’âge de 47 ans, Louis Pierre Adolphe CHERAMY, Vendôme le décidé décédé à l’Île-des-Pins d’une luxation de la 5eme vertèbres cervicales, suite a un « chahutage » avec Leon célestin Marchais, déporté également, arrive dans le meme navire, veuf, sans enfant ; fondeur en fer. Il avait été condamné antérieurement selon ses dires, à deux mois de prison pour outrages publics à la pudeur ; son casier judiciaire avait été incendié. Il était ivrogne. Le 15 avril 1872, il fut condamné par le 9e conseil de guerre, à la déportation simple pour faits insurrectionnels. Il fut amnistie et rentra en France le 3 jun 1879 a bord du « Navarin » . Ce qui laisse entrevoir le coté accidentel de la mort de Vendôme le Décidé, le terme « chahutage » dans un premier temps et secondement, un meurtre sur un détenu entrainait la peine de mort… ce qui n’a pas été le cas pour Leon Marchais.
L’on remarque la presence d’un tatouage sur la bras droit de Vendôme le Décidé…serait ce le blason des compagnons boulangers du Devoir ?…
Cimetière des Communards de l’Ile des Pins, surnommé par ces derniers « La sixième commune », en référence d’une façon ironique à la division en cinq parties du territoire de l’Ile des Pins alloué aux communards, chaque parties étant nommées « commune » et numérotées de 1 a 5. (photographie 1900-1920) Service des Archives de la Nouvelle-Calédonie.
Plaque du souvenir ce trouvant dans le cimetière des déportés de l’Ile des Pins.
Le monument aujourd’hui…
Panneau devant le cimetière des Communards, à l’Ile des Pins. Ce dernier a été remplacé par un nouveau panneau par la Province sud de la Nouvelle-Calédonie , l’association In Memoriam en est l’auteure scientifique.
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Guinard, propriétaire d’un superbe site de généalogie très riche en informations sur les déportés de la Commune, que je conseil fortement: www.bernard-guinard.com, merci à lui pour les nombreux documents qu’il a eu la gentillesse de mettre à ma disposition, ainsi que le Compagnon pâtissier resté fidèle au Devoir, Toulousain Coeur Sincère, installé en Nouvelle-Calédonie, pour m’avoir communiqué de nombreuses informations et documents photographiques.
Qu’ils soient tous les deux, triplement remerciés.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité C.P.R.F.A.D.
bonjour,
Quelques précisions
L’illustration « Photographie d’époque, de nos jours la boulangerie n’existe plus. » émane d’un rapport « inventaire des bâtiment du bagne de l’île des Pins » que nous avons rédigé. Nous souhaiterions dorénavant que vous nous informiez de l’utilisation et que vous nous citiez. Cette photo est la propriété du service des archives de la Nouvelle Calédonie mais son analyse est la propriété scientifique d’In Memoriam.
L’illustration « Cimetière des Communards de l’Ile des Pins, surnommé par ces derniers « La sixième commune » » est aussi la propriété du Service des Archives de la Nouvelle-Calédonie.
Ce panneau n’est plus devant le cimetière des condamnés, il a été remplacé par la Province sud de la NC par un autre dont nous sommes les auteurs scientifiques.
Nous possédons des informations précises concernant les activités de ce compagnon boulanger pâtissiers pendant son séjour sur kunié.