Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères

 

Nous sommes le 31 mai 1831, jour de la naissance de Louis Bugaud, au hameau de la Griffonière, sur la commune de Mervans (Saône-et-Loire). Ses parents, Pierre Bugaud, né le 12 mai 1790 et son épouse Marie Claudine Lesne née le 17 janvier 1802, mariés à Devrouze (71) le 21 octobre 1823 y sont propriétaires terriens.

Carte postale  place du vieux marche, Mervans

Nous leur connaissons à cette date trois enfants :

Claude Marie, né le 25 novembre 1824 à Devrouze (71), décédé le 2 mai à  Mervans.

Claude Marie dit Adrien, né le 23 mars 1827 à  Devrouze (71).

Pierre dit Eugène, né le 3 octobre 1829 à Mervans (sera confiseur à Chalon-sur-Saône), décédé le 17 septembre 1862 à 33 ans à l’hôpital de Chalon-sur-Saône.

Louis, né le 31 mai 1831 à Mervans (boulanger qui fera son tour de France).
Quatre enfants naitront plus tard :

Marie Claudine née le 12 mai 1833 a Mervans.

Reine Françoise, née le 7 septembre 1834 à Mervans.

Pierre, né le 13 février 1840 à Mervans (boulanger à Chalon-sur-Saône en 1870).

Marie Cécile Claudine dite Apolline née le 30 aout 1845 à Charette (71).

 

Pierre dit Eugène devient confiseur comme son oncle Louis Lesne, le frère de sa mère.

Louis apprend le métier de boulanger et en avril 1855 il exerce sa profession à Chalon-sur-Saône (témoin de mariage de sa sœur Marie-Claudine, le 22 avril 1855 à Charette). Il adhère à la société des compagnons boulangers du Devoir puis il est reçu compagnon du Devoir à Lyon le jour de Pâques de l’année 1856, sous le noble nom de Bourguignon l’Ami des Frères, avec pour frères de réception Jacques Lalisse, Dauphiné l’Exemple de la Sagesse et Antoine Colinel, Clermont la Fidélité. Nous ne possédons pas d’information sur son Tour de France.

Portrait de Louis Bugaud

Le 17 mars 1860, à  Saint-Marcel (71), Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères, épouse Marguerite Gauthey -née à Allériot, le 27 octobre 1840. Il est boulanger à Chalon-sur-Saône.

Le 18 février 1861 a lieu la naissance de Marie au domicile familial, rue Saint-Vincent. Elle décédera à l’âge de 3 mois le 21 avril à Saint-Marcel.

Le 8 septembre 1861, Marguerite Bugaud Gauthey décède à son domicile, rue Saint-Vincent ; un mois et demi plus tard, le 23 octobre 1861, Bourguignon l’Ami des Frères épouse à Allériot, en secondes noces, Anne-Marie Jannin (fille de cultivateur).
Le 14 juillet 1862 a lieu la naissance d’Anne Louise, 23 rue au Change, à Chalon-sur-Saône (les témoins sont Bénigne Brediau, boulanger, âgé de 51 ans et François Chivolet, confiseur, âgé de 42 ans).
Le 20 avril 1864, nouvelle naissance : celle de Marie Emilie, 23 rue au Change (les témoins sont André Brediau et René Ménage, âgés tous les deux de 21 ans) ; cette même année, Bourguignon l’Ami des Frères adhère à la société des Anciens Compagnons Réunis de Chalon-sur-Saône.
Le 2 juillet 1866, c’est la naissance de Louis Charles, 23 rue au Change, le seul garçon de sa fratrie.

Le 2 juin 1868, la tristesse frappe la famille Bugaud : Anne Marie accouche d’un enfant mort-né.
Le 2 mars 1870, naissance de Joséphine, 23 rue au Change (témoin Pierre Bugaud, boulanger, oncle paternel).

En 1871, Bourguignon l’Ami des Frères est boulanger à Saint-Jean-de-Vaux (71) au lieu-dit Sous l’Orme, et il exploite en même temps l’omnibus du trajet Saint-Jean-de-Vaux / Chalon-sur-Saône.

Photo : La bâtisse qui abritait la boulangerie de Bourguignon l’Ami des Frères

A cette même période (71/72), son jeune frère Pierre, après avoir été boulanger à Chalon-sur-Saône en 1870, est installé à Germolles commune de Mellecey (71)  accompagné de son épouse Jeanne Jannin, cousine d’Anne-Marie Jannin, seconde épouse de Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères.

En 1876,  loge chez  le couple Pierre Bugaud,  au 69 de la route départementale,  le compagnon boulanger du Devoir Charles Gay, Bressan la Bonne Conduite*, son épouse et leurs deux filles, Marie-Louise et Marthe. Le couple Bugaud a également deux filles, Jeanne et Adèle.

Ce qui amène l’hypothèse suivante : Pierre Bugaud, était certainement associé à Charles Gay, Bressan la Bonne Conduite sur une période située entre 1872 et 1879.

Carte postale St Jean de Vaux, place et diligence

Le 4 novembre 1871, l’épouse de Bourguignon l’Ami des Frères, Anne-Marie, décède à Saint-Jean-de-Vaux (71).

Le 20 mars 1872, dans cette même commune, Bourguignon l’Ami des Frères épouse en troisièmes noces Madeleine Rousset, lingère à Paris (née le 10 octobre 1841 de père inconnu et d’Adélaïde Rousset, domiciliée à Paris). Madeleine a deux filles : Cécile, âgée de 4 ans (née le 24 mars 1868 à Chalon-sur-Saône) et Louise, âgé de 2 ans (née le 30 avril 1870 à Paris- VIIIe).

Le 25 mars 1873, naissance de Rosalie à Saint-Jean-de-Vaux.

Le 20 juillet 1874, naissance de Madeleine Pauline dans cette même commune.

Le 11 mars 1877, naissance d’Ernestine Françoise Anaïs au même lieu (décédée à Saint-Jean-de la-Porte, le 7 novembre 1870).

Lors de la  période située entre 1880 et 1881, Bourguignon l’Ami des Frères reprend le commerce  de boulangerie de son frère Pierre à Germolles. Son fils Louis Charles, alors âgé de quinze ans, travaille à  son coté.

Madeleine Bugaud Rousset décède le 21 septembre 1881 dans cette commune, Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères  est veuf pour la troisième fois…

Le 11 septembre1886, sa fille Anne Louise, alors sage-femme, épouse à Mellecey le tailleur de pierre André Paul Platret.

En 1892, accompagné de ses filles Ernestine et Madeleine, Bourguignon l’Ami des Frères  monte à Paris et s’installe chez son fils Louis Charles, Chalonnais l’Enfant du Devoir, qui est également compagnon boulanger du Devoir.

Anne Louise et son époux  André Paul Platret reprennent alors le fond de commerce de Germolles.

Le 2 février 1897, par décision du tribunal de Chalon-sur-Saône, le couple  divorce. André Paul Platret épouse en secondes noces, le 8 janvier 1898, Marguerite Borderon et continue à exploiter le fonds de boulangerie jusqu’en 1906.
C’est le compagnon boulanger des Devoirs Unis, Claude Perrot, Bourguignon le Soutien de la Canne*, qui rachète le fonds de commerce.

Pendant ce temps à Paris, Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères aide son fils à sa boulangerie et en 1902,  il prend sa retraite à Saint-Germain-sur-Morin (Seine-et-Marne) où son fils a acheté une petite maison rue de la Gare.

Vivant seul avec pour compagnon un petit caniche du nom de Rip, ils fréquentent ensemble régulièrement le café Martin (aujourd’hui Café de la Mairie). Bourguignon l’Ami des Frères y retrouve ses amis pour partager un verre ou bien encore faire une partie de cartes.

Photo : Le Café Martin, Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères, assis en tenue claire, vers 1905.

En 1904, son fils Louis Charles, Chalonnais l’Enfant du Devoir, vend la maison de la rue de la Gare et achète une propriété rue de la Champagne.


Au cours de la première semaine de mars 1908, Bourguignon l’Ami des Frères décide de dessoucher un vieil arbre dans l’un des nombreux vergers qui  sont autour de son domicile. Comme il a fortement transpiré durant l’effort et qu’il souhaite se rafraîchir, il descend dans sa cave pour effectuer quelques menus travaux, puis le soir arrive, il se couche comme à son habitude.

Le lendemain 7 mars, à l’heure habituelle, les copains du Café Martin voient arriver Rip, le fidèle caniche de Bourguignon l’Ami des Frères. Il est seul. Il aboie, geint et tire entre ses dents le bas des pantalons… Comprenant rapidement la gravité de la situation, les copains se précipitent au  domicile de son maître et ils le trouvent mourant. Bourguignon l’Ami des Frères décède le 7 mars et il est inhumé au cimetière de Saint-Germain-sur-Morin. La cérémonie terminée, le cimetière se vide progressivement et la grille se referme, laissant ce compagnon boulanger du Devoir avec l’éternité. Le lendemain, le fidèle caniche est retrouvé mort, empalé sur la grille du cimetière.

 Illustration compagnonnique  de La Fidélité et de la mort

La Fidélité

par Jean-Baptiste Bourguet,  Forézien Bon Désir, compagnon tisseur-ferrandinier du Devoir (Valbenoîte, 1827-Saint-Etienne, 1900).

* Charles Gay, né le 16 juillet 1846 à Saint-Christophe-en-Bresse (71), reçu compagnon boulanger du Devoir à Chalon-sur-Saône à la Saint-Honoré 1864, sous le noble nom de Bressan la Bonne Conduite. Marié à Chalon-sur-Saône le 28 janvier 1868 à Jeanne Taillevent né le 18 avril 1844 dans cette même commune. Bressan la Bonne Conduite a pour beau-frère par mariage Adolphe Philippe Note, reçu compagnon boulanger du Devoir à Chalon-sur-Saône à la Toussaint 1880 sous le noble nom de Bourguignon le Bien Décidé, époux de Joséphine Taillevent, soeur de Jeanne. Jeanne Gay Taillevent décède le 13 septembre 1879 à Chalon-sur-Saône. Le 27 aout 1881 à Chalon-sur-Saône, Bressan la Bonne Conduite épouse en secondes noces Anne Baudry.  Bressan la Bonne Conduite décède dans cette même commune, rue Nicéphore-Niepce, le 26 juillet 1899, âgé de 53 ans.

* Claude Perrot, né le 19 mai 1872 à Touches (71), reçu compagnon boulanger des Devoirs Unis à Chalon-sur-Saône le 20 mai 1899 sous le noble nom de Bourguignon le Soutien de la Canne. Marié au Creusot (71) le 11 février 1904 avec Julia Maria Aublanc, née à Vauban (71). Décède à Germolles en 1931. Sa veuve et leur fils Maurice, boulanger comme son père, continuèrent d’exploiter la boulangerie.

 

Louis Charles BUGAUD fils, Chalonnais l’Enfant du Devoir

Portrait de Louis Charles Bugaud

Louis Charles Bugaud, né le 2 juillet 1866, a dû quitter très tôt l’école pour aider son père boulanger et épouser cette profession.

Photo , registre des réceptions des compagnons boulangers Chalon, St Honoré 1884

Il intègre comme son père la société des compagnons boulangers du Devoir et est reçu compagnon boulanger à Chalon-sur-Saône à la Saint-Honoré 1884, sous le noble nom de Chalonnais l’Enfant du Devoir. Ce nom de compagnon peut s’expliquer par son jeune  âge de réception : il a 18 ans, âge minimum à cette époque pour devenir compagnon boulanger. Chalonnais l’Enfant du Devoir a pour frère de réception Louis Balvet, Maconnais le Soutien de la Canne, compagnon qui sera très actif sur la ville de la Rochelle.

Portrait de Louis Balvet, Maconnais le Soutien de la Canne, à la Rochelle en 1910

Photo du Levé d’acquit de Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir. Celui-ci a séjourné dans la ville d’Orléans 4 mois, d’octobre 1884 au 28 janvier 1885, et a été « bon ouvrier » et se dirige vers Blois.

Premier en Ville : Joseph Jaboureck, Guépin la Clef des Coeurs

Second en ville : E. Pacaud, Périgord l’Aimable Conduite

Rouleur : Jacques Chaillot, Saintonge le Courageux.

Quitte Blois pour Tours, le 2 février 1885

Premier en Ville : Louis Rimboux, Blois Le Juste.

Second en ville : Henri Doucet, Poitevin le Franc Coeur.

Rouleur : Louis Dumont, Saumur Rose d’Amour.

Voici ce qu’a écrit son fils Marcel sur les années de compagnonnage de son père (communiqué par Mme Anne-Marie Deconinck, arrière-petite-fille de Louis Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir) :

« Parcourant de grandes villes provinciales très dispersées, notamment Tours, La Rochelle, Sens, Troyes, sans aucune aide familiale, il travaille chez des patrons de toutes importances et dans des sociétés, coopératives et des manutentions civiles : assistance publique, hôpitaux et même militaires.

Gravure de la Boulangerie de l’Assistance Publique « Scipion », Paris, 1874

Il prend connaissance de toutes les particularités de son métier, occupe tous les postes : pétrissage (qui se fait quelquefois mécaniquement), préparation des pâtes, cuisson du pain, élaboration de la pâtisserie. Il est appelé aussi à des remplacements dans la boulangerie rurale faute de travail en ville, quelquefois même parce qu’il n’a plus d’argent ou des dettes chez la Mère des compagnons

Peinture d’un boulanger pétrissant a la main : C’est ainsi qu’il travaille souvent seul…

C’est ainsi qu’il travaille souvent seul, exécute toutes les phases de son métier et voit les résultats de son travail personnel. Il constate aussi les retards généralisés de cette boulangerie rurale qui travaille empiriquement – comme chez son père – et nous verrons plus tard qu’il n’a pas oublié ces enseignements. » 

Lors de l’appel sous les drapeaux en 1886, Chalonnais l’Enfant du Devoir est réformé, ayant été, adolescent, gravement blessé à une jambe par un cheval lorsqu’il aidait son père à s’occuper de l’omnibus à Saint-Jean-de-Vaux, blessure dont il gardera des séquelles douloureuses toute sa vie.
En 1887, il prend à bail un fonds de boulangerie à Chalon-sur-Saône, rue des Poulets, qu’il tient avec deux de ses sœurs, Cécile et Louise. Mais, dans l’impossibilité de payer les huit cents francs de dettes que lui réclame son propriétaire, ses meubles sont saisis par un huissier à la fin de l’année et sur les conseils d’un de ses fournisseurs, monsieur Bernigaud, minotier de Louhans, il dépose son bilan au tribunal de commerce. Parallèlement, en mai de cette même année, il est Second en Ville (vice-président) de la cayenne des compagnons boulangers du Devoir de Chalon-sur-Saône.
Chalonnais l’Enfant du Devoir se marie à Chalon-sur-Saône le 11 février 1888 avec Maria Thérésia Perret, cuisinière, domiciliée à Saint-Denis (Seine). Attiré par la capitale, le couple monte aussitôt à Paris. Ayant compris qu’il n’est pas encore prêt à être patron, il se fait embaucher dans une boulangerie industrielle parisienne, puis chez un artisan boulanger.

Carte postale rue des Poissonniers

Le couple est domicilié au 29, rue des Poissonniers, à Paris-XVIIIe, lors de la naissance le 6 janvier 1889 de son premier fils Marcel.

Laissons Marcel Bugaud nous rapporter cette période : 

« …Voilà nos jeunes mariés «  Parisiens » douze jours après leur mariage. Ils logent quelques jours dans un garni près des Halles (rue d’Alger) ; on va voir la Mère des compagnons, on trouve un logement à Montmartre, 50 rue des Poissonniers, et du travail dans une grosse boulangerie coopérative à Aubervilliers (Seine) : une heure de trajet à pied. Il faut un « brigadier » (c’est l’ouvrier qui s’occupe du four), poste très dur, neuf à dix fournées par jour – douze heures de travail la nuit, sans fête ni dimanche ; mais il gagne bien sa vie.

Ma mère, antérieurement cuisinière à la Maison de la Légion d’Honneur à Saint-Denis (Seine), ne reste pas inactive. Elle trouve du travail de couture à la machine chez un fournisseur d’équipements militaires ; elle confectionne à la maison des « musettes » pour les soldats et reçoit un sou par pièce. On s’en sort. Cependant la famille s’agrandit : le 6 janvier 1889 un fils vient au monde, le narrateur.

Hélas le travail du père est trop fatigant et comportant les déplacements journaliers à Aubervilliers,  il ne peut continuer ; il faut chercher un emploi plus proche.

La Mère des Compagnons lui trouve à nouveau un emploi plus proche, un poste de brigadier, 9 rue Poulet  XVIIIème, à deux pas de la maison, dans une boulangerie importante, bien menée par une femme commerçante mais dont le mari « boit », n’est pas assidu à son travail et fait un pain très irrégulier. Mon père doit bientôt faire les deux postes, pétrisseur et brigadier, four et pétrin. Son travail est rapidement apprécié non seulement par la « patronne » mais aussi par la clientèle qui s’accroit rapidement et il ne tarde pas, en fait, à diriger toute la panification. On cuit 350 à 400 kilos de farine par jour, tout fait à bras. Bien entendu il commande les farines et tous les produits nécessaires au travail, modifie beaucoup de choses dans l’exécution de celui-ci.

Cependant, toujours assez « tangent » comme état de santé, quoique très sérieux et sobre, il sent que, de moins en moins aidé par le patron, il ne tiendra pas le coup.

« Patronne, je ne pourrai pas continuer longtemps ainsi, vous avez maintenant une bonne boîte, le patron devient bon à rien, votre fonds a de la valeur, il faut trouver un acquéreur ».

Quelques mois se passent, Madame Ponsot, la patronne, vend son fonds. »

 

Chalonnais l’Enfant du Devoir, grâce à l’aide d’un marchand de farine qui  remarque et apprécie son courage, ses compétences et son honnêteté, s’installe à son compte en 1891 au 3, rue Marie-Stuart (IIe), maison qui  le 20 janvier 1894, voit la naissance d’un second fils nommé Charles. Il  revend cette boutique en 1896, pour en prendre une plus importante, le 4 juillet, au 4, boulevard Ornano (XVIIIe).

Photo La boulangerie du 4, boulevard Ornano ; Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir, à droite, avec son épouse Maria Thérésia et leur fils Marcel

Nous constatons à la lecture des archives que bien qu’ayant été Second en Ville de la cayenne de Chalon-sur-Saône en 1887, l’activité compagnonnique de Chalonnais l’Enfant du Devoir s’arrête à Paris, et cela pour différentes raisons.
Primo, la période parisienne de Chalonnais l’Enfant du Devoir est identique dans le temps à celle des fortes tensions entre compagnons boulangers du Devoir voulant conserver leur entière autonomie (branche du Ralliements des compagnons dits restés fidèles au Devoir) et ceux de la Fédération Compagnonnique de tous les Devoirs Réunis, qui participent à la fondation de l’Union Compagnonnique en 1889 (ce qui aura pour conséquence la radiation de ces derniers par le congrès des compagnons boulangers du Devoir à  Blois en 1895). L’activité professionnelle et familiale de Chalonnais l’Enfant du Devoir étant très importante, il ne peut être régulièrement au contact de sa société compagnonnique et se trouve d’une certaine façon « déconnecté » de son activité.

Secondo, Chalonnais l’Enfant du Devoir a été recu par la cayenne de Chalon-sur-Saône en 1884, alors que celle-ci, ouverte vingt ans plus tôt, est déjà à bout de souffle. De plus, elle est pro-Union Compagnonnique. Bien que n’adhérant pas à l’Union Compagnonnique, des liens forts continuent d’exister entre L. C. Bugaud et les compagnons boulangers qui l’ont reçu à Chalon-sur-Saône. Comme beaucoup d’autres en pareil cas, il choisit la neutralité et entre en sommeil.

Photo Cachet des compagnons boulangers du Devoir de la cayenne de Chalon-sur-Saône

Tertio, un facteur particulier mais des plus importants sur Paris explique le retrait de Chalonnais l’Enfant du Devoir. A cette époque, les compagnons boulangers de la capitale, bien que se membres statutairement d’une société mixte (patrons et ouvriers), sont engagés pleinement dans les revendications et les luttes ouvrières. C’est la lutte contre le travail de nuit, contre les bureaux de placement, pour le repos hebdomadaire, de meilleurs salaires, etc. Lors des grands rassemblements ouvriers, des délégués des compagnons boulangers du Devoir de la ville de Paris sont présents et exposent leurs positions, tel Georges Taburet, Sablais l’Ami du Courage, qui participe en 1892 au Congrès ouvrier des métiers de l’alimentation contre les bureaux de placement privés. Un compagnon installé à son compte, courageux, ambitieux, innovant et de plus très attaché aux valeurs familiales, ne peut se reconnaître dans ce compagnonnage « prolétaire » de la ville de Paris, qui participe jusqu’aux années 1920 aux grèves de la boulangerie parisienne et dont certains membres n’hésitent pas à faire le coup ou à casser du jaune (« jaune » étant le surnom donné aux non-grévistes).

En 1902, Chalonnais l’Enfant du Devoir achète une petite maison à Saint-Germain-sur-Morin, rue de la Gare et quelques vergers afin que son père Louis, Bourguignon l’Ami des Frères, quitte Paris et s’y repose. Deux ans plus tard, il la revend pour acquérir une propriété plus importante, rue de la Champagne.

En 1906, après s’être équipé d’un premier pétrin mécanique Le Rationnel et aidé par son fils Charles qui a acquis des compétences techniques chez un serrurier-mécanicien travaillant pour des inventeurs, il fait fabriquer pour sa boulangerie le premier pétrin mécanique de sa conception. Il le baptise Le Second Aide. Cette volonté de mécaniser la production est certainement due au handicap d’un pied qui ne le quitte pas depuis son accident de cheval à Saint-Jean-de-Vaux lorsqu’il était adolescent.

Gravure Le Rationnel  inventé par un minotier d’Arras, Havet-Delattre.

Louis Charles cède sa boulangerie à sa sœur ainée Anne Louise qui avait tenu la boulangerie de leur père à Germolles lorsque ce dernier était monté à Paris, et suite au décès de son père, il s’installe dans la maison de Saint-Germain-sur-Morin avec sa famille et y construit un atelier. En 1909, Louis Charles présente son pétrin à l’Exposition internationale de l’est de la France à Nancy : « Bugaud, pétrin mécanique, 4 boulevard Ornano, Palais de l’alimentation ».

En 1911, Marcel, son fils ainé, est appelé sous les drapeaux. Lisons Anne-Marie Deconinck  :

« Mon grand-père, Marcel Bugaud est déclaré bon pour le service armé au printemps 1911. Il avait passé le conseil de révision en 1910, où il avait alors été ajourné. Il fait deux ans de service militaire, d’abord dans le 132ème de ligne, à Verdun, jusqu’en octobre 1911. En janvier 1912, il est passé caporal ; il a alors suivi le peloton de préparation des E.O.R. à Reims. Fin avril 1911, il est nommé sous-lieutenant et affecté au 43ème régiment d’infanterie, à Lille, où il reste jusqu’en novembre 1913. C’est la fin de son service militaire. »

Photo Marcel Bugaud, épée en main, caserne Boufflers, Lille, 14 juillet 1913

Photo Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir à  la Une du journal Le Génie Civil du 18 septembre 1909, lors d’essais comparatifs de différents pétrins réalisés à Paris dans la galerie des machines du Champs de Mars.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64912813.r=bugaud

Suite dans le numéro du 25 septembre :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6491282h/f4.image.r=bugaud

 

C’est à partir de 1912 que Louis Charles, Chalonnais l’Enfant du Devoir, décide de fabriquer lui-même ses pétrins à Saint-Germain-sur-Morin. Le choix de cette commune repose sur trois raisons essentielles : il est propriétaire du lieu-dit La Champagne ; la présence d’une gare (pour l’arrivée des matériaux et l’expédition des pétrins) ; du gaz (nécessaire aux différents process de fabrication).
Son fils Charles, âgé de 18 ans, fabrique alors seul les pétrins puis avec l’aide d’un apprenti ; la cuve en bois est fabriquée, elle, par monsieur Manche, menuisier, route de Melun. Marcel, qui en 1913 a terminé son service militaire, les rejoint et prend la direction administrative et commerciale de l’entreprise. Une voiture d’occasion est alors achetée, une « De Dion », et l’on installe le téléphone.

 Planche extraite du Nouveau manuel complet du boulanger, ou Traité pratique de la panification française et étrangère…Tome 1 ;  par J. Fontenelle et F. Malepeyre. Nouvelle édition, entièrement refondue, et mise au courant par Schield-Treherne… Edition L. Mulo (Paris), 1914

Dessin Pétrin Bugaud, version cuve métallique

Les différents pétrins lors des essais dans la galerie des machines du Champs de Mars à Paris; le pétrin Bugaud « Second aide » se trouvent au centre.

Petit pétrin d’essai  Bugaud, version cuve métallique (arch. familiales)

Photo extrait de publicité (les récompenses)

Le pétrin souffleur Bugaud sera de nombreuses fois honoré et  récompensé lors de concours industriels.

L’entreprise est florissante : de novembre 1913 à août 1914, il est vendu 100 pétrins à 1200 francs (3600 euros pièce de nos jours).

Puis c’est la Grande Guerre : Marcel et Charles, les deux fils de Chalonnais l’Enfant du Devoir , sont mobilisés…

 

La Grande Guerre

La guerre éclate, Marcel et Charles sont mobilisés, et l’état de santé de leur mère Maria Thérésia., malade, se dégrade jour après jour pour aboutir à son décès le 26 août 1914.

1916, lors d’une rare permission, le père et ses fils.

 De gauche à droite, Charles, mécanicien dans l’aviation ; Louis Charles, Chalonnais l’Enfant du Devoir; Marcel, capitaine dans l’infanterie.

Les premiers mois de guerre sont très difficiles pour Chalonnais l’Enfant du Devoir. Il devient veuf, ses deux fils sont sur le front, et il doit, avancée des troupes allemandes oblige, abandonner son domicile et son entreprise. C’est l’exode. Il reviendra après la victoire de la Marne en septembre 1914.

Lisons Marcel Bugaud : « Mobilisé à Lille, je fus d’abord affecté à l’instruction des recrues du régiment au dépôt. Celui-ci fut évacué vers Bellac (Haute Vienne) où je fus de nouveau à l’instruction, après la bataille de Charleroi et celle de la Marne, en passant par un trajet maritime du Havre à La Rochelle.

Je partis enfin au front à la fin février 1915 avec un renfort de 700 hommes et seul officier. Séjours très variés sur une grande partie du front au 127ème RI tant en Champagne qu’à Verdun et sur la Somme puis au Chemin des Dames jusqu’au 17 avril 1917 où, blessé*, je fus évacué et soigné à Paris. Retapé, ma convalescence accrue d’un mois me mena cependant à nouveau au front dans les Flandres où je repris en octobre 1917 le commandement de ma compagnie. Nouveau séjour peu agréable dans les Flandres humides pendant l’hiver 17-18, puis en mars de nouveau en Champagne puis sur la Somme et dans l’Oise pour connaitre une nouvelle affectation à l’armée américaine en mai 1918.  Envoyé en Amérique le 14 juin pour l’instruction des officiers américains je fus de retour en France après l’armistice du 11 novembre 1918. Affecté à mon retour en janvier 1919 au camp de La  Courtine à l’instruction des recrues récupérées du Nord reconquis, je ne fus cependant démobilisé qu’en septembre 1919. »

* A la tête d’un bataillon de sapeurs-pionniers,  il a  des doigts arrachés et un pied abimé par l’explosion d’une grenade en tentant de protéger les hommes de son bataillon.

Photo, Marcel Bugaud,  sur le USS Chicago au départ de Bordeaux pour les USA,  traversée  mouvementée, un sous-marin allemand  poursuivit le navire pendant une semaine.

Photo du navire USS Chicago

Photo Marcel Bugaud au camp Dodge dans l’Iowa.

Photo Camp Dodge, nous remarquons l’immensité du camp militaire 

Lisons Anne-Marie Deconinck : « Aux Etats-Unis mon grand-père Marcel a découvert une nouvelle dimension industrielle, une ouverture vers un autre monde. A son retour, il a essayé d’introduire des méthodes américaines. J’ai retrouvé ces photos dans les affaires de ma grand-mère, Raymonde Conche. Je l’ai bien connue mais elle parlait peu de cette période. Elle s’était mariée* en 1917 lors de la convalescence de mon grand-père. Ce dont elle parlait vraiment c’est de la naissance de mon oncle (Jacques Bugaud), en mai 1918, sous les bombardements dans le XIIIème arrondissement de Paris, rue Bobillot. Mon grand-père parlait souvent de la guerre et des tranchées. Il lui manquait des doigts et donc cela nous  intriguait et on lui posait des questions !  »

Photo Bombardements du 2 juin 1918, rue de Tolbiac, Paris-XIIIe.

* Marcel Bugaud est sur tous les fronts, affecté successivement à quatre régiments d’infanterie différents, 132 ème , 165 ème, 127 ème, et 76 ème . Il se marie lors d’une permission, le 8 août 1917 à Saint-Germain-lès-Couilly avec Raymonde Anais Jeanne Conche.

Journal officiel de la République française. Lois et décrets du 15 septembre 1917 :

Citations à l’ordre de l’armée :

Bugaud Marcel, capitaine au 127e régiment d’infanterie officier du plus haut mérite, modeste, autant brave que dévoué. Le 17 avril a fait échouer une contre-attaque ennemie en se rendant résolument à la tête de ses grenadiers, entraînés par son exemple. Blessé grièvement au cours du combat, n’a songé à se faire panser que lorsque l’ennemi fut définitivement repoussé. Déjà cité deux fois, à Verdun et dans la Somme.

Extraits du registre matricule des armées :

Blessures, actions d’éclat, décorations

Cité à l’ordre du C.A.N 2R du 24 septembre 1916

Commandant le peloton de sapeurs pionniers a rendu d’inappréciables services notamment dans la période critique du 28 août au 5 septembre 1916 où le régiment était en 1ère ligne dans et au combat grâce à son intelligente activité, son ingénieux dévouement à travers une région dépourvue de communication battue par l’artillerie ennemie.

A réussi à ravitailler les bataillons en vivres au prix des plus grandes difficultés sous un bombardement incessant.

Citation a l’ordre  de la DI  n°15 du 21 avril 1916

Officier d’une haute valeur morale modeste autant que brave. A dirigé les travaux de sapeurs pionniers souvent dans des conditions difficiles et exécuté des reconnaissances périlleuses donnant à tous  l’exemple d’un zèle et d’un dévouement inlassables.

Dans la période critique du 8 au 23 septembre 1916 a déployé pour hâter la construction d’abris et l’aménagement des tranchées une activité profitable à tous malgré un bombardement presqu’ininterrompu.

Croix de guerre, chevalier de la légion d’honneur à compter du 16 juin 1920 (JO du 9-11-1920) « excellent officier d’une bravoure réputée, s’est brillamment  distingué au cours de la campagne et a montré de réelles qualités d’énergie et de sang-froid.

Une blessure

Plusieurs fois cité ».

Photo Légion d’Honneur

Marcel Bugaud, fut surnommé par « ses braves poilus » dans les tranchées, la fée du régiment, surnom reflétant son courage, sa volonté, son héroïsme, et surtout et avant tout, le don de soi pour le bien de ses semblables, le tout couronné par la discrétion et la modestie. Tout  ce qui fait les Grands Hommes.

Charles est mobilisé fin août 1914 et incorporé au 37e régiment d’infanterie à Dreux puis rapidement transféré au 8e régiment d’artillerie de Nancy. Il est envoyé sur le front en Belgique, à Poperinge, avant d’être versé dans l’aviation. Breveté mécanicien d’aviation, il travaille à l’usine Leflaive à Saint-Etienne, à la fabrication des moteurs Hispano-Suiza pour l’aviation, où il acquiert des compétences qui lui seront utiles plus tard.

Photo publicité établissement Leflaive à St Etienne

 

 

L’après Guerre

Marcel et Charles rentrent tous les deux à la maison, blessés mais vivants !
Le 22 février 1919, à Saint-Germain-sur-Morin, Louis Charles, Chalonnais l’Enfant du Devoir se remarie avec Jeanne Laval et fonde cette même année avec ses fils Marcel et Charles la « Société L. BUGAUD père et ses fils ».

Le 5 avril 1919 à Saint-Germain-sur-Morin, Charles se marie avec Augustine Madeleine Lhéritier.
Depuis 1906, Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir propose à sa clientèle qui n’est pas reliée à un réseau électrique, d’équiper les pétrins d’un moteur anglais à essence Gardner, mais l’approvisionnement s’avère difficile, en particulier à cause du premier conflit mondial. Il décide donc en 1919, avec son fils Charles, de fabriquer des moteurs de 3 puis de 5 CV à essence. D’année en année, les moteurs deviendront de plus en plus puissants. Charles fait également breveter une « boîte de vitesse progressive » qui ne sera jamais exploitée.

Photo Marcel Bugaud sous une tente présentant les pétrins lors d’une exposition

Les pétrins et moteurs Bugaud présentés par Marcel Bugaud sur une exposition

L’entreprise Bugaud, qui compte jusqu’à quarante employés, est représentée sur tout le territoire national par de nombreux agents commerciaux et expose entre 1920 et 1924 au Salon de la machine agricole, porte de Versailles, à  Paris. Les pétrins Bugaud sont également exportés en Afrique du Nord comme en témoignent ces deux documents :

L’Echo d’Alger du 6 août 1924 :

Le Boulanger moderne veut un pétrin automatique, simple, robuste, silencieux et de prix économique. Il adopte donc le pétrin Bugaud Le Second aide qui possède ces qualités. Agence et dépôt  S. Gallo, 5, rue Bourlon, Alger. »

– Il est répertorié dans le Bulletin mensuel de l’Office du protectorat français, Tunisie, de novembre 1932.

Nous observons en bas, de gauche à droite : une boulangerie, une batteuse, une menuiserie/scierie, un manège carrousel, l’éclairage de nuit.

En 1925, Charles met au point un moteur polycarburant, L’Essensuil, qui sera breveté. En 1932, naissance d’un moteur de 20 CV à deux cylindres, suivi en 1934 d’un moteur de 40 CV à quatre cylindres. Les Bugaud sont reconnus par leur personnel comme des hommes compétents, courageux et justes, ce qui leur assure une forte autorité ; les ouvriers payés au rendement ont un salaire plus élevé que ceux de la région, et pour ces raisons ils ne participeront pas aux grèves de 1936.

Marcel Bugaud présente au concours annuel de motoculture de Senlis (60) un tracteur Fordson  rallongé par ses soins afin qu’il puisse accueillir un moteur poly-carburant Essensuil bicylindre de 20 chevaux  (vers 1937).

Publicité Les moteurs Bugaud créés par Charles Bugaud

Publicité : En 1938 sort le premier tracteur Bugaud :

 « Il remplace deux chevaux, mais ne mange que quand il travaille »

Un tracteur original qui a deux roues à l’avant, une à l’arrière, toutes trois motrices et directrices et qui fonctionne au polycarburant

 

La seconde guerre mondiale.

De nouveau la guerre, l’entreprise Bugaud participe à l’effort de guerre. Elle doit sortir de ses ateliers, en plus de la fabrication des pétrins et tracteurs, 30 000 projectiles de 50 mm pour de petits mortiers d’infanterie et des groupes électrogènes pour différents corps d’armée. Puis de mai à juillet 1940, c’est à nouveau l’exode…

Photographie familiale :

Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir et six de ses sœurs vers 1940

À leur retour les Bugaud trouvent leur maison pillée, mais l’usine n’a pas été dégradée. L’occupant allemand classe l’entreprise Constructeur de machines agricoles, fixe et surveille la production. Chalonnais l’Enfant du Devoir et ses fils emploient tous les moyens possibles pour éviter à leurs ouvriers de partir en Allemagne pour le Service du Travail Obligatoire imposé par l’occupant. Obligés dans leur usine de fabriquer des soupapes pour des navires allemands ils ont, dans la mesure de leurs moyens et en prenant des risques, retardé ou entravé la production.
Au printemps 1943, Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir, présente des symptômes inquiétants, probablement ceux d’un cancer digestif.  Il est opéré en juillet mais il meurt peu après, entouré des siens, le 23 août 1943, à l’âge de soixante-dix-sept ans, à Saint-Germain-sur-Morin.

Le 31 juillet 1944, la BBC  diffuse le message codé suivant : “Dans le potager, le jardinier arrose les laitues”. Le lendemain, juste après 14 heures, aux Saisies (Savoie), 78 bombardiers  B17 américains, encadrés par une trentaine de chasseurs Mustang, larguent 864 conteneurs remplis d’armes, de munitions, de matériel d’infirmerie, de vêtements, de vivres pour 3 000 hommes. Sur le terrain, d’importants groupes de maquisards et leurs chefs sont présents comme le capitaine Jean Bulle, Joseph Gaudin, Raymond Bertrand, Louis Bellet, Jacques Bugaud alias Nicolas (âgé de 26 ans). Jacques Bugaud, fils de Marcel Bugaud, petit-fils de Chalonnais l’Enfant du Devoir, arrière-petit-fils de Bourguignon l’Ami des Frères.

Photo : Parachutage sur Les Saisies le 1er août 1944

Le parachutage d’armes sur Les Saisies fut l’un des plus importants en France, destiné à aider la Résistance avant le débarquement de Provence du 15 août 1944

Si les Bugaud devaient avoir une devise familiale, « Devoir et Servir » leur correspondrait parfaitement.

 

L’après-guerre

L’Etablissement L. Bugaud Père et ses fils a du mal à se relever des conséquences de la guerre et il abandonne progressivement sa propre production pour devenir sous-traitant du constructeur de pétrins Mahot et d’autres entreprises comme les treuils Pan et les tracteurs Renault.
Le 25 octobre 1952 à Saint-Germain-sur-Morin, Charles épouse en secondes noces Emillienne Juliette Jouan.
En 1958, Marcel a 69 ans et Charles 64 ans, ils souhaitent vendre et prendre une retraite bien méritée.

Achard, entreprise de matériel de papeterie, se porte acquéreur. Une société est créée : A.B.C. (Achard, Bugaud et Compagnie). Marcel reste quelques mois dans l’entreprise afin d’assurer le plus longtemps possible la fourniture des pièces détachées de pétrins, moteurs, tracteurs, à ses clients puis, en janvier 1961, il quitte définitivement l’usine et prend sa retraite à l’âge de soixante-douze ans.

Marcel Bugaud décède à Saint-Jean-de-la-Porte (Savoie) le 13 mai 1976.
Charles Bugaud « L’inventeur » décède à Prémery (Nièvre) le 27 octobre 1983. Il est nécessaire de préciser que Charles ne se contenta pas d’inventer pétrins, moteurs et tracteurs, il modifia de nombreuses machines ainsi que les tours de l’atelier et il fabriqua une nacelle automotrice pour se déplacer sur les lignes à haute tension pour permettre leur contrôle ; cette invention intéressa Forclum, entreprise spécialisée dans l’installation des systèmes d’électricité de basse, moyenne et haute tension.

 

2015, un siècle plus tard, Bugaud est l’Histoire

Photo : Pétrin Bugaud, cuve en bois entrainée par un moteur Bugaud.

La Bourse du printemps 2012, à Dolomieu (38)

Photo : Tracteur Bugaud

Fêtes des moissons, 1er août 2015, Saint-Maurice-sur-Aveyron (45).

Photo : Aujourd’hui, à Saint Germain-sur-Morin, la Rue des Frères Bugaud

 

Je tiens à remercier tout particulièrement Madame Anne-Marie Deconinck, arrière-arrière-petite-fille de Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères ; arrière-petite fille de Louis Charles Bugaud, Chalonnais l’Enfant du Devoir et petite-fille de Marcel Bugaud.

C’est effet grâce à elle, suite à un premier contact avec Monsieur Laurent Bastard, directeur du musée du Compagnonnage de Tours, que  j’ai pu rédiger ces biographies.

Aujourd’hui, par ces lignes et illustrations, Bourguignon l’Ami des Frères, Chalonnais l’Enfant du Devoir et ses deux  fils, entrent ensemble dans le Temple de Mémoire du Compagnonnage de la boulangerie, tels les Grands Hommes de la France au Panthéon.

Merci à la mairie de Saint-Germain-sur-Morin pour nous avoir communiqué la photographie de la Rue des Frères Bugaud

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

 

Commentaires concernant : "Louis Bugaud, Bourguignon l’Ami des Frères" (1)

  1. Joseph WEISS a écrit:

    du tonnerre.

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