Les syndicats 1/2

Au XIXe siècle, le développement de la grande industrie en Europe occidentale a entraîné des bouleversements dans la façon de produire et dans l’organisation de la société avec l’apparition des ouvriers d’usine qui se sont regroupés en syndicats pour défendre leurs intérêts professionnels face au patronat et obtenir des lois sociales. (Voir chapitre Les révolutions, paragraphe La Commune)

Les compagnonnages ont été confrontés à ces nouvelles conditions de travail et de production, à un nouvel environnement syndical et politique et ont dû se réorganiser.

Lois régissant le travail, quelques dates importantes :

  • 1813 : interdiction du travail dans les mines pour les enfants de moins de 10 ans.
  • 1840 : les journées de 15 heures de travail sont habituelles dans les fabriques de laine, coton et soie.
  • 1841 : loi fixant la durée du travail journalier à 8 heures pour les enfants de 8 à 12 ans, et à 12 heures pour les enfants de 12 à 16 ans.
  • 1848 : décret fixant la journée du travail des adultes à 10 heures à Paris et 11 heures en province, et la même année rallongée à 12 heures.
  • 1892 : loi fixant la durée du travail journalier à 12 heures pour les hommes et 11 heures pour les femmes et les enfants.
  • 1900 (30 mars), loi dite Millerand, limitant la journée de travail à 10 heures et en fixant l’application progressive sur un délai de quatre ans.
  • 1919 : loi fixant la durée du travail à 8 heures par jour.

Les compagnons boulangers, un syndicat ouvrier avant l’heure :

De 1810 à 1840, la société des compagnons boulangers, composée exclusivement d’ouvriers itinérants (le compagnon ayant fini son Tour de France était remercié et n’avait plus d’activité au sein de la société), avait pour unique vocation l’union des ouvriers pour la lutte contre l’abus des maîtres et l’amélioration des conditions de travail.
Pour cela différents moyens de pression étaient mis en œuvre, l’interdit de boutique, qui privait un patron de compagnons boulangers, et bien plus grave, l’interdit de ville qui privait l’ensemble des patrons boulangers de la ville de compagnons pour œuvrer dans les fournils, privant ainsi la population de pain.

Les compagnons ou les sociétaires boulangers n’hésitaient pas à mener des expéditions punitives à l’encontre des ouvriers qui se seraient risqués à embaucher lors des grèves. Ils formaient des barrages ressemblant plus à des guets-apens, aux angles de rues où se situaient des boulangeries, là où étaient susceptibles de se rendre les ouvriers non solidaires.

Ainsi, en 1825, à Marseille, les compagnons et sociétaires boulangers solidaires, emmenèrent des ouvriers boulangers en réunion à l’extérieur de la ville et placèrent de costauds gardiens aux portes pour empêcher tout ouvrier de quitter l’assemblée et de se rendre à son travail, véritable séquestration.

À partir de 1840, le compagnon ayant fini son Tour de France commença à jouer un rôle dans le fonctionnement de son corps d’état. En effet, les anciens du Tour de France, dont certains sont patrons, par leurs connaissances du Compagnonnage, sont appelés à prendre des responsabilités pour faciliter les pourparlers, les tractations en vue d’une reconnaissance par les compagnonnages du Devoir.

Les postes de Premier et Second en ville passent ainsi des ouvriers itinérants aux mains des anciens quelquefois patrons et une société mixte émerge peu à peu .
Les Cayennes s’engagèrent dans la création de sociétés de secours mutuels, ce qui était encouragé par Napoléon III. Ces sociétés étaient présidées par des compagnons anciens de la ville dont les membres étaient des patrons et ouvriers qui cotisaient à la caisse, espérant toucher un peu d’argent en cas de maladie, ou pour leur famille en cas de décès.

Les itinérants n’étaient que « facultatifs », leur absence n’altérait pas le fonctionnement de la société.
En 1871, lors de la Commune de Paris, les groupements d’ouvriers boulangers, dont les compagnons boulangers du Devoir de Paris, adressèrent une pétition réclamant la suppression des bureaux de placement privés et le travail de nuit, la Commune donna raison aux ouvriers boulangers et plusieurs arrêtés furent promulgués à ce sujet. Mais l’écrasement de la Commune dans le sang mit fin à ces décisions. (Voir chapitre Les révolutions, paragraphe La Commune.)

Le premier congrès national des ouvriers boulangers :

En 1877, à l’initiative de la Chambre syndicale des ouvriers boulangers de Paris, fut organisé un premier congrès national des boulangers, une commission d’initiative lança un appel indiquant les conditions d’admission à ce congrès.

Dans chacune des villes de France, toute chambre syndicale, tout groupe compagnonnique, toute association, toute société de secours mutuels d’ouvriers boulangers, ou, à défaut, l’ensemble de tous les ouvriers boulangers de la même ville ou de la même région, auraient le droit d’envoyer trois délégués au congrès.

Les délégués devraient être ouvriers boulangers et exercer leur profession. Nul ne pourrait prendre la parole s’il n’était ouvrier boulanger délégué ou recommandé par un groupe de dix ouvriers de sa profession.
L’ordre du jour portait sur les points principaux suivants :

  • L’amélioration de la condition de l’ouvrier boulanger et celle de la profession : Comment l’ouvrier boulanger pouvait-il préparer son émancipation économique ?
  • Une meilleure organisation pour tous les ouvriers boulangers de la même ville et du même département.
  • L’établissement d’un lien entre tous les ouvriers boulangers de la France entière.
  • Une meilleure répartition du travail, afin qu’il n’y ait pas trop d’ouvriers boulangers dans la même ville et pas assez ailleurs.
  • La création d’une caisse générale de retraite pour tous les ouvriers boulangers de France, retraite partielle à cinquante-cinq ans, complète à soixante ans et plus tôt en cas d’invalidité (1).
  • L’organisation d’une pétition pour obtenir le contrôle de l’hy- giène dans les fournils.
  • L’abolition du travail de nuit.
  • La réglementation et la surveillance de l’apprentissage.
  • La fondation de coopératives de production.
  • La fusion de la Société de Bienfaisance et de la Chambre Compagnonnique (2).
  • La fondation de sociétés de secours mutuels dans chaque ville où existaient des organisations d’ouvriers boulangers.
  • Une pétition contre les placeurs, la constitution d’un bureau de statistiques et la création d’un comité à Paris.
  1. Il est à noter que l’espérance de vie était beaucoup plus faible qu’à notre époque, et que l’âge moyen au décès des ouvriers boulangers était de 45 à 50 ans.
  2. À ce jour aucun document ne peut confirmer cette fusion.

Vingt-sept villes furent représentées, couvrant tout le pays. Paris était représenté par les délégués de la Chambre syndicale des ouvriers boulangers de Paris, de la Société de secours mutuels des boulangers de Paris, de la Société de la Saint-Honoré, de la Société des compagnons boulangers du Devoir, de la Société de Bienfaisance.

De ces dernières sociétés, la Société de la Saint-Honoré était la plus importante. Suite à ce congrès, il fut décidé qu’un congrès national aurait lieu tous les trois ans et que l’ouverture de nombreux bureaux de placement gérés par les syndicats ouvriers eux-mêmes était nécessaire.

Seule la Société des Compagnons boulangers du Devoir de Paris suivit ces directives et décida, dans un premier temps, le 2 août 1877, de fonder autant de lieux de réunions que possible, sous le titre de Petite Mère, afin de faciliter le placement de ses membres, puis le 11 juin 1878, d’admettre aux avantages du placement les ouvriers étrangers à la Société, ce que l’on peut considérer comme la plus grande concession que puisse faire une société compagnonnique à l’égard des profanes.

Elle rédigea un règlement particulier dont voici trois articles :
Article 1
Tout ouvrier boulanger indépendant de la société aura droit au travail moyennant une cotisation mensuelle de 1 franc 50. Le versement de son admission sera de 4 francs 50, considéré comme trois cotisations payées d’avance, qu’il devra toujours entretenir sous peine de radiation.
Article 3
Tout compagnon, aspirant ou adhérent qui se présente-rait chez nos Mères pour avoir du travail, devra justifier de son droit, par la présentation de sa carte de cotisation qui lui sera délivrée au siège social, rue Quincampoix.
Article 9
Le délégué aura le droit de suivre la liste suivant les capaci és de l’homme demandé, sans être sujet aux observations de la part des ouvriers inscrits avant celui qu’il aurait désigné.
( Il faut remarquer que sous le couvert de l’article 9, le délégué avait la faculté de placer toujours les compagnons avant les autres adhérents.)

En 1879, la Chambre syndicale des ouvriers boulangers de Paris avait deux bureaux de placement pour ses membres situés, l’un au 6, cité de Vauxhall, et l’autre 126, rue de Vaugirard. Mais les ouvertures faites aux patrons boulangers dans le but de supprimer l’intermédiaire des placeurs n’ayant pas eu de résultat assez concluant, elle orienta ses efforts vers une augmentation des salaires.
De 35 francs par semaine en 1863, le salaire des ouvriers boulangers était monté à 38 francs en 1867, puis à 40 francs et 42 francs en 1871. Le prix courant en 1879 était de 42 francs.

En accord avec les autres associations professionnelles de boulangers, Compagnons du Devoir, Saint-Honoré, Viennois, Travailleurs de Grenelle, le syndicat organisa une grande réunion publique le 30 octobre 1879 au Cirque d’été.
Plus de 2 000 ouvriers y assistèrent et il fut décidé de proposer aux patrons les tarifs suivants : 7 francs par jour pour quatre fournées à deux ou- vriers, les fournées supplémentaires 1 franc 50 chacune ; 7 francs par jour pour six fournées à trois ouvriers, les fournées supplémentaires 1 franc chacune. Après une entrevue qui eut lieu le 6 novembre entre une délégation ouvrière et le bureau de la Chambre syndicale patronale, les patrons furent convoqués en assemblée générale pour le 14, afin de décider de la réponse à apporter à la demande des ouvriers.

Les Syndicats Ouvriers. Types de compagnons boulangers.
De gauche à droite, un ouvrier de fin, l’orateur, un ouvrier de gros.
L’Illustration, 27 juin 1891.

L’élévation du salaire hebdomadaire de 42 francs à 45 francs, soit une augmentation de 3 francs, fut votée par eux pour être appliquée dès le lendemain, les autres demandes furent rejetées. Les ouvriers peu satisfaits de cette concession commencèrent dès le 15 novembre un nouveau genre de grève, la grève par rotation, consistant à ne pas passer plus d’une nuit dans la boutique des patrons qui n’acceptaient pas les tarifs, afin de les fatiguer par le changement quotidien de personnel.

L’affrontement psychologique était né, cette nouvelle méthode ne prenant ni en otage la population par manque de pain, ni les pouvoirs publics qui craignaient par-dessus tout les pénuries. Dès le lendemain, le syndicat annonçait, par la voie des journaux, que 364 patrons avaient adhéré au tarif ouvrier, le 20 novembre, il y en avait 926 sur 1 348. Au moment où les ouvriers se croyaient sûrs de leur victoire, une convention signée le 7 décembre entre le syndicat patronal et les dix placeurs de boulangers vint ruiner leurs espérances.

Les placeurs avaient pris l’engagement de ne fournir du travail qu’aux ouvriers qui accepteraient le prix de 45 francs par semaine offert par les patrons. Cette convention raviva l’hostilité des ouvriers à l’égard des placeurs, ce qui entraîna un ralentissement de la lutte pour la fixation du nouveau tarif.

La loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 relative aux syndicats professionnels
Le 21 mars 1884, Pierre Waldeck-Rousseau, alors ministre de l’intérieur, fit voter une loi qui porte son nom. Cette loi est la première à autoriser les syndicats en France en abrogeant la loi Le Chapelier. Ce texte visait cependant tous les groupements professionnels et pas seulement les syndicats de salariés. Voici son contenu :
Article premier
Sont abrogés la loi des 14-17 juin 1791 et l’article 416 du Code pénal. Les articles 291, 292, 293, 294 du Code pénal et la loi du 18 avril 1834 ne sont pas applicables aux syndicats professionnels.
Article 2
Les syndicats ou associations professionnelles, même de plus de vingt personnes exerçant la même profession, des métiers similaires, où des professions connexes concourant à l’établissement de produits déterminés, pourront se constituer librement sans l’autorisation du gouvernement.
Article 3
Les syndicats professionnels ont exclusivement pour objet l’étude et la défense des intérêts économiques, industriels, commerciaux et agricoles.
Article 4
Les fondateurs de tout syndicat professionnel devront déposer les statuts et les noms de ceux qui, à un titre quelconque, seront chargés de l’administration ou de la direction. Ce dépôt aura lieu à la mairie de la localité où le syndicat est établi, et, à Paris, à la préfecture de la Seine. Ce dépôt sera renouvelé à chaque changement de la direction ou des statuts. Communication des statuts devra être donnée par le maire ou par le préfet de la Seine au procureur de la République. Les membres de tout syndicat professionnel chargés de l’administration ou de la direction de ce syndicat devront être Français et jouir de leurs droits civils.
Article 5
Les syndicats professionnels régulièrement constitués d’après les prescriptions de la présente loi pourront librement se concerter pour l’étude et la défense de leurs intérêts économiques, industriels, commerciaux et agricoles. Ces unions devront faire connaître, conformément au deuxième paragraphe de l’article 4, les noms des syndicats qui les composent. Elles ne peuvent posséder aucun immeuble ni ester en justice.
Article 6
Les syndicats professionnels de patrons ou d’ouvriers auront le droit d’ester en justice. Ils pourront employer les sommes provenant des cotisations. Toutefois ils ne pourront acquérir d’autres immeubles que ceux qui sont nécessaires à leurs réunions, à leurs bibliothèques et à des cours d’instruction professionnelle. Ils pourront, sans autorisation, mais en se conformant aux autres dispositions de la loi, constituer entre leurs membres des caisses spéciales de secours mutuels et de retraites. Ils pourront librement créer et administrer des offices de renseignements pour les offres et les demandes de travail. Ils pourront être consultés sur tous les différends et toutes les questions se rattachant à leur spécialité. Dans les affaires contentieuses, les avis du syndicat seront tenus à la disposition des parties, qui pourront en prendre communication et copie.Article 7
Tout membre d’un syndicat professionnel peut se retirer à tout instant de l’association, nonobstant toute clause contraire, mais sans préjudice du droit pour le syndicat de réclamer la cotisation de l’année courante. Toute personne qui se retire d’un syndicat conserve le droit d’être membre des sociétés de secours mutuels et de pensions de retraite pour la vieillesse à l’actif desquelles elle a contribué par des cotisations ou versements de fonds.
Article 8
Lorsque les biens auront été acquis contrairement aux dispositions de l’article 6, la nullité de l’acquisition ou de la libéralité pourra être demandée par le procureur de la République ou par les intéressés. Dans le cas d’acquisition à titre onéreux, les immeubles seront vendus et le prix en sera déposé à la caisse de l’association. Dans le cas de libéralité, les biens feront retour aux disposants ou à leurs héritiers ou ayants cause.
Article 9
Les infractions aux dispositions des articles 2, 3, 4, 5 et 6 de la présente loi seront poursuivies contre les directeurs ou administrateurs des syndicats et punies d’une amende de 16 à 200 francs. Les tribunaux pourront en outre, à la diligence du procureur de la République, prononcer la dissolution du syndicat et la nullité des acquisitions d’immeubles faites en violation des dispositions de l’article 6. Au cas de fausse déclaration relative aux statuts et aux noms et qualités des administrateurs ou directeurs, l’amende pourra être portée à 500 francs.
Article 10
La présente loi est applicable à l’Algérie. Elle est également applicable aux colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion. Toutefois les travailleurs étrangers et engagés sous le nom d’immigrants ne pourront faire partie des syndicats.
La présente loi délibérée et adoptée par le Sénat et la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’État.
Fait à Paris, le 21 mars 1884
Le Président de la République, Jules Grévy, Le Ministre de l’intérieur, Waldeck-Rousseau.

 

Société de l’Union des travailleurs, syndicat des ouvriers boulangers de St-Germain-en-Laye, 1904.

De nombreuses sociétés compagnonniques de différents métiers se montrèrent hostiles à ce nouveau genre d’association, et se sont pour la plupart abstenues de remplir les formalités exigées par cette loi pour leur transformation en syndicats.

Mais cela ne fut pas le cas des compagnons boulangers qui se sont engouffrés dans ce nouveau statut qui leur permettait de gérer légalement leurs placements et plus tard de recevoir quelques subventions des pouvoirs publics.

Tentatives et échecs, l’exemple de Bordeaux

Nous savons que la cayenne des compagnons boulangers de Bordeaux a vu le jour à l’Assomption 1813. Elle fut la seule société de boulangers dans cette ville jusqu’au 12 mars 1856, jour où fut créée la Société de secours mutuels des ouvriers boulangers. Une autre société apparut le 19 octobre 1857, dite la Saint-Honoré.

La première chambre syndicale d’ouvriers boulangers à Bordeaux fut fondée le 6 juillet 1877 et prit pour nom Chambre syndicale des ouvriers boulangers de la ville de Bordeaux et de la Gironde. Elle fut créée pour, dans un premier temps, faciliter le placement de ses membres et ensuite pour établir un tarif-type réglementant le travail et les salaires dans les quatre catégories de boulangeries classées suivant l’importance de la fabrication.

En 1880, une caisse facultative de secours fut créée au sein du syndicat, mais elle ne fonctionna que peu de temps, en raison des négligences dont firent preuve les adhérents dans le versement de leurs cotisations.

Fort de l’existence légale qui venait d’être ac- cordée par la loi Waldeck-Rousseau, le syndicat commença à mener une campagne de dénonciations contre toutes les agences de placement illicite et fit prononcer contre elles plusieurs condamnations.

< Couverture du livre des cotisations des compagnons boulangers du Devoir de la ville de Bordeaux. La dénomination syndicat est employée pour nommer la société et compagnonnisée par l’ajout de trois points en triangle.

Mais l’échec partiel d’une grève en 1893 lui fut funeste, et, afin de se renouveler, elle prit l’initiative de la création d’une Fédération nationale des syndicats des ouvriers boulangers. Toutefois le nombre de ses adhérents ne cessa de décroître, il tomba à 400 en 1894, et à 105 en 1895, et le 16 janvier 1896, elle prononça sa dissolution.

Le 28 janvier 1888, fut créée l’Association syndicale des ouvriers boulangers du Bordelais et du Sud-Ouest. Nous trouvons dans les minutes d’un jugement du tribunal civil de Bordeaux, en date du 8 février 1889, toute l’histoire de ce syndicat qui comptait 120 membres et siégeait au restaurant du compagnon boulanger Achille Liausu, Bordelais la Fraternité *, 40, rue Labirat, là où siégeait également la Société des compagnons boulangers avant la création de ce syndicat.

Dans ce procès sont cités Bordelais la Fraternité, mais aussi deux autres compagnons boulangers, Jean Roques, Bordelais l’Appui du Devoir, et Lafourcade, Bordelais la Fermeté.

* Achille Liausu, Bordelais la Fraternité, reçu à Bordeaux par l’Union Fraternelle à Pâques 1856 ; Tour de France : Agen, Toulouse, Cette, Nîmes, Marseille, Sainte-Baume, Saint-Étienne, Lyon, Dijon, Troyes, Sens, Paris, Orléans, Blois, Tours, Angoulême, Bordeaux. P.E.V. Bordeaux Noël 1862/1871/1873, délégué au congrès de la Fédération compagnonnique à Lyon en 1874. Adhère à la F.C.D.T.L.D.R., Père des CC.B.D.D. de Bordeaux en 1884 au 40, rue Labirat. Étant à Bordeaux, exclu à vie par la cayenne de Blois le 30 juillet 1886 (punition qui n’est pas enregistrée sur le livres de punitions de la cayenne de Bordeaux) pour avoir voulu créer une société de CC.B.D.D. de Liberté ; Maître de cérémonies des CC. réunis de Bordeaux en 1886, demeure en 1875 au 188 rue Judaïque.

Voici les principaux passages des attendus du jugement de ce procès :

« Attendu que Ribeyrol, président de cette association syndicale, a reconnu que les sieurs Liausu, Mingelles, et Clostre, tous les trois restaurateurs à Bordeaux en font partie comme membres honoraires, ayant été eux-mêmes boulangers, qu’il ajoute que les autres membres de l’Association travaillant la nuit et ne pouvant s’occuper de placer les ouvriers, ils ont chargé de ce soin ces trois personnes ; […]

Attendu également que quatre restaurateurs, au nombre desquels Liausu, Mingelles, Clostre, ont été condamnés le 15 février 1888 par le tribunal de simple police de Bordeaux chacun à la peine de 6 francs d’amende, pour tenir sans autorisation des bureaux de placement, par application des articles 1 et 4 du décret du 25 mars 1852 et d’un arrêté de Monsieur le maire de Bordeaux en date du 20 mai 1882, que les considérants de cette sentence, après avoir déclaré que le décret de 1852 ne fait aucune distinction entre les bureaux de placement qui opèrent à titre onéreux et ceux qui opèrent à titre gratuit, constatent, en fait, que tous les ouvriers placés par les contrevenants ne payaient pas ostensiblement une commission en argent, ils rétribuaient autrement les placeurs en leur assurant leurs clientèles de restaurateurs.

Attendu enfin que les procès-verbaux constatant ces contraventions, et qui ont servi de point de départ à ces poursuites, ayant été dressés le 20 décembre 1887, le dépôt des statuts de l’Association syndicale des ouvriers boulangers du Bordelais et du Sud-ouest a été effectué le 28 janvier 1888, que le 17 février suivant, c’est-à-dire deux jours après la condamnation de simple police, l’Association faisait paraître dans les journaux de la ville un avis à Messieurs les maîtres boulangers, les prévenant qu’ils trouveraient toujours, comme dans le passé, des ouvriers de toutes catégories au siège de l’Association, chez les trois personnes sus-relatées, invitant les patrons à continuer leur confiance à ces succursales dont ils ont pu apprécier l’honnêteté et le bon fonctionnement.

Attendu qu’il est manifeste que les trois restaurateurs qui s’occupent pour le compte du Syndicat du Bordelais et du Sud-ouest du placement des ouvriers boulangers, ne concourent pas actuellement à l’établissement d’un produit, qu’ils n’ont manifestement pas le même intérêt que les ouvriers, qu’il est seulement de leur intérêt de les avoir comme clients, et que tel paraît être l’unique mobile de leur intervention dans le syndicat.

Attendu que le rapport de la commission de la Chambre des députés constate précisément que le mouvement d’opinion qui a amené le dépôt du projet de loi voté en 1884 par les pouvoirs publics a eu pour but en partie le redressement immédiat d’abus dont souffrent les travailleurs, les boulangers par exemple, obligés à subir les exigences des bureaux de placement plus ou moins ouvertement coalisés.

Attendu que Liaussu, Mingelles, et Clostre excipent de leur qualité de membres honoraires, mais qu’il est manifeste, étant donné l’esprit dans lequel a été conçue la loi de 1884, que si les syndicats professionnels autorisés par cette loi peuvent comporter l’admission de membres honoraires, ce n’est évidemment qu’à la condition strictement observée que ces membres restent honoraires et ne prennent aucune part active au fonctionnement de l’Association, mais qu’en la cause il n’en est pas ainsi, que les sieurs Liausu, Mingelles et Clostre, qui sont les seuls membres honoraires de ce syndicat et payent la même cotisation que les autres associés, sont les seuls membres s’occupant activement de la marche de ce même syndicat, qu’en réalité, par conséquent, les prétendus membres honoraires sont des membres actifs, et les prétendus membres actifs sont des membres honoraires, que la loi est violée à la fois dans son texte et dans son esprit.

Par ces motifs, déclare Ribeyrol, président ; Monier, Roques (Jean Roques, Bordelais l’Appui du Devoir, reçu à Sens à la Toussaint 1869), Berguet et Lafourcade (Bernard Lafourcade, Bordelais la Fermeté, reçu à Bordeaux à l’Assomption 1868.), atteints et convaincus d’infraction à la loi sur les syndicats professionnels en admettant comme membres du Syndicat des ouvriers boulangers du Bordelais et du Sud-Ouest, trois personnes exerçant la profession de restaurateur, lesquelles personnes, sous le couvert de leur titre de membres honoraires, dirigent les opérations de l’Association, et, leur faisant application des articles 2 et 9 du 21 mars 1884, condamne chacun des prévenus en la peine de 16 francs d’amende, les condamne tous solidairement aux dépens, Prononce la dissolution du Syndicat des ouvriers boulangers du Bordelais et du Sud-ouest. »

Achille Liausu, Bordelais la Fraternité ne désarma pas, bien au contraire, il était décidé à se faire de l’argent sur le dos des ouvriers boulangers, mais il n’en était pas à son premier essai. En effet, en 1886, il fut exclu à vie par les compagnons boulangers du Devoir pour avoir voulu créer une Société de compagnons boulangers du Devoir de Liberté, dont le siège était bien en son restaurant. Conséquence probable du départ des compagnons boulangers du Devoir de son établissement pour rejoindre le 7 , rue des Facultés.

Le 27 mai 1889, fut fondée par trente membres l’Association syndicale des ouvriers boulangers girondins et du tour de France. Ce syndicat siégeait au départ au 35, rue Labirat, mais ne tarda pas à rejoindre, après trois mois d’existence (le 31 août 1889), le restaurant de Bordelais la Fraternité.
Afin de faire disparaître les abus sur le placement, ce syndicat mit en application une nouvelle pratique, la réélection du gérant au placement tous les trois mois. Les statuts stipulaient également que le syndicat ne pourrait en aucun cas fusionner avec d’autres syndicats tant qu’il y aurait un seul membre protestataire.
Pour respecter ces statuts, il y eut, au bout d’un an, en août 1890, non pas fusion, mais dissolution, et les membres se rallièrent individuellement au Syndicat de l’Union fraternelle des ouvriers boulangers de Bordeaux et du département de la Gironde

Le mois suivant, le 5 septembre 1890, fut fondé par vingt-huit membres le Syndicat des travailleurs boulangers de l’avenir, ce syndicat fut dissous le 15 novembre 1891.
Nous retrouvons aussi notre président Ribeyrol, après son passage au tribunal de Bordeaux, et la dissolution de son syndicat, comme président du Syndicat des ouvriers boulangers de la ville de Bordeaux et de la région, fondé le 11 juin 1889 et dissout le 14 février 1891.

Le 21 octobre 1890 fut constitué par vingt-cinq membres le Syndicat central des ouvriers boulangers de la ville de Bordeaux et du département de la Gironde, qui eut une existence un peu plus longue que les autres. Mais malgré ses tentatives de mise en place de caisses de secours en cas de maladie et de chômage, il ne réunit jamais plus de quatre-vingts adhérents.

Son siège se trouvait à la Bourse du Travail, au 42, rue Lalande. Sa dissolution fut prononcée le 13 août 1896, les caisses étant vides.
Fondé le 12 novembre 1891 par vingt et un membres, le Syndicat indépendant des ouvriers boulangers de Bordeaux et du département s’installa 26, rue Boulan, dans le local précédemment occupé par l’Union Fraternelle, dissoute au mois de juillet de la même année. Il fusionna le 31 juillet 1897 avec la Chambre syndicale de l’union et du progrès.

Le 26 novembre 1891, le Syndicat des compagnons et aspirants boulangers du Devoir de la ville de Bordeaux déposa ses statuts. Composé de trente et un membres à sa fondation, ses effectifs ne varieront pas. Il siégeait au 32, rue des Facultés chez un nommé Clostre, qui avait été condamné, comme nous l’avons vu plus haut, le 15 février 1888 par le tribunal de Bordeaux pour tenue de bureaux de placement sans autorisation.

Le 30 novembre 1891 fut créé le Syndicat des travailleurs unis ouvriers boulangers. Ce syndicat vécut jusqu’au mois de mai 1892, il comptait vingt-cinq membres et avait son siège au 38, rue Labirat, à proximité du restaurant de Bordelais la Fraternité.

Le 5 mai 1894 fut fondé le Syndicat du progrès des ouvriers boulangers de Bordeaux et du département. Ce syndicat appelé communément Syndicat du progrès comptait soixante et un membres et siégeait au 10, place d’Aquitaine. Le 27 janvier 1896, il prit le nom de Syndicat du progrès des ouvriers boulangers et biscuitiers et compta 340 adhérents.

Le 31 juillet 1897, à la suite de négociations avec le Syndicat du progrès et l’Union Syndicale, ces deux groupes fusionnèrent et adoptent le titre de Chambre syndicale de l’union et du progrès des ouvriers boulangers et des biscuitiers.

La fondation en 1896 du Syndicat des ouvriers boulangers Les Amis de l’Ordre, est particulière, en effet, ce syndicat fut fondé par des dissidents du Syndicat des compagnons et aspirants boulangers du Devoir de la ville de Bordeaux, mais ce n’était pas une scission, il s’agissait du départ des membres stagiaires ayant la particularité de profiter de certains avantages de la société compagnonnique, en particulier le placement, sans pour cela être compagnons.

La dénomination Les Amis de l’Ordre, rappelait celle des Parisiens défilant dans Paris pendant la Commune quinze ans plus tôt, défilé constitué principalement des classes bourgeoises et patronales. Ce syndicat des Amis de l’Ordre était-il composé de boulangers refusant la syndicalisation de leur groupement ? Ce groupe fut inactif et en 1897, un an seulement après sa fondation, son siège se transforma tout simplement en un simple rendez-vous d’ouvriers boulangers.

Le 8 janvier 1898 fut fondée par des membres du Syndicat du progrès l’Association fraternelle des ouvriers boulangers de Bordeaux, qui refusèrent la fusion du 31 juillet 1897 avec la Chambre syndicale des ouvriers boulangers de la ville de Bordeaux, au prétexte que le président s’occupait trop de politique personnelle. Elle reprit l’ancien siège du Syndicat du progrès, 10, place d’Aquitaine qui deviendra en juillet 1905 le siège des Compagnons boulangers du Devoir.

En 1898, il restait trois syndicats boulangers à Bordeaux, comptant en tout 549 membres : le Syndicat des compagnons du Devoir : 39 membres ; la Chambre syndicale de l’union et du progrès des ouvriers boulangers et biscuitiers : 380 membres ; et l’Association fraternelle des ouvriers boulangers : 130 membres.

Première page du registre d’inscription des « adhérents au syndicat des compagnons et aspirants boulangers du devoir », Bordeaux, le 1er janvier 1894. Signature du président, triponctuée, Barthélemy Despesailles, Dacquois l’Envieux des Sciences.

La Fédération nationale des ouvriers boulangers

Le projet d’une Fédération nationale des ouvriers boulangers, déjà discuté au congrès corporatif de Paris en 1877 et de Marseille en juin 1880, avait pour ordre du jour l’hygiène, l’apprentissage, la suppression des placeurs, la constitution d’une Fédération nationale corporative. La décision du congrès de Marseille de constituer une Fédération nationale ne fut pas mise en application ou, si elle fut tentée, ne donna aucun résultat.

Il fallut attendre le mois de novembre 1892 pour que la Chambre syndicale de l’Union des ouvriers boulangers de Bordeaux constitue cette Fédération. Elle recueillit au cours de la première année 1893, les adhésions des syndicats de treize villes. La Fédération avait pour but d’étudier toutes les questions se rattachant à la boulangerie et de se tenir en relation continuelle avec tous les syndicats ouvriers boulangers.

Elle se chargeait de fournir l’argent nécessaire à tous les ouvriers syndiqués sans travail qui seraient appelés à se rendre dans les localités où il manquerait des ouvriers, ce qui ne va pas sans rappeler les règlements compagnonniques. La naissance de cette Fédération a marqué une rupture pour les compagnons boulangers, l’article 13 des statuts de la Fédération en est la cause :
Les syndicats mixtes (de patrons et d’ouvriers) ne pourront en aucune façon faire partie de la Fédération.
Par cet article, étaient tout simplement exclues les sociétés compagnonniques du Devoir et du Devoir de Liberté.

L’assassinat du Président de la République par un ouvrier boulanger anarchiste

Entre 1892 et 1894 des vagues d’attentats anarchistes se sont multipliées. Auguste Vaillant est passé à l’acte à Paris, le 9 décembre 1893. Vers 16 heures, il a lancé une bombe d’une grande puissance dans l’hémicycle de la Chambre des députés au Palais Bourbon.

Cette bombe chargée de clous, de morceaux de zinc et de plomb s’est abattue sur les députés et sur les spectateurs qui assistaient aux délibérations. Une cinquantaine de personnes furent blessées parmi lesquelles Auguste Vaillant lui-même. Condamné à mort il fut guillotiné le 5 février 1894 à trente-trois ans.
Avant l’instant final, il aurait crié : « Vive l’anarchie, ma mort sera vengée ! »
Auguste Vaillant est la seule personne guillotinée, depuis la Restauration, depuis la Restauration sans avoir commis de crime de sang.

Le 11 décembre 1893, deux jours après l’attentat d’Auguste Vaillant, le Président du conseil des ministres Jean Casimir-Perier soumit à la Chambre des députés un ensemble de mesures pour sauvegarder « la cause de l’ordre et celle des libertés publiques ». Ces mesures modifiaient la loi de 1881 qui ne punissait que la provocation directe.

Désormais la provocation indirecte, était, elle aussi, punie et un juge pouvait ordonner la saisie et l’arrestation préventive.

Cette loi fut adoptée le 12 décembre 1893. Une seconde loi discutée le 15 décembre concernait les associations de malfaiteurs et visait particulièrement les groupuscules anarchistes, alors nombreux et très actifs.

Elle permettait d’inculper tout membre ou sympathisant sans faire de distinction.

Elle encourageait également la délation : « Les personnes qui se seront rendues coupables du crime mentionné dans le présent article seront exemptes de peine si, avant toute poursuite, elles ont révélé aux auto- rités constituées l’entente établie ou fait connaître l’existence de l’association ». Elle fut votée le 18 décembre 1893.

Le 24 juin 1894, Sante Geronimo Caserio, ouvrier boulanger italien anarchiste, s’est funestement illustré en répondant à la prédiction de Vaillant lors de son exécution « ma mort sera vengée ».

En effet il assassina le Président de la République Sadi Carnot au cours d’une cérémonie publique à Lyon en le frappant au cœur à l’aide d’un couteau au manche rouge et noir (les couleurs qui symbolisent l’anarchie).

Le Journal Le Petit Parisien du 4 juillet 1894 a écrit :
Échos et nouvelles. On a beaucoup remarqué parmi les associations ouvrières qui se sont fait représenter aux obsèques de Monsieur Carnot, les délégués des diverses sociétés du tour de France.

Celui-ci entendait venger ainsi l’exécution de Vaillant et protester contre les lois dites « scélérates », ci-dessus citées, que la Chambre des députés venait d’adopter. Après cet acte, il n’essaya pas de fuir, mais courut autour de la voiture du moribond en criant « Vive l’anarchie ».

Il passa en cour d’assises les 2 et 3 août et fut guillotiné le 16 du même mois. Cet assassinat eut pour conséquence la mise en place d’une troisième loi, votée le 28 juillet 1894 et sans doute la plus marquante pour les anarchistes puisqu’elle les visait directement en les nommant et en leur interdisant tout type de propagande.

Devant le tribunal qui le condamna à mort il dit entre autres :
Eh bien, si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non. Au contraire, nous répondons aux gouvernements avec la dynamite, la bombe, le stylet, le poignard. En un mot, nous devons faire notre possible pour détruire la bourgeoisie et les gouvernements. Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez là !

Au procès en effet, il ne tenta jamais de renier son geste, ni de demander la pitié du jury. La possibilité lui fut offerte de plaider la maladie mentale, mais en paiement il aurait dû livrer les noms de quelques complices, il refusa donc : « Caserio est boulanger, pas espion ».

En cellule, pendant qu’il attendait l’exécution, on lui envoya le curé de Motta Visconti, sa ville natale, pour le confesser, mais il refusa de l’entendre et le chassa. Sur l’échafaud, un instant avant de mourir, il lança à la foule : « Courage les amis ! Vive l’anarchie ! » Le 1er juillet 1894, le président Carnot fut inhumé au Panthéon.

Marchant huit de front, les cannes en berne, ils étaient au nombre de deux cents. En tête, suivant leur couronne portée sur les cannes s’avançaient les compagnons boulangers du Devoir de la ville de Paris, venaient ensuite les compagnons menuisiers, serruriers et charpentiers du Devoir de Liberté, avec leurs bannières.
L’Union Compagnonnique comptait dans ce cortège des membres de toutes ses sections parisiennes ainsi que des délégations venues de toutes les villes du tour de France.

Plusieurs délégués s’étaient rendus la veille à l’Élysée, accompagnée par une des Mères, afin d’y déposer une magnifique couronne de perles présentée par l’Union. Après le défilé au Panthéon, ces diverses Sociétés, sans rompre leurs rangs, se sont portées rue Mabillon, au local des Compagnons charpentiers du Devoir de Liberté. Nous avons entendu plusieurs de ces gens de métier protester contre l’abus qui est fait du nom de « compagnon » dans certaines réunions politiques.

C’est un titre que le tour de France revendique pour ses membres et qu’il entend ne pas laisser usurper par de faux ouvriers avec lesquels il n’a rien de commun. ( Il semblerait que seuls de la famille du Devoir, les compagnons boulangers du Devoir aient été présents aux côtés des sociétés du Devoir de Liberté et Unionistes. )

L’allusion à la protestation sur l’utilisation du nom de compagnon vient du fait que les anarchistes entre eux se nomment compagnons, de même que les communistes se nomment camarades.

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Envoyer un commentaire concernant : "Les syndicats 1/2"