Les noms compagnonniques 3/5

Les noms des compagnons boulangers du Devoir

Les noms des compagnons boulangers du Devoir sont composés de deux parties.

La première indiquant l’origine géographique de son porteur. Celle-ci est représentée majoritairement par les noms des habitants de la province, où le porteur est né (Bourguignon, Tourangeau, Provençal…), ou en seconde position, du nom de la ville de naissance ou de la plus grande ville proche de son lieu de naissance (Blois, Quimper, Le Puy, Nérac, Rochefort, Saumur, Marseille, Lorient…).

Et en très petit nombre du gentilé de la ville de naissance (Marseillais, Parisien, Brestois…), puis pour les étrangers, de leur nationalité (Suisse, Espagnol, Allemand, Anglais, Belge, Luxembourgeois…), ou du nom des habitants de leur région d’origine (Lombard, Bavarois), et exceptionnellement de la ville d’origine (Londonien…).

Ces noms sont suivis soit d’un trait de caractère, d’une particularité physique, d’une valeur morale, d’une valeur affective, et d’autres spécificités que nous allons découvrir.

Il ne peut être porté que par un seul individu (exception au XIXe siècle, où les moyens de communication n’étant pas ce qu’ils sont aujourd’hui, ne permettaient pas toujours d’informer l’ensemble des Cayennes des noms des nouveaux reçus). De nos jours, cette situation désagréable peut encore se produire et le jeune compagnon est généralement obligé d’abandonner le nom qui lui a été donné le jour de sa réception pour en adopter un nouveau.

« Chiens Blancs » et « Gavots »

À ce jour, la seule étude des noms de compagnons est celle de Daniel Patoux, Percheron la Philosophie, compagnon menuisier du Devoir de Liberté. Malgré de nombreuses différences entre Gavots et compagnons boulangers, nous constatons, entre 1811 et 1836, une forte similitude entre les surnoms utilisés par les deux compagnonnages.

Les surnoms absents chez les Gavots sont majoritairement des spécificités boulangères. Seule la période 1811-1836 est analysable et comparable, nous constatons en effet, ultérieurement, le développement d’une spécificité, d’une identité de métier, empêchant toute comparaison ; par contre, on constate une évolution commune sur l’ensemble et pour la majorité des noms les plus utilisés.

Registre des réceptions de la Cayenne de Paris

Cette analyse des noms de compagnons boulangers a été réalisée à partir d’une seule source : le registre des réceptions de la Cayenne de Paris, celui-ci étant le plus complet à ce jour. Dans ce registre ouvert en 1838, figurent les réceptions antérieures recopiées très certainement à partir des registres de la Cayenne de Blois. Le « découpage » choisi est par tranches de 25 ans. Ces périodes correspondent toutes à des actions et événements particuliers, constituant l’histoire des compagnons boulangers.

Il m’a paru judicieux de choisir des périodes de durée égale, plutôt des périodes historiques de la France (Premier Empire, Restauration, révolution de 1848, etc.) estimant que l’histoire interne des compagnonnages, a plus d’influence sur leur évolution que les événements politiques.

De 1811 à 1836, les grandes rixes entre Dévoirants, Rendurcis et compagnons boulangers Soi-disant de la raclette.

De 1837 à 1861, les démarches pour la reconnaissance des compagnons boulangers comme compagnons du Devoir par les compagnonnages constituant la branche des Devoirants.

De 1862 à 1887, les fraternisations et solidarités intercorporatives, la naissance des caisses mutuelles et de retraite, de la Fédération de tous les Anciens Devoirs Réunis, du Ralliement des compagnons du Devoir.

De 1888 à 1912, la période industrielle, le déclin de tous les compagnonnages, la naissance de l’Union Compagnonnique, la division de nombreux compagnonnages partagés entre le Ralliement des compagnons du Devoir et cette toute jeune Union Compagnonnique.

De 1913 à 1937, la naissance de la Fédération Compagnonnique (Ernest Boyer), de la Fédération Intercompagnonnique de la Seine, et d’autres nombreuses fédérations régionales, nouvelle fraternisation intercompagnonnique.

De 1938 à 1962, la naissance de l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir, à laquelle les compagnons boulangers du Devoir adhèrent, son développement. Le parrainage du métier de pâtissier par les compagnons boulangers.

De 1963 à 1987, les premiers cours professionnels, l’ouverture des premiers fournils et laboratoires de cours, la réouverture d’anciennes Cayennes des compagnons boulangers du Devoir.

De 1988 à 2009, décès de Jean Bernard, la Fidélité d’Argenteuil, compagnon tailleur de pierre du Devoir, fondateur de l’A.O.C.D.D., la formation professionnelle structurée, le voyage à l’étranger.

 

LES SPÉCIFICITÉS BOULANGÈRES

Il a été possible d’effectuer cette étude grâce à l’incroyable travail de recensement des noms de compagnons de tous Devoirs et toutes époques, réalisé par Jean Philippon, Bordelais la Constance, que je tiens à remercier ici.

1 : Tournures d’esprit – 2 : Vertus – 3 : Le Cœur – 4 : Ennemis, rixes, victoire et gloire – 5 : Végétaux – 6 : Physiques – 7 : La joie – 8 : Les femmes et l’amour – 9 : Le Devoir – 10 : Rites et attributs – 11 : Fraternité et solidarité – 12 : Le Tour de France – 13 : Valeurs intellectuelles – 14 : Le travail – 15 : Non classés

De 1811 à 1836 sur 1 353 compagnons

De 1837 à 1861 sur 2 766 compagnons

De 1862 à 1887 sur 1 395 compagnons

De 1888 à 1912 sur 475 compagnons

De 1913 à 1937 sur 486 compagnons

De 1938 à 1962 sur 105 compagnons

De 1963 à 1987 sur 201 compagnons

De 1988 à 2009 sur 353 compagnons

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D. Extrait du livre  LE PAIN DES COMPAGNONS

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