Les Marches du Temple Compagnonnique.
Aujourd’hui, il me semble intéressant d’aborder un sujet qui est très peu évoqué, celui des « marches du Temple » que nous trouvons sur de nombreuses lithographies compagnonniques du 19ème siècle, tout Devoirs confondues. Mais commençons par un petit voyage dans le temps et autour du monde, et découvrons ensemble « les marches des temples » de nos ancêtres.
En Amérique du Sud, les civilisations précolombiennes, construisent des pyramides à degrés, au sommet des qu’elles ce trouve l’autel sur lequel une victime était conduite pour y être sacrifiée.
Pyramides d’Amérique du Sud, nous observons les degrés de la pyramide et les marches pour accéder au sommet. Cette architecture constitue une forme symbolique d’escalier monumental représentant une ascension vers la connaissance, un rapprochement vers les dieux.
Au Japon de nombreux temples sont construits aux sommets de monticules de plus ou moins grande hauteur, naturels ou artificiels, l’accès au temple se faisant bien sur par de nombreuses marches.
Un temple a Kyoto.
Ruine d’un Temple Grec en Sicile.
Temple de Kom Ombo en Egypte.
Nous constatons que dans une majorité du monde, pour être au contact du ou des dieux, il faut gravir des marches, ces marches qui élève l’homme et le soustrait à son niveau de vie habituel, celui de la terre ferme, celui de la terre où picore les poulets, urine les cochons, pousse le blé et pourrissent les cadavres.
La religion catholique ne fait pas exception à ce principe, les autels des églises et cathédrales sont au sommet de trois marches.
Cathédrale de Senlis, pour certains liturgistes, ces trois marches représentent les trois vertus, la foi, l’espérance et la charité qui mènent à Jésus-Christ.
Nous découvrons aussi ces marches dans les rites et symboles Maçonniques, dans un premier temps sur le tapis de loge indiquent à l’apprenti, dés son initiation, qu’il aura à progresser par degré successifs et que pour chaque palier, il devra prendre le temps de comprendre, de se poser, de s’imprégner de la vie de la loge de la pensée de ses frères maçons, c’est par trois marches que se fait l’accès symbolique au temple de Salomon.
Tableau de loge pour Apprenti (Chapperon, « Maçonnerie des Hommes »).
Les trois marches sont là pour rappeler à l’apprenti les trois voyages de son initiation, chaque marche évoque un état, une étape à franchir, un progrès à réaliser. Cet escalier est symbole de passage d’une existence à une autre.
Dans le temps de la Rome antique les pontifes et autres grands personnages donnaient à ces trois marches, ces trois degrés, ces trois niveaux, le nom de : discipline, initiation, adeptat (du terme adepte qui signifie personne initiée au secret d’une doctrine).
Lors de son initiation, I ‘Apprenti franc-maçon gravit les trois premières marches de cette échelle mystique, devenu Compagnon, il lui faut continuer son ascension et gravir cinq marches, le nombre cinq était le nombre sacré de ce grade. Ces cinq marches successives représentent entre autres la série ininterrompue des connaissances et des expériences qui viennent enrichir le maçon.
Dans l’ouvrage de Chapperon « Maçonnerie des hommes », nous trouvons cette reconnaissance qui associe les chiffres 357 aux marches du temple, à l’âge maçonnique et à la composition de la loge :
Ou avez vous été reçu compagnon?
Dans une loge parfaite.
J’entend que trois maçons assemblés forment une loge simple, que cinq la rendent juste, et sept la rende parfaite.
Quels sont les trois maçons de la loge simple ?
Un Vénérable et deux Surveillant.
Quels sont les membres de la juste ?
Ce sont les trois premiers et deux maîtres.
Quels sont enfin les sept qui rendent une loge parfaite.
Un vénérable, deux surveillants, deux maîtres, un compagnon, un apprenti.
Troisième grade « Maître ».
Comment y êtes vous parvenu ?
Par un escalier en forme de vis qui se monte par 357.
Que signifient ces nombres ?
Qu’il faut trois ans pour faire un apprenti.
5 ans pour faire un compagnons, sept ans pour faire un maître.
Tableau de loge pour Compagnon (Chapperon, « Maçonnerie des Hommes »).
Nous le savons, les Compagnons boulangers font partie des Devoirs qui ont fortement emprunté rites et symboles à la Franc-Maçonnerie, c’est dans celle-ci qu’ils ont puisé les marches du Temple (et ses colonnes) que nous retrouvons sur différentes lithographies et autres documents internes du 19ème siècle.
Nous retrouvons trois marches sur la « Carte de remerciement » des Compagnons boulangers du Devoir.
« Carte de remerciement » des Compagnons boulangers du Devoir, nous observons trois marches qui conduisent au temple.
Lithographies des Compagnons boulangers (seconde moitie du 19ème), deux compagnons à genoux sur les sept marches du temple qui mènent au grand roi Salomon.
Lithographie de Compagnons boulangers du Devoir, nous observons le roi Salomon au sommet de sept marches et le Compagnon boulanger au sommet de cinq marches. (Seconde moitié du 19ème)
Lithographie de Bourguet, Compagnon Tisseur-ferrandinier du Devoir, dédié à toutes les sociétés compagnonniques, nous observons trois marches.
Constitution des Compagnons boulangers et pâtissiers restés fidèles au Devoir (2011), nous observons sept marches qui conduisent au temple.
Les Compagnonnages ont emprunté à la Franc Maçonnerie ses marches et ses colonnes, qui elle même l’a emprunté à la Bible, nous l’avons démontré, les marches sont et resterons jusqu’a la fin des temps, un symbole simple, fort, puissant et universel, le symbole de l’effort, de l’ascension, de l’élévation, de la transcendance. Aujourd’hui, ce symbole des marches n’appartient pas à la Franc-Maçonnerie en particulier, mais à l’Humanité dans son ensemble et unité.
Mont Sinaï.
Moralité : Il y a une chose que tout homme ne doit pas oublier, c’est que ce qui à été gravi aujourd’hui doit être descendu demain; Moise qui, malgré l’illumination au contact de Dieu, lorsqu’il reçu les tables de la loi sur le Mont Sinaï, dû redescendre de cette montagne pour les transmettre à son peuple; L’Apprenti, l’Aspirant, le Compagnon, le Maitre a pour Devoir de redescendre les marches gravies afin de faire profiter à l’ensemble de ses semblables de la connaissance reçue au sommet. Et une seconde moralité, il n’y a pas de connaissance sans efforts, efforts représentés par l’ascension de ces quelques marches représentées sur les lithographies Compagnonniques.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.
Le même emprunt à la symbolique maçonnique se retrouve bien évidemment dans d’autres corps compagnonniques au XIXe siècle, soit dans l’iconographie, soit dans les rituels, puisque tous ont emprunté plus ou moins à la franc-maçonnerie (n’en déplaise à certains).
Très bel article , mais retrouve-t-on un tel symbole dans les corporations antérieure aux boulangers et pâtissiers