Léon Victor Deniau, Percheron Laurier d’Amour

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Leon Victor Deniau, Percheron Laurier d’Amour, Meilleur ouvrier boulanger de Paris.

Leon Victor DENIAU est né le 4 janvier 1891 à Authon du Perche, fils de Joseph Arthur DENIAU, cultivateur et de son épouse Rose Victorine GUERIN, ils sont domicilié au lieu-dit La Graffardiere.
Le jeune Leon Victor épouse la profession de boulanger à 14 ans.
En 1925, lors de sa réception à Paris pour la Saint-Honoré 1925 dans les locaux de la loge maçonnique du Droit-Humain, il est reçu sous le noble nom de Percheron Laurier d’Amour, il est marié et père de 3 enfants.
Dans les lignes qui suivent nous remarquons plusieurs orthographes du nom DENIAU, mais le véritable est bien sur celui que nous citons ci-dessus, issus du registre d’état-civil d’Authon-du-Perche.
Journal suisse « Le Confédéré » du 17 aout 1925, numéro 94:

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L’as de boulangers de Paris

Un « tournoi » de la boulangerie a eu lieu dernièrement à Paris à l’issue duquel 15,000 kilos de pain et de pâtisserie ont été distribués aux malheureux. On a proclamé-le meilleur mitron de Paris en la personne de Léon Doniault, 34 ans, une femme et trois enfants. Les journaux de Paris nous présentent le sympathique portrait de ce modeste, robuste et persévérant ouvrier. Nous préférons cela à tant de têtes patibulaires ou simplement douteuses qui ont les honneurs du cliché dans les grands quotidiens de Paris et même de Genève.

Pour une fois que ceux qui nourrissent supplantent ceux qui tuent à la place d’honneur.

Ce n’est pas de trop ! L’as des boulangers de Paris travaille depuis l’âge de 14 ans. Dès l’époque déjà lointaine où il brassait la pâte, il a enfourné de quoi nourrir les habitants de plusieurs grandes villes. A tous les éloges qu’on lui a faits et qui le font rougir davantage que le feu de son.four, il répond simplement; Il faut bien faire ce qu’on fait ». Profonde pensée morale et pédagogique qui nous rappelle la parole favorite de notre bon régent quand nous usions encore nos culottes sur les bancs de l’école primaire. Les belles vérités sortent souvent de la bouche des humbles comme de celle des enfants. Doniault fait partie des «Compagnons boulangers du devoir », association corporative indépendante qui a son siège à Paris. N’est pas qui veut compagnon. Il faut d’abord faire un stage, à la suite duquel on passe aspirant. On devient compagnon après avoir subi, l’épreuve du « chef-d’oeuvre », devant sept corps d’état désignés.

Les compagnons font le tour de France. Dans chaque ville ils sont accueillis par leur « mère » qui tient la maison et qui leur fournit le vivre, le couvert, leur procure du travail. Léon Doniault, mitron depuis 20 ans, a été reçu compagnon en 1924. Né à Vézières (arrondissement de Nogent-le-Rotrou) en 1891, il a choisi comme « nom de compagnon: percheron » (il est du Perche) « laurier d’amour ». Il a droit au port de l’insigne et à une belle canne de cérémonie. Un reporter du « Quotidien » a suivi Léon Doniault au travail. Celui-ci ne parle guère en travaillant (moins que les journalistes!)

….Un peu de poudre de corozo sur la pelle. Par dessus on verse le contenu du rouleau de farine qui tout à l’heure sera un pain. Quelques entailles au couteau pour le façonnage. Un petit coup sur le contrepoids qui ouvre la porte du four et la pelle disparaît dans les profondeurs d’où s’exhale .un souffle de

plus de 1000 degrés. Le four se garnit. Au fond les gros pains, puis les saucissons, les fantaisies, les croissants. Un quart, d’heure, 20 minutes, la croûte est dorée. Il s’agit de retirer les pains du four et de les monter par paniers à la boutique. Un coup de brosse mouillée sur les croissants pour les vernir et c’est fini. Et quels croissants ! des croissants qui sentent le beurre, qui fondent dans la bouche. Ce n’est plus du pain, c’est du gâteau. Le compagnon se redresse, il a gagné sa journée. Le robuste ouvrier qui aime son métier et qui en connaît tous les secrets, n’a pas dit vingt mots en une heure mais il a cuit

plus de cinquante pains. Le silence est d’or et le travail plus précieux encore.

Le meilleur boulanger suisse, c’est M. Emile Matzinger, à Genève. Ainsi en ont décidé les membres du jury du Salon de la boulangerie de Paris. Au cours de cette manifestation internationale, divers concours

avaient été institués en vue de définir les meilleurs boulangers de Paris, de Suisse, de Belgique et de Hollande. M. Matzinger avait délégué à Paris son fils Alfred, âgé de 23 ans.

  1. Matzinger fils était muni de toutes les catégories de boulangerie fine fabriquées par son père. Il a présenté au jury, de la boulangerie au Gluten, des zwiebacks, des longuets, des tresses et des tayaules ».

Ce concours, dans le cadre du salon international de la boulangerie organisé par l’Union internationale de la boulangerie a lieu dans les locaux de la Société d’horticulture les 2 et 3 aout 1925.

 

Le Petit Parisien du 4 août 1925 :
« Les mitrons Parisiens ont eu hier « du pain sur la planche »
Cent vingt d’entre eux ont concouru pour le titre de meilleur ouvrier boulanger de Paris.
Choisis entre vingt mille camarades, cent vingt mitrons ont hier après-midi mis la main à la pâte pour disputer le titre de meilleur ouvrier boulanger de Paris.
Cet original concours qui avait attire nombre de boulangers, sans parler de leur clientèle, a eu lieu dans les locaux de la Société d’Horticulture, 84 rue de Grenelle, ou se tient actuellement, sous les auspices de l’Union International de la boulangerie, du syndicat de la boulangerie de Paris et de la Seine et de l’Association générale des boulangers de Belgique, le salon de la boulangerie pâtisserie.
En un temps où les salons pullulent, celui-là a sur les autres l’avantage que les « croutes » exposent sont comestibles.
Les Néerlandais y ont envoye trois mille cinq cents kilos de pains divers, dont certains sont longs, long…comme un jour sans pain.
Les Belges dont le président est M. Dubant de Rie (orthographe incertaine), on affrèté des avions spéciaux pour transporter leurs produits.
Quant aux aux mitrons parisiens, ils sont arrivé vers 16 heures rue de Grenelle, ont quitté leurs vestes, retroussent leurs manches et rivalisent d’habiliter.

Le plus rapide a mis quatre minutes et trente secondes pour confectionner cinq petits pains nattes, cinq « tordus », dix croissants, un « fendu » et quatre baguettes de 125 grammes.
Comme travail facultatif, il y avait la confection de ces délicieux petits pains ronds qui portent le glorieux nom d’Empereur dont le dessin est ourie et fin comme des pétales de roses.
Les concurrents avaient déjà remis au jury de gros pains de ménage pétrit dans leur fournil. Les dix meilleurs produits ont été retenus par les jures qui aujourd’hui, se rendront dans les boulangeries ou travaillent leurs auteurs et, ayant ainsi apprécié la vitesse, le travail et la propreté des concurrents, ils éliront le meilleur boulanger de Paris.
Il y a eu aussi un concours de patron ; ils avaient envoyé des « boulots » et des « polkas » dorés légers, succulents comme de la brioche.
Le grand prix est revenu à un boulanger de banlieue M. Leroy, 4 rue de la gare à Bondy ; les deuxième et troisième prix à M. Victor Jeunne, 20 rue de Clignancourt à Paris, et Devigny 112 avenue de la République à Montrouge.
Disons que le salon restera ouvert jusqu’aux 6 aout inclus. On y discutera en congrès international l’importante question du travail de nuit. »

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A la Une du Petit Parisien du 7 aout 1925. A noté que Percheron Laurier d’Amour a été domicilié par le journaliste au 16 rue Charlot, siege des Compagnons boulangers du Devoir de Paris.

« … ils ont le matin même, apporté deux pains cuits chez leur patron. Vers 16 heures, ils s’alignent pour la deuxième épreuve, après laquelle dix d’entre eux, promus ouvriers d’élite, passeront l’ultime examen, d’où sortira le meilleur.
Dans un couloir encombré, les concurrents s’alignent en deux séries.
Chacun d’entre eux reçoit trois kilos de pâte et quelques poignées de farine. Au signal d’un sifflet strident, ils se précipitent, le coupe-pate en bataille, ayant pour but de faire vite et bien.
La farine s’élève en fins nuages on voit éclore miches et petits pains ; les croissants sont roulés à des allures d’enfer, les baguettes s’étirent, les nattes s’enroulent sous les doigts agiles en quatre minutes, un des champions ayant abattu sa besogne, pousse un cri de triomphe, qui stimule les retardataires et les commissaires prennent gravement des notes.
Le concours est terminé. On prononce le vainqueur. Le meilleur ouvrier de Paris est le compagnon Deniau Leon, Percheron laurier d’amour !.. »
Remporte le prix du meilleur ouvrier boulanger de Paris, le 28 octobre 1925.
Remise des prix au 84 rue de Grenelle, avec la présence d’une délégation de Compagnons boulangers
-1 diplôme d’honneur
-une médaille d’or
-une coupe en argent
-300 francs en espèces

Extrait  Le Compagnonnage, septembre 1925, numéro 74.
« Honneur au TRAVAIL, Encouragement au SAVOIR, Gloire au DEVOIR.
Le salon de la boulangerie avait organisé à Paris un tournoi de travail où étaient conviés les ouvriers boulangers des divers pays pour le titre de « meilleurs ouvriers », sous la présidence de Monsieur Durand, président du salon, assiste de M. Boyer, président du syndicat, et des organisateurs de l’Exposition Internationale de la boulangerie.
Un concours spécial eut lieu pour le titre de « Premier ouvrier de Paris »
Le jury était composé de six membres : trois délègue patrons et trois délègue ouvriers.
Nous sommes heureux de faire connaitre au tour de France que c’est un compagnon du devoir qui a remporté le premier prix et le titre de « meilleur ouvrier de Paris », avec le maximum de points dans les cinq épreuves et a l’unanimité du jury. C’est le P. : Deniau Leon, Percheron Laurier d’Amour, né le 4 janvier 1891 à Authon du Perche, reçu C. : à la Saint-Honoré 1925.
Il est le seul compagnon qui ait concouru et nous ne pouvons que l’en féliciter hautement ; il a ainsi montré qu’il était digne du titre de compagnon qui lui avait été confié et, quoique jeune venue parmi ses frères, il a montré aussi qu’il entendait être un des dignes continuateurs de cette lignée de Compagnons qui firent honneur au Devoir par leur science et leur talent.
Les quotidiens de Paris relatèrent d’ailleurs ce tournoi, le succès du C. : Deniau et sa photographie comme exemple dans le travail.
Toutes nos felicitations au lauréat et aux organisateurs de ce concours de la façon et de la loyauté dont ils ont fait preuve, espérant dans l’intérêt de la société qu’au prochain tournoi les CC. : y soient en nombre
Pour la Société des C. : Boulangers D. : D. :
le Délègue Renard ».

 

Leon DENIAU, Percheron Laurier d’Amour, a l’issue de la cérémonie fut invité au banquet donne par les organisateurs du salon de la boulangerie, en compagnie de Georges RENARD, Bourguignon l’Ami des Arts (1*), délègue au placement des compagnons boulangers.
En fin de banquet,  Bourguignon l’Ami des Arts prononça le discours suivant :
« Monsieur le Président;
Mesdames et chers collègues;
En qualité de délégué au placement de la Société des compagnons boulangers du Devoir de Paris, 16 rue Charlot, je croirais manquer à mon devoir en vous quittant sans remercier sincèrement les organisateurs du Salon de la boulangerie.
Notre assemblée générale avait décidé qu’une délégation accompagne notre frère Deniau, Lauréat du concours. Nous aurions voulu faire mieux, venir la Société entière, couleurs et bannière, mais le travail ne l’ayant pas permis, la délégation présente vous témoigne la reconnaissance que notre Société apporte à votre concours, elle a su le comprendre et l’apprécier, en espérant toujours un meilleur but d’entente et d’union entre patrons et ouvriers.
Au nom de la Société et du Tour de France Merci ! »

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Les dimanches et lundi, 26 juin et 27 juin1927 a également lieu au 84 rue de Grenelle, un concours dans le cadre du Salon international de la boulangerie. La presse compagnonnique l’indique comme le « deuxième concours », mais il semblerait que ce soit en fait le troisième, car il est fait référence dans cette même presse a « … l’obtention du titre de premier ouvrier de Paris a, comme l’an dernier, eu un plein succès. »


Le Petit Parisien
du 28 juin 1927 :
Le concours des premiers boulangers de Paris
Le concours pour le titre de premier ouvrier boulanger de Paris, concours organise par l’Institut international de la boulangerie, au lieu hier, au 2e salon de la boulangerie, 84 rue de Grenelle

 Le jury était présidé par M. Devigny assisté de M. Brosson, Gilet, Quatre hommes et Robinet, patrons et M. Renard, délègue des compagnons ; Burcker, Deniau et Papin, ouvriers.
Appelés tour à tour, quatre vingt concurrents sont venus devant une longue table et on mit « la main à la pâte » pour faire six croissants, six petits pains, cinq baguettes de 200 grammes, deux pains fendus de 600 grammes, et cinq empereurs (petits pains ronds).
Chaque concurrent, en outre, répondait à une question technique.
Le jury classa premier M. Leon Nicolas, trente-neuf ans, boulanger depuis l’âge de treize ans, qui a reçu une prime de 500 francs. Il avait accompli sa tâche en 4 minutes. M. Roger Bernard, dix-neuf ans a ete classe second.
Demain, mercredi, un autre concours, non-mois intéressant aura lieu : celui des patrons pour le meilleur pain de France. Trois cents concurrents de Paris, banlieue et province y participeront. »

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Premier : NICOLAS Leon Henri (2*), Parisien la Franchise, coupe d’honneur, 500 francs offert par les Moulins de Paris.

Second : BERNARD Roger(3*), Bordelais le Génie, prix d’honneur.

Troisième : ARNAUD Robert (4*), Parisien Coeur Fidèle, prix d’honneur.

Quatrième : SEVESTRE Alfred (5*), Breton Coeur Joyeux, prix d’honneur.

Cinquième : SOUNET, Aspirant, prix d’honneur.

Sixième : TAMBOURIN Martin (6*), Basque le Dévoué, prix d’honneur.

Septième : TISSON Narcisse (7*), aspirant, prix d’honneur.

Le Petit Parisien du 4 juillet 1928 :

« Les premiers ouvriers boulangers de Paris
M.Queuille, ministre de l’agriculture à visite hier après midi le salon de la boulangerie-pâtisserie, installé dans la salle des horticulteurs.
Puis eut lieu l’original concours pour le titre de « premier ouvrier boulanger de Paris »
Vingt et un spécialistes du fournil et du Pétrin « travaillèrent » avec ardeur six livres de pates, pour en faire sortir six petits pains, six croquettes, six nattes, six croissants et un pain fendus. Les candidats passèrent également un examen oral. Le classement fut celui-ci 1 er Achille Smargonsky (6 minutes) ; 2e François Challard (8 minutes) ; 3e Eugène Bonzon (8 minutes 30). Les deux premières classés sont Compagnons de la société du tour de France, 16 rue Charlot à Paris. »

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Au centre le vainqueur Achille SMARGONSKY, Londoniens le Fier Courageux (8*).

A gauche, avec des moustaches,Francois CHALLARD, Clermont l’Étoile du Devoir (9*).

A droite, Eugène BONZON, adhérent à la Société des Compagnons boulangers de Paris.

 

1* Georges RENARD, né le 10 juillet 1882 a Fleury la Vallée (89), reçu à Nîmes à l’Assomption 1901 sous le noble nom de Bourguignon l’Ami des Arts, Diplôme de fidélité à Paris lors de la Saint-Honoré 1959 ; décède à Fontenay Trétigny le 9 février 1968, Honneurs Compagnonniques rendu.

2* Leon Henri NICOLAS, né le 3 avril 1888 à Paris, reçu à Paris à la Saint-Honoré 1921 sous le noble nom de Parisien la Franchise, décède en 1955.

3* Roger Pierre BERNARD, né le 7 aout 1907 à Bordeaux, reçu à Bordeaux à la Noël 1924 sous le noble nom de Bordelais le Génie, fils de Francois BERNARD, Bordelais l’Inviolable et frère de Gilbert BERNARD, Bordelais la Pensée, tous compagnons boulangers du Devoir.

4* Robert ARNAUD, né le 8 septembre 1899 à Paris, reçu  à la Pâques 1922 sous le noble nom de Parisien Coeur Fidèle

5* Alfred SEVESTRE, né le 21 aout 1903 à La Gacilly (56), reçu à Paris à la Saint-Honoré 1927 sous le noble nom de Breton Coeur Joyeux.

6* Martin TAMBOURIN, né le 9 janvier 1886 à Saint Jean de Luz (64), reçu à Paris à  la Saint-Honoré 1920 sous le noble nom de Basque le Dévoué.

7* Narcisse TISSON, reçu à Paris à la Noël 1927 sous le noble nom de Manceau l’Ami du Devoir.

8* Achille Raymond SMARGONSKY, né le 3 novembre 1901 à Londres, reçu à Paris à la Saint-Honoré 1925 sous le noble nom de Londonniens le Fier Courageux.

9* Francois CHALLARD, né le 25 avril 1895 à Reignat (63), reçu à Paris à la Noël 1920, sous le noble nom de  Clermont l’Étoile du Devoir ; Beau père de Lucien MILLORY, Beauceron l’Étoile du Devoir, compagnon boulanger du Devoir. Diplôme de fidélité à Paris lors de la Saint-Honoré 1959. Décède à Draveil, Honneurs Compagnonniques rendu le 2 avril 1986, est inhumé dans son pays natal.

 

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité C.P.R.F.A.D.

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