LE PETIT PÂTISSIER

 

Du cahier d’écolier d’où nous avions déjà extraits les historiettes en vers Le Pain de chez nous et Je serai boulanger, publiés sur ce site, voici aujourd’hui celle du Petit pâtissier signée de Paul BILHAULT.
La morale en est que le méchant est toujours puni ; hélas, hors des poèmes, ce n’est pas toujours le cas…

LE PETIT PÂTISSIER

Un jour (c’était un jour de fête)
Un pâtissier trottait,
Avec son panier sur la tête,
et tout en trottant il chantait.

Il portait chez quelqu’un sans doute
Une tarte ou des petits fours,
Et ne s’amusant pas en route,
Ce qui n’arrive pas toujours.

En chemin il fit la rencontre
De Gustave qui l’arrêta,
Et sans se gêner, lui dit : « Montre
Ce que tu portes comme ça ! »

« Qu’est-ce que cela peut vous faire ? »
Répond le petit pâtissier.
Gustave était d’un caractère
Très curieux et tracassier.

Il réplique : « Je le devine,
ce sont des gâteaux, c’est certain ».
Le pâtissier, d’humeur badine,
Dit : « Pas du tout…, c’est un lapin ! ».

Il disait ça par moquerie,
Mais Gustave, qui par malheur,
N’entend pas la plaisanterie,
Devint rouge et d’un ton rageur

S’écria : « Je veux tout de suite
Le voir et tu le montreras ».
Le pâtissier dit : « Pas si vite ! »
« Vous voulez ? Moi je ne veux pas ! ».

« Ah ! tu ne veux pas ? » fit Gustave,
« Je vais te faire voir que si ! ».
Certes, Gustave était très brave,
Mais l’autre était brave aussi,

Et, lorsque poussé par la rage,
Gustave sur lui s’élança,
D’un coup de poing en plein visage
Le pâtissier le repoussa.

Alors pendant une minute,
Ce fut un combat singulier
Qui se termina par la chute
De Gustave et du pâtissier…

Mais le plus grave de l’affaire,
C’est que Gustave était dessous.
Ma foi, nous ne le plaindrons guère
Puisqu’il avait cherché des coups.

Ayant remporté la victoire,
Le pâtissier se releva
En disant : « Tu ne veux pas croire
Les gens, eh ! bien ! ça t’apprendra ! ».

Après ce sermon salutaire,
Il cherche son panier des yeux
(Car il l’avait posé par terre
Afin de se défendre mieux).

Pauvre pâtissier ! … Dans sa lutte,
Le panier avec le gâteau,
Hélas ! ayant fait la culbute
Avait roulé dans le ruisseau.

Le pauvre se désespère !
Gustave rit de son chagrin
Et rentre, enchanté, chez son père.
Oui, mais vous allez voir la fin…

Soudain, à la porte on sonne
Et notre Gustave penaud,
Voit le pâtissier en personne
Entré, et tenant le gâteau.

(C’était un gâteau que le père
De Gustave avait commandé).
Et quand le papa sut l’affaire,
Jugez si le fils fut grondé.

« Monsieur, que ceci vous apprenne
Que lorsqu’on est méchant ainsi,
On en subit toujours la peine,
Vous en avez la preuve ici ».

Pour que la leçon fût plus forte,
Vers le pâtissier se tournant
Il lui dit : « Mon garçon, apporte
Un gâteau plus gros à l’instant.

« Puisque mon fils par sa conduite
Doit être puni sans retard,
Je vais le punir tout de suite…
C’est toi qui mangeras sa part ».

Et depuis, quand Gustave passe
Près d’un pâtissier, aussitôt
Il se dit : « Oh ! faisons lui place,
J’aime mieux avoir du gâteau. »

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