« Le Pain » tableau de Mr Demont-Breton.
“Le Pain” par JH.POTIER, dit le Bien-Aime de Saint-Georges de Reintembault, Compagnon plâtrier du Devoir, Bon Drille du Tour de France.
Ces vers publiés dans le journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir » numéro 191, (Année 1891) ont été écrit et envoyé à Louis DEQUOY, Blois la Fraternité, Compagnon boulanger du Devoir de Blois, qui lui les a envoyé au journal « le Ralliement »
Ces vers ont été composé spécialement pour la fête des Compagnons réunis de Blois qui fut célébrée le 15 aout 1891.
Voici la présentation de ces vers par son auteur :
« Besançon, le 9 aout 1891.
Cher C. : et A. : confrere L.Dequoy, dut Blois la Fraternité à Blois.
L’invitation que j’ai reçue vendredi dernier d’assister à notre fête des C. :C. :R. : (Compagnons réunis) de la ville de Blois, m’a fait un bien sensible plaisir. Je vous prie d’excuser mon absence, comme l’an dernier je tiens a ce que ma muse vous rende une petite visite dans cette agape fraternelle. Je me suis rappele que dans votre derniere, datee du 20 juillet dernier, vous me priez de bien vouloir vous faire une piece de poesie sur l’art de la Boulangerie.
Hier dimanche, je me suis mis en devoir de satisfaire a vos désirs.
Ai-je bien ou mal fait, je vous le soumet ci-après, vous priant de vouloir bien la lire a votre baquet de samedi, vous pouvez même la chanter, je l’ai composée sur le même rythme que la chanson (Des Sapins de Pierre Dupont). Je la dedie aux C. :C. : boulangers du Devoir du Tour de France.
Espérant que vous lui ferez un bon accueil ainsi que tous les Compagnons a qui je la dédie, comme je l’espère vous voudrez bien aussi l’adresser au journal le Ralliement, qui voudra bien la faire paraitre ainsi que la présente, si cela peut vous faire plaisir, moi j’en serai heureux. »
Le Pain
Air : des Sapins de Pierre Dupont
I
Sous le soleil qui darde dans la plaine
Le laboureur récolte ses moissons
De gerbes d’or, sa grange est toute pleines.
Heureux, il jette au vent quelques chansons,
Puis au marche sur sa lourde voiture
Conduit son blé, qu’il vend pour le moulin.
La meule tourne en fait belle mouture
Pour le vieillard, la veuve et l’orphelin.
A la patrie
L’activité
Donne force et frugalité
Par toi prospère l’industrie
Activité chérie
J’admire ta bonté.
II
De blanches fleurs s’emplissent les sacs vides
Dans le fournil s’anime le sapin.
Pour assouvir les appétits avides,
La vigilance en fera du bon pain.
Pendant qu’au lit, l’indolence prélasse,
Sa nonchalance en un mortel ennui,
La volonté d’un dur labeur ne lasse
Dans le travail trouve un puissant appui.
III
La boulanger met bas, veste et chemise
Et d’une mitre a couvert ses cheveux,
La jupe en toile a complète sa mise,
Sur le pétrin courbe son front nerveux.
A la lueur d’une lampe fumeuse,
Corrompant l’air qu’il hume en son réduit,
Pour accomplir une tache fameuse,
Aide du Han, lutte pédant la nuit.
IV
L’humanité lui dit : buche, travaille,
Gai compagnon, soit fidèle au Devoir,
Donne tes nuits et geins vaille que vaille,
Le peuple a faim espère en ton pouvoir.
Chauffe le four, brasse, pétris enfourne,
Car notre vie a tous est dans tes bras.
Pendant qu’au jour, le travailleur retourne
A son travail, toi tu reposeras.
V
Noble ou vilain, bourgeois ou prolétaire,
Qui ne savez le prix de votre pain,
Vous le trouvez toujours bon salutaire,
Vous ignorez d’ou provient son levain.
Mais il n’est bon qu’autant qu’on le partage
Entre celui qui souffre et qui n’a rien,
Celui qui donne a toujours l’avantage,
Heureux qui peut faire au pauvre du bien.
Besancon, 8 aout 1891. JH.POTIER, dit le Bien-Aime de Saint-Georges de Reintembault
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.