Après avoir rapporté la chanson de « La Belle meunière », Charles GUILLON, dans Les Chansons populaires de l’Ain (1883) a recueilli celle de « La Meunière ».
La morale de l’histoire est toute différente de la précédente, où la meunière résistait aux paroles enjôleuses d’un galant de passage. Dans celle qui suit, gentiment grivoise, la meunière cède à ses avances…
LA MEUNIÈRE
1
L’autre jour en m’y promenant
J’aperçois la meunière
Qui cultivait dans son jardin
La rose printanière.
Je lui ai dit, belle en passant
Voudrais-tu bien m’écouter un instant.
2
Mon beau Monsieur, retirez-vous d’ici,
Ne venez pas m’y surprendre,
Car les amants en sont si trompeurs
Ne cherchent rien qu’à prendre.
Mon beau Monsieur, retirez-vous d’ici,
N’en venez point troubler mon esprit.
3
Belle si tu veux venir avec moi
Dans ce grand bois à l’ombre,
Je t’y ferai voir l’oiseau dans les airs
Aussi le bout du monde.
Je t’y ferai voir l’oiseau dans les airs
En même temps, la feuille à l’envers.
4
La belle fut curieuse de tout voir,
Elle s’en va-z-à l’ombre
Croyant d’y voir l’oiseau dans les airs
Aussi le bout du monde,
Croyant de voir l’oiseau dans les airs
En même temps, la feuille à l’envers.
5
Quand la belle eut vu cet oiseau
Avec son beau plumage :
Donnez-moi le, Monsieur, je vous prie
Que je le mette en cage,
Donnez-moi le, Monsieur, je vous prie
Que je le mette en cage.
6
Au bout de neuf mois tout au plus
L’oiseau fit son ramage ;
La cage s’est ouvri
Et l’oiseau s’enfuit
Grand Dieu, qu’il est dommage ;
La belle s’écrie à haute voix
Voilà l’oiseau que j’ai pris dans le bois.
Dicté par Claudine Morel, femme Festas, à Ceyzériat (Ain).
Qui était cette informatrice de Charles Guillon ? Claudine Elisabeth Morel naquit à Rignat, une ancienne commune de l’Ain, le 21 avril 1824, fille d’un maréchal. Elle épousa à Rignat Joseph Festas, un maréchal natif de Ceyzériat (Ain), qui décéda sur cette commune le 11 septembre 1893, âgé de 74 ans. Sa veuve, Claudine Morel, lui survécut jusqu’au 3 juin 1903, date à laquelle elle s’éteignit, âgée de 79 ans.
