Voici une chanson figurant dans la feuille anarchiste Le Père peinard
Le Père peinard: réflecs hebdomadaires d’un gniaff, en date du 5 février 1893 (un gniaff, c’est un cordonnier : on le voit sur l’en-tête, son tire-pied à la main, chassant les parlementaires, bourgeois, juges, soldats, agents et ecclésisatiques).
La page entière, comprenant texte et dessins, est annoncée comme une « Image pour les loupiots » ! Aujourd’hui, elle serait interdite pour incitation à la violence chez les enfants !
La chanson se chante sur l’air de « Il était une bergère ».
Merci à M. Patrick FONTENEAU, spécialiste et collectionneur des souvenirs du mouvement ouvrier, de nous avoir communiqué ce document pour qu’il prenne place sur le site du CREBESC.
Laurent Bastard
LA MECHANTE BOULANGERE
Il était un’ mitronne,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
Il était un’ mitronne
Qui vendait cher son pain, tin tin,
Qui vendait cher son pain.
Un jour un’ malheureuse,
Et tin tin, sonnons le tocsin ;
Un jour un’ malheureuse
Lui dit : oh ! j’ai bien faim, tin tin,
Lui dit : oh ! j’ai bien faim.
La riche boulangère,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
La riche boulangère
Dit : passe ton chemin, tin tin,
Dit : passe ton chemin.
La pauvre mendiante,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
La pauvre mendiante,
Tomba morte de faim, tin tin,
Tomba morte de faim.
Tois jeunes ouvrières,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
Trois jeunes ouvrières
De ce crime témoins, tin tin,
De ce crime témoins.
Entrèrent en révolte,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
Entrèrent en révolte
Pillant le magasin, tin tin,
Pillant le magasin.
La mitronne peureuse
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
La mitronne peureuse
Se cacha dans l’pétrin, tin tin,
Se cacha dans l’pétrin.
Pour rire les fillettes,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
Pour rire les fillettes
Chauffent le four à point, tin tin,
Chauffent le four à point.
Si bien que la mégère,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
Si bien que la mégère
Fut cuite sans levain, tin tin
Fut cuite sans levain.
C’est pour apprendre aux riches,
Et tin tin tin, sonnons le tocsin ;
C’est pour apprendre aux riches
A nous faire crever d’ faim, tin tin
A nous faire crever d’ faim.