La fermeture hebdomadaire est de nos jours une évidence pour une grande majorité des entreprises artisanales, bien que l’émergence de nouvelles formes de concurrence remette en cause ce procès. Si ce sujet est d’actualité, nous allons découvrir par ce document datant de 1926 que la fermeture hebdomadaire fut bien difficile a obtenir dans notre profession…

Extrait du procès verbal de la séance du 21 septembre 1926 du comité économique départemental de la Meuse :

 Des renseignements fournis à la Commission d’Économie générale il ressort que si la fermeture hebdomadaire des boulangeries était pratiquée dans toute la France comme elle l’est dans les principales villes de la Meuse, l’économie annuelle de blé résultant de la consommation forcée du pain rassis à raison d’un jour par semaine dépasserait 1.200.000 quintaux.

En présence de cette constatation appuyée sur des expériences absolument probantes, la Ière Commission a demandé que la fermeture hebdomadaire soit rendue obligatoire dans le plus bref délai sur toute l’étendue du territoire. Cette mesure ne constituerait toutefois à ses yeux qu’un remède incomplet.

Elle a estimé qu’il était possible d’aller plus loin, à la condition que la population tout entière comprenne son intérêt et son devoir, et se soumette à la discipline rigoureuse qu’imposent les temps de disette.
Elle a donc proposé qu’on abandonne provisoirement l’usage du pain frais, surtout du pain flûté, et que le régime du pain rassis soit uniformément imposé d’une façon continue.
La Commission exécutive sait que les boulangers de la Meuse sont prêts à accepter cette réglementation si elle est généralisée. Elle s’est aussi rendu compte que les économies globales à attendre de l’usage du pain rassis seraient de l’ordre de 8 à 9 millions de quintaux de blé par an pour l’ensemble du Pays. Dans ces  conditions, elle approuve entièrement les propositions de la Ière Commission.
Mais en attendant ces solutions générales, elle estime qu’il importe de faire dès maintenant un effort dans le cadre du département et elle demande de la manière la plus pressante à tous les boulangers, sans exception, de vouloir bien suivre l’exemple de leurs camarades de Bar-le-Duc, Ligny, Commercy, St. Michel, Vaucouleurs, Gondrecourt, Euville, Void, Montmédy, etc. et de fermer leurs boulangeries un jour par semaine. Ainsi ils jouiront d’un salutaire repos comme tous les autres citoyens et aideront en même temps les consommateurs à s’habituer au régime hygiénique du pain rassis.
Pour extrait conforme.
Le Secrétaire général, 5 Octobre 1926

« Le Progrès » avril 1998.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.