HÉRIVEAU Marcel, Tourangeau coeur loyal, communiste, déporté politique.
Marcel André Hériveau est né le 26 novembre 1911 à La Ferrière (Indre-et-Loire) au lieu dit la Folie Hameau, fils du charretier François Heriveau (né le 7 avril 1881 à Reugny) et de Léonie Philippeau (née le 28 aout 1886 à Saint-Laurent-en-Gatine).
Second d’une fratrie de trois garcons, dont René Léon, né le 12 fevrier 1910 et Gaston, né le 7 juillet 1914, à La Ferrière.
Marcel Hériveau épouse la profession de boulanger et est reçu compagnon boulangers du Devoir le jour de la Saint-Honoré 1932 à Paris, 12 ème cayenne du tour de France sous le noble nom de Tourangeau coeur loyal.
Il a pour frêres de réception les compagnons :
- Paul Riglet, Ile de France va sans crainte.
- Kleber Sauger, Blois coeur loyal.
- Roland Voisin, Tourangeau l’ami des frêres.
- Georges Trely, Périgord le soutien du Temple.
- Pierre Bauceaud, Lyonnais le soutien du Temple.
- Jean Godfroy, Ile de France le soutien des frêres.
- Henri Wabuitz, Alsacien le soutien du Devoir.
Lors du banquet de Saint-Honoré du lendemain de réception, ces jeunes compagnons furent présentés à Mesdames Cornibé et Legrand , Mères des Compagnons boulangers du Devoir de la cayenne de Paris.
Le 12 avril 1933, Alice Louise Gallot*, domestique, domiciliée à Paris 9, rue Jean-Baptiste Dumas) donne naissance à Lucienne Thérèse Louise au 208 faubourg Saint-Honoré, cet enfant sera reconnu par Marcel Hériveau, six ans plus-tard, le 6 février 1939.
Le 5 janvier 1935, Alice Louise Gallot épouse Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal ( Paris, XXe arr) , ils sont domiciliés à cette date au 11, impasse des Orteaux, XXe arr.
Militant communiste et membre du conseil du syndicat CGT des ouvriers boulangers de la région parisienne, nous le trouvons à plusieurs reprises Marcel Hériveau, sité dans le journal l’Humanité:
L’Humanité, 3 mars 1937, numéro 14199 :
Cet après-midi, meeting pour les vieux travailleurs
Cet après-midi, à 14 heures, salle du Zénith, 17, rue Malte-Brun, sous les auspices du Comité local d’action syndicale du 20° et la section du 20e des vieux travailleurs, aura lieu un grand
meeting pour la retraite aux vieux. Orateurs Brout et Langumier, députés du 20° Garchery, député du 12 ; Hériveau, secrétaire du Comité local ; Barrège, de la Fédération de Saint-
Etienne; Pioton, du Comité des chômeurs, et un secrétaire de l’Union des syndicats de la R. P.
L’Humanité, 10 décembre 1937 :
-Orateur lors du meeting du 11 décembre 1937 à Clichy , “pour l’augmentation de l’allocation, pour une retraite pour les vieux”
L’Humanité, 30 aout 1938 :
-Préside le meeting organisé le 31 aout 1938 à 17 h 45 au cinéma Floride, place des Rigoles.
L’Humanité, 22 novembre 1938, numéro 14582 :
Ce soir dans le 2eme arrondissement contre les decrets-lois et impots de misere
Ce soir, à 21 heures, grande réunion publique,salle Charlot, place Martin- Nadaud. organisée par le comité populaire Gambetta-Père-Lachaise, avec le concours de, notre camarade Langumier,
députe du .20° arrondissement ; de Heriveau. du centre syndical; de Clément et Roùsset (Mouvement de Front Populaire).
L’Humanité, 18 juin 1939, numéro 14789:
Bourse du travail de Montreuil le 17 juin 1939 :
”Devant 3000 chomeurs, Jacques Duclos s’élève contre la politique de régression social du gouvernement” “…Le camarade Hériveau expliqua toute les brimades que contenait le code du chomage, dont l’auteur, M Pomaret, fut hué dans toute la salle…”
L’Humanité, 8 mars 1939, numéro 14707 :
Le 28 mars 1939, orateur lors de la réunion à 21 h00 au 34 rue Ménilmontant .
L’Humanité, 28 juin 1939, numéro 14799 :
Président de la première scéance du Congres des chomeurs de la région parisienne le 27 juin 1939.
L’Humanité, 4 aout 1939, numéro 14836 :
Une délégation à la préfecture de la Seine
Mercredi 2 août une délégation du secteur Est s’est rendue à la préfecture de la Seine pour protester contre le licenciement de 4.000 employés de -a S.T- C.R.P., contre l’augmentation des tarifs et contre la désorganisation des lignes.. La délégation composée de Heriveau, responsable du secteur Est de l’Union des syndicats; Vaderand, responsable du secteur Est du syndicat des métaux et des délégués des comités de défense des usagers, a été conduite par le camarade Félix Routhier, conseiller général de la Seine,
Cette délégation fut, reçue par le secrétaire du préfet, à qui plus de 6000 signatures ont été remises. Des promesses- furent faites à la délégation. En restant vigilant, en poursuivant l’action sur cet important problème, les travailleurs du secteur Est feront échec aux décrets de misère. Le responsable du secteur.
L’Humanité 26 aout 1939, numéro 148958 :
Pour les chômeurs mobilisés de la région parisienne.
Le bureau régional des chômeurs de la région parisienne vient de faire parvenir au président du conseil et au ministre du travail la lettre suivante :
Monsieur le président du conseil,
Nous attirons votre attention sur la situation créée aux chômeurs mobilisés devant toucher leur allocation.
Déjà, il nous est signalé que certains services de chômage ne payaient que la moitié de ce qu’ils devaient toucher.
Nous vous demandons d’examiner avec bienveillance cette situation et celle qui va être créée aux femmes des mobilisées qui n’ont aucune ressource.
C’est pourquoi nous sollicitons de vous une entrevue au jour et heure qu’il vous conviendra.
Pensant que vous prendrez notre demande en considération, veuillez croire monsieur le président du conseil, a l’assurance de notre parfaite considération.
Pour le bureau régional des chômeurs de la région parisienne : Hériveau
Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal est exclu du conseil du syndicat CGT des ouvriers boulangers de la région parisienne pour avoir organisé une réunion de fraction communiste en juin 1939. Il était, cette même année, secrétaire de l’Union Departementale du parti communiste du XXe arr. de Paris.
Mobilisé en 1939, son épouse reprit son rôle de responsable du Parti Communiste Francais pour le XXe arr.. Nous ignorons le parcours de Marcel Heriveau, Tourangeau Coeur Loyal, jusqu’ à la date du 27 janvier 1940.
Suite à la signature le 23 août 1939 du pacte de non-agression germano-soviétique, une série de décrets-lois anti-communistes sont votés les 25 et 28 août . Le 26 août, un décret permet de saisir et suspendre « tout journal ou écrit, périodique ou non dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale ». Ce même jour au matin, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, font saisir les journaux L’Humanité et Ce soir. Cette répression aboutit à la loi du 26 septembre 1939, la dissolution du Parti Communiste Francais.
Pour infraction de ce décret portant dissolution du Parti Communiste Francais, Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal , et son épouse, domicilié dans le XXe arr. sont arrêtés ce 27 janvier 1940. Ils sont condamnés par le 2éme tribunal militaire de Paris, le 23 avril de la même année, à cinq ans de prison et 5 000 francs d’amende.
25 avril 1940
Le Petit Journal
Epuration
Cinq ans de prison à deux propagandistes communistes
Le deuxième tribunal militaire de la région de Paris a condamné à 5 ans de prison et 5000 francs d’amende le boulanger Hériveau et sa femme Alice. Tous deux propagandistes zèlés du parti communiste, ils faisaient une action illégale très active dans le XXe arrondissement, ou ils avaient essayé de reconstituer la cellule Gambetta
26 avril 1940
Journal Le Temps
La propagande défaitiste
Le deuxième tribunal militaire de Paris, présidé par le colonel Jammes, a condamné à 5 ans de prison et 5000 francs d’amende chacun, sur les requisitions du colonel Penancier, les époux Hériveau, actifs propagandistes communistes du XXe arrondissement de Paris. Le mari, ouvrier boulanger, avait été membre du comité de la « cellule Gambetta » et de plusieurs organismes communiste. Il a été privé en outre , de ses droits civils et politiques pendant cinq années.
Marcel Hériveau,Tourangeau coeur loyal s’évade en juin 1940 et entre dans la clandestinité.
En 1941, Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal permet à l’ouvrier boulanger Georges Julien dit “Michard”, membre du parti communiste, cellule Grenelle du 15 eme arrrrondissement, de rentrer en contact avec la résistance communiste et de devenir ainsi responsable des comités populaires des ouvriers boulangers du 7, 15 et 16 eme arrondissement.
Nous pouvons supposer que lors de cette période de clandestinité, Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal, fut en contact de deux des neveux de Mme Cornibé, Parisienne la bien aimée, mère générale des compagnon boulanger du Devoir. Nous les savons en effet tous deux résistants communistes , et que suite a un coup contre les allemands, il furent cachés dans l’atelier de confection de leur tante (adresse inconnue, situé vers Nation, peut-ètre dans le 20 eme), et que celle-ci financat leur passage en zone libre. De plus Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal, connaissait la mère Cornibée puisqu’il lui avait été présenté, suite à sa reception, au banquet de Saint-Honoré 1932 et qu’elle était domiciliée comme le couple Hériveau, dans le XXe arrondissement de Paris.
Le nom de Marcel Hériveau apparait dans un rapport de la Brigade spéciale 2 daté de septembre 1942 signalé comme « militant communiste notoire » après avoir été mis en cause par un militants arrêté.
Groupe de Francs–tireurs et partisans qui assura la défense du siège du Parti Communiste Francais à Paris en aout 1944
Marcel Hériveau Tourangeau coeur loyal est arreté et condamné:
Paris-Soir, numéro 838, 8 janvier 1943 :
Le Jeudi 6 avril 1944, vers 7 heures ; 1 489 hommes au moins, dont Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal , quittent le camp d’internement et de transit de Royallieu (Frontstalag 122) proche de Compiègne.
Le depart du camp de Royallieu “…en silence et par rang de cinq…”
Source : http://jewishtraces.org/
Après avoir traversé la ville, à pied, en silence et par rang de cinq, ils arrivent vers 8 heures à la gare de Compiègne située à plus d’un kilomètre du camp. Là, un train les attend, composé d’une douzaine de wagons à bestiaux sur lesquels est peinte la mention « Hommes : 40. Chevaux en long : 8 », encadrés par un wagon de voyageurs réservé à l’escorte militaire allemande, et par deux wagons plate-forme équipés de mitrailleuses. En face de chaque wagon, les Allemands forment des groupes d’environ 80 hommes qui attendent en silence durant près d’une heure l’ordre d’y monter.
Des quatre transports directs allant de Compiègne à Mauthausen en 1943 et en 1944, celui du 6 avril est le dernier et le plus important. Vers 10 heures, le train quitte Compiègne pour la gare de Mauthausen, en Autriche. En gare de Reims, il reste à quai durant près de trois heures. Les déportés en profitent alors pour griffonner sur des bouts de papier des messages qu’ils jettent par les interstices des parois de wagons et que les cheminots ramassent, et qu’ils tentent de faire parvenir à leurs destinataires.
Le wagon
Gravure de Daniel Piquée-Audrain, déporté à Mauthausen, issue de la plaquette de Maurice Petit, matricule 25.331 : « Plus jamais ça« , Paris, Imprimerie Petit et Rousseau, 1969.
Le train passe ensuite par Thiaucourt (Moselle), Pagny-sur-Moselle (Meurthe – et- Moselle), Novéant (Moselle), Metz (Moselle), puis Ludwigshafen (Rhénanie – Palatinat), Würzburg, Nuremberg, Regensburg et Passau (Bavière), enfin Linz et Mauthausen (Autriche).
Dans des fourgons dont toutes les ouvertures sont obturées, c’est un terrible voyage de trois jours et deux nuits que ces hommes subissent, entassés pêle-mêle, sans nourriture et dans le froid. En dépit des menaces de représailles des Allemands, en cas de tentatives d’évasion, et des tensions que ces dernières créent entre déportés dans les wagons, plusieurs d’entre eux, parmi les plus jeunes, cherchent à déchausser le plancher et à s’évader. Cinq y parviennent, dont 2 à Thiaucourt, 2 à Pagny – sur – Moselle. Aussi, en pleine nuit du 6 au 7, à Novéant, tous les déportés sont éjectés de leurs wagons et doivent se mettre nus, leurs vêtements étant entassés dans deux wagons vidés de leurs occupants. Ils continuent donc, à 120 par wagon, et dans l’odeur pestilentielle qui règne. En gare de Würzburg seulement, quelques infirmières de la Croix-Rouge allemande sont autorisées à donner à boire aux déportés.
Le 8 avril, vers 17 heures, le train arrive en gare de Mauthausen.
Une des entrées du camp de Mauthausen; Illustration « Mauthausen » de Paul Tillard; Paris, Editions sociales, 1945.
Accueillis par des SS, accompagnés de chiens, les déportés doivent s’habiller à la hâte de défroques ramassées sur le quai. Ils montent vers le camp, encadrés tous les dix mètres par ces SS et leurs chiens, traversant le village dont les habitants les regardent, silencieux. Une ambulance ramasse ceux qui sont morts dans le train, les invalides, puis les traînards. L’arrivée au camp a lieu vers 19 heures. Après de longues opérations de comptage qui durent toute la nuit, vers 5 heures du matin, les déportés reçoivent l’ordre de se déshabiller, puis d’entrer dans la salle de douches. Résistants pour la plupart, auxquels sont mêlés des otages, des communistes et quelques droit commun, ces hommes, de tous les âges, sont de toutes les régions de France. Le plus âgé a 74 ans, et si 200 d’entre eux n’ont pas vingt ans, les 2 plus jeunes ont respectivement tout juste 15 et 16 ans ; 9 autres, à peine 17 ans […]Plus de la moitié des déportés de ce transport sont transférés au Kommando de Melk.
Nouveaux prisonniers attendant la désinfection dans la cour de Mauthausen
(archives nationales allemandes)
Mauthausen était classé par l’administration SS camp de « catégorie 3 ». Cette catégorie de camp correspondait au régime le plus sévère et, pour les prisonniers qui y étaient envoyés, cela signifiait un « retour non désiré » et l’extermination par le travail « Vernichtung durch arbeit ». En été, les prisonniers étaient réveillés à 4h 45 a.m (5h 15 en hiver) et devaient travailler jusqu’à 19 heure. A cela s’ajoutait les appels et les distributions de nourriture.
Toutes les activités du camp gravitaient autour de la carrière de pierre et des construction de tunnels dans les tristement célèbres camps annexes de Gusen (I, II et III), Melk et Ebensee.
Dans la carrière « Wiener Graben », les prisonniers étaient divisés en deux groupes; ceux qui devaient extraire le granit et ceux qui devaient porter les pierres hors de la carrières en montant les 186 marches du terrible escalier qui menait à la carrière.
Un témoin, Olga Wormser, a donné une description de ce que pouvait être le travail et la vie dans la carrière: » 87 juifs Hollandais furent envoyés à la carrière et séparés des autres prisonniers… Dans la carrière, il rencontrèrent deux SS connus sous les pseudonymes de « Hans » et « The blond Damsel ». Armés de manche de pioche, es deux hommes foncèrent dans le groupe de prisonniers qui extrayait les pierres. A 11h 30, 47 des 87 juifs hollandais gisaient morts sur le sol. Ces deux crapules massacraient les juifs sous les yeux de leur compagnons impuissants. Au cours de l’après-midi, quatre autres juifs hollandais furent encore tués. Ils ont été emmenés en haut de la carrière et les SS leur ont ordonné de se battre au bord du précipice. Si deux prisonniers s’écrasaient en contrebas, les deux vainqueurs pourraient survivre. Deux hommes sont effectivement tombés mais sitôt après les deux SS poussèrent les deux vainqueurs dans la carrière. »
Une autre torture particulièrement appréciée des SS était de rassembler en plein hiver un groupe de prisonniers dans la cour du garage puis de leur ordonner de se déshabiller complètement. A ce moment, un garde SS les arrosait d’un jet d’eau glaciale. Les prisonniers devaient ensuite rester immobiles, nus et en plein air jusqu’à ce qu’ils meurent de froid. Cette torture était toujours mortelle dans une région où la température moyenne en hiver est de -10 -15 degrés.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les camps annexes de Gusen étaient considérés par les prisonniers comme encore pires que Mauthausen. Le taux de mortalité à Gusen était plus haut encore qu’au camp principal. Les baraques de Gusen étaient divisées en deux sections « A » et « B » (« Stube A, Stube B »). Les malades, blessés ou ceux qui étaient devenus trop faibles pour travailler étaient entassés dans la section « B ». Devant dormir à même le sol sans couverture, ne recevant ni soin ni eau ni nourriture, ils étaient condamné à mourir de faim dans des conditions indescriptibles.
Les conditions de vie à Ebensee et Melk étaient tout aussi horribles. A la mi-avril 1945, lorsque le complexe de Mauthausen fut plongé dans un chaos total suite à l’arrivée massive de prisonniers provenant d’autres camps évacués, le manque de nourriture fut tel que plusieurs cas de cannibalisme furent rapportés.
Le 5 mai 1945, des unités de la 11ème division blindée US libérèrent le camp de Mauthausen. Plus 15.000 corps jonchaient le camp et furent enterrés dans des fosses communes les jours suivants. Au cours des semaines qui suivirent, 3.000 autres prisonniers moururent des suites de la malnutrition, de maladie ou tout simplement d’épuisement.
De 1939 à 1945 plus de 10.000 soldats SS ont servis en tant que gardes à Mauthausen et dans ses camps annexes. Les noms de 818 d’entre eux sont connus et quelques centaines ont été arrêtés par les troupes américaines. Lors du procès de Dachau le 7 mars 1946, 58 gardes furent condamnés à mort et 3 condamné à la prison à vie. Tous plaidèrent non-coupable…
Déposition de Franz Ziereis,
commandant du camp de concentration de Mauthausen
Le 23 mai 1945, le Standartenführer SS Ziereis, commandant du camp de concentration de Mauthausen, était mortellement blessé par des soldats américains lors d’une tentative d’évasion. Le 24 mai 1945, Ziereis fut interrogé par les autorités. Le texte ci-dessous est l’enregistrement intégral de la déposition de Ziereis et a été certifié par le bourgmestre Feichtinger et par Edelbauer, officier de police à St. Valentin.
Il convient de préciser que dans certaines parties de cette déposition Franz Ziereis minimise ou au contraire exagère certains aspect des crimes commis par les nazis. Ainsi, lorsque Ziereis affirme que près de 1.500.000 personnes ont été gazées au château de Hartheim: en fait, on estime le nombre de victimes gazées à Hartheim à environ 30.000. Par contre, Ziereis minimise le nombre de prisonniers tués à Mauthausen il parle de 65.000 morts alors qu’on estime le nombre de victimes à minimum 120.000 mort, et plus probablement 150.000.
« Mon nom est Franz Ziereis, né en 1903 à Munich, où ma mère ainsi que mes frères et soeurs vivent toujours. Je ne suis pas un homme méchant et me suis élevé uniquement grâce à mon travail. J’étais marchand de profession, et durant les périodes de chômage, j’ai travaillé en tant que charpentier.
En 1924, j’ai rejoins le 11ème Régiment d’Infanterie de Bavière. Par après, j’ai été transféré au département « Formation » puis à Mauthausen avec le grade de commandant du camp. Les camps placé sous mon commandement étaient: Mauthausen, Gusen, Linz, Ebensee, Passau, Ternberg, Gross-Raming, Melk, Eisenerz, Beppern, Klagenfurt, Laibach, Loibl, Loiblpass, Heinkel, W. Wiener-Neustadt, Mittelber et Floridsdorf avec un nombre approximatif de 81.000 prisonniers. La garnison du camp de Mauthausen comptait 5.000 SS. Le nombre maximum de prisonniers enfermés à Mauthausen fut de 19.800. Sur l’ordre du SS-Hauptsturmführer Dr. Krebsbach une chambre à gaz a été construite et camouflée en douche. Les prisonniers étaient gazés dans cette chambre à gaz. Toutes les exécutions étaient faites sur ordre du Reichsführer SS et Chef de la Police Himmler, l’ Obergruppenführer SS Kaltenbrunner, ou le Gruppenführer SS Mueller. En outre 800 prisonniers furent gazés au block 31 de Gusen I. Le Oberscharführer SS Jenschk a également assassiné 700 prisonniers à Gusen, mais je ne sais pas où.
Jenschk tuait les prisonniers de la manière suivante: alors que la température extérieure était de -12 degrés ils forçait les prisonniers à se baigner puis les faisait se tenir nus en plein air jusqu’à ce qu’ils meurent. Le Dr. Kiesewetter tuait les prisonniers par injection d’essence. L’Untersturmführer SS Dr. Richter opérait des prisonniers, quel que soit leur état – malade ou en bonne santé – , et leur enlevait des morceaux de cerveau, causant ainsi leur mort. Ceci fut fait à environ 1000 prisonniers. L’Obergruppenführer SS Pohl a envoyé les malades et les prisonniers épuisés dans les bois et les y a laissé mourir de faim. Ces prisonniers essayèrent de manger de l’herbe afin de survivre mais tous sont morts. De plus, Pohl diminua de moitié les rations journalières des autres prisonniers et tous ceux qui étaient malades ou affaiblis furent gazés. Cette chambre à gaz était située au château de Hartheim, à 10 kilomètres de Linz. Près de 1.500.000 y furent gazés. A Mauthausen, tous les prisonniers gazés étaient enregistrés comme « mort de cause naturelle ».
Pohl m’a envoyé 6.000 femmes et enfants qui avaient voyagé dans des wagons ouverts pendant plus de 10 jours, par un temps glacial et sans recevoir aucune nourriture. On m’a ordonné d’envoyer les enfants ailleurs. Je crois qu’ils sont tous morts. Suite à cela je suis devenu très nerveux. Sur ordre de Berlin, 2500 prisonniers transport provenant d’Auschwitz ont été plongé dans de l’eau chaude, puis, par temps très froid, ont été forcé de rester nu en plein air jusqu’à ce qu’ils en meurent. Le Gauleiter Eigruber n’a jamais envoyé de nourriture, au contraire il a ordonné que 50% des rations destinées aux prisonniers soient distribuées à la population civile. Gluecks a ordonné que les prisonniers travaillant aux crématoires soient relevés toutes les trois semaines et immédiatement exécutés d’une balle dans la nuque parce qu’ils en savaient trop. Par après, il a été ordonné que tous les médecins et infirmiers soient envoyés dans un camp de travail afin d’y être exécutés.
Le camp de Lambrecht a été liquidé. Pohl accompagné de nombreuse femmes organisait des banquets et des saouleries dans une villa. Les prisonniers qui travaillaient dans cette villa ont été accusés de vol et transférés à Mauthausen avec l’ordre suivant: « destruction ». La véritable raison était qu’ils en savaient trop.
Himmler ordonna un jour de charger une pierre de 45 kilos sur le dos d’un homme et de le faire courir jusqu’à ce qu’il tombe mort. Cette méthode s’étant montrée « efficace », Himmler ordonna de créer une compagnie disciplinaire utilisant ce genre de punition. Les prisonniers devaient soulever de lourdes pierres jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent. Ils étaient exécutés dès qu’ils s’effondraient et on écrivait ensuite dans les registres « tué lors d’une tentative d’évasion ». D’autres prisonniers étaient poussés vers l’enceinte barbelées électrifiée.
D’autres encore ont été littéralement déchirés en morceaux par « Lord », le chien du commandant Bachmeyer. Le 30 avril, 33 prisonniers ont été rassemblés dans la cour du camp. L’ Oberscharführer SS Niedermeyer et l’ agent de la Gestapo Polaska les y ont ensuite littéralement tirés comme des lapins.. En tout et pour tout, et à ma connaissance, 65.000 prisonniers ont été assassinés à Mauthausen. Dans la plupart des cas, j’ai pris part à ces meurtres. Je me joignais régulièrement aux exécutions et utilisait alors une arme de petit calibre. Les gardes SS s’entraînaient au tir en utilisant des cibles vivantes.
Le Reichsminister Himmler et l’Obergruppenführer SS Kaltenbrunner m’ont ordonné de tuer tous les prisonniers sans exception au cas où la ligne de front s’approcherait de Mauthausen. J’avais reçu l’ordre de Berlin de détruire Mauthausen et Gusen, prisonniers inclus. Tous les prisonniers devaient être poussés dans une mine de Gusen. On devait ensuite faire sauter la mine à l’aide d’une forte charge explosive. Cette opération devait être faite par les Obergruppenführers Wolfram et Ackermann. C’est Pohl qui a ordonné cela. »
Ziereis est mort peu de temps après cette déposition.
Copie certifiée exacte, extraite du procès contre le Dr. Guido Schmidt, Autriche, et publiée telle quelle dans le « Wiener Arbeiterzeitung » du 20 septembre 1945.
Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal est transféré à Melk le 21 avril 1944 pour travailler à la construction d’une usine souterraine de roulements à billes pour la firme Steyr, Daimler et Puch.
La distribution du pain
Maurice Petit, matricule 25.331 : (extrait de « Plus jamais ça » de Paris, Imprimerie Petit et Rousseau, 1969) :
La rentrée au block se fait en colonne par un, comme pour la soupe. Nous devons passer devant une table derrière laquelle se tient le Blockhealtester entouré de ses Stubedienst. Et, par groupe de trois, nous recevons une boule de pain noir et trois rondelles de “saucisson”!
A cet instant, ces trois hommes deviennent inséparables. Ils s’enfoncent dans le block jusqu’a leur place.
La boule était partagée entre trois parts égales sous l’oeil avide et méfiant des autres partenaires. Celui qui a coupé désigne une part, et un autre, le dos tourné, désigne le bénificiaire.
D’autres, plus astucieux, avaient confectionné, avec du bois et de la ficelle, une sorte de balance, cela évitant toute discussion.
Chacun ayant sa part s’en va dans son coin pour avaler cet infame portion fabriquée on ne sait jamais avec quoi. Mais la faim ne rebute aucun apétit. Jusqu’ à la dernière miette, nous l’absorbons. Je me rappelle avoir mouillé mon doigt pour ramasser les miettes éparses autour de moi.
Pour manger ce repas du soir, nous nous réunissions par travée de lits, et tout en avalant notre ration, nous évoquions les bons repas que nous avions faits autrefois, ou les recetttes de cuisine qui enchantaient nos souvenirs. Nous étions tous, ou à peu près, devenus des maitres-queux. L’art de faire un quatre-quart n’était plus un secret pour nous, ni la recette d’un gras-double à la lyonnaise, ect. , puis nous nous endormions, brisés de fatigue, ressentant la douleur des coups recus dans la journée, l’estomac vide mais l’esprit plein.
Roger Gouffault, matricule 34 534 :
“…il y avait la distribution du pain, de nourriture. Les conditions de vie ont continuellement changé : au début pour moi, en 1943, on avait un pain coupé en quatre, ensuite ce pain a été coupé de plus en plus petit jusqu’à vingt-quatre parts… ce n’était pas du pain, c’était tout ce qu’on veut mais pas du pain…
Le vieux que j’étais, pas en âge mais en mois de détention, a vu son estomac se rétrécir tout doucement et quand le très grand rationnement est arrivé, je n’étais pas en état de manger. Mais le camarade qui est arrivé de France en 1944, avec ses quatre-vingt-dix kilos est mort de faim très rapidement… au bout d’un mois, deux mois, il est mort. C’est une raison de mortalité…”
MELK par Mark Vadasz
On sait peu de choses à propos de Melk. Sa fonction principale était de fournir de la main-d’oeuvre pour la réalisation de plusieurs projets de tunnels dans les collines avoisinantes. Ces collines sont composées essentiellement de sable et de quartz, ce qui explique le nombre de prisonniers enterrés vivant suites aux nombreux effondrements.
Les prisonniers du camp étaient de toutes les nationalités. Aucune nationalité n’était particulièrement représentée. Polonais, hongrois, yougoslaves, français, italiens, et tchèques, tous se confondaient en une masses d’esclaves au service du 3ème Reich.
La soupe dans les galeries. Melk Mauthausen.
Gravure de Daniel Piquée-Audrain, déporté à Mauthausen, issue de la plaquette de Maurice Petit, matricule 25.331 : « Plus jamais ça« , Paris, Imprimerie Petit et Rousseau, 1969.
Une chambre à gaz fut construite dans le camp et soigneusement camouflée. Elle avait été conçue sur base de celle qui existait à Mauthausen. Ses murs de briques avaient une épaisseur de 25 cm et l’intérieur avait été aménagé comme une salle de douche. L’épaisseur des murs avait été calculée afin d’étouffer les cris des victimes. Heureusement, la guerre prit fin avant que la chambre à gaz ne soit mise en service.
Melk avait également ses propres crématoires. Ses cheminées, pointant vers le ciel tel de sinistres doigts, étaient visibles dans le paysage. Ces crématoires disposaient de nombreux perfectionnements par rapport à ceux en fonction à Mauthausen, Gusen et Ebensee. Juste à côté de ces installations, une morgue avait été aménagée.
La population moyenne de Melk avoisinait les 8.000 prisonniers, ce qui explique la présence de crématoires et d’une chambre à gaz. La raison d’être de ces installations doit se trouver dans les projets nazis de transformer Melk en un centre d’extermination. durant les mois d’été, le nombre de morts incinérés avoisinait les 10-16 par jour. Ce nombre atteignit 20 à 30 par jour durant l’hiver 1944-1945.
Le commandant de Melk était l’ obersturmbannfûhrer Julius Ludolf. On sait également que le sinistre untersturmbannfûhrer Streitwieser participa au commandement du camp durant la même période. Les travaux de construction étaient sous la direction de l’obergruppenfûhrer Kammler et de l’obersturmfûhrer Schulz.
Une particularité intéressante de Melk est le fait que ce camp était établi à proximité immédiate d’une grosse garnison de la Wehrmacht. Il est clair que ni les civils ni les soldats des environs ne pouvaient passer près du camp sans vois ce qui y était commis. En fait, il était possible de voir tout le camp ainsi que ces baraques à partir des routes qui surplombaient le camp. Même les crématoires étaient parfaitement visibles. Rien ne fut fait par les SS pour cacher ou camoufler les activités du camp et il est absolument certains que les habitants et soldats de Melk savaient parfaitement ce qui s’y passait.
Alors que les forces allemandes reculaient sur tous les fronts, le chaos se mit à régner sur les régions encore sous contrôle nazi. Pourtant, alors que la guerre était déjà perdue pour eux, ils continuèrent à déporter par trains ou par marches forcées des milliers de civils. Melk fut un des camps qui reçut le plus de ces déportés évacués. Lorsque le camp fut libéré le 5 mai 1945 par la 11ème division blindée US, les gardes SS s’étaient échappés, laissant le camp dans une situation absolument indescriptible. Les morts et les mourants jonchaient le sol et la population totale du camp avoisinait les 14.000 personnes.
https://www.ushmm.org/wlc/fr/media_fi.php?ModuleId=0&MediaId=403
Julius Ludolf fut jugé, condamné et pendu en avril 1947. Streitwieser, Kammler et Schulz réussirent à s’échapper.
A son retour en France Marcel Heriveau, Tourangeau coeur loyal, reprend de l’activité syndicaliste et occupe le poste de secrétaire des ouvriers boulangers de la région parisienne de 1945 (?) à 1949, puis secrétaire de la Fédération CGT de l’Alimentation de 1950 à 1956.
A Paris en 1956, Marcel Hériveau, Tourangeau coeur loyal, est membre de la commission paritaire de la boulangerie pâtisserie, représentant le syndicat des ouvriers boulangers de la Seine, Seine et Oise et Seine et Marne. Il est domicilie au 8 Villa Stendhal (20 e).
Marcel Hériveau, Tourangeau Coeur Loyal, se retire à une date qui nous est inconnue à Avons-les-Roches, commune de l’Indre et Loire situé à coté de La Ferrière, son lieu de naissance. Il y décède le 28 août 1965 . Une courte annonce sera publiée dans la rubrique nécrologique de l’organe de liaison “L’amicale de Mauthausen” (numéro 127 ; décembre 1965).
Nous ne possédons pas à ce jour d’information sur la détention d’Alice Hériveau suite à sa condamnation le 23 avril 1940 -au côté de son époux- à cinq ans de prison et 5 000 francs d’amende.
* Née à Flers -Orne- le 16 septembre 1910, fille de Louis Charles Henri GALLOT et de Louise Charlotte Albertine CHATEL, journalière, domiciliée à La Lande-Paty (61).
SOURCES : Arch PPo, BA 2447 et BS2 carton 14 GB 106.— Archives de la justice militaire au Blanc.— La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le livre mémorial… op.cit. — État civil. Gallica. *Claude Mercier. Lignes extraites du LIVRE-MEMORIAL des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945 .
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.
bonjour Picard,
très bien ta recherche sur le C. Hériveau Tourangeau Cœur Loyal et son engagement.
Dommage que tu n’ai pas songé a me communiquer son curriculum vitae pour ajouter à la base de donnée mémorielle que je constitue sur les CC.
Si tu as d’autres informations comme celles ci n’hésites pas à me les communiquer quelque soit le D.
S.F.E.D.
Un fils de déporté.
Tourangeau V.S.C.
C.T.D.D.F.D.C.