Jeton La Bouchée de Pain

Jeton La Bouchée de Pain – Souvenir de la Mi-carême 1889

19 – Collection Jean-Claude THIERRY. Agrandi 2 fois.

24mm. Métal blanc, rond lobé. Avers : dans un cercle grenelé sur quatre lignes ; LA / BOUCHEE / DE / PAIN. Revers : SOUVENIR DE LA CAVALCADE * – MI-CARÊME / 1889.

Paris, quartier Mouzaïa, Rue de la Fraternité, une enseigne en céramique intrigue (encre violette) :

« Œuvre de la Bouchée de pain » (voir annexe1)

« … Elle est à toi cette chanson

Toi l’hôtesse qui sans façon

M’as donné quatre bouts de pain

Quand dans ma vie il faisait faim

Toi qui m’ouvris ta huche quand

Les croquantes et les croquants

Tous les gens bien intentionnés

S’amusaient à me voir jeûner

Ce n’était rien qu’un peu de pain

Mais il m’avait chauffé le corps

Et dans mon âme il brûle encore

A la manièr’ d’un grand festin … »

L’œuvre de la Bouchée de pain fut fondée à Paris en 1884 ; voici un extrait de l’allocution prononcée à l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire telle que la rapporte le journal Le Gaulois : « C’est une grande dame chère à tous les Parisiens. Elle a nom : Charité… La « Bouchée de pain » n’est pas seulement une œuvre de bienfaisance, mais aussi de préservation sociale.

La faim fait crier la bête au cœur de l’homme. Le malheureux qui souffre de la faim peut devenir un criminel pour manger d’abord, pour aller ensuite dans les prisons, où du moins il sera nourri et chauffé.

Mi-Carême

La Mi-Carême est une fête carnavalesque traditionnelle, d’origine française. (wiki)

Fêtée le jour arrivé à la moitié du Carême, c’est-à-dire, selon la tradition chrétienne, au vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques, c’est une pratique qui remonte au Moyen Âge et se perpétue jusqu’à nos jours aux Antilles, dans certains villages de France (par exemple à Équihen-Plage) ainsi que dans les anciennes colonies françaises (comme au Québec, dans l’ancienne Nouvelle-France ou à Saint-Martin). La Mi-Carême était aussi jadis en France la Fête des blanchisseuses, des débitants de charbon et des porteurs d’eau.

Fêtée à grande échelle à Paris, la Mi-Carême a disparu dans cette ville au début des années 1950. Elle est reparue sous le nom de Carnaval des Femmes en 2009, et donne lieu de nouveau à un défilé chaque année.

Au Brésil, une fête carnavalesque ayant lieu en dehors de la période traditionnelle du Carnaval est appelée micareta, mot dérivé du français mi-carême.

Origine de la Mi-Carême :

À l’occasion de la Mi-Carême 1890, le Journal Parisien La Presse écrit :

L’invention de la Mi-Carême est bien plus récente que celle du carnaval. On avait de très bonne heure senti le besoin d’inaugurer par des plaisirs bruyants une longue période d’abstinence ; quand la foi se fut encore affaiblie, on jugea à propos de couper par une halte cette longue période de privations : on créa la Mi-Carême.

Telle est sa raison d’être évidente ; quant à la cause occasionnelle de son existence, elle est moins sûrement connue. On attribue la Mi-Carême à la coutume établie dans quelques petites villes, parmi les jeunes gens, de donner, le mardi-gras un dernier bal aux jeunes filles du pays ; celles-ci donnaient à leur tour une fête le troisième jeudi de carême.

À cela s’est joint, surtout à Paris, l’habitude parmi les blanchisseuses, de se nommer à cette époque une reine, de se déguiser et de donner un bal dans leur bateau.

Cette coutume, souvenir probable des anciens rois des métiers, s’est étendue de Paris à la banlieue et bien au delà. Dans beaucoup de villes, la Mi-Carême demeure la fête des jeunes filles.

Le char automobile de la Reine des Reines de Paris à la Mi-Carême au Carnaval de Paris 1903.

Carte postale souvenir de la Mi-Carême 1925 à Tinchebray.

Les bigophonistes de la Commune libre de Milly-la-Forêt à la Mi-Carême 1925.

A la Mi-Carême (Alfred de Musset)

I

Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;

Sur les flancs des coteaux, déjà court le gazon.

Cependant du plaisir la frileuse saison

Sous ses grelots légers rit et voltige encore,

Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,

Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.

II

Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;

Bien que le laboureur le craigne justement,

L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,

La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.

Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;

C’est sa première larme et son premier sourire.

III

C’est dans le mois de mars que tente de s’ouvrir

L’anémone sauvage aux corolles tremblantes.

Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ;

Et du fond des boudoirs les belles indolentes,

Balançant mollement leurs tailles nonchalantes,

Sous les vieux marronniers commencent à venir.

IV

C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares,

Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ;

À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ;

La valseuse se livre avec plus de langueur :

Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares,

La lassitude enivre, et l’amour vient au coeur.

V

S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime

Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir,

C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême,

Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir

Sur la valse et l’amour devrait faire un poème,

Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir.

VI

Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie,

Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés,

Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ?

Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie !

Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie

Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ?

VII

Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique

Des filles de Cadmus dénouait les cheveux,

On laissait la beauté danser devant les dieux ;

Et si quelque profane, au son de la musique,

S’élançait dans les choeurs, la prêtresse impudique

De son thyrse de fer frappait l’audacieux.

VIII

Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ;

Les vierges aujourd’hui se montrent moins sévères,

Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté.

Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ;

Nous perdons le respect qu’on doit à la beauté,

Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté.

IX

Tant que régna chez nous le menuet gothique,

D’observer la mesure on se souvint encor.

Nos pères la gardaient aux jours de thermidor,

Lorsqu’au bruit des canons dansait la République,

Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique,

Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d’or.

X

Autres temps, autres moeurs ; le rythme et la cadence

Ont suivi les hasards et la commune loi.

Pendant que l’univers, ligué contre la France,

S’épuisait de fatigue à lui donner un roi,

La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse.

Si quelqu’un s’en est plaint, certes, ce n’est pas moi.

XI

Je voudrais seulement, puisqu’elle est notre hôtesse,

Qu’on sût mieux honorer cette jeune déesse.

Je voudrais qu’à sa voix on pût régler nos pas,

Ne pas voir profaner une si douce ivresse,

Froisser d’un si beau sein les contours délicats,

Et le premier venu l’emporter dans ses bras.

XII

C’est notre barbarie et notre indifférence

Qu’il nous faut accuser ; notre esprit inconstant

Se prend de fantaisie et vit de changement ;

Mais le désordre même a besoin d’élégance ;

Et je voudrais du moins qu’une duchesse, en France,

Sût valser aussi bien qu’un bouvier allemand.

Alfred de Musset

Souvenir des fêtes de la mi-carême 1908. Quartiers de la Chapelle – Goutte d’Or. Un évènement organisé par l’Union Amicale du Marché de la Chapelle.

Le Petit Journal parution le 19/03/1899. N° 435 – La Mi-Carême à Tunis. La Reine Ranavalo à Alger.

Le Parisien (Source ):

La foule attendant les reines italiennes a la gare de Lyon en 1905

La promenade des blanchisseuses à Paris le jour de la Mi-Carême. 1852-1853. Source : Tableau de Paris par Edmond Texier ; ouvr. ill. de quinze cents gravures d’après les dessins de Blanchard.

C-Rendu d’élection de la Reine des Reines des 6000 blanchisseuses de Boulogne-sur-Seine en mai 1913

La Gazzetta del Popolo de Milan, rend compte de la visite des Reines italiennes des marchés de Turin et Milan à Paris pour la Mi-Carême 1905

Le char de la Reine des Reines de Paris 1892 devant le siège du Petit Journal rue Lafayette

2 avril 1892

Les reines de la Mi-Carême 1906 en visite au Petit Journal.

Le comte de la Mi-Carême

Venant d’Espagne ou de Bohême,

Au trot de son lent cheval blanc,

Passe, en les villes de Brabant,

Le Comte de la Mi-Carême…

Prince de rêve et de fortune

Traversant l’air superbement

Avec sa bête de diamant

Et son manteau de clair de lune…

Ainsi lesté, ainsi chargé,

S’en va d’un pas toujours le même,

Par les chemins des soirs légers,

Le Comte de la Mi-Carême.

Émile Verhaeren – Poète Belge Flamand d’expression française (1855-1916)

Char de la Reine des Reines de Paris 21 mars 1909. Antoinette Orlhac et photo de celle-ci, en médaillon.

A la Mi-Carême

I

Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;

Sur les flancs des coteaux déjà courts le gazon.

Cependant du plaisir la frileuse saison

Sous ses grelots légers rit et voltige encore,

Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,

Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.

II

Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;

Bien que le laboureur le craigne justement,

L’univers y renaît ; il est vrai que le vent,

La pluie et le soleil s’y disputent l’empire.

Qu’y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;

C’est sa première larme et son premier sourire.

III

C’est dans le mois de mars que tente de s’ouvrir

L’anémone sauvage aux corolles tremblantes.

Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ;

Et du fond des boudoirs les belles indolentes,

Balançant mollement leurs tailles nonchalantes,

Sous les vieux marronniers commencent à venir.

IV

C’est alors que les bals, plus joyeux et plus rares,

Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ;

À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ;

La valseuse se livre avec plus de langueur :

Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares,

La lassitude enivre, et l’amour vient au cœur.

V

S’il est vrai qu’ici-bas l’adieu de ce qu’on aime

Soit un si doux chagrin qu’on en voudrait mourir,

C’est dans le mois de mars, c’est à la mi-carême,

Qu’au sortir d’un souper un enfant du plaisir

Sur la valse et l’amour devrait faire un poème,

Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir.

VI

Mais qui saura chanter tes pas pleins d’harmonie,

Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés,

Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ?

Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie !

Où sont, de notre temps, les buveurs d’ambroisie

Dignes de s’étourdir dans tes bras adorés ?

VII

Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique

Des filles de Cadmus dénouait les cheveux,

On laissait la beauté danser devant les dieux ;

Et si quelque profane, au son de la musique,

S’élançait dans les chœurs, la prêtresse impudique

De son thyrse de fer frappait l’audacieux.

VIII

Il n’en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ;

Les vierges aujourd’hui se montrent moins sévères,

Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté.

Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ;

Nous perdons le respect qu’on doit à la beauté,

Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté.

IX

Tant que régna chez nous le menuet gothique,

D’observer la mesure on se souvint encor.

Nos pères la gardaient aux jours de thermidor,

Lorsqu’au bruit des canons dansait la République,

Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique,

Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d’or.

X

Autres temps, autres mœurs ; le rythme et la cadence

Ont suivi les hasards et la commune loi.

Pendant que l’univers, ligué contre la France,

S’épuisait de fatigue à lui donner un roi,

La valse d’un coup d’aile a détrôné la danse.

Si quelqu’un s’en est plaint, certes, ce n’est pas moi.

XI

Je voudrais seulement, puisqu’elle est notre hôtesse,

Qu’on sût mieux honorer cette jeune déesse.

Je voudrais qu’à sa voix on pût régler nos pas,

Ne pas voir profaner une si douce ivresse,

Froisser d’un si beau sein les contours délicats,

Et le premier venu l’emporter dans ses bras.

XII

C’est notre barbarie et notre indifférence

Qu’il nous faut accuser ; notre esprit inconstant

Se prend de fantaisie et vit de changement ;

Mais le désordre même a besoin d’élégance ;

Et je voudrais du moins qu’une duchesse, en France,

Sût valser aussi bien qu’un bouvier allemand.

Alfred de Musset

Poète et dramaturge français de la période romantique (1810-1857)

 

Annexe 1 : La Bouchée de Pain

Annexe 2 : Souvenir de la Mi-carême

J.B. Doussineau, ex-boulanger victime de la Compagnie de l’Ouest – souvenir de la mi-Carême 1910

Par Jean-Claude THIERRY

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