Jeton de Pain Oye-Plage

31 – Collection Jean-Claude THIERRY.

20 x 37mm. Cuivre. Rectangle, uniface. B. D. B. / 1 PAIN / OYE-PLAGE / (PAS-DE-CALAIS). Inédit R. Elie.

Il convenait de préciser les initiales « B. D. B. ». La Mairie vient de me confirmer qu’il s’agissait du Bureau de Bienfaisance qu’elle gérait, et distribuait ces jetons aux familles dans le besoin.

Pour situer sa période d’utilisation, sachons que la ville fut nommée Oye-plage sur décision du Conseil municipal en 1913, il est donc postérieur à cette date.

Oye-Plage (Ooie en flamand) est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France. Avec ses 33,86 km2, c’est la ville la plus étendue du Pas-de-Calais, juste devant Calais.

L’histoire de la commune d’Oye-Plage (Un territoire sous les eaux).

En 1736, la mer inonde Oye.

1789, la commune est incorporée dans le district de Calais, Canton de Nouvelle-Eglise jusqu’en 1801.

1791, le territoire de la commune est divisé en 6 sections : les grandes Hemmes, les petites Hemmes, l’Etoile, le village, le Pont d’Oye et les Petits Moulins.

 

Le XIXème siècle apporte la modernité

Le 19ème siècle apporte la modernité à Oye avec la création d’un bureau de poste mais aussi l’installation du chemin de fer qui sera très utile aux agriculteurs. C’est en 1872 que la station de chemin de fer est créée au Pont d’Oye. Oye fait partie des destinations prisées pour les bains de mer qui se renforcent au 20ème siècle. La plage se dote d’un casino, de villas, d’un café, d’un restaurant et d’un hôtel.

En 1885, la gare se dote d’une deuxième voie de chemin de fer permettant le stationnement de 20 wagons à la demande des cultivateurs pour le transport des betteraves, du blé, de la paille …

1913, Oye, devient « Oye-Plage » sur décision du Conseil Municipal.

CPA antérieure à 1913

Quel métier exerçait-on à Oye-Plage au 20ème siècle ?

Quelques habitants exercent des métiers de la mer, ils sont pour la plus part marin, d’autres exercent des métiers du commerces.

Ils sont cafetiers, marchands de charbon ou épiciers.

Les métiers de couturières, menuisiers, maçons ou cordonniers sont aussi exercés. Enfin d’autres travaillent comme instituteurs ou douaniers…

Mais la grande majorité des Ansériens exercent des métiers liés à la terre. Ils sont généralement cultivateurs, ouvriers agricoles, maréchal ferrants, forgerons, bourreliers ou meuniers.

Les ouvriers agricoles travaillent chez des fermiers ou dans les sécheries. A Oye-Plage, on comptait 13 sécheries à chicorée dont certaines existent encore aujourd’hui, dont une est encore en activité.

La Première Guerre Mondiale

En 1914, la Grande Guerre commence, des Ansériens partent courageusement affronter l’ennemi dans les tranchés où 63 victimes y laisseront la vie. Le nom des ansériens morts lors de cette guerre est mis en valeur sur le monument aux morts inauguré le 22 mai 1921. Il se trouve d’abord dans l’enceinte du cimetière de l’église avant que celui-ci ne soit déplacé à son emplacement actuel route du Pont d’Oye.

La Seconde Guerre Mondiale

Les allemands entrent à Oye-Plage en 1940, commence alors 4 ans d’occupation. L’abri saint Médard est réquisitionné et devient salle de cinéma pour les allemands et bien d’autres lieu et logements privés changent de fonction. Une Kommandantur s’installe.

La ville subit des bombardements mais heureusement peu de victimes sont à déplorer. Le 31 octobre 1941 le bombardement fera 3 morts et un blessé et tous les vitraux de l’église seront détruits.

La construction des blokhaus

Les allemands fortifient la ville, par la construction de blockhaus défensif ou de surveillance ou encore de stockage. Ils réquisitionnent l’ensemble des appareils de TSF qui doivent être apportés à la Mairie avant le 4 juillet 1940. Le centre du village fait exception.

L’ensemble des habitations du littoral sont évacuées et détruites dont le casino et les villas. La côte est progressivement fortifiée à partir de 1942 avec des blockhaus et des défenses de plages pour prévenir d’un éventuel débarquement des forces alliées. Des trains Decauville parcouraient la ville d’Oye-Plage pour se faufiler sur le secteur de la plage et transporter le sable d’un point à un autre, ils transportaient aussi les cailloux, les fers à béton, les poutrelles d’acier, le ciment, l’eau pour le chantier des blockhaus.

Témoignage : « Au pont d’Oye , les Allemands ont décidé de construire un blockhaus et pour ne pas aller chercher l’eau 200 m plus loin, ils ont creusé un grand carré et l’ont rempli d’eau. On aurait dit une piscine. Il y avait 4 bétonneuses et de la main d’œuvre étrangères, il y avait des belges et des hollandais, nous les rencontrions tous les jours. Ils ont dû mettre 4 à 5 mois pour construire le blockhaus. »

Au mois de février-mars 1942, les Allemands décident de construite une batterie et un poste de direction de tir afin de diriger les tirs des 4 casemates. Cependant à Oye-Plage, il n’existe pas de proéminence naturelle afin de pouvoir surveiller le détroit du Pas de Calais. L’aviation anglaise (la RAF) survole la région et bombarde bon nombre de cibles allemandes. Il fallait une solution pour éviter que ce poste de direction de tir ne soit repéré. Il sera alors édifié en forme de tour représentant un clocher d’église.

Petit à petit, les soldats allemands quittent Oye-Plage, à la veille du 6 septembre, date de libération d’Oye-Plage, les Allemands décident de faire sauter leur blockhaus pour que les Alliés ne puissent pas en avoir l’utilité. La Tour Penchée est une priorité avant leur départ. Ils la feront sauter à l’aide d’explosifs cependant la charge ne fut pas suffisante, c’est ainsi qu’elle s’inclina.

Il fallut très peu de temps pour que la Tour devienne non plus un poste de direction de tir mais une véritable curiosité.

Les villes du Nord et du Pas-de-Calais sont, pour la majorité, libérées en cinq jours c’est-à-dire du 1er au 5 septembre 1944 par des troupes britanniques, américaines, canadiennes, polonaises et tchèques.

Mais il faut encore attendre et déplorer de très durs combats pour que les Canadiens s’emparent, à la fin septembre, des poches de résistance allemandes sur le littoral : Boulogne, le Cap Gris-Nez ou encore Calais. Quant à la ville de Dunkerque, elle restera assiégée jusqu’au 9 mai 1945, après la capitulation de l’Allemagne et sera la dernière ville française libérée.

En ce qui concerne Oye-Plage, la commune sera libérée par les Canadiens le 6 septembre 1944 entre 17 et 18h. Les troupes canadiennes sont arrivées par le Pont d’Oye.

Les Canadiens du Toronto Scottish sont donc restés un mois environ avant de partir pour la Hollande, Dunkerque étant encore imprenable.

Le déminage de la zone

La paix retrouvée passe par la reconstruction de la France dont une étape importante est le déminage. Les nombreuses mines disséminés sur l’ensemble du territoire français sont dangereuse pour la population, il est donc important que cette mission soit effectuée au plus vite.

Dès 1944, les populations émettent le souhait que le déminage soit effectué le plus rapidement possible, afin de pouvoir à nouveau circuler, cultiver les champs et revoir la mer encore interdite quelques mois plutôt.

Malgré les précautions et la formation, les accidents furent nombreux. Il y eût au moins 1 800 morts parmi les Allemands et 500 du côté français. Le nombre de blessés est difficile à évaluer, alors que les séquelles des blessures étaient très invalidantes, et il y eu des victimes civiles également. En 1947, le déminage est considéré comme achevé en France. Mais en réalité toutes les mines n’ont pas été retrouvées et donc elles n’ont pas été naturalisées et il arrive que l’on déplore des accidents

CPA – Collection privée. OYE – Attelage et la Boulangerie sur la droite

Par Jean-Claude THIERRY

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