Importante grève des ouvriers boulangers de Paris 1913.
N’ayant pas abouti à la révision de leur salaire par des réclamations et des interventions multiples, et après avoir vainement attendu une proposition raisonnable de la part des patrons, trois mille ouvriers boulangers se mirent en grève à Paris.
Groupe de boulangers parisiens en grève en 1913, « 17 eme section, souvenir de la grève 1913 ». En main, le journal « L’Humanité » journal socialiste à l’époque, dirigé par Jean JAURES.
Leur action corporative justifiée par le fait que depuis 1903 (période des dernières grèves de la boulangeries (1903-1906), ils n’avaient reçu aucune augmentation de salaire, que le repos hebdomadaire n’était pas appliqué et que le nombre d’heures de travail était illimité.
Pour mettre fin à cette situation abusive, la chambre syndicale des ouvriers boulangers de la Seine, présenta aux patrons un projet de contrat qui établissait une nouvelle base de salaire et une meilleure condition de travail.
Distribution de cartes de grève à la Chambre syndicale des ouvriers boulangers de la Seine. Nous observons au fond sur le mur ce qui doit être un drapeau, avec le nom du syndicat, mais aussi « Louise Michel est morte » Louise MICHEL, militante anarchiste qui est l’une des figures majeures de la Commune de Paris. A été la première à arborer le drapeau noir, elle popularise celui-ci au sein du mouvement anarchiste. Elle décède le 9 janvier 1905 à Marseille. (Paris en Images)
Ils revendiquaient un salaire fixe de 48 francs par semaine et 2 francs de prime pour chaque journée supplémentaire, la limitation des heures de travail, l’application du repos hebdomadaire et la suppression du travail de nuit.
Mais les patrons repoussèrent toutes les revendications, sans vouloir en discuter avec les ouvriers. Devant la mauvaise volonté évidente des patrons, les travailleurs boulangers recouvrirent à leur seul moyen de combat: la grève.
Extrait de l’étude du poème « Le musicien de Saint-Merry » de Guillaume Apollinaire par Mr Poupon (cahiers de l’Association Internationale des études françaises-volume 23- page 212) :
« Or, ce quartier [le Marais] occupait la une des journaux de 1913. Deux drames passionnels, l’un près de Saint-Merry le 11 mai (Titre : « L’amour qui tue », l’autre le 17, rue Simon-Le-Franc : « William Leroux tue Augustine Tessan. Mais je retiens surtout les échauffourées dues à la grève des boulangers, grève qui s’est poursuivie pendant une bonne partie du mois.
La corporation des boulangers se tenait depuis le moyen-âge rue Brise-Miche. Les grévistes se réunissaient non loin de là, au manège Saint-Paul. Pendant ce temps deux boulangeries étaient ouvertes rue de la Verrerie. Des gens venus de tous les horizons faisaient la queue pour avoir du pain.
Mais les grévistes décidèrent de mener une expédition punitive contre les « renards » (nous dirions « les jaunes »).
L’Intransigeant écrit a la date du 16 mai : « Trois ouvriers boulangers qui avaient défoncé des panneaux et brisé des glaces dans les boulangeries de la rue de la Verrerie et de la rue Vieille du Temple ont été appréhendés et envoyés au dépôt.»
Jets de pierres à travers un soupirail par des boulangers grévistes contres des “jaunes” (ouvriers refusant de faire la grève) Gravure publiée dans la presse début XX eme siècle. (Coll.L Bourcier)
Les boulangeries qui continuèrent a travailler et a fournir du pain à la population, ainsi que leurs ouvriers traités de « jaunes » furent protégés par l’armée.
Soldats du 119 eme infanterie de ligne, le 18 mai 1913, protégeant une boulangerie parisienne. (Source Gallica)
A la veille de la grève, les patrons boulangers relevèrent le prix du pain pour rendre au près de la population les ouvriers responsables de l’augmentation. Cette manoeuvre astucieuse n’empêcha pas les travailleurs de mener leur mouvement. Ce mouvement entraina dans la grève les différentes coopératives parisiennes de l’alimentation (boucherie, charcuterie en particulier).
Rassemblement d’ouvriers boulangers en grève devant le siège de leur syndicat. Paris XVIIIème arr., rue Doudeauville. La Boulangerie coopérative “La Fraternelle” (Paris en Images)
Voir ouvrage : « Boulangerie coopérative la Fraternelle. 1904-1954. De la coopération à la Fraternelle, par Marcel Poussif. Discours par Antoine Antoni et Daniel Mayer. Poèmes de Raymonde Daudel et Geneviève Lefèvre. Avant-propos de N. Harasse.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.
Monsieur Davranche,
Merci pour vos encouragements, et en reponse a votre question , oui, il s’agit bien de la Bataille Syndicaliste.
Merci pour le lien 🙂
Cordialement
Laurent Bourcier
Bravo pour cet article sur la grève des boulangers de la Seine de 1913. Une question : on voit « L’Humanité » sur la photo. Quel est l’autre journal? Serait-ce « La Bataille syndicaliste » ?
Si vous vous intéressez au mouvement ouvrier pendant cette période, jetez un œil au livre « Trop jeunes pour mourir » (L’Insomniaque/Libertalia, novembre 2014). http://www.tropjeunespourmourir.com
Cordialement