Notre Mère Jacob (9ème partie)

Le centenaire de sa mort, les préparatifs.

En 1964, c’est le Centenaire du décès de la mère Jacob, et viens à l’idée du conseil central des compagnons boulangers, d’organiser une cérémonie pour cet anniversaire.

Suite aux contacts entre les compagnons de Paris et de Tours, il est décidé en  réunion (octobre 1962) de ce conseil, de proposer a René EDELINE, Tourangeau la Franchise, passionné du passé du Compagnonnage, de mener la première étude.

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René EDELINE, Tourangeau la Franchise (1963)

Sans aucune hésitation, celui-ci accepte avec enthousiasme, et rencontre le 28 novembre,  à Tours, le Premier en Ville de cette Cayenne, Emilien COTET, Poitevin le Courageux, afin de savoir si sa Cayenne serait prête à le suivre dans ce projet.

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Emilien COTET, Poitevin le courageux

Projet qui serait compose d’un cortège compagnonnique se rendant au cimetière de La Salle, discours devant le monument, banquet au siège de l’A.O.C.D.D., d’une exposition de document de l’époque de la mère Jacob et profite de cette exposition pour instruire les compagnons  sur le rôle que les mères eurent a cette époque.

Suite a ce courrier, les compagnons Tourangeaux sont bien conscients que l’état du monument de la mère Jacob est bien piteux, et qu’avant tout, ils doivent remettre le monument en état.

Cela sera fait avec les fonds du conseil central. La Cayenne de Tours décide de créer une commission pour s’occuper de l’organisation qui lui revient, ce sont les Compagnons Armand JOUMAS, Tourangeau la Constance et Jean-Pierre CASALA, Bordelais la Fermeté

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Armand JOUMAS, Tourangeau la Constance

Il fut donc décidé de démonter la stèle, afin de la déposer dans un atelier pour la sabler, suivi d’une métallisation pour éviter les inconvénients de craquelure d’une peinture. Apres avoir obtenu l’autorisation  du directeur du cimetière, ce fut le Compagnon boulanger André DESGROPPES, Périgord la Clef des Coeurs, reconverti au métier de couvreur, qui a l’aide de ses ouvriers fut charge de cette tache ; pour ce qui est de la base, ce fut un maçon itinérant qui fut charge de la rénovation.

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André DESGROPPES, Périgord la Clef des Coeurs (1958)

En septembre 1963, il est décidé de fixer la date de cette fête au lundi de Pâques 1964, cela dut à l’impossibilité des boulangers et pâtissiers de s’y rendre un dimanche, journée forte en travail.

Les grandes lignes du programme sont ébauchées, la mère Jacob en sera le noyau, et y sera associées toutes les mères décédées.

Le thème de l’exposition sera : « Le rôle de la mère dans le compagnonnage ».

Pour aider René EDELINE, Tourangeau la Franchise, dans son travail sur l’exposition, André DESGROPPES, Périgord la Clef des Coeurs, mis a sa disposition une brochure qu’il possède, la biographie de la mère Jacob, de JOURNOLLEAU, Rochelais l’Enfant Chéri, contenant aussi le compte rendu de l’inauguration du monument le 19 mars 1865.

C’est autour de cette brochure que toute l’organisation de la fête vat prendre forme.

Un projet de programme est élaboré :

-reconstitution, en les jumelant, les cérémonies des obsèques et  l’inauguration du monument.

-cérémonie religieuse en l’église Saint-Julien, ou eut lieu celle de l’enterrement de la mère Jacob.

-cérémonie du souvenir au cimetière.

-exposition : les mères du tour de France.

-banquet.

Il est propose aux niveaux des invitations, de convier toutes les corporations de l’AOCDD,  les compagnons charpentiers des devoirs (cette corporation siégeant rue de la serpe), et l’Union Compagnonnique.

Les Compagnons boulangers faisant partie de l’A.O.C.D.D., jugent avant toutes autres démarches de mettre le premier conseiller Jean BERNARD, La Fidélité d’Argenteuil, au courant de leurs intentions et qu’il y aurait peut être de faire sièges les assises du compagnonnage a Tours ce jour de fête..

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Jean BERNARD, La Fidélité d’Argenteuil

Il est enthousiasme, mais à un certain recul a l’annonce de l’intention d’inviter les compagnons charpentiers des Devoirs, les relations entre les deux n’étant pas au beau-fixe.

Mais il promet quand même de mettre a la disposition toute la structure de l’A.O.C.D.D., propose de faire une médaille (il en réalisa plusieurs pour marquer des évènements compagnonniques) et d’entreprendre des démarches pour obtenir une salle au Musée des beaux-arts de Tours pour l’exposition. Suite a cela, il est décidé que le conseil central sera désormais la cheville ouvrière pour toute l’organisation.

Les invitations furent donc envoyées 27 décembre 1863

-Au secrétariat central des charpentiers des Devoirs

-A leur Cayenne de Tours

-Au conseil central de l’Union Compagnonnique

-A leur section de Tours

Voici un extrait de l’invitation :

« …les CBDD se proposent de commémorer le décès de leur Mère Jacob, Mère des Compagnons boulangers du Devoir de la ville de Tours de 1820 a 1863.

Le 24 septembre 1863, un long cortège compose de Compagnons de tous corps et de toutes rites, accompagnait cette bonne mère à sa dernière demeure. Le renom qu’elle avait su s’acquérir par sa bonté et son dévouement, dépassait en effet largement le cadre de notre corps d’état et l’on peut dire qu’elle fut aimée et regrettée de tous.

Nous avons donc pense que le centenaire de ce décès pourrait donner lieu à un rassemblement semblable et que les Compagnons de tous corps et de tous rites, pourraient a nouveau s’unir pour rendre hommage filial à cette Bonne Mère, en y associant également toutes les mères décédées.

C’est pourquoi en accord avec le conseil du Compagnonnage, nous venons vous inviter a vous joindre a nous le lundi de Pâques 30 mars 1964 a Tours.

L’organisation de cette manifestation du souvenir nécessitant une longue mise au point, nous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire connaitre vos intentions des que cela vous sera possible,[…]ci joint un projet de programme[…]    

Cette information est diffusée sur toute la France  par le journal « Compagnonnage » (AOCDD) dans le numéro du mois de janvier 1964, avec comme précision que tous les corps d’états de tous rites sont convies.

 

Le 10 janvier suivant, le Compagnon MADROLLE, Berry le Décidé, Président général de l’Union Compagnonnique, répond :

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Le Compagnon Ajusteur Mécanicien MADROLLE, Berry le Décidé.

 « …j’ai bien reçu ta fraternelle du 27 décembre et je t’en remercie bien sincèrement. D’ores et déjà et sans avoir consulte notre comite directeur, je puis t’assurer de la participation sans réserve de l’Union Compagnonnique  a la manifestation du souvenir que vous organisez a Tours en l’honneur de la bonne Mère Jacob. Outre la présence certaine de notre direction générale celle de nombreux compagnons venant des cayennes est à prévoir. Par même courrier, j’adresse a toutes nos sections du tour de France une circulaire qui nous donnera toutes précisions sur le nombre des participants. Des réceptions des réponses, je te tiendrai informe. Avec l’espoir que ce rassemblement, par sa réussite, fera avancer d’un grand pas les relations amicales entre tous les devoirs, je te prie, etc…. »

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Journal de l’Union Compagnonnique des Devoirs unis, « Le Compagnonnage » février 1964.

Le 20 janvier, c’était Michel BOUSSICOT, Tourangeau la Sagesse, Compagnon Prothésiste Dentaire des Devoirs Unis, Président de la Cayenne de l’Union Compagnonnique de Tours, qui écrit :

 « …..hier avait lieu notre assemblée générale a notre siège et, bien entendu, j’ai informer tous les compagnons de cette manifestation et je dois te dire que tous les pays Tourangeaux sont d’accord pour participer a cette manifestation. Je dois te dire aussi que notre section se met, si vous le désirez à votre disposition pour vous épauler dans cette organisation… »

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Michel BOUSSICOT, Tourangeau la Sagesse, (Archives Tourangeau le soutien de l’Union)

A partir du moment ou ces démarches sont réalisée, Jean BERNARD, La Fidélité d’Argenteuil commence a se rétracter, d’une façon orale puis écrite, en faisant savoir qu’il lui est impossible de faire une médaille, comme il l’avait lui même propose,  il formule des réticences au sujet des invitations aux autres groupements compagnonniques, que les assises ne peuvent pas avoir lieux a Tours, et que la démarche qu’il avait  effectuée auprès des beaux-arts pour obtenir des locaux pour l’expo s’était avérées infructueuses.

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail comprend tout de suite qu’a partir de ce moment la, il y a des difficultés du cote de la « direction » de l’A.O.C.D.D.

 

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Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail

Les Compagnons boulangers demandent au provincial de Paris, de réunir le conseil de province, afin d’informer tout les corps d’états du projet, et de les faire participer activement.

A cette réunion du conseil provincial, tous les délègués semblent d’accord, et promettent de faire le nécessaire auprès de leur corps respectif.

Il s’agit la d’une question purement compagnonnique qui doit être règle a l’intérieur de chaque corps qui, selon les statuts de l’A.O.C.D.D. de l’époque sont totalement indépendants pour de telles décisions.

Aucune réponse n’est  donne de leur part, et il ne fait aucun doute que chacun a peur de se compromettre devant les réticences de Jean BERNARD, La Fidélité d’Argenteuil.

Le 4 février, une réponse des Compagnons charpentiers des Devoirs est donnée, ceux ci informe de l’accueil favorable qui lui font, sont surpris d’être les seul invite, en temps que corps d’état extérieur a l’A.O.C.D.D., et qu’il propose de faire stopper le cortège rue de la Serpe, ou une délégation pourrait recevoir les chiens blancs ; et qu’ils trouvent aussi adéquate de faire l’exposition dans un local neutre, ce qui ne serait pas le cas si l’exposition a lieu dans les locaux de l’A.O.C.D.D.

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail se méfie du contenu de la lettre des Compagnons charpentiers des Devoirs, en particulier sur « invitations des autres corps d’états », il pense que les Charpentiers cherchent a faire inviter officiellement les corporations qui sont nées a la Fédération Compagnonniques, ces invitations officielles faisant, symboliquement, office de reconnaissance.

René EDELINE, Tourangeau la Franchise, voit lui les choses beaucoup plus positivement, et propose d’inviter toutes les corporations du Devoir, et celles composant l’Alliance Compagnonnique de Tours, les Charpentiers des Devoirs et l’Union Compagnonnique sur le plan local.

Pour l’exposition, il n’y aura pas de problème, elle se fera en terrain neutre dans la salle des états généraux au Musée des beaux-arts  -il  est a note que Jean BERNARD, La Fidélité d’Argenteuil lui n’avait put soit disant l’obtenir-  et que l’arrêt rue de la Serpe est le bienvenue, cela a la demande d’apposer une plaque commémorative sur la façade de l’immeuble.

René EDELINE, Tourangeau la Franchise, écrira a Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail

« …il faut bien se pénétrer de l’esprit dans lequel nous plaçons cette célébration-la concorde et un rapprochement moral entre les diverses famille composant le compagnonnage. Cette cérémonie du souvenir peut en être le point de départ ? Si des compagnons appartenant à des formations récentes y viennent, les accepter a titre personnel.

Cette journée doit être un rapprochement entre tous les compagnons de bonne volonté…. »

Pour la plaque qui doit être placée sur la façade de la rue de la Serpe, une demande est adresse aux Compagnons charpentiers des Devoirs, ces derniers répondent qu’il faut mieux s’adresser au propriétaire de l’immeuble, qui est la Fédération Compagnonnique des métiers du bâtiment, ce qui est fait aussitôt.

 

Le 22 février, Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail  présente la demande d’apposer une plaque  sur la façade  de la Fédération Compagnonniques des métiers du bâtiment de Tours (9 rue de la Serpe). Celle ci répond le 28 février en donnant son accord et en demandant quelques précisions, aux quelles  Blois l’Ami du Travail  répond le 8 mars suivant :

«… nous vous remercions de l’accord que vous nous donnez pour l’apposition d’une plaque…..ce geste fraternel est une réponse a celui que nous avons fait en invitant les compagnons charpentiers des Devoirs  a ce faire représenter officiellement a la journée souvenir du 30 mars.

En même temps que ces derniers, tous les corps d’états affilier à l’Association ouvrière  ainsi que l’Union Compagnonnique ont été invites de la même manière. Au cours de conversations que nous avons eus, a Tours entre le compagnon Edeline et le compagnon Breton, Cormier, et Loautey et a Paris moi même avec les compagnons Marguet et Senot, nous avons explique notre situation au sein de l’AOCDD, et donne l’assurance qu’en dehors des compagnons charpentiers des devoirs, tout compagnon qui se présenterait en canne et couleurs, serait fraternellement accueillit. Cette journée est consacrée au souvenir d’une Mère qui avait su s’acquérir l’estime et l’amour filial de tous les compagnons a quelque rite qu’ils appartiennent.

Le 30 mars, nous compagnons boulangers du Devoir, nous nous présenterons devant notre mère et nous souhaiterons de tous coeur que tous les compagnons de bonne volonté joignent a nous pour renouveler le geste que leurs anciens ont fait lors des obsèques, il y  a cent ans.

Partant de cet idéal, vous comprendrez que nous ferons tout ce qu’il est possible, pour que cette journée se déroule, comme vous le souhaitez, dans l’Egalite et l’estime mutuelle…. »

Mais dans les rangs de la Fédération Compagnonnique, un mécontentement demeure : les corps d’états la composant ne sont pas invites, les maçons, tailleur de pierres, couvreurs plâtriers, serruriers et menuisiers gavots.

C’est avec diplomatie que Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail, rencontre a Paris les compagnons MARGUET, Président national de la Fédération Compagnonnique, et le compagnon SENOT, secrétaire national ;  René EDELINE, Tourangeau la Franchise rencontrera a Tours, les Compagnons Elie BRETON, CORMIER, et LAUTEY; en expliquant ouvertement la situation, celle-ci se débloque, une fois que les Compagnons boulangers donnent  l’assurance qu’en dehors des Compagnons charpentiers des Devoirs, tout compagnon qui se présentera revêtu de ses attributs sera fraternellement accueillit.

Mais cela n’est pas du tout du gout de la coterie Elie BRETON, Tourangeau l’Ami du Trait, qui s’oppose absolument aux invitations individuelles, pour lui il est impératif que les corps d’états soient invite, et la Fédération de Tours suivra dans ce sens !…

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Le Compagnon Charpentier du Devoir, Elie BRETON, Tourangeau l’Ami du Trait adhérant à la Société des Compagnons Charpentier des Devoirs.

 

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail décide d’envoyer un courrier a la  Fédération de Tours dont voici un extrait :

« …pour vous dire que la coterie Breton m’a téléphoné samedi dernier et, si j’ai attendu pour vous écrire, c’est que je voulais en parler a notre conseil central qui actuellement se réuni toute les semaines.

La coterie Breton conteste la forme que nous avons donne a notre invitation a savoir : 

-invitation officielle des compagnons charpentiers des devoirs, dont le représentant est la coterie Corpechot.

-invitation individuelle a tous les compagnons de la fédération de quelques corps d’état qu’ils soient.

C’est ce qui avait été convenu de vive voix entre les compagnons cites  dans ma lettre du 6 mars.

Le plus que nous pouvons (et nous sommes tous prêt a le faire), c’est d’invite nommément et officiellement les corps d’états du devoir de liberté, dits gavots, dont l’ancienneté est incontestable.

Comme nous l’avons affirme en toutes occasions, notre plus cher désir est que cette journée souvenir, soit un rassemblement  de tous les compagnons de bonne volontés. Pour cela il faut que chacun fasse l’effort de comprendre la situation des autres et ne se retranche pas dans un formalisme rigide. C’est avec insistance que je vous demande de renouveler le geste que firent nos anciens qui, devant cette bonne Mère, surent oublier ce qui les divisaient pour s’unir en un seul et même geste de reconnaissance…. »

Heureusement, il se trouve un intermédiaire de valeur en la personne de la coterie MARGUET,  étant au courant des exigences d’Elie BRETON, Tourangeau l’Ami du Trait,  il rencontre Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail, et conviennent ensemble de la forme nouvelle a donne a l’invitation dont voici le contenu et envoyée le 12 mars 1964 au secrétariat central de la Fédération Compagnonnique:

 « ….pour vous faire parvenir un article à faire paraitre dans votre journal.

Je profite de la présente pour préciser que notre invitation s’étend à tous les compagnons, sans distinction de corps d’état ou de rite et a quelque groupement qu’ils appartiennent. Ce jour la, les compagnons boulangers du Devoir, accompliront leur Devoir envers leur bonne mère, les suivra qui voudra. Tous les compagnons de bonne volonté sont donc fraternellement invites à s’unir a nous… » Sans titre12

Journal de la Fédération Compagnonnique des métiers du bâtiment et autres activités : « Compagnons et Maitre d’oeuvre» Mars-avril 1964.

 

Le 14 mars, les Compagnons boulangers reçoivent cette lettre du groupement des Devoirs de Tours :

 « ….pour vous informer que le dimanche après la pose de la plaque ou Madame Jacob exerça sa mission de Mère, un vin d’honneur sera offert aux compagnons boulangers à 17 heures par les compagnons membres de la Fédération…. » 

Le compagnon MARGUET eut certainement quelques peines a faire admettre cette forme d’invitation nouvelle, mais il y parvint, et le 17 mars, il envoi aux compagnons boulangers la lettre suivante :

 « …nous passons ton invitation sur notre journal » compagnons et maitres d’oeuvre »….effectivement nous ne pouvons refuser cette invitation en mémoire de votre mère Jacob. J’aime a croire que cette journée marquera, pour un jour au moins le coeur de tous les compagnons de bonne volonté pour lesquels l’union ne sera pas qu’a l’intérieur de leur métier ou a l’intérieur d’un groupement restreint d’idées, de coutumes ou de besoins plus ou moins matériels, mais au contraire la manifestation sincère d’un besoin d’unité pour la cause du « Devoir »tout court, et par le fait même des « Devoirs » en général. J’ose espérer que toute la province pourra être représentée, ceux qui ne le seront pas de fait, y seront certainement de coeur et il faudra d’avance les excuser.

Au nom de la Fédération Compagnonnique des métiers du bâtiment et autres activités, je te prie d’exprimer aux compagnons boulangers du Devoir que tu représente, l’expression de notre gratitude et nos remerciement fraternels. Signe : Marguet Franc Comtois l’enfant du progrès.

 

Le 25 mars, Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail donne son accord.

Comme on le remarque à cette dernière date, ce n’est que cinq jours avant la cérémonie que tout fut définitivement règle. Comme l’on peut en juger par toutes ces correspondances,  les difficultés venaient surtout de la position des boulangers et des charpentiers au sein de leur groupement respectif et le souci qu’ils avaient les uns les autres de ne pas se désolidariser et de respecter une certaine discipline intérieur.

Apres avoir étudie les rapports avec la Fédération Compagnonnique, qui comme nous le voyons trouve une issue agréable, revenons maintenant aux pour parler interne a l’A.O.C.D.D.

Cela commence par l’invitation des mères SENGER de Strasbourg et DUGUET de Lyon.

Bien qu’elle n’a jamais été écrite, la coutume établie voulais que toutes invitations adressées a une Mère devait se faire par l’intermédiaire du provincial, mais avant de faire cette demande officielle, il fut décidé d’informer oralement par l’intermédiaire des compagnons de Lyon et de Strasbourg les mères en questions. Les réponses furent oralement positives, mais la mère DUGUET demanda quand même plus de détail, le Compagnon charpentier du Devoir René DESPIERRE, Lyonnais Va de Bon Coeur, provincial, de Lyon l’ayant informer que les compagnons de l’Union Compagnonnique et  les Devoirs et Devoir de Liberté seraient présent et qu’en conséquence beaucoup de membres de l’A.O.C.D.D. vont s’abstenir de participer a cette fête.

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René DESPIERRE, Lyonnais va de bon Coeur (1945)

Les détails furent donne à la Mère DUGUET par écrit, par Georges PAPINEAU, Blois l’ami du travail, en lui faisant savoir qu’il était très heureux de sa participation. Les invitations officielles aux Mères furent envoyées par l’intermédiaire des provinciaux, mais au bout de plusieurs jours, ne recevant aucune réponse, la question fut pose en réunions des provinciaux et prévôts. Malgré quelques réticences impossibles a dissimuler le provincial de Strasbourg, le compagnon POITEVIN, et le provincial de Lyon René DESPIERRE , Lyonnais Va de Bon coeur, répondirent qu’ils ne voyaient aucun inconvénient a ce quelles viennent. Ayant fait cette réponse devant toute l’assemblée, les Compagnons boulangers la considérèrent comme officielle.

La Mère SENGER ayant répondu positivement, commença a émettre le souhait de demander l’accord du conseil du compagnonnage , ayant eut vent des difficultés soulevées par Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil, premier conseiller de l’A.O.C.D.D., et c’est ce qu’elle fit.

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 Madame DUGUET, Mère des Compagnons du Devoir –A.O.C.D.D.- de la ville de Lyon.

Raymond POITEVIN, dit Raymond le Poitevin après avoir été d’accord avec les Compagnons boulangers sur le déplacement des mères à Tours, celui ci se « retourna » après s’être entretenu avec Jean BERNARD. Ce qui gène tout simplement les représentants de l’A.O.C.D.D., c’est la présence de l’Union Compagnonnique et de la Fédération Compagnonnique, voici un extrait de la lettre de Raymond POITEVIN  adressée aux Compagnons boulangers :

  « …voici que l’on apprend, lors de notre dernière réunion, que des invitations ont été envoyé à l’Union Compagnonnique, dont les compagnons ne manqueront pas de venir avec leur pseudo mère de Châteauroux. On apprend aussi, le comble, que les compagnons des Devoirs sont officiellement invites. Je pense si j’ai bien compris, qu’il s’agit n’on pas seulement de ceux de Tours, mais de toutes la France, donc y compris les dirigeants et responsables. Ces derniers d’ailleurs n’ont pas manque de montrer le bout de l’oreille en vous écrivant de telles sorte que des prétendus « compagnons fabriques » pour reconstituer des corporations disparus….puissent participer a cette fête…

…je n’évoque pas les possibilités de froissements divers, même si tout vat au mieux, mais je pense par contre qu’il faut beaucoup craindre que les « autres »ne manqueront pas, grâce a des moyens de propagandes dont il faut bien le reconnaitre qu’ils manient avec autant d’adresse que peu de scrupules, d’essayer de tirer le bénéfice moral de la manifestation surtout si c’est un succès. …

Dans ces conditions, que ferai-je moins personnellement, si la fête a un caractère restreint, si elle est boulanger, je ferai mon possible pour y aller…par contre si ma présence est interprète comme représentant l’A.O.C.D.D., je n’irai pas…en ce qui concerne Notre Mère , comme je te l’ai dit, je la laisse libre de décider ce qu’elle voudra, ne pouvant en tant que provincial, lui donner aucun autre conseil…personnellement , en l’état actuel des choses, comme conseiller, je voterai non, si le premier conseiller nous demande de prendre position…. »

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Raymond POITEVIN dit Raymond le Poitevin, vers 1955 (+1988) (photo issue « Raymond Poitevin, biographie » ; de Joseph JUSSELME : Librairie du Compagnonnage, 2000)

Nous voyons la, la plume de Raymond le Poitevin, mais les pensées et directives de Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil; la chose la plus particulière, est que tous les membres de l’A.O.C.D.D. avait été informer par l’intermédiaire de l’organe des compagnons du Devoir « Compagnonnage » de l’invitations de tous corps et de tous rites…dont Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil était la censure direct.

La Mère DUGUET de Lyon, qui s’était engagée oralement, se retira malgré elle, suite a une rencontre avec René Despierre, et une communication téléphonique avec la Fidélité d’Argenteuil.

Un post-Scriptum est envoyé par Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil, aux compagnons boulangers, extrait :

«  …je vous cri « casse-cou »  et je vous supplie au nom de tout ce qui nous unit, comme compagnons et comme hommes, personnellement d’entendre mon appel pour éviter le déchirement qui va se faire, et dont la sensibilité bien connu des CBDD fera en premier lieu les principaux frais.

Si une résolution  courageuse n’est pas prise, vous n’aurez pas une vrai participation de masse des compagnons du Devoir. Vous aurez peut être les autres. La participation entière avec les représentants qui s’imposent, y compris naturellement la présence de nos mères  et les garantis qui s’ensuivent ne peut s’obtenir qu’a certaines conditions.

-Que les compagnons du Devoir engages en bloc par les compagnons boulangers, soient tenus au courant des engagements que prennent ces derniers envers les pouvoirs publics, les personnalités officielles et éventuellement les membres d’autres associations et qu’ils puissent donner un avis autorise et efficace.

-Que toutes les cérémonies (rassemblement, défiles, exposition, banquet éventuellement, ect…) partent du siège de l’AOCDD de Tours. Ceci ne ce conçoit que lorsque les locaux seront libres après la fermeture des cours, à partir de début juin. Que le compagnon Blaive, responsable de la maison ne soit pas mis à l’écart et qu’il puisse travailler a la mise a disposition de la maison pour cette manifestation compagnonnage, avec les prérogatives d’un responsable.

-Que l’exposition qui, alors pourrait avoir lieu dans la maison de s compagnons ne minimise pas le rôle de nos mères en les représentants sous l’aspect folklorique  et pittoresque qu’on a trop coutume de leur donner. Une exposition de ce genre ne pourrait que nous obliger à protester officiellement et à prévoir ultérieurement une mise au point public. 

Si ces conditions ne peuvent être acceptées par les CBDD, avec tout ce qu’elle entrainent de subjection, y compris une remise de date, mais aussi d’avantages, dont la participation sans arrière pensée de tous nos corps, la présence de nos mères, il devient évident que nous pensons que les compagnons boulangers ne peuvent pas ne pas le comprendre, que nous ne pouvons entrainer l’association derrière une action purement personnelle des CBDD dont nous sommes persuades que, engagée comme elle l’est, elle ne pourra que nous attirer des difficultés et des déceptions. En ce cas l’association bien entendu, laissera libre chacun de ses membres d’agira sa guise, mais elle ne participera pas officiellement et en bloc et se réservera de remettre au point les choses qui lui paraitrons la nécessiter.

Personnellement, je regretterais profondément, et il me semble indispensable qu’un accord sincère ne puisse se faire tant sur le plan compagnonal en général que sur celui des CBDD en particulier, et j’espère vivement que ce qui nous réunit tous deux nous aidera a apporter des solutions attendues par les compagnons de tous corps.

PS : le conseil n’a pu se réunir spécialement pour la définition de la réponse ci dessus, mais ses membres se sont consultes a plusieurs reprises par téléphone, non compris le pays Hibert actuellement en convalescence. »

Ce post-scriptum est clair, il reconnait un défaut du conseil de l’AOCDD de l’époque : il se réunit très rarement, et lorsqu’il le fait, c’est plus pour gérer les difficultés et problèmes rencontres que pour discuter de l’avenir, cette avenir restant principalement sous « la responsabilité » de Jean Bernard.

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail, nous rapporte que  Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil a horreur des réunions ou l’on peu discuter. Il agit et informe après. Parfois il consulte individuellement les conseillers, sachant bien que de cette façon, il peut interpréter leur réponse à sa façon.

Toutes ces complications créer de toute pièces par Jean Bernard pour faire échouer une manifestation dont il n’avait pas la seule direction, comme il en avait l’habitude, influent sur le moral des Compagnons boulangers, qui devant tant de passions déchainées était bien bas.

Le 29 février, Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail en tant que président du conseil central, reçoit une lettre d’Emilien COTET, Poitevin le Courageux, compte rendu de la réunion de province de Tours. Dans ce courrier, Poitevin le Courageux fait savoir que les Compagnons boulangers furent violemment attaques dans leur projet qui, au dire du compagnon BLAIVE (prévôt de la maison de Tours), JACQUET, couvreur ; et DUPIN, charron, devait faire un tort a l’A.O.C.D.D. au profit des autres groupements. Mais cette même lettre comporte un message :

« … de toute façons, nous nous attendions a ces discussions NOTRE MORAL N’EST PAS ATTEINT, cette fête est lancée, pas question d’y change quoique ce soit. Notre dernier mot fut : LES C.B.D.D. FERONT LEUR DEVOIR, LES SUIVRA QUI VOUDRA ! ».

 

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail, lui répond le 2 mars :

 « …je suis particulièrement heureux que  de votre moral ne soit pas atteint devant tant de haine déchainée. Pour nous notre devise doit être plus que jamais : fais ce que je dois, advienne ce que pourra ».

A partir de ce jour plus rien ne peut détourne les CBDD de leur but, les quelques mots d’Emilien COTET, Poitevin le Courageux, suffises a effacer leur lassitude.

 

Le 4 mars, Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail  répond au post-scriptum de Jean BERNARD, la Fidélité d’Argenteuil, après avoir rappeler chronologiquement les faits :

 « …dans votre lettre du 27 février, nous ne relèverons ici que votre hostilité à cette manifestation dont toute l’organisation c’est inspirée de votre accord du début. Nous regrettons ce revirement de situation de votre part. Pour nous, nous sommes décides a ne rien changer de ce que nous avions convenue au départ. Pour être précis, cette manifestation-souvenir aura lieu le lundi 30 mars 1964…..Parlons maintenant de l’invitation de nos mères…or j’apprend qu’il faut l’accord du conseil du compagnonnage, ce qui soit dit en passant n’a jamais et édit ou écrit….je regrette vivement qu’une journée consacrée au souvenir d’une mère qui durant toute son activité, fit tant pour l’union et la fraternité entre les compagnons, soit un motif de divergences….Mais conscient de notre bon droit, il nous est impossible de céder….PS l’essentiel de cette lettre a été mis au point en réunion du conseil central de notre corps d’état , du mardi 3 mars 1964 ».

Ce post-scriptum avait pour but de marquer la différence fondamentale qu’il y avait entre le fonctionnement du conseil central des boulangers, démocratique et actif, a celui du conseil du compagnonnage, totalitaire par Jean BERNARD, et passif par ses lieutenants.

 

René EDELINE, Tourangeau la Franchise qui avait accepte la lourde tache de l’exposition, avait réunis de nombreux documents et fait les démarches nécessaires. Cette exposition dont le thème principal était naturellement la Bonne Mère  Jacob devait englober le rôle de la Mère en général à travers le temps jusqu’en 1964.

Quand il apprit que les Mères SENGER et DUGUET seraient absentes, il sentit s’effondrer tout ce qu’il avait bâtit et fit part  aux Compagnons boulangers de son intention de ne pas faire cette exposition. Les Compagnons boulangers  regretterez que tant de peine, de dépenses en temps et en argent ait été perdus, mais comprenant le désarroi et la contrariété, c’est a regret qu’ils se rangèrent a son avis. Sans titre16

Les invitations furent envoyés, et les réponses suivirent, en voici quelques exemples : Roger LECOTTE,  responsable du fonds Franc-maçonnique  au cabinet des manuscrits de la bibliothèque nationale : extrait de son courrier date du 23 mars 1964 :

« …Je suis très touche que vous ayez pris la peine de m’envoyer une lettre officielle, et je vous prie d’agréer, ainsi que tout les chiens blancs mon amical merci.

Tourangeau la franchise m’a mis au courant au sujet de l’exposition transformer en simple présentation, ce sera bien quand même. Une  chose me fait bien plaisir surtout, c’est que vous soyez entoure ce jour la de représentants de tout le compagnonnage sans distinctions de rites. C’est ca la fraternité. C’est cela la grandeur, et l’hommage rendu à la bonne mère Jacob, aura l’ampleur qu’il mérite.

Pour de telles figurant qui honore le compagnonnage, l’unanimité s’impose au dessus des querelles. La tolérance est la vertu  la plus rare et la plus méritoire, l’histoire vous sera gré de l’avoir pratique en cette circonstance et la chaine d’union que vous formerez lundi sera la plus belle couronne jamais offerte a toutes les mères d’hier, d’aujourd’hui et de demain, au nom vénéré de la Mère Jacob.

A vous, a tous vos amis, mon fidèle souvenir et mon amitié ».   R. Lecotte.

 

Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail, commentera cette réponse :

« Cette lettre nous a fait du bien, elle nous donnait un avis extérieur, d’un homme qui connait   bien le compagnonnage et les compagnons et qui mesurait non seulement la grandeur de notre geste, mais aussi les difficultés qu’il avait du nous attirer ».

 

Monseigneur FERRAND, Archevêque de Tours avait été invite à présider la cérémonie religieuse.

Le concile qui se tenait à Rome  l’en empêcha.

Voici sa réponse :

”…Je vous remercie vivement  de m’avoir invite  a cette célébration d’un centenaire  qui révèle la fidélité du souvenir et la délicatesse de votre association. Je regrette de ne pouvoir présider la cérémonie religieuse en l’église Saint Julien, car je serais absent ce lundi 30 mars. Je chargerai Monsieur le cure de la paroisse d’exprimer mes regrets à votre association…”

 

Monsieur ROYER, député maire de Tours avait été invite également, cela va de soi. Il lui avait été demande l’autorisation nécessaire pour défiler dans les rues. Mais une telle demande un lundi de Pâques, et la traverse de la Loire sur le Pont de pierre était des plus osée.  Mais le compagnon Edeline discutant de vive voix avec le secrétaire de mairie, su trouver les arguments qui enlevèrent cette autorisation.

En donnant l’accord aux Compagnons boulangers, Monsieur le maire ajoutait :

”…Je tiens a vous renouveler mes sincères remerciements de votre aimable invitation, et a vous assurer que j’aurais eu beaucoup de plaisir a y répondre. Ma lourde tache, a mon grand regret ne me le permettra pas,  je vous demande de bien vouloir m’en excusez…” 

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« La Nouvelle République »  26  mars 1964.

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« La Nouvelle République »  28-30 mars 1964.

                                                                                                          (A suivre)

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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