Les prémices du blé anglais à haut rendement grâce aux gentlemans farmers.
Nous sommes tout au début de la sélection généalogique, elle date de la fin du xviiie siècle . Elle sera brièvement énoncée par Thomas A. Knight (*1757 – †1838), président de la Société Horticole de Londres, il appréhendait déjà le croisement inter-variétales dans les premiers stades de la connaissance et sans donner des applications commerciales .
Cela serra poursuivi par d’autres chercheurs britanniques. Notamment par Sir John Le Couteur (*1794 – †1895) sur l’ile anglo-normande de Jersey , il participa à la seconde guerre anglo-américaine au Canada, en 1812.
Après sa carrière militaire, il deviendra botaniste et écrira en 1836 « Sur les variétés, propriétés et classification du blé (1836), avec l’appui d’un chercheur espagnol Mariano La Gasca de l’université de Madrid. Sous le conseil de ce dernier, il démarre le criblage des graines du plus bel épi de la population afin d’obtenir une souche pure et multiplie son choix pour en proposer des variétés pures et une sélection par lignée dite « continue » ou « individuelle », peu de croisement.
Patrick Shirreff (*1791 – †1876) est agriculteur dans la ferme familiale de Mungoswells près d’Haddington et Édimbourg. Il pratique en plus du screening (criblage sur les meilleurs grains comme semence), le croisement entre variétés pures et propose dès lors des variétés assez performantes, dont une variété à tête carrée, la squarehead qui porteront son nom.
La variété de la ferme de Monsieur Hunter de Tynefield sera issue de la même région écossaise, l’Est Lothian, un peu le Far-Nord (Grand Nord).
Dernier gentleman farmer à citer, le major Frédérick F. Hallet. Il est établi à Brighton sur le Channel – La Manche et afin d’exploiter une « souche pure », ce dernier a ajouté, par rapport à ces prédécesseurs, le dépôt du nom d’une marque déposée, nommée « Pedrigree », pour une meilleure protection commerciale de son blé. Variété protégée que H. de Vilmorin identifie en 1880, comme étant une sélection dans le blé Victoria d’automne, parfois Si la sélection par croissement était déjà pratiquée en Grande-Bretagne, les gentlemans farmers n’ont pas senti le besoin que la sélection généalogique soit décrite simplement dénommé blé anglais et assez performant en rendement.
Scientifiquement… Ce criblage des meilleures souches pures et les premières variétés obtenue par croisement n’en donnera pas moins, en primeur, un haut rendement aux blés anglais par rapport aux blés d’autres pays.
En France, c’est à Louis de Vilmorin (*1816 – †1860), que l’on attribue une petite communication sur la méthode de sélection généalogique, en 1856. Par rapport à la sélection massale, cette méthode intervient et ne laisse pas au hasard le choix des parents du croisement, elle oriente les options de la sélection.
D’autres évolutions suivront fin xxe siècle.
En 1874 la première variété française issue de croisements de deux blés anglais,(Prince Albert et Chiddam d’automne à épi rouge) la « Dattel », est mise sur le marché par la société Vilmorin. Ce n’est qu’après que la firme décide de croiser des blés de différentes origines.
Par exemple, le croisement entre toujours la variété anglaise Prince Albert et le blé de Noé, ukrainien donnera la variété « Lamed » en 1885. On la dit souvent semée en mélange.
Philippe de Vilmorin (*1872 – †1917) s’exprime à son sujet : « Et d’ailleurs par un phénomène dont nous n’avons pas encore trouvé l’explication, et qui semble en contradiction avec les lois de l’hérédité, cette variété n’a jamais été parfaitement fixée, malgré une sélection de plus de trente ans ». En 1909, le même auteur écrit encore que sur les 27 variétés décrites dans Le supplément aux Meilleurs blés, « elle occupe maintenant dans nos champs une place plus importante que les 70 décrites en 1880 » qui n’étaient pas issues de sélection généalogique.
Les variétés Talavera apportée à Le Couteur par La Gasca lors de son exil (1823-1834), les variétés de pays du comté de Norfolk, Hickling de Carston et Browick et Teverson de Banham. La variété de Chidham (devenue Chiddam) dans le comté Sussex au bord de la Manche.
L’arrivée sur le marché de ce nouveau secteur économique de l’obtention végétale va soigner la relation semencier – agriculteur sur base prioritairement du rendement. C’est pour cette raison que ce seront principalement des variétés anglaises qui seront choisies dans un premier temps afin de convaincre les agriculteurs d’acheter de nouvelles semences au lieu de ressemer une partie de leur récolte. Ce sont les plus ou moins 10 % de rentabilité à l’hectare en plus qu’avait les blés anglais par rapport aux blés populations français qui fait qu’ils permettront d’installer un secteur économique en plus dans la farine du grain au pain. Et les gentlemans farmers en deviendront de semenciers ou sélectionneurs.