Jean Dit Neuville, Saintonge Coeur Joyeux

Jean Neuville (père) est né le 7 septembre 1777 à Bréville (16) ; marié à Marie Fenouillet (née en 1762 à Varaizes- fille de Jean Fenouillet et de Marie Lambert).

Sa nièce, Marie Fenouillet (née à Jarrie Audouin) domiciliée à Ballans également avec ses parents, accouche le 10 avril 1823 d’un enfant de père inconnu. L’enfant est déclaré en mairie de Ballans par l’épouse de Jean Neuville, Marie Fenouillet (née à Varaizes), il est nommé Jean.

Suite au décès trois ans plus tard, le 30 mai 1826, de son épouse Marie Fenouillet a l’âge de 64 ans, Jean Neuville se marie en seconde noce, le 20 février 1827 avec sa nièce, Marie Fenouillet ( fille de Jean Fenouillet et de Marie Bouche). Le petit Jean est alors âgé de quatre ans. Nous pouvons supposer que Jean Neuville est le géniteur par adultère de cette enfant.

Jean Neuville -père- décède le 16 octobre 1831 à Ballans.

De cette union, naissent:

-Marie Victoire, le 24 mars 1830 à Ballans, décédée le 20 février 1848 à Ballans.

-Jean-Jacques,  le 23 avril 1827 à Ballans (epoux de Rosalie Boissseau) boulanger en 1848 puis cultivateur propriétaire, décédé le 4 avril 1856 à Ballans (témoin Jean DIT Neuville).

 

Ce dernier a pour fils et filles:

-Jean né le 18 septembre 1850 à Ballans.

-Marie née le 15 aout 1849 à Ballans, décédée le16 aout 1849 à Ballans.

-Aristide né vers 1850 à Ballans (c’est peut-etre Jean né en sept. 1850) décédé le  9 novembre 1876 à Ballans.

-Anatole né 21 mars 1854 à Ballans (époux de Azeline Chaussat) décédé le 15 janvier 1931 à Ballans.

 

 Ce dernier a pour fils et filles :

-Marie Blanche née le 9 mars 1879 à Ballans, décédée le 18 septembre 1880 à Ballans.

-Léo Gaston né le 9 juillet 1881 à Ballans MPLF le 10 mars 1915 (8 eme d’Inf.-disparu- Le Mesnil-Lès-Hurlus).

Jean dit Neuville, né le 10 avril 1823 à Ballans, est reçu compagnon boulanger du Devoir à la Toussaint 1842 à Orléans sous le noble nom de Saintonge Coeur Joyeux. Nous ne possédons pas d’information sur son tour de France.

Il épousa le 30 mars 1846 à Saint-Cybardeaux, Marie Feniou (née le 19 aout 1823 à Saint-Cybardeaux, décédée le 21 janvier 1889 à Ballans)

A pour filles et fils (non exhaustive):

– Marie née à Ballans 23 aout 1847, décédée le 24 aout 1847 à Ballans.

– Ferdinand Jean né vers  1848/1850, vivant en 1898.

-Valerie née à Ballans vers  1852,  décédée le 4 décembre 1860 à Ballans.

Les prussiens délogés d’une boulangerie du Bourget -1870-

Lors de la guerre 1870, Saintonge Coeur Joyeux transforme sa maison de Ballans en hôpital et également en magasin d’habillement ou les malheureux trouvaient à se vêtir. Reconnu comme hospitalier vis-à-vis des compagnons de passage dans sa commune, mais aussi des pauvres démunis : « Certes, ce n’était pas une maison de banque, mais une maison hospitalière bien connue des sans argent qui n’en sortait jamais le gousset vide. »

Le Ralliement du 28 octobre 1888 :

« Ballans, le 17 septembre 1888,
Cher C. : Jules Delhome,
Je lis le journal Le Ralliement auquel j’ai l’honneur d’être abonné, que vous célébrez votre fête les 23 courants. Si des circonstances imprévues ne viennent pas mettre obstacle à mon projet, j’aurai l’honneur de me joindre à vous tous, Compagnons du D. : et serai très heureux de vous serrer les mains si toutefois vous voulez bien me recevoir en frère dévoue au D. : . Mon cher Pays delhomme, j’ai toujours conservé le souvenir du bon accueil que vous m’avez fait à mon dernier passage à Nantes, aussi, je vous en conserve une éternelle reconnaissance. En attendant l’extrême plaisir d’assister à votre fête, recevez Compagnons de Nantes mes salutations fraternelles, et vous Compagnon Delhomme, croyez- moi votre tout dévoué.

Neuville dit Saintonge Coeur Joyeux, C. : B. : D. : D. :, ancien Maire ; conseiller municipal à Ballans.

Saintonge Coeur Joyeux rend de sérieux service à la société active, qui lui décerne en remerciement une médaille d’honneur à l’occasion de son cinquantenaire de compagnonnage en 1892. Il reçoit la médaille de Chevalier ordre de Maître Jacques à Pâques 1898 par le Ralliement des compagnons du Devoir dont il est membre honoraire.

Saintonge Coeur Joyeux est conseiller municipal et adjoint au maire de Ballans pendant de nombreuses années et bienfaiteur de plusieurs sociétés philanthropiques.

Saint-Jean d’Angely, le 17 aout 1897.
Un exemple à suivre
C. : D. : D. :
A douze kilomètres de Saint-Jean d’Angely, le voyageur qui se dirige vers Niort, traverse un très joli petit bourg nommé Loulay, il est peuple de deux mille habitants, parmi lesquels se trouvent MM. Neuville, père et fils, négociants en spiritueux. M. Neuville père est un vieux compagnon boulanger, de mes amis, Saintonge coeur joyeux, cinquante cinq ans de compagnonnage. Le fils m’était inconnu, quand il y a deux mois environ, il se présenta chez moi et se fit connaitre. Monsieur, me dit-il, je sais que vous êtes un ami de mon vieux père, c’est à ce titre que je viens vous confier le projet que j’ai conçu et vous demander un avis.
Mon père, vous le savez est compagnon du Devoir depuis plus d’un demi-siècle, c’est pourquoi je désirerais, comme gage de reconnaissance, que bientôt on lui célébrat ses noces d’or du compagnonnage, en réunissant à sa table de nombreux amis, ce qui serait pour lui, comme pour moi, une très agréable satisfaction. Si vous croyez mon projet réalisable, chargez-vous, je vous prie, des invitations ou indiquez-moi la marche à suivre.
Accepter cette mission, Monsieur, moi compagnon cordier, ce serait froisser la susceptibilité des compagnons boulangers, ce qui serait malséant ; il serait plus correct de vous adresser à ceux de la Rochelle ou Rochefort ; tous j’en suis persuadé, applaudiront à votre bonne intention et feront ce que peut exiger la circonstance.

Il me combla de remerciement et me dit en me serrant la main : « Bientôt, je vous écrirai ; au revoir.
Plus d’un mois s’était écoulé, et, comme soeur Anne, ne voyant rien venir, patiemment j’attendais, quand un jour, je lis sur une lettre que je recevais : Dimanche, sera célébrée en grande pompe la fête dont je vous ai parlé. Nous vous attendons à huit heures trente. Munissez-vous de vos insignes.
Cette lettre me fit plaisir, aussi, je n’hésitai pas malgré mon état de santé à me trouver au rendez-vous.
En gare de Loulay, j’aperçois sur la voie, deux compagnons porteurs de longues cannes. Je les accoste. C’étaient deux compagnons boulangers, qui comme moi descendaient du train. Tiens ! vous n’êtes que trois, quand je croyais vous rencontrer quinze, dit le père Neuville que nous n’avions pas aperçu. Ou sont les autres ? – Les autres, se sont trompés de train, Ils sont partis par celui de Niort, plutôt de prendre celui de Saint-Jean d’Angely. C’était une fête qui nous paraissait manquée, nous étions au désespoir. Aussi, c’est le coeur navré que nous avons pris le chemin de la maison ; là nous attendait une dépêche ainsi conçue : Sommes à Niort, arriveront à une heure. Cette dépêche ne pouvait changer la situation, si M le Curé qui se trouvait aussi présent à la lecture, n’était intervenu : -Messieurs, le petit incident n’en sera pas un si vous suivez mon avis, malgré votre petit nombre (dix peut-être), décorez-vous de vos plus beaux attributs et assistez à la messe, ainsi qu’il est convenu. J’y bénirai une portion des gâteaux, que je vois sur le brancard, et qui que vos amis arriveront à une heure, venez ensemble aux vêpres que je dirai à trois heures, j’y bénirai l’autre portion, que vous y distribuerez. Votre fête alors ne sera pas manquée, au contraire, elle revêtira un caractère doublement religieux, ce qui ne saurait ternir sa splendeur.

Cet avis ne pouvait être que celui d’un ami ; aussi, fut-il suivi sur tous les points.
À la messe, trop petite était l’église pour contenir toute l’assistance, le pain bénit y fut distribué, des chants parfaitement exécutés s’y firent entendre, un superbe sermon ayant pour texte le grand mot : Devoir y fut admirablement résumé par M le Curé, à qui nous adressons de sincères felicitations. La messe terminée, nous regagnons la maison, y prenons un peu de repos et partons à la rencontre des retardataires.
Nous arrivions en gare à l’instant où ils descendaient du train ; on échangea quelques poignées de main, on fit connaissance. À partir de ce moment, la fête change d’aspect, elle devient plus brillante, plus gaie, il y a plus d’entrain. Aussi, c’est en repérant à plein poumon le vieux refrain : « Je vais revoir mon pays et ma mère… » que nous longeons dans toute sa longueur, la principale rue de la localité. Sur tout notre parcours, la foule était immense. Nous étions acclamés. Non ! loin de chez Neuville, le mot traditionnel « tope » se fait entendre, le cort
ège s’arrête, respectueusement, l’on se découvre. À cet appel inattendu, le rouleur, peut-être un instant surpris, mais il ne fut pas intimidé et c’est hardiment qu’il répond à son interlocuteur, selon nos us et coutumes, quelques paroles, quelques signes mystiques échangés suffirent à les convaincre que tous deux étaient bien de la même famille, celle des compagnons du Devoir, la seule vraie ; ne pas confondre avec union compagnonnique, qui n’est qu’un titre sans valeur, un faux titre. Cette imposante cérémonie avait dans sa simplicité, quelque chose qui faisait battre tous les coeurs. C’était grand, sublime et mystérieux !

Aux vêpres, la fête se montre dans tout son état. Vingt cinq Compagnons de professions différentes sont présents, la foule est à la fois joyeuse et recueillie. M.le Curé, avec la verve qui lui est familière, donne suite à son sermon du matin. Tous nos remerciements à M le Curé. À notre sortie, surprise ! surprise ! Une musique improvisée prend la tête du cortège et nous accompagne à la maison nous attend une table de trente-cinq couverts parfaitement servie par les bons soins de Madame Neuville, à qui nous adressons tous nos compliments.
À cette réunion de familles, tous les coeurs sont à la joie, chacun y conte son histoire plus ou moins vraie ; aux desserts, les chansons succèdent aux chansons, les applaudissements aux applaudissements et le père Neuville, toujours boute-en-train, ne cessait de répéter Courage Compagnon ça va bien, Compagnons, ça va bien. -Camarade, répond Manceau sans gène, son voisin de gauche –Ça va bien, je te dis pas non, je m’en plains pas pour le moment ; mais voit tu ce qui m’offusque et qui change mon caractère, c’est quand je vois cette pendule marquer déjà neuf heures et demie. –C’est l’heure, dit le père Neuville, on doit commencer le bal. Compagnons, rendons-nous près de mes invités. –Va au bal, je t’empêché pas ; moi je ne sais pas danser, j’y vas pas. Si c’était pour te pousser une chanson, c’est different, à moi l ‘pompon ! J’suis venue ici pour m’amuser et pas pour faire de la mélancolie. Pour lors, ne me contrarie pas et pour mon compte personnel, je me trouve bien là ; j’y reste.
Le bal n’a pris fin qu’a cinq heures du matin, il était parfaitement organisé et certes ne déguisait pas la fête. Danseurs et danseuses s’en sont donnés à loisir ; celles-ci étaient si coquettement parées qu’elles auraient, en vérité, enchanté les saints du paradis.

Si vous croyez que le bal a clôturé la fête, c’est une erreur ; tous les convives de la veille se trouvaient au déjeuner du lendemain, et ce n’est que le soir à sept heures que le train les emporta…
Le seul compagnon qui n’était pas content, c’était le père Neuville qui nous reprochait de le quitter trop tot et sans même lu donner la huitaine. –Frères, tu as raison, répondait Manceau, moi, vois tu, je veux pas te faire de sottises, tu ne le mérite pas. Je reste.
Compagnons, je ne s’aurais terminer mon compte rendu de cette superbe fête sans remercier, au nom de tous, la famille Neuville, depuis la charmante petite fillette jusqu’à son vieux libertin de grand-père, du bienveillant accueil qu’ils ont daigné nous faire. Qu’ils soient persuadé que bien longtemps nous en conserverons le bon souvenir.
Compagnons, je suis votre tout dévoué.


Camille Grelet, dit l’Enfant réjoui, le Saintongeais, Compagnon cordier, chevalier de l’Ordre*
.

Je connais le Compagnon Neuville qui ne passe pas à Tours sans venir me voir chez la Mère. C’est lui qui également à Paris a l’exposition de 1889 m’invita à déjeuner chez les Compagnons boulangers de Paris en compagnie de Bettesta qui depuis longtemps ne donne plus signe de vie. Peut-être s’est il aperçu qu’il n’était pas dans la bonne voie ; n’importe ce n’est pas de lui que j’ai à parler, c’est de mon ami Saintonge coeur joyeux qui a cinquante années de compagnonnage.
Les Compagnons ont bien fait de faire une cérémonie en son honneur. Ces 50 années sont sans tache, elles ne ressemblent pas à celles des Castillon, Blanc et Cie qui ont osé marquer cette date comme si ces messieurs étaient exempts de reproches surtout en matière compagnonnique. Compagnon Neuville, je vous tiens bien au-dessus des Messieurs en question et je vous souhaite de tout coeur une bonne santé et une longue vie.
Jules Boudin

Cinquantenaire (« L’Officiel du Ralliement » n 1, 15 octobre 1897)

L’on nous informe qu’il y a peu de temps, le petit bourg de Loulay était tout en fête pour célébrer les cinquante cinq ans de compagnonnage d’un négociant en vins, l’honorable Pays Neuville, Compagnon boulanger.
Dès le matin, plus de 25 compagnons étaient réunis et parés de leurs insignes ; ils se sont dirigé vers l’église, trop petite pour contenir toute l’assistance. M le Curé a fait un sermon où le grand mot du Devoir a été parfaitement resume. Après la distribution du pain béni, les compagnons précédés d’une musique, se sont rendus à la maison du C. : Neuville,
un superbe déjeuner de 35 couverts les attendait.
Sur tout le parcours, la population a acclamé chaleureusement les Compagnons.
Le soir, Madame Neuville, réunissait de nouveau à sa table tous les invités.
Plusieurs toasts ont été portés, et les chansons de nos meilleurs auteurs n’ont pas manqué.
Cette petite fête s’est terminée par un bal plein d’entrain qui n’a pris fin qu’à 5 heures du matin.
Bonne journée pour le compagnonnage et pour le digne compagnon Neuville, à qui nous adressons nos plus vives felicitations »

Madame Neuville est la belle fille du Compagnon Neuville, épouse de Jean Ferdinand

Saintonge Coeur Joyeux est fait Chevalier de l’Ordre de Jacques et Soubise en 1898 par décision du Conseil Suprême de l’Ordre du Ralliement des Compagnons du Devoir réunit le 6 avril 1898.
Saintonge coeur joyeux remercie par voie de presse , dans l’Officielle du Ralliement numéro 24, du1er octobre 1898 :

« Cher Ami et F. : D. : D. : C. : A. : Delhomme, rédacteur de l’Officiel des CC. : D. : D. :
Veuillez avoir l’extrême bonté de remettre cette lettre au C. : Loiran, président.
Mon cher Président,
J’ai l’honneur de vous informer que, la veille de Pâques, je passais à Saint-Jean d’Angely. J’allais voir mon fils, à Loulay. Je ne pouvais pas passer dans cette ville, sans aller voir mon ami et F. : Grelet. À mon arrivée chez lui, il me dit : « Je suis bien heureux que tu sois venu me vois ; je ne savais où te prendre, comme tu habites Loulay et à Ballans. Voilà des choses précieuses que le suprême conseil m’a adressé pour te remettre. »

C’était la croix et le diplôme de chevalier de l’Ordre. Cette remise m’a fait grand plaisir. Il fut convenu avec l’Enfant réjoui que nous partirions pour Nantes pour remercier le suprême conseil de l’Ordre. La providence sera opposée de remplir mon Devoir, mon ami Grelet est indisposé.
Vous me pardonnez cette faute, ne pouvant pas écrire aujourd’hui, je vais un peu mieux : je griffonne la présente avec peine.
Je vous prie, mon cher président, de remercier pour moi le suprême conseil de l’Ordre, en vous conservant mon éternelle reconnaissance. Je suis tout à vous de coeur.
J. Neuville
Dit Saintonge coeur joyeux, C. : B. : D. : D. : P. : L. : V. :
Chevalier de L’ordre.

Jean dit Neuville, Saintonge Coeur Joyeux, décède le 7 aout 1900 à Loulay, inhumé dans sa propriété de Ballans.

*GRELET Paul Camille, né le 25/01/1826 à Saint-Jean-d’Angély, fils de cordier , recu compagnon cordier du Devoir en 1844 a Rochefort sous le noble nom de l’Enfant Réjoui le Saintongeais;. De son vrai patronyme CLAIR LAMONTAGNE.  Passé à la Ste-Baume et à St-Maximin le 9 juillet 1846.  Membre actif du Ralliement des compagnons du Devoir contre l’Union Compagnonnique ; auteur de nombreux articles dans le journal Le Ralliement qu’il signait toujour Camille GRELET et jamais sous son véritable patronyme. Il décède  le 1 mars 1901.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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