Congrès de Troyes, 2 et 3 juin 1939.
Photographie prise devant le siège des compagnons boulangers du Devoir,
Brasserie Tabac du Cirque, rue de Preize ; nous observons la présence d’une fanfare.
Voici l’extrait d’un article paru le 1ᵉʳ juillet 1939 dans Le Compagnon du Tour de France, numéro 119 et publié dans Le Ralliement des Compagnons du Devoir qui détaille le déroulement de ce congrès :
« Le troisième congrès quinquennal de la société des compagnons boulangers s’est déroulé les 2, 3 et 4 juin à Troyes. Avant que le rapport officiel de ce congrès ne soit communiqué aux sections, qu’il nous soit permis d’en donner un bref aperçu.
Dès le jeudi soir, les délégués arrivaient en gare de Troyes où ils étaient reçus par le Pays Deux, Parisien la Franchise, Premier-en-ville par intérim de Troyes, qui les conduisit au siège, où ils furent présentés à Monsieur et Madame Schaltz, nouveaux tenanciers. Inutile de dire toute la joie de ces compagnons qui, pour la plupart, ne s’étaient pas vus depuis longtemps, de se retrouver ainsi réunis ; aussi la soirée fut-elle peuplée de souvenirs.
Le lendemain, dès 7 heures 30, tous les délégués se réunissaient au siège, d’où ils se rendirent au lieu du congrès. Une grande salle, trop grande hélas ! leur était réservée. Au mur, se trouvait fixé un tableau de Maître Jacques, des faisceaux de cannes et en face le drapeau de la Cayenne de Troyes. Décor vraiment compagnonnique qui donnait à notre congrès sa véritable signification.
Séance d’ouverture
À huit heures trente, le pays Péarron, Président général, se leva et déclara ouvert le 3ᵉ congrès quinquennal, donnant aussitôt la parole au Premier-en-ville de Troyes. Celui-ci commença par présenter les excuses du pays Larché, absent, et ensuite souhaita la bienvenue aux délégués, tant en son nom personnel qu’au nom de la Cayenne de Troyes.
Ensuite, le Président général prononça le discours d’ouverture dans lequel il souligna la nécessité pour chacun de s’intéresser toujours davantage au compagnonnage, ceci afin de mieux le comprendre, définissant les véritables buts vers lesquels il fallait orienter notre société : « Souhaitant que la bonne humeur jointe à une volonté sincère de faire du bon travail, préside aux travaux de ce congrès. »
Le Président général se fit alors remettre les pouvoirs des délégués qui furent validés comme suit :
Conseil Central : Papineau, Blois l’Ami du Travail. Blois : Péarron, Blois Plein d’Honneur.
Bordeaux : Pebayle, Bordelais l’Enfant Chéri. Nîmes : Duhameau, Blois l’Ami des Compagnons.
Paris : Edeline, Tourangeau la Franchise, titulaire, et Brouard, Blois le Laborieux, suppléant.
Tours : Herbelot, Tourangeau Bel Exemple, titulaire, et François, Champagne la Concorde, suppléant.
Troyes : Coutelier, Parisien le Soutien des Frères, titulaire, et Raclot, Champagne la Franchise, suppléant.
Le bureau définitif fut alors formé comme suit :
Président : Deux, Parisien la Franchise.
Secrétaire : François, Champagne la Concorde et Kosiki, Polonais le Laborieux.
La séance fut suspendue pour 10 minutes.
Séance de travail
Dès l’ouverture, l’on procèda à la fixation de l’ordre du jour. Puis ce fut la vérification des comptes de la caisse centrale, qui furent approuvés à l’unanimité. Ensuite, chaque section présenta un rapport de son activité pendant les cinq années précédentes. La séance fut suspendue pour le repas du midi.
Tout naturellement, chacun était porté à parler des choses du congrès et afin que les esprits trouvent un peu de détente pendant les repas, toute allusion au congrès fut interdite. Une cagnotte tenue par une main sévère (qui dut d’ailleurs fouiller souvent dans son propre gousset), fut posée sur la table et toute infraction punie d’une amende de 1 franc. Ce fut le côté très gai de ces courtes suspensions de séance.
À la reprise, le secrétaire général donna connaissance du rapport du Conseil central qui, divisé en plusieurs chapitres, fut repris ensuite par le détail pour être discuté. Son ensemble fut approuvé et des félicitations votées à l’unanimité.
L’on arriva alors aux propositions des sections. Ce travail devait prendre le restant de la soirée et une séance de nuit fut nécessaire, celle-ci devait durer jusqu’à minuit.
Le lendemain, 3 juin, à 8 heures 30, les délégués, à peine reposés de leur première journée, revenaient à l’ouvrage pour continuer les discussions des propositions.
Puis, le Conseil central fut élu pour la période 1940-1944 :
Président : Péarron
Secrétaire : Papineau
Trésorier : Guerrin, Blois Va de Bon Cœur.
Le pays Péarron remercia le congrès de sa confiance, invitant chacun à se conformer toujours plus étroitement et de bonne grâce à ses directives. La séance fut levée pour le déjeuner. L’après-midi fut entièrement consacrée au rite. Au cours de cette séance, on put constater la volonté inébranlable de nos boulangers de rester fidèles à leurs traditions et coutumes et d’entretenir des rapports toujours plus étroits et fraternels avec tous les corps d’état et la Confédération compagnonnique.
Puis, le prochain congrès fut fixé à Nîmes en 1944. La séance fut levée à 21 heures 30.
Le dimanche 4 juin, à 9 heures, séance de clôture, présidée par le Président général, assisté des pays Deux et Papineau. À la demande de la Cayenne de Troyes, une dérogation au règlement fut accordée afin de remettre la couleur à notre nouvelle Mère, à l’occasion de ce congrès.
Décisions :
Voici quelques-unes des principales décisions prises :
1- Formation d’une association professionnelle et philanthropique.
2- Maintien des cotisations au taux précédent.
3- Allocations semestrielles aux soldat.
4- Suppression des cotisations et allocations trimestrielles aux membres âgés de 70 ans.
5- Proclamation de l’indivisibilité morale et financière de la société.
6- Fondation d’une caisse de bienfaisance.
7- Conseil sur la question de l’apprentissage, mise à l’étude des possibilités dans ces ordres d’idées.
8- Obligation pour tous les compagnons boulangers de la cotisation fédérale et confédérale.
9- Réglementation de la représentation
10- Admission au titre de compagnon des pâtissiers *.
* Cette décision de congrès n’est qu’une officialisation. En effet les compagnons boulangers n’ont pas attendu le congrès pour recevoir un pâtissier, le compagnon Michel André, Normand l’Ami des Arts, qui fut reçu à Paris pour la Saint-Honoré 1938. Mais celui-ci fut reçu sous le titre de « compagnon boulanger du Devoir ». Le premier pâtissier à être reçu sous le titre de « compagnon pâtissier du Devoir » fut le compagnon Isnard Henri, Languedoc la Bonne Conduite, reçu à Nîmes pour la Pâques 1947.
Conclusion :
Comme conclusion, nous ne saurions mieux faire que donner connaissance du discours de clôture, prononcé par notre Président Général :
« Mes chers Pays;
Je suis particulièrement heureux de constater la bonne humeur et la volonté de compréhension qui animèrent ce congrès. Je suis heureux de voir que malgré toutes les discussions qui ont marqué nos travaux, chacun d’entre vous, mes chers amis, a senti la nécessité, pour notre Société, de réaliser certains changements profonds dans notre administration. Je vous remercie de l’esprit de collaboration sincère qui vous a animés.
J’espère que grâce à nos décisions, nous pourrons enfin réaliser les nobles buts du compagnonnage.
Mais pour cela votre tâche n’est pas finie, loin de là, elle ne fait que commencer. Vous avez peiné, au cours de ce congrès. Vous vous êtes astreints à une discipline peut-être stricte, mais aussi bien adoucie parce que vous la reconnaissez juste et nécessaire. Eh bien! Cette peine, cette discipline, c’est toute votre vie que vous devez vous l’imposer.
Rentrez dans vos foyers, dans vos cayennes, vous serez demain et toujours les propagandistes désintéressés. Les compagnons, dont la vie privée comme la vie publique sera un exemple pour nos Frères, comme pour les profanes.
Vous qui avec eu la charge, mais aussi l’honneur d’être les artisans dévoués de ce congrès, vous devez apporter à la réalisation de ses décisions, toute l’abnégation, tout le dévouement dont un bon compagnon est capable. Vous avez bien voulu renouveler pour cinq années le mandat qui me fut confié en 1934. Je vous remercie de votre confiance.
Mais que puis-je sans vous… ? Que puis-je seul… ? Si dans vos cayennes vous n’êtes pas vous-mêmes décidés à réaliser les décisions prises en commun… Rien ! Je ferai toujours l’impossible pour adoucir les rigueurs du règlement, mais avec justice, et si je venais à me heurter à quelques mauvaises volontés, vous savez bien, mes chers amis, que je saurais prendre avec vous les mesures nécessaires.
Éloignons d’ailleurs, de nous ces tristes pensées, pour nous borner à espérer que je n’aurai pas à utiliser mes pouvoirs dans ce sens, mais au contraire à m’en servir pour diriger notre société vers ses buts de Fraternité et d’Honneur dans le travail.
C’est sur ces mots, mes chers Pays, que je déclare clos le troisième congrès quinquennal de la société des compagnons boulangers du Devoir du Tour de France.
Pour le Conseil central
Le secrétaire Georges Papineau, Blois l’Ami du Travail.
Bien fraternellement. Larché. »
*Le compagnon Larché, de Troyes, très touché, remercie du fond du cœur les compagnons boulangers du Devoir congressistes, du geste de reconnaissance qu’ils ont eu envers sa femme, regrettée Mère de la 16e Cayenne.
Au congrès de Troyes, le métier de pâtissier est ajouté au nom de la société.
Fabrication des bûches de Noël dans une pâtisserie parisienne vers 1930-1940.
Publication du Journal Le Ralliement des compagnons du Devoir
La décision importante qui fut prise est le changement du nom de la société, d’« Association professionnelle et philanthropique des Compagnons et Aspirants boulangers du Devoir du Tour de France », elle devient « Association professionnelle et philanthropique des Compagnons et Aspirants boulangers et pâtissiers du Devoir du Tour de France ».
C’est l’aboutissement de quatre années de travaux a ce sujet, faisant suite au congres de Lyon de 1934 ou fut propose par Lucien Bernard Larché, Champagne la Bonne Résistance, de recevoir des pâtissiers.
Voir : le-premier-compagnon-patissier-le-connaissons-nous/
Les Compagnons boulangers réunis devant l’établissement de leur nouvelle Mère, la Brasserie du Cirque, 4 boulevard Gambetta.
Le changement de mère est dû au décès, le 9 décembre 1937, la jeune mère Madame Larché, épouse de Champagne la Bonne Résistance, qui officiait dans ce même établissement, qui elle même avait succédée a sa maman, Madame Boeuf (Coll Bourcier)
– Non identifié
Camille DUBOIS, Tourangeau Beau Désir.
René HERBELOT, Tourangeau Bel Exemple
Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail.
Fernand PEARRON, Blois Plein d’Honneur.
Madame SCHALTZ, nouvelle Mère
René DEUX, Parisien la Franchise.
Ernest FRANCOIS, Champagne la Concorde
Jean PEBAYLE, Bordelais l’Enfant Chéri.
René BROUARD, Blois le Laborieux.
Gaston DUHAMEAU, Blois l’Ami des Compagnons.
Debout canne de rouleur en main Alain LECLEACH, Breton la Belle Pensée
Tenant la hampe du drapeau, Laurent KOSIKI, Polonais le Laborieux
Louis CHESNEAU, Blois Va Sans Crainte.
Marius LEMOINE, Châteaudun l’Ami des Compagnons.
Sont présent à ce congrès mais non identifies sur cette photographie:
–Georges RACLOT, Champagne la Franchise
-Alfred COUTELIER, Parisien le Soutien des Frères
Photographie souvenir des délègues et représentants de Cayennes. (Archives Fam. Pebayle)
Au premier rang, de gauche a droite :
-WATTIER, Dijonnais le Divertissant
-Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail
-Fernand PEARRON, Blois Plein d’Honneur.
-René DEUX, Parisien la Franchise.
Second rang :
-Jean PEBAYLE, Bordelais l’Enfant Chéri.
-Laurent KOSIKI, Polonais le Laborieux.
-Gaston DUHAMEAU, Blois l’Ami des Compagnons.
-Ernest FRANCOIS, Champagne la Concorde.
Troisième rang :
-René HERBELOT, Tourangeau Bel Exemple.
-Alain LECLEACH, Breton la Belle Pensée.
Quatrième rang :
-René BROUARD, Blois le Laborieux.
-René EDELINE, Tourangeau la Franchise.
-Maurice NICOLAS, Tourangeau l’Amour du Travail.
Dos de la photographie. Cette photographie a appartenu à Jean PEBAYLE (Archives familiales)
Le 1ᵉʳ avril 1935, René Edeline, Tourangeau la Franchise (assis à gauche) et René Brouard, Blois le Laborieux (assis à droite), au centre, Lucien Bernard Larché, Champagne la Bonne Résistance, et son épouse, Mère des compagnons boulangers de Troyes et leur petit garçon revêtu d’une Couleur.
Laurent Bourcier, Picard la fidélité C.P.R.F.A.D.