Commissaires des Pauvres de Saint-Sulpice – 1713 Distribuant du Pain – Clergé de France
Collection privée
29mm. Argent. Feuardent 433 var.
Avers : DISPERSIT DEDIT PAUPERIBUS. Un DES COMMISSAIRES DES PAUVRES distribuant du Pain aux indigents ; à l’exergue : HOR.PUB (Horreum publicum, c’est à dire le grenier public). Traduction : « Il distribue et donne aux pauvres ».
Revers : Légende en sept lignes ; LES COMMISSAIRES DES PAUVRES DE ST SULPICE. 1713.
Même droit que le F8481 daté de 1711 émis par F Jourdan, maire d’Angers Ce très rare jeton fait allusion à la disette de 1700 pendant laquelle la ville avait dû acheter du blé pour en distribuer aux pauvres.
Les églises, à l’importance économique non négligeable par les fabriques, avaient leurs jetons de compte, le plus souvent banaux. Avec le temps, ils devinrent spécifiques et relevèrent avant tout du statut social. Au XIXe siècle, on trouve, outre les médailles de mariage religieuses, des médailles de baptême ou de confirmation. (CGB).
Le Commissaire des Pauvres, (Hist. mod.) est un bourgeois chargé de recueillir les deniers de la taxe pour les pauvres. Cette taxe se fait tous les ans à un bureau général. Chaque paroisse a son commissaire. Il est le distributeur d’une partie des aumônes de cette paroisse. Il a soin, quand un pauvre meurt, de faire vendre les meubles et d’en porter les deniers au bureau. On donne le titre de commissaire du grand bureau des pauvres, à ceux qui ont voix active et passive à ce bureau. Le commissariat des pauvres, conduit au titre de marguillier ; et le commissariat du grand bureau conduit à la direction d’hôpital.
L’église Saint-Sulpice est une église paroissiale catholique située dans le quartier de l’Odéon, dans le 6e arrondissement de Paris.
L’église actuelle de Saint-Sulpice a pris la place d’un petit sanctuaire dédié à Saint-Sulpice-des-Champs, qui remonterait au XIIe siècle. Réédifié, puis agrandi aux XIVe et XVIe siècles, il finit par se révéler insuffisant pour la population de la paroisse (immense avec, disait-on, cent mille personnes) où étaient venus s’implanter couvents et bâtiments. C’est le curé Jean-Jacques Olier (1608-1657), arrivé dans ses fonctions en 1642, qui mit en branle ce qui allait être le très long parcours de la construction de la nouvelle église.
Les plans de l’architecte Christophe Gamard sont approuvés en 1645. La première pierre est posée par la régente Anne d’Autriche en février 1646. Les plans prévoient de construire la plus grande église de Paris (119 mètres de long et 57 mètres de large) : l’ancienne église sera totalement englobée (elle se situait au niveau du chœur actuel, de la croisée du transept et de deux travées de la nef). Rien n’empêche donc de bâtir la chapelle axiale et l’ensemble des chapelles rayonnantes, mais pour le sanctuaire, le chœur et la nef, il faudra casser l’ancienne église petit à petit. Gamard meurt en 1649, remplacé un temps par Louis le Vau (1612-1670). Les plans qu’il propose pour le chœur ne plaisant pas, il démissionne. En 1660, c’est l’architecte et ingénieur du Roi, Daniel Gittard (1628-1686), qui prend la suite. Ses plans, qui sont acceptés, couvrent le chœur, le transept et la nef. Ils seront respectés jusqu’à la fin (à part la façade dont le dessin n’est pas encore établi). C’est lui le véritable architecte de Saint-Sulpice.
Le style choisi est le classicisme avec abondance d’éléments corinthiens. La décoration sculptée (chapiteaux, angelots et vases de flammes) fait corps avec la pierre, donnant à l’ensemble un bel équilibre architectural, très ordonné.
Chapelles rayonnantes, chœur et une bonne partie du bras nord du transept sont construits, quand soudain tout s’arrête par manque de fonds. Quarante ans vont passer. C’est l’énergique curé Jean-Baptiste Languet de Cergy (1675-1750) qui fera redémarrer le chantier en 1719 grâce à sa loterie. Elle va remplir les caisses et permettre l’achèvement de la construction dès 1733. On s’occupe alors de la façade. Elle sera l’œuvre de Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766) pour les deux premiers étages et de Jean-François Chalgrin (1739-1811) pour les tours.
Pour tous ceux qui visitent Paris, l’église Saint-Sulpice est une étape indispensable. Son architecture est l’exemple même du classicisme. Quant aux décorations, elles ont fortement évolué du XVIIIe au XIXe siècle. Les peintures murales et les fresques des chapelles (parfois un peu défraîchies) méritent un coup d’œil attentif. Chaque chapelle a son peintre dédié. Les sculptures ne cèdent en rien la préséance : Jean-Baptiste Pigalle avec ses deux bénitiers et sa Vierge à l’Enfant dans la chapelle axiale, Louis-Simon Boizot avec son Jean-Baptiste, Bouchardon et ses élèves dans le chœur, enfin les frères Slodtz, avec des bas-reliefs et un somptueux mausolée, offrent à l’église quelques chefs-d’œuvre de l’art de Paris.
Église de Saint-Sulpice de Paris.
Ancienne église Saint-Sulpice (début XVIIe siècle).
Saint Sulpice – Médaillon central d’un vitrail du chœur – 1673.
Saint-Sulpice n’est pas une dédicace fréquente dans les églises de France. Pourtant c’est un Saint français né à la fin du VIe siècle dans le diocèse de Bourges et d’ascendance noble. Il aurait été élevé au palais royal, ce qui l’aurait initié aux affaires. Surnommé le bon ou le pieux, réputé pour son austérité, ses jeûnes, son affabilité, mais aussi pour ses dons de guérison sur les malades, se livrant à la prière et au service des pauvres, il jouissait, dit-on, d’un don de persuasion par sa voix qui menait les gens à se convertir. L’évêque de Bourges lui aurait conféré les ordres pour rendre sa prédication officielle. En 624, il fut nommé évêque de Bourges. Poursuivant son rôle de missionnaire, il s’attache à la conversion des Juifs, nombreux dans son diocèse, et participe à l’instruction des campagnes.
Après dix-sept ans d’épiscopat, il se choisit un coadjuteur pour se consacrer entièrement au service des pauvres. Il meurt à Bourges en janvier 646. (Patrimoine et Histoire).
France 145 – Jean-Claude THIERRY