C’est en 1846 que Jean-Romain Lefèvre s’installe à Nantes pour y reprendre une pâtisserie au numéro 5 rue Boileau où il vend ses propres productions et des biscuits anglais. Les pratiques du jeune pâtissier, venues de l’est de la France (Lorraine) et alors âgé de 27 ans, sont différentes. Il vend les biscuits directement sortis du four dans la cour.
Son frère Louis s’est installé dès 1840 à Nancy pour y fonder une biscuiterie-confiserie dénommée Lefèvre-Denise, qui est toujours en activité sous le nom Lefèvre-Lemoine.
Les recettes proviennent de l’est et bousculent les habitudes des Nantais qui consomment des biscuits anglais ou des mers.
La fabrication de biscuits de luxe fait sa renommée. Mais c’est surtout après son mariage avec Pauline-Isabelle Utile que la pâtisserie « Lefèvre Utile » commence à être grandement connue.
Son épouse ayant le sens du commerce, ils achètent une boutique qu’ils nomment « Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs ». La maison LU est née. Elle construit son succès sur la qualité de ses produits mais aussi sur la constance de sa production.
Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile vers 1860
Les produits vendus sont les biscuits de Reims, les boudoirs, les biscuits vanille, les biscuits champagne, les langues de chat, les macarons, les massepains et les petits-fours aux amandes. Ils sont disposés dans des coupes de cristal à pied et plusieurs présentoirs présentent les biscuits destinés à la décoration. Les biscuits sont saisis par la serveuse à l’aide de pinces, fait rare à l’époque.
L’entreprise emploie quatorze ouvriers en 1880. Tous ses efforts sont récompensés en 1882 par la médaille d’or à l’exposition de Nantes.
Lefèvre-Utile invente plusieurs types de boîtes habillées de scènes champêtres ou enfantines en couleurs. Les biscuits sont alors offerts lors des repas dominicaux ou pour de grandes occasions. Les biscuits LU deviennent des produits de choix. Mais l’année suivante, Jean-Romain Lefèvre décède à cause de problèmes de santé. Son épouse lui survivra jusqu’en 1922. Leur troisième fils, Louis Lefebvre-Utile prend le relais de son père à l’âge de 24 ans.
Salle des fours tournants- Fabrication des biscuits Boudoit-Champagne.
C’est en 1882, avec l’arrivée du fils, Louis Lefebvre-Utile, que la maison LU prend de l’ampleur et commence sa mécanisation. En 1885, il fait construire, quai Baco, une manufacture de biscuits de 2 000 m² de haute technologie à la place des bâtiments de l’ancienne filature. Il y installe des fours et une machine à vapeur. Cent trente ouvriers y travailleront pour assurer une production de trois tonnes de biscuits par jour.
Fabrication du Petit-Beurre LU – salle des découpeuses
Il invente un produit original inspiré des biscuits d’Angleterre où il a fait de nombreux voyages. Ce biscuit carré aux bords découpés en festons est fabriqué à la chaîne dès sa sortie, le produit est apprécié par les clients et par les critiques.
La forme du biscuit et sa marque « Petit-beurre-LU-Nantes » sont déposées au tribunal de commerce de Nantes le 9 avril 1888. Plus du tiers de la production est alors assuré par le célèbre petit-beurre né en 1886. Il est dit que lorsque, Louis LEFEVRE UTILE, imagine ce biscuit, son but aurait été de créer un gâteau qui puisse être mangé tous les jours. D’où son idée originale de représenter le « temps ».
Les 52 dents représentent les semaines de l’année, les quatre coins représentent les saisons, ce biscuit qui mesure 7 cm fait référence aux 7 jours de la semaine, les 24 petits points s’identifient aux 24 heures de la journée . Pour la forme et le lettrage, il se serait inspiré d’un napperon de sa grand-mère. Nous ignorons si cette « symbolique » est vraiment à l’origine de la forme du petit-beurre, ou si elle est venue se greffer antérieurement.
Sortie des fours continus.
Grande salle de mise en boites des Biscuits LU.
Le 1er février 1887, Louis Lefebvre-Utile et son beau-frère, Ernest Lefièvre, s’associent pour créer la société LU. Cette société familiale passe alors de l’artisanat à l’entreprise moderne. Ernest Lefièvre s’occupe de la direction commerciale de la maison tandis que Louis Lefebvre-Utile s’occupe de la production.
Ainsi, il crée des biscuits pour les grands événements comme par exemple la visite d’Alexandre III à Paris en 1892 qui fait naitre « Neva, biscuit russe ».
C’est aussi l’époque où l’entreprise abandonne la vente en vrac et commence le conditionnement de ses produits dans des boîtes en fer blanc. Ce type d’emballage a l’avantage d’assurer une plus longue conservation et offre un support idéal pour la réclame.
À la fin du XIXe siècle, l’usine, agrandie grâce à de nouveaux bâtiments et forte d’une mécanisation très poussée, produira près de 200 tonnes de biscuits supplémentaires. En 1897, l’entreprise occupe deux hectares avec 38 fours dont 22 grands fours continus à trois lignes.
Lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris, la maison LU reçoit l’unique grand prix décerné à la biscuiterie française, ce qui contribuera à sa renommée nationale et internationale.
En 1907
De 1904 à 1909, l’usine est en travaux afin de mettre en valeur le quartier et d’harmoniser les différents bâtiments de l’usine.
LU est alors une fabrique prospère de biscuits, qui se développe dans la ville aux côtés de sa rivale, la Biscuiterie Nantaise (BN). En 1913, l’usine fabrique 6 000 tonnes par an, soit 20 tonnes par jour et emploie 1 200 salariés.
Publicité 1897
Durant la Première Guerre mondiale, l’usine est réquisitionnée pour produire du « pain de guerre » pour l’armée française. Elle reprend rapidement son activité biscuitière mais au ralenti: les rendements sont faibles à cause de la difficulté de réapprovisionnement en matières premières et le manque de main-d’œuvre. Cette situation difficile pour l’entreprise dure jusqu’à la fin des années 1920.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité CPRFAD
Très beau documentaire, mon cher Picard la Fidélité! Bonne continuation!
Agenais la Tolérance
C.B.