» Roland Feuillas s’est retiré il y a une vingtaine d’années dans les Hautes Corbières pour s’engager dans une quête de ce qu’il appelle le « pain vivant », quête qui abordait nécessairement la question de la qualité des farines, de l’eau, du sel, de l’air et des gestes par lesquels on les mélange, on les transforme en pâte, mais qui incluait aussi la question des céréales, des terres et des semences – de tout l’amont du pain.
Les céréales panifiées aujourd’hui sont l’aboutissement d’une longue histoire de croisements, d’hybridations, volontaires ou non, et d’adaptations à des milieux très divers. Un très grand nombre de plantes ont été écartées de la “sélection” parce qu’elles ne répondaient pas aux “bons” critères, essentiellement de rendement.
Quand la nature ne met jamais au monde deux individus identiques, possédant le même patrimoine génétique, les plantes céréalières modernes présentent une homogénéité pour le moins troublante et inquiétante. Ce sont des céréales déficientes qui ont été choisies au détriment de plantes aux caractéristiques nourricières plus incontestables vers lesquelles Roland Feuillas s’est naturellement tourné, au terme d’une longue enquête qu’il raconte dans ces entretiens que j’ai menés et qui paraissent aujourd’hui. »
Jean-Philippe DE TONNAC